Il y a des gens qui marchent sous la pluie. Ils se dépechent de rentrer chez eux, ils courent, ils tombent, ils jurent. Même contre cette pluie qui tombe depuis le matin, les lumières du District Cinq ne peuvent lutter. Hésitantes lueurs qui donnent des formes incongrues à chaque objet à chaque personne. Et là au milieu des gens pressé se dresse un garçon. Il a l'air si fragile, si maigre, que malgré ses seize ans, on lui en donnerait à peine quatorze. Il se tient là, tout seul, sous la pluie. Ses cheveux bruns sont trempés par la pluie. Une goutte en ruiselle, passe à côté de ses yeux bruns, perle sur sa joue et s'écrase sur le sol. Plic. Ploc. On dit qu'il est fou. Parfois, il reste des heures à fixer le même point sans parler, et la seconde d'après il éclate de rire. SI jamais il vous adresse la parole il y a peu de chance que vous compreniez son charabiat, tant ses propos sont incohérents. Mais parfois il parle tout seul, et on comprend parfaitement ses mots, bien qu'ils n'aient aucuns sens. Pourtant, dans ses yeux brillent une intelligence. Bonne ou mauvaise.

Au district cinq, il y a un lieu que l'électricité n'arrive pas à éclairer tant les ames y sont sombres. Ce lieu, c'est le foyer communal. Mais le mot orphelinat serait plus juste. Le problème, c'est que personne ne dit orphelinat, ca sonne pas bien, c'est moche, c'est triste, on préfère oublier. La-bas, vivent, quoi que survivent serait plus approprié, des enfants. Parmis eux, il y a Timothy Blackhills. Il est arrivé là un matin de printemps, comme ca, sans rien dire. Il n'a jamais rien dit. On ne l'avait jamais vu au District Cinq. Ses parents étaient, semble-t-il étrangers au Cinq. Il sont morts, il y a maintenant cinq ans. Un accident avec des guêpes tueuses, à ce qu'il parait. Comme personne ne savait d'ou venait ce garçon dont le nom n'était inscrit nulle part sur le registre des habitants du district, on le plaça au foyer communal. Là-bas il ne dit mot, mais riait ou pleurait très souvent. On aperçu vite qu'il était très rapide et discret, sachant se faufiler dans des recoins sombres et escaladant avec facilité la barrière de l'orphelinat. Il y a un ans, les centrales électriques l'ont engagés pour vérifier les lignes à hautes tensions. Personnes n'arrivaient à grimper aussi haut. Et personne ne le voulait, c'était trop dangereux. Mais Tim, lui, le faisait dès qu'on le lui demandait. Il grimpait tout en haut et regardait avec émerveillement les lumières du district. C'est beau. Parce que tout au fond de lui, ces lumières rappellent à Tim celles du Capitole. Capitole que ses parents rebelles ont quitté. Pour venir mourir au Cinq.