Assis par terre, au pied du lit dans cette pièce trop grande pour porter le nom de chambre je joue avec ce couteau emprunté à table. Encore une fois je n'avais pas vraiment faim, j'ai seulement emporté un morceau de pain, une pomme et ce couteau avant regagner ma chambre. Depuis je n'ai pas touché à cette nourriture, je suis resté là à manipuler ce couteau, parfois en le lançant sur le sol parfois en faisant juste tourner entre mes doigts comme j'ai l'habitude de le faire. Le sol devant moi et déjà endommagé. Oh la lame se plante toujours au même endroit, mais disons que la fissure est assez profonde à la longue. J'essaye de me concentrer sur ça, et uniquement ça pour ne pas perdre la tête pour ne pas me perdre à nouveau dans mes pensées, je dois dire que ce n'est pas très efficace, mais c'est tout ce que j'ai trouvé pour le moment.

Je jette un coup d'oeil au réveil près de moi. 13H00. Je penche la tête en arrière et soupire. Ethna m'a demandé d'être dans le salon à 14h précise. Je sais bien que je dois y aller, je me rends bien compte que je dois l'écouter un minimum si je veux survivre. C'est peut-être une gamine pourris gâtée, une vraie princesse du capitole, mais elle a vécu les jeux, pas moi. Elle saura toujours m'aider, malgré nos relations plutôt compliquée elle semble ne pas m'avoir exclus de ses protégés. Je serais bien content de l'avoir une fois dans l'arène, je serais bien content de voir un cadeau arriver au moment où j'en aurais le plus besoin. Ça me tue de l'avouer, mais en fait j'ai besoin d'elle. C'est pas ça qui va arranger nos relations, s'il y a bien une chose que je ne supporte pas c'est bien le fait d'être dépendant de quelqu'un et pourtant là c'est bien le cas et je ne peux rien faire contre ça. J'ai pas le droit de me plaindre je me suis foutu dans cette merde tout seul. J'ai plus qu'à assumer maintenant. Enfin bien sûr ça je l'avouerais pas, pas devant elle, mais c'est pourtant vrai. Le couteau se plante encore une fois dans le sol au même endroit, toujours. Bon tant qu'à faire les choses, autant les faire bien. Je saute sur mes pieds et d'un pas lent je me rends dans la salle de bain. Je prends tout de même le temps de prendre une douche, faisant attention à ne toucher à aucun bouton qui ne me serait pas indispensable. Je règle l'eau chaude, très chaude et reste un moment dessous, l'eau me brûlant la peau. Qu'est-ce que je cherche ? Pourquoi est-ce que je cherche toujours à souffrir physiquement ? Peut-être pour oublier ces blessure internes qui occupent tant mon esprit. Je finis par me laver rapidement. Je sors de la douche, me coiffe avant d'aller chercher une tenue présentable.

13h45. J'ai encore le temps, mais je ne sais pas quoi faire, je sais juste que je ne veux pas rester ici et que je n'ai pas le droit de sortir du bâtiment. Je me dirige donc dans le salon. Je pourrais revoir les moissons, ou bien simplement regarder la télé, aller parler à Céline, manger ... Aucune de ses options ne m'enchantent. Je vais donc m'installer sur une chaise, à table, je me sers un verre d'eau et caresse mon avant bras avec la lame du couteau, pas assez fort pour me couper, mais presque. Un bruit de pas brise le silence. Je me retourne pour m'assurer que ce soit bien mon mentor et lui souris.

«Alors ... Des conseils à me donner princesse ? »

Je vais pas le nier, il y a bien un soupçon de provocation dans mon ton, mais disons moins que d'habitude, je veux bien faire des efforts, mais il ne faut pas exagérer non plus. Manquerait plus qu'on me change en guimauve. En espérant qu'elle ne fasse pas sa curieuse je risquerais de m'énerver. A cette pensée je soupire. Ouais ... Non faut que je reste calme si je veux avoir une chance d'être aidé.

______Ce matin là, je me réveille avec un boule au ventre. C'est aujourd'hui que je dois donner mes premiers "conseils officiels". J'en ai déjà donné pas mal à Céline et je dois dire qu'elle apprend vite. Je lui ai appris à se servir d'un couteau et à mettre les gens du capitol dans sa poche. Pour ce dernier point, nul doute que je suis la meilleure des mentors. Vivre avec ces gens si étranges et pourtant si ... riches (dans tous les sens du terme) est très intéressant. D'un point de vue sociologie et surtout, psychologie. En un sens, j'ai du mal à me dire que Kai, Céline, Keira et bien d'autres personnes des districts sont de la même "espèce" que ces habitants du capitol. Et la question qui vient après c'est : "et moi ? Je suis qui ? Je suis d'où ?" ... Jusqu'à mes 18 ans, je me suis toujours cru un peu plus du capitol que du 5 (même si je ne cautionnais absolument pas les jeux, à cette époque aussi)... mais comme on peut s'en douter, après les jeux, mon jugement a été remis en question... aujourd'hui encore, je ne sais pas à quel endroit de Panem j'appartiens... Pourquoi tout est si compliqué ? Je pense qu'en naissant, personne ne pouvait deviner que ma vie prendrait un chemin comme celui-ci. Qu'elle ferait un virage à 180° le jour des 11èmes hunger games. Personne ne pouvait s'en douter.
______Bref quand je me réveille ce matin, je me sens mal car... pour la première fois depuis deux semaines, je vais devoir parler à Kai. A cette pensée, je suis transpercée d'émotions... diverses ... je suis à la fois impatiente de découvrir ce qui l'a poussé à se porter volontaire, j'ai aussi un peu peur de sa réaction (disons les choses comme elles sont, il est impressionnant) et je suis aussi très curieuse de voir sa réaction à mes conseils. Même si ce cher Kai ne survit pas aux jeux, il m'aura énormément troublé. Pas seulement avec son caractère, mais aussi et surtout à cause de sa ressemblance avec Athyl. Je crois que c'est pour ça que, la première fois que nous nous sommes rencontrés, je n'avais pas envie de lâché l'affaire. Je ne m'étais pas rendue compte que c'était son sosie (oui, faut le faire...) mais inconsciemment, je ne pouvais pas le laisser sans aller et encore moins le laisser souffir avec une épaule déboitée...
______Je me lève et regarde le réveil. Il est 5heure du matin. Toujours aussi matinale. Cette nuit, pas de cauchemars. Pour un raison inconnue. Ce genre de chose, ça va, ça vient... d'ailleurs, ça vient plus qu'autre chose. Durant tout le trajet en train, je n'ai pas cessé de cauchemardé et arrivé au capitol, le théâtre de mes détraqueurs, tout ça cesse. C'est le monde à l'envers. De toute façon, j'ai abandonné depuis longtemps la décryptage de ma psychologie... me prendre la tête pendant des heures, c'est pas très utile dans mon cas.
______J'enfile une robe de chambre et sors. ça ne sert à rien d'essayer de se rendormir. Le salon est plongé dans le noir. Je n'ai même pas à chercher l'interrupteur, mon cerveau sait d'instinct où il est. C'est ça d'avoir passé les trois semaines les plus intensives de ma vie ici. Je vais dans la cuisine mise à notre disposition. Il n'y a que moi qui l'utilise car, mes tributs se font toujours servir et de toute façon, ce matériel est bien trop technologique et compliqué pour des gens qui ne savent pas à l'origine comme il fonctionne. Je me prépare un chocolat chaud. Comme tous les matins. Ce n'est pas parce que nous sommes au capitol que je vais perdre mes petites habitudes. Une fois mon chocolat près je m'assoit près de la fenêtre, je réfléchie... et je chante. Comme tous les matins. Je me demande si quelqu'un m'entend. Athyl m'avait entendu... Il m'avait complimenté. Pourquoi j'ai envie que ça recommence ?

______Le reste de la journée passe rapidement, je continue seule mon visionnage des éditions (j'en suis à la cinquième) et je note tout ce qui me parait intéressant. Pendant cinq heures, je regarde en boucle des gamins de faire tuer. Cool. à 10h, je vois Céline pour lui donner des conseils puis nous mangeons avec l'accompagnatrice. Kai ne pointe pas le bout de son née une seule fois. Je ne vais pas m'en plaindre. Une fois le repas terminé, je descends au rez de chaussé pour affaire puis je remonte, un quart d'heure avant mon rendez-vous avec Kai à 14h. Alors que j'ouvre la porte, je le trouve là, assis à la table. ça me fait bizarre. Je ne l'ai pas vu depuis trois jours et j'ai l'impression qu'il débarque comme ça, sans prévenir. Il a un couteau à la main. Il le lance sur la table. Il se plante directement dans le bois, sans rebondir puis, il le retire et le fait tourner dans ses mains. Il l'a bien lancé. Il s'en est déjà servi, et pas pour la cuisine apparemment. Il caresse son avant bras avec le couteau. A-t-il l'intention de s'entailler le bras ? Il a l'air hypnotiser pas cet outils. Je l'observe, pendant une dizaine de seconde. Il ne s'est pas rendu compte de ma présence. Tant mieux. En le détaillant, oui, tout se confirme. Il lui ressemble... affreusement. Je décide de me dévoiler et je marche en sa direction. Mes esarpins font du bruit sur le sol en marbre. Il tourne la tête vers moi, sans dire un mot. Arrivée à sa hauteur, il lève la tête et me dit :

« Alors ... Des conseils à me donner princesse ? »

______Je sourie en baissant la tête. Je tire une chaise, et je m'assoit près de lui. Je me demande si il se rend compte à quel point il est prévisible. Cette phrase, je l'attendais. Et elle signifie beaucoup de chose... princesse... je sourie encore une fois à cette pensée. Il est face à la table, je suis face à lui. Je le regarde. Je ne sais pas quoi dire alors, je dis la première chose qui me vient à l'esprit :

« Je suis ton mentor. Mon rôle est de t'aider à survivre lors de ces jeux. Mais ce n'est pas mon unique rôle. » Je marque une pause. Est-ce que je dois lui parler comme ça, ou bien dois-je adopter une tactique différente de celle avec Céline ? ... Je prend un ton gentils, compréhensid, le moins agréssif possible. Peut-être qu'il va détester. Avec lui je ne sais pas comment me conduire alors, j'essaye de faire passer ma futur question le plus doucement possible : « Je dois aussi savoir tout ce qu'il y a dans ta tête, deviner tes penser et comprendre pourquoi tu agis comme ça ou bien comme ça. C'est indispensable pour élaborer une stratégie, pour que je ne me trompe pas dans les cadeaux et pour que tu survive. Dans l'arène, on ne pourras pas communiquer, alors il faut que je comprenne clairement qui tu es pour t'aider et te faire parvenir ce dont tu as besoin.» Encore un pause. Je ne le regarde pas. « Alors, si je veux comprendre qui tu es, tu dois me dire pourquoi tu t'es porté volontaire. »

J'aperçois un sourire se dessiner sur les lèvres d'Ethna alors qu'elle baisse la tête. Elle tire une chaise et prend place près de moi. Elle semble perdue dans ses pensées avant de se remettre à sourire. Encore cette fichue analyse psychologique j'imagine. Cette fille est vraiment trop curieuse, elle a l'air de se mêler de ce qui ne la regarde pas, encore une chose qui risque de m'énerver. Chacun ses oignons, je supporte pas qu'on s'immisce dans mes affaires et encore moins qu'on cherche à me comprendre, à chercher une logique dans mes actes. Pour tout vous dire je préfère encore être qualifié de complètement taré que de mec qui agit de telle façon pour X raisons. Comme s'il fallait une raison à tout, comme si tout avait un sens dans ce monde. Et puis quoi encore. Faut arrêter les conneries. Y a qu'à me voir moi, j'aime mon monstre de père et pourtant je n'ai rien à aimer chez lui en toutes logiques je devrais simplement le haïr. Mon mentor reste là, à me regarder sans rien dire. La petite serait-elle intimidée, serait-elle incapable de trouver ses mots. Cette idée me fait doucement sourire.

« Je suis ton mentor. Mon rôle est de t'aider à survivre lors de ces jeux. Mais ce n'est pas mon unique rôle.» Ah ouais ? Sans blague ? Son rôle c'est de m'aider, je l'aurais deviné tout seul. Elle marque une pause. Elle cherche sans doutes encore ses mots, étrange pour un mentor de ne même pas être capable d'être à l'aise à l'oral. Tout ceci n'est pas une affaire d'état je veux juste des conseils, de simples conseils, c'est pas bien compliqué si ? Elle ouvre la bouche et se remet à parler. « Je dois aussi savoir tout ce qu'il y a dans ta tête, deviner tes penser et comprendre pourquoi tu agis comme ça ou bien comme ça. C'est indispensable pour élaborer une stratégie, pour que je ne me trompe pas dans les cadeaux et pour que tu survive. Dans l'arène, on ne pourras pas communiquer, alors il faut que je comprenne clairement qui tu es pour t'aider et te faire parvenir ce dont tu as besoin.» Un court rire amusé m'échappe. Je reprends le couteau en mains, faisant glisser la lame entre mes doigts sans me couper. Deviner mes penser, savoir ce qui me passe par la tête, comprendre pourquoi j'agis comme ça ? Elle délire la pauvre. Enfin ... ce qui me passe par la tête ? tout, comment j'agis ? Je suis simplement ce que j'ai dans la tête. Point final. J'ai rien à lui dire là. Vraiment. Elle me lâche enfin du regard. Dans un sens ça m'amuse, mais d'un autre côté j'appréhende un peu la suite, si elle est incapable de me regarder c'est qu'elle n'est pas rassurée par ce qu'elle va dire j'imagine. Je la fixe d'un regard à la fois interrogateur et menaçant, je sais bien qu'elle ne peut pas le voir, mais c'est plus fort que moi.

« Alors, si je veux comprendre qui tu es, tu dois me dire pourquoi tu t'es porté volontaire. » A ces mots je lâche le couteau et serre nerveusement le point sur la table. Ma main droite me fait toujours mal, mais à peine si je le remarque. Je lui lance un regard noir qui n'a cette fois plus rien d'un jeu. Qu'est ce qu'elle veut savoir encore ? Il y a tout de même des limites à la curiosité. Enfin ... Je me rends bien compte que cette question ne semble pas si offensante à première vu. Le genre de question qui tombera à coup sûr lors des interview, une question que beaucoup doivent se poser, mais je n'ai aucune envie d'y répondre.

«Et pourquoi pas ? »

une voix légèrement amusée. Bien sûr la situation ne m'amuse pas du tout là, au contraire même, mais même si mon état d'esprit est trahi par mon corps, mon expression, je ne veux pas le montrer. Je suis un sale gosse qu'est-ce que j'y peux ? On ne me changera pas, surtout pas maintenant alors que je suis si proche de la mort. Je reprends plus sérieusement.

«Il n'y a donc que les carrières qui sont autorisés à se porter volontaire ? Pour eux personne ne cherche de raisons X ou Y. »

Mon ton est sec, direct et froid. Je sais bien que ce n'est pas là qu'elle veut en venir, je sais bien qu'elle se doute que se n'est pas par simple honneur que je l'ai fait, pas comme ces idiots de carrières. Simplement je ne suis même pas sûr moi-même de savoir pourquoi maintenant. Je me suis porté volontaire sans vraiment savoir ce que je faisais, je me suis porté volontaire sans trop y réfléchir. Bien sûr je pourrais mentionner mon père, mais je n'en ai aucune envie. Je pourrais aussi bien sûr trouver une fausse excuse, mais à quoi bon ? Ça ne servirait à rien. Surtout si je dis m'être porté volontaire pour se pauvre gosse. Passer pour une guimauve après ça ? Non merci. Dans un élan de colère je lance le couteau direction de la chaise d'en face et détourne le regard sans vraiment faire attention à l'endroit où il a fini.

______Dés la fin de ma phrase, je sens un net changement dans son attitude. Alors qu'il avait un léger sourire narquois au coin des lèvres, il se raidit. Il lâche le couteau, presque automatiquement et serre les poings. Je ne m'attendais pas à ce qu'il réagisse comme ça. Bon évidemment, je ne m'attends pas à une réponse franche, directe et plate. Non en fait, je pense que je vais réussir à lui faire cracher le morceau... mais peut-être pas tout de suite. Il me lance un regard noir. OK, ça va être plus compliqué que prévu. Il garde ses yeux posé sur moi un instant. Son regard me donne froid dans le dos. Un regarde haineux. Vraiment, j'essaye simplement de l'aider mais pour lui, je m'imise dans sa vie privée. Il est sur ses gardes et d'un certain coté il a raison. Il ne doit pas avoir reçu beaucoup de confiance dans sa vie. C'est bizarre, mais plus on avance jusqu'aux jeux, plus j'ai l'impression qu'il me déteste et plus j'ai du mal à l'ignorer... Au début, je n'aimais pas sa façon de réagir à mon aide, mais finalement, je me rends compte que ça fait parti de son caractère, et que je ne le changerai pas. Il baisse le regard. J'attends sa réponse, je n'ai rien à ajouté à ce que je viens de dire alors, j'attends.

« Et pourquoi pas ?»

______Pourquoi pas ? Je viens de lui exposer la nécessité de savoir pourquoi il s'est porté volontaire et lui me demande pourquoi... Je réfléchis à ma prochaine offensive. Il a beau ressembler à Athyl physiquement, j'ai l'impression que mentalement, il est à l'opposé... ce qui ne m'aide pas à essayer de le comprendre. Et dieu sait comme c'est important dans l'arène d'avoir un sponsor qui te connait une fois que tu as besoin d'un cadeau, vraiment utile. Moi, j'avais Caius. Comme sponsors, je n'aurais jamais gagner les jeux. Bien sur, il n'a pas été ma seule aide, mais une fois seule, j'ai été heureuse de compter sur quelqu'un …

« Il n'y a donc que les carrières qui sont autorisé à se porter volontaires ? Pour eux personne ne chercher X ou Y raison ! »

______Il est clairement exaspéré mais il se contient. Quel beau geste de sa part... En même temps, je vois mal un tribut s'énerver contre son mentor. Je suis une de ses dernières chances, il ne peut pas passer à coter. Ce serait suicidaire. Et je suis persuadée que si il s'est porté volontaire, ce n'est pas par démence. Je ne crois pas Kai comme ça, même si il met sa vie en danger, il n'est pas suicidaire. Il a une bonne raison... dont il ne veut absolument me parler c'est un fait.
______Agacé, il lance son couteau sur ma chaise. A trente centimètre de ma cuisse, sur le cadre. Je pense et j'espère qu'il ne visait pas car, le couteau est loin de pouvoir me tuer. Avec un lancé aussi minable, je doute que le couteau soit son arme de prédilection. Bon, c'était peut-être juste un lancé négligé mais on ne peut pas être sur...
Je réfléchis à un moyen pour qu'il me fasse confiance, qu'il me reconnaisse en tant que mentor. Et qu'il me donne une quelconque raison pour son volontariat. Il est évident que j'ai besoin de son attention avant d'entreprendre une approche concernant la tactique des interviews. Avec lui, je ne vois qu'une seule méthode, donner des preuves... Je décroche le couteau du cadre de bois. Je regarde sa main, elle est à plat sur la table, en signe d'exaspération. Il ne me regarde pas, il semble hypnotisé par la table. Elle a l'air fascinante à ses yeux. Je prend le couteau bien en main. Je le soupèse rapidement, puis je le lance avec force en direction de sa main. Il s'enfonce à moitié dans la table en bois et il atterrit entre son index et son anulaire. Un bref moment, je vois ses yeux se figer sur le couteau. Il me regarde ensuite, avec une expression que je ne pourrais déchiffrer. Je lui sourie. Pas comme son sourire habituel, ce n'est ni un sourire narquois ni faux. Je lui sourie gentiment. Je crois que ça me donne un air encore plus sadique.

« C'est comme ça qu'on lance un couteau. J'espère que tu ne me visais pas parce que sinon, c'est pitoyable.»

______Je crois que j'ai capté son attention. Mais avec lui rien n'est sur alors... Je prends un ton, résolument plus convaincant et dur que lors de ma première tirade.

« Maintenant écoute, je peux demander n'importe quoi à Caius, l'interviewer, pour la simple et bonne raison que c'est un ami. Il m'a sauvé la vie à plusieurs reprises dans l'arène, en tant que sponsors. mes yeux passent dans le vague, une fraction de seconde, je crois qu'il ne le notre pas Je peux lui demander qu'il ne te pose pas cette question qui semble tant t'importuner. Il le ferait sans me poser de question. Mais, ça ne serait absolument pas dans ton intérêt. Tu peux être sur que les sponsors s'intéresse à toi, en ce moment même. Les volontaires attirent toujours ces pigeons. Je lève vaguement les yeux au ciel. encore une fois, je suis sure qu'il n'a rien vu. Ils attendront ton interview avec beaucoup d'impatience et si tu ne leur donne pas une réponse à la question qu'ils se posent tous, tu risquent bien de finir en bas de leur liste de soutien. Et ça crois-moi, c'est mauvais pour la suite. Si tu n'as pas envie de me donner la vrai raison, alors trouve quelque chose qui les intéresse, on est à la télévision, c'est du show et pour t'en sortir, tu dois faire le show. Nul doute que pour ça, je suis sure que tu as un réel talent. Rien qu'à voir la façon dont tu t'es porté volontaire... Je n'avais jamais vu ça. Je marque une pause. Il ne m'interromps pas... est-ce bon signe ? Bref, trouve quelque chose qui les régale et tu auras tout gagné. Tu as déjà leur attention (ce qui est rare et très bon pour la suite) alors utilise la à bon escient. Puisque tu ne le fais pas pour moi et pour ma stratégie, alors fais-le pour les sponsors. Crois-moi, ça te sauvera la vie. »

Mon regard se porte sur la table. Je sais pas ce qu'elle cherche, je sais pas ce qu'elle veut, ni même pourquoi elle tient à me ramener envie, pourquoi elle me laisse pas crever dans l'arène après tout ? Ah … ouais, la fierté de ramener un tribut en vie au district j'imagine. Quel honneur ! Déjà, me demander mon avis, est ce que je veux survivre ? Est-ce que je me suis porté volontaire par envie de suicide ? Enfin dans tous les cas je n'ai aucune envie de lui faire confiance J'aime pas ces personnes qui veulent tout savoir, qui se pensent permis de fouiller comme ça. Non, quoi si une personne ne parle pas d'elle-même c'est qu'elle n'a rien à dire point. Pourquoi chercher à creuser ? Enfin, je vois deux possibilité, soit elle est complètement stupide, soit elle est carrément bornée, dans tous les cas c'est vraiment une chieuse. Y a pas d'autres mots. Sans que je m'y attente un bruit de sifflement suivit d'un bruit sourd dans le bois de la table me sortent de mes pensées, avant qu'un couteau n'entre dans mon champs de vision, se plantant entre deux doigts. Les yeux écarquillé, l'expression à moitié étonné à moitié sous le choc, immobile, je ne quitte plus le couteau du regard, durant ce qui me semble être un long moment.

Je me décide enfin à tourner la tête vers Ethna. Je sais pas trop ce que je ressens là, de la colère probablement, mais tout de même une pointe d’intérêt. Disons qu'elle a attiré mon intention pour le moment, reste à savoir pour combien de temps … Elle m’adresse un sourire, qui me donne juste envie de lui planté cette lame dans le ventre. Cependant je me contente de la regarder, dans l'attente d'un long discoure qui ne fera que m'énerver d'avantage. « C'est comme ça qu'on lance un couteau. J'espère que tu ne me visais pas parce que sinon, c'est pitoyable.» . Je souris discrètement, de manière quasiment indétectable. Si je la visais vraiment elle serais déjà entrain de se vider de son sang sur le sol du salon. Je dois dire que cette vision ne me déplaît pas vraiment. Au moins elle la fermerait. « Maintenant écoute, je peux demander n'importe quoi à Caius, l'interviewer, pour la simple et bonne raison que c'est un ami. Il m'a sauvé la vie à plusieurs reprises dans l'arène, en tant que sponsors.» Oui tu es une petite amine pourris par la vie et ? God for you. Mais je dois ire que ça m’intéresse pas le moins du monde. Où est l’intérêt de se taper des avantages du genre, autant crever au combat. « Je peux lui demander qu'il ne te pose pas cette question qui semble tant t'importuner. Il le ferait sans me poser de question. Mais, ça ne serait absolument pas dans ton intérêt. Tu peux être sur que les sponsors s'intéresse à toi, en ce moment même. Les volontaires attirent toujours ces pigeons. » Ouais, super. Et en quoi ça peut m’intéresser qui ne pose pas cette question ? Qu'il l'a pose, je l'enverrais simplement promener. Ça aussi ce serait du spectacle non ? «  Ils attendront ton interview avec beaucoup d'impatience et si tu ne leur donne pas une réponse à la question qu'ils se posent tous, tu risquent bien de finir en bas de leur liste de soutien. Et ça crois-moi, c'est mauvais pour la suite. Si tu n'as pas envie de me donner la vrai raison, alors trouve quelque chose qui les intéresse, on est à la télévision, c'est du show et pour t'en sortir, tu dois faire le show. Nul doute que pour ça, je suis sure que tu as un réel talent. Rien qu'à voir la façon dont tu t'es porté volontaire... Je n'avais jamais vu ça.» si je n'avais pas de talent pour la comédie je me demande vraiment à quoi ressemblerait ma vie en ce moment . Enfin … sérieusement, elle me vraiment si con que ça ? Je sais quand même comment fonctionnent les jeux. C'est pas comme si j'allais me pointer sans rien avoir à dire. L'impro n'est interdit à ce que je sache. Un silence s'installe. Je pris pour qu'elle se taise enfin. Malheureusement pour moi elle reprends quasiment aussi tôt. « Bref, trouve quelque chose qui les régale et tu auras tout gagné. Tu as déjà leur attention (ce qui est rare et très bon pour la suite) alors utilise la à bon escient. Puisque tu ne le fais pas pour moi et pour ma stratégie, alors fais-le pour les sponsors. Crois-moi, ça te sauvera la vie.»  Ok … Je crois bien qu'elle a finit cette fois. Un petit rire forcé s'échappe de mes lèvres. Il doit vraiment y avoir marqué crétin sur mon front. Comme si j'allais être assez stupide pour ne rien leur donner à se mettre sous la dent.

Je pose ma main sur le manche du couteau et d'un coup sec je le retire de la table. Je regarde ma mentor avec ce même regard remplis de haine avant de me décider enfin à parler avec ce ton plein de rage.

«Écoutes … Qu'est ce que tu veux que je dise ?» Je marque une pause, sans la quitter du regard, avant d'élever la voix. « Hein ? QU'EST-CE QUE TU VEUX SAVOIR ? Bordel ! » J'attends un court instant. Pas de réponse. «Vas-y vas droit au but ! »

Si quelqu'un se trouve dans l'appartement en ce moment, il a plutôt intérêt à pas se pointer parce que j'ignore ce que je pourrais faire la tout de suite. Je serais bien capable de devenir violent à la moindre réflexion là, je suis à deux doigts de craquer je dirais. Il m'en faut peu vous pensez ? Ouais vous avez peut-être raison, peut-être le manque de sommeil.

Mon regard haineux est plongé dans celui d'Ethna qui se décide enfin à lever les yeux vers moi. Je peux voir une certaine colère que je ne peux doser dans ses yeux. Et nous voilà tous les deux énervés. Et moi qui disais vouloir des efforts, comment voulez-vous avec une ... Une quoi ? Une chieuse ? Est-ce assez représentatif, je ne pense pas, c'est bien pire que ça. Je n'aime pas résister à mes pulsions, mais pourtant là, j'ai l'impression d'être sur le point d'exploser, comme si une bombe ne faisait qu'attendre un signal depuis ce jour de la moisson. Je n'ai qu'une envie maintenant, la frapper. Non, même pas, je veux simplement frapper, peu importe qui, peu importe quoi, elle est simplement cette goutte d'eau qui fait déborder le vase. Et pourtant je me retiens. Pourquoi ? Peut-être parce que j'ai besoin d'elle pour survivre et peut-être que je tiens plus à la vie que je ne le crois, peut-être que je ne veux simplement pas mourir sans avoir eu l'occasion de vivre une vie moins minable que celle-ci. Peut-on appeler ça une vie d'ailleurs ? Je ne pense pas, je ne vis pas, pas encore, pas assez, pas comme il le faudrait. Et puis merde ! Pourquoi je me mets à penser comme ça d'un coup ? J'avais pourtant déjà envoyé promener ces règles de vies à la con, toutes ses idées de vie idéalistes illusoires et niaises au possible alors pourquoi est-ce que j'y reviens ? La vie que j'aime c'est celle sans aucun sens, sans lendemain, la folie, les pulsions incontrôlables non réprimées. Bref, dans le même genre qu'hier soir. L'avenir ne nous appartient pas, il n'existe pas, seul le présent peut-être vécu, que je meurs aujourd'hui ou dans 10 ans je ne perdrais rien. Rien, non ... On ne peut pas perdre quelque chose qu'on ne peut atteindre, qu'on ne peut obtenir, pas vrai ?

«Dis-moi, es-tu suicidaire ? » Est-ce que je … Est-ce que je suis suicidaire, ma mâchoire se crispe. A vrai dire c'est possible, ce n'est pas la première fois que je met ma vie en danger, mais pourtant cette phrase me fait l'effet d'un coup de poignard dans le ventre. Non, je suis pas suicidaire ! C'est des conneries tout ça, juste un gros tas de conneries. « Nan parce que, quand quelqu'un te tend la main pour t'aider, surtout dans une situation pareil, il faudrait être carrément con pour ne pas l'attraper. » Qu'on me prenne pour un suicidaire passe encore, qu'on me prenne pour un con un peu moins. Et puis je lui ai jamais demandé son aide, certes j'en ai besoin, mais je ne l'ai encore jamais avouer ! Et puis je m'en balance moi de son histoire d'être dans ma tête. Pour les cadeaux ? Sérieusement ? Si je me crames le bras y a pas besoin de savoir pourquoi je me suis porté volontaire pour s'en rendre compte. Et puis pourquoi est-ce qu'elle vient me faire chier à fouiller dans mes pensées, elle voit pas que j'ai aucune envie de lui en parler ? Elle peut pas juste m'aider à trouver une histoire qui le captivera, sans plus ? Bordel ! Je sens mes muscles se tendre, mon pouls battre vite, trop vite, trop fort. J'ai envie de lui hurler de se la fermer et de me laisser crever en paix. J'ai envie de lui dire de se barrer avant que je ne fasse une connerie, mais sentant, ma gorge se serrer je préfères ne pas prendre le risque de parler. Elle se la ferme enfin. Du moins un court instant, puisque à mon grand désespoir elle reprend la parole rapidement. « Tes parents ne t'ont jamais appris qu'on ne refuse pas une aide aussi gentiment proposée ?» ses paroles sont accompagnées d'un de ses sourires sadiques, exaspérés, qui face à ces mots ne font qu'augmenter cette rage qui m’envahit. Mes … Parents ? Aie. Sans prendre le temps d'y penser, sans y réfléchir une seconde et sans même avoir conscience de ce que je fais, je me lèves de ma chaise, attrapes le poignet d'Ethna d'une main et ses cheveux de l'autre mains, pour la forcer à reculer. Je n'ai aucune idée de ce que je fais, aucune idée de la pression que j’exerce sur son poignet. Trop probablement. Cette pensée me fait serrer encore plus fort. Je la plaque violemment contre le mur qui se trouve devant moi. Le couteau dans la main droite, je la bloque de mon corps pour l'empêcher de partir, avant de glisser le couteau sous sa gorge.

« BORDEL DE MERDE TU PEUX PAS JUSTE ... FERMER TA GRANDE G*EULE ! » S'il y avait bien une chose pas dire, un sujet à ne pas évoquer c'était bien celui là et cette ... rah, je trouve même plus mes mots. Mon visage s'approche du sien, les traits déformés par la colère, la voix tremblante je lui murmure quelque chose. « ouvres encore une fois ta bouche, avises toi de faire un seul geste et je n'hésiterais pas à répandre ton sang sur le sol. »

Pourtant, je n'ai qu'une envie, qu'elle parle. Qu'elle arrête avec ses questions, qu'elle arrête simplement avec moi, mais qu'elle parle. Je veux voir sa réaction, je veux voir la peur sur son visage, entendre sa voix trembler. La tenant toujours collée au mur, mon corps collé au sien pour empêcher une éventuelle fuite je lèves le poing prêt à le laisser s'écraser sur sa jolie petite face d'ange. Mon poing se lâche tout seul, ma raison ne suffit plus à contrôler mes actes.

______L'instant qui suis, ses yeux s'écarquillent et sa mâchoire se crispe. Je laisse tomber mon sourire au moment où sa main emprisonne mes poignets et où il m'attrape les cheveux. Je réprime un cri de douleur et de surprise. Il n'y va pas avec le dos de la cuillère et il m'empoigne fermement. Je voudrais que mon visage soit impassible pour donner moins d'effet à son « attaque surprise », mais sa force est telle que je plisse les yeux. Il me lève de la chaise, me force à reculer et me projette vers le mur. Une pointe de douleur me transperce le dos et j'ai encore une fois envie de crier. Je me retiens, ça lui ferait trop plaisir. Il me lâche les cheveux, sa main droite toujours enfermée autour de mes poignets. Il tend la main vers la table et attrape le couteau.

«BORDEL DE MERDE TU PEUX PAS FERMER TA GRANDE G*ULE !»

______Il glisse la lame sous ma gorge et se colle contre moi, pour m'empêcher de bouger du mur. Il doit y avoir un renfoncement, ou bien une sorte d'obstacle mais en tout cas, je sens une pointe dans mon dos qui me coupe la respiration.

« Ouvre encore une fois la bouche, avise toi de faire un seul geste et je n'hésiterai pas à répandre ton sang sur le sol ».

______On dirait que j'ai touché le point sensible. Son regard me transperce. Ce n'est pas vraiment de le colère, juste une douleur. C'est de la souffrance que je lis dans ses yeux. Est-ce à cause de sa famille qu'il a atterrit ici ? C'est un sujet si sensible que ça ? Ça à l'air de le faire souffrir en tout cas. Cela dit, il a certainement pas aussi mal que moi en ce moment. Plusieurs émotions se déchainent dans mon corps. Je ne sais pas laquelle afficher. D'un coté la douleur. Il ne connait pas sa force ou alors il est vraiment sadique. Je n'arrive plus à bouger mes doigts et la force de sa main me fait atrocement mal. Mes pieds ne touchent quasiment pas le sol. D'un autre coté, la peur. Peur de ce qu'il pourrait faire sous l'emprise de la colère. Je suis réaliste, ce mec est complètement fou. Menacer son mentor de la sorte, c'est déjà inédit, mais en plus, c'est totalement con. Il a besoin de moi, il ne s'en rend compte ?… Apparemment pas car il est en train de couper la circulation de mes mains... Et puis encore d'un autre coté, je suis plutôt satisfaite. J'ai enfin trouvé ce que je cherchais. Une réaction. Une piste pour des explications sur son comportement. Le fait qu'il réagisse aussi vivement à l'énonciation de ses parents en laisse deviner beaucoup sur lui. Et oui, je suis plutôt contente d'avoir réussi quelque chose aujourd'hui.
______Je décide de laisser apparaître ma satisfaction. Je soutiens son regard, avec des yeux moqueurs. Je réprime un gémissement au moment où il resserre son étreinte. C'est officiel, il y a quelque chose dans le mur. Je lui lance un sourire narquois. Le même qu'il y a quelques secondes. Apparemment il n'apprécie pas car il me donne un violent coup de poing. Sous le coup de la surprise, je vois tout noir. J'ai l'impression que ma tête vole à l'autre bout de la salle. Mon corps ne bouge pas mais ma mâchoire à l'air de s'être littéralement décrochée de mon visage. Il n'y va pas de main morte, ça c'est sur. Après tout, c'est la première fois qu'il se « confronte » (peut-on appeler ça un affrontement ?) à un gagnant des hunger games. Peut-être a-t-il envie de se prouver quelque chose...
______Je relève la tête. Je vois tout flou, j'ai un vertige et l'impression que je vais m'évanouir. Que ferait-il si c'était le cas ? Je me demande un instant si il y a une sorte de punition pour les tributs qui frappent leur mentors … Je sens un goût métallique dans ma bouche. Ça fait longtemps que je ne l'avait pas eu, et pour tout dire, il ne me manquait pas. Mon regard se pose sur lui encore une fois. Il n'a aucun remord, ça se voit. Je reprends mon sourire puisque ça a tant l'air de l'énerver. Ne dit-on pas que le sourire est la meilleur armure de la femme ? Évidemment ici, ce n'est pas très utile mais qui sait, je pourrais en tirer parti.
______Un instant, je veux appeler au secours, mais je me ravise. Ce serait d'abord humiliant et ensuite, il n'y aurait que des muets qui pourraient arriver... et ils ne feraient pas long feu contre Kai. J'ai de plus en plus mal, mais je ne m'abaisserai pas à appeler quelqu'un. Je lui prouverai que si j'ai gagner les jeux, c'est que j'ai un minimum de valeur au « combat ». Je réfléchis à une tactique pour me sortir d'ici avant que je ne tombe dans les pommes. Ça fait longtemps que je n'ai pas reçu de coups et je n'ai jamais été très résistante. A sa prochaine offensive, je tombe. Et il aurait gagner ce qui est hors de question. Je fouille dans ma mémoire pour me souvenir d'une situation comme celle ci, que j'aurais déjà vu quelque part. Soudain, une idée me vient. Blondinette disait tout le temps qu'il fallait surprendre ses adversaires, pour mieux les déstabiliser. Je me mets à imaginer ma stratégie de ce point de départ. Lui ne bouge pas, il me fixe toujours, avec un air sadique. Il va recommencer à me frapper si je n'applique pas mon... plan. Effet de surprise, il faut que je trouve quelque chose qui le fasse lâcher prise un instant.

« Kai, tu sais que je t'adore ? »

______L'effet est immédiat. Son visage affiche une nouvelle expression encore plus étrange que la précédente et il relâche la pression sur mes poignets. Il baisse sa garde. Mauvaise idée mais j'ai bien l'intention d'en profiter. Ma main droite tord son poignet blessé et ma main gauche lui donne un coup de poing, histoire de le mettre dans le flou. Son corps n'est plus scotché au mien ce qui me permets de prendre appuis sur le mur et de lui flanquer un violent coup de pied sur le torse. Il a le souffle coupé. Il recule en titubant pour s'appuyer sur une chaise. Il a l'air sonné. Je le regarde se remettre quand, passé l'adrénaline de ma contre attaque, je ressens les effet de son coup de poing. Il n'est plus là pour me tenir debout et indépendamment de ma volonté, mes jambes se dérobent. La salle se met à tourner dans tous les sens. J'ai l'impression qu'on me frappe la tête contre un mur. Je la prend dans mes mains. Elle me fait atrocement mal, je ne sais plus où je suis. Tout tourne et devient noir autour de moi. Je vais m'évanouir....
______Nan, pas question ! Il serait trop heureux ! J'ouvre les yeux en précipitation. Pour ne pas sombrer. Je me relève en titubant pour m'appuyer sur une chaise mais rien à faire, je ne tiens pas debout. Qui aurait cru qu'un simple coup de poing me laisserait dans cet état ? Il a l'air aussi surpris que moi. J'essaye de rassembler mes esprits. Il faut que je dise quelque chose.

« Règle numéro 1, l'effet de surprise est ton meilleur ami. -Je délire certainement un peu. Il est clair que je ne suis pas tout à fait réveillée. Faut dire aussi qu'il a une certaine force et son coup, c'était pas de la gnognotte.- Tu m'as fait un brillante démonstration, et je t'ai renvoyer l'ascenseur. Tu veux apprendre d'autre chose ou bien tu veux qu'on continue à se taper dessus toute la soirée ? -Je prononce cette phrase avec un air désinvolte. Je n'ai pas envie de lui tenir rigueur. Après tout, quoi de mieux pour coacher quelqu'un que de faire les frais de ses... qualités.- A toi de voir. »

Mon poing vient s'écraser sur le visage de mon mentor, avec une force que je ne contrôle pas. Comme je l'ai dit je ne contrôle plus rien, je n'ai pas conscience de ce que je fais, je ne cherche pas à en avoir conscience d'ailleurs, pour moi tout est clair, elle mérite ses coups, ma colère et mes actes sont justifiés. Je pense comme ça sur l'instant, mais je me doute bien qu'une fois ce sentiment destructeur retombé je ne verrais plus les choses de la même façon. Cependant, là je m'en balance, je n'ai qu'une envie frapper encore et encore. Je n'ai aucune envie de m'arrêter, je veux voir son sang coulé, je veux sentir la douleur sur mes poings, je veux la voir tomber. Sadique ? Cruel ? Fou ? Peut-être, sûrement. Ma vie n'est que folie de toutes façons, parfois celle-ci est bonne, parfois elle est mauvaise, destructrice voir autodestructrice, mais je suis fait comme ça et je n'ai aucune envie de lutter contre moi-même. Ethna relève enfin la tête pour me faire face. Je lis dans son regard, son mal-être, elle ne veut pas me le montrer, mais on remarque bien une faiblesse suite à ce coup. Au fond de moi une pointe de satisfaction se fait connaître. Pourtant, ce sourire satisfait se trace à nouveau sur ce visage que je rêve de faire saigner. La colère qui me quitter ne fait que revenir encore plus forte.

Cette fille a t-elle au moins conscience de ce dont je serais capable ? J'en doutes sérieusement. M'enfin ... elle ne me connaît pas comment la blâmer de ce côté-là ? La pauvre si elle continu comme ça elle risque juste de repeindre de son sang ces murs aux mauvais goûts de cette maudite salle. Qu'ais-je à perdre de toutes façons ? Un pied dans la tombe, ou bien les deux j'imagine que cela ne change pas grand-chose. Si elle compte sur mon instinct de survit pour sauver sa peau, la pauvre est mal partie, elle devra apprendre que chez moi cet instinct n'est pas vraiment présent. Je m'apprête à lui envoyer un deuxième coup tout aussi puissant dans la face quand elle se décide à agir. «  Kai, tu sais que je t'adore ? » Bien que je me fiche de son intérêt pour moi, cette déclaration me surprend. Mon regard marque mon étonnement. Et sans vraiment faire attention je desserre mon étreinte sur son poignet ainsi que sur son corps et perds ma concentration assez longtemps pour qu'elle ne réplique. Sans que je n'ai le temps de la voir venir elle me tord poignet droit. Je ne peux retenir un gémissement de douleurs tout en reculant de quelques pas par reflex. C'est qu'elle sait utiliser les faiblesses des autres. Alors que je relève la tête pour lui faire face, prêt à répliquer, son pied vient s'écraser violemment contre ma poitrine. La respiration coupées, reculant encore une fois par simple reflex, je cherche un appuis quelconque. J'ai la tête qui tourne légèrement, je me sens d'un coup comme affaiblis. Je ne cherche cependant pas à le cacher, de toutes façons que je paraisse faible ou pas si je veux cogner cela ne changera rien.

Appuyé sur le dossier d'une chaise, je lève le regard vers ma mentor. Je sens la colère me quitter peu à peu, laissant place à la douleur au poing et au poignet. Ethna paraît d'un coup toute faible, je vois bien qu'elle tente de le cacher, mais ce genre de choses se voient, surtout quand on sait ce qu'on lui a fait. Son regard dans le vide, forçant pour garder les yeux ouverts ainsi que pour tenir debout. Elle pourrait très bien perdre connaissance, ça n'aurait rien d'étonnant au contraire. Les yeux écarquillés, la bouche légèrement entre ouverte je la regarde lutter silencieusement, je vois filet de sang qui semblent s'être échapper de sa bouche. Bref. Je regarde le résultat de ma colère. Avec une pointe de frayeur que je cherche tout de même à dissimuler. Je pourrais me voir en elle en ce moment même et voir à ma place ... Mon père. Mon père qui perd le contrôle aveuglé par la colère, et moi tentant de garder le contrôle, de ne pas céder à la douleur causé par les coups. Bien sûr contrairement à Ethna je ne réponds que très rarement aux coups de mon cher géniteur, cependant le schéma y ressemble. Tel père, tel fils comme on le dit si bien. Je me mets à trembler à ces pensées, une expression se voulant impassible au visage, alors que je suis pourtant intérieurement terrorisé. Il se pourrait bien que je finisse comme lui. Et puis ... Il n'y a qu'à voir ce dont je suis capable maintenant. Comment je finirais si je sors vivant des jeux ? J'ouvre la bouche m'apprêtant à dire quelques choses. Dire quoi ? Des excuses ? Non. Peut-être. Je ne sais pas. Je referme simplement la bouche attendant la suite pour me prononcer.

Ethna se relève faiblement, assez faiblement pour tituber du moins. Elle peine à tenir debout, je le vois malgré ses efforts pour que je ne remarque rien. «  Règle numéro 1, l'effet de surprise est ton meilleur ami. » » Je fixe le brune l'air déconcerté. Elle pourrait très bien me lancer une réplique cinglante et me laisser crever. Certes je ne supporte pas cette fille, mais je dois bien avouer que sa persévérance est aussi impressionnante qu'agaçante. «  Tu m'as fait un brillante démonstration, et je t'ai renvoyé l'ascenseur. Tu veux apprendre d'autre chose ou bien tu veux qu'on continue à se taper dessus toute la soirée ? » » Je ne dis rien, j'écoute à peine. Ce que j'ai fait me revient simplement en mémoire. Je fixe mes mains, l'une me fait atrocement souffrir, l'autre me gène légèrement sans doutes à cause de la violence du coup de poing. Son ton ne semble pas lourd de reproche, ce serait même l'inverse d'ailleurs. «  A toi de voir. » »

Les derniers mots m'atteignent à peine. Je suis perdu dans mes pensées. Un sentiment proche de la culpabilité m'envahit. Je ne sais comment géré ça, ce n'est pas ce quelque chose que j'ai l'habitude de ressentir, c'est étrange. Mon incompréhension se marque sur mon visage. J'ignore comment réagir face à ça. J'aimerais qu'elle ouvre encore sa bouche, qu'elle sorte encore une de ces choses qui me mettent hors de moi, juste pour échapper à cette situation. C'est bien plus facile de succomber à la colère, la rechute est malheureusement bien plus difficile. Je n'ai pourtant pas pour habitude de regretter mes actes. Je les assume pleinement généralement. Alors, est-ce parce que ma vie est entre ses mains que je me sens mal ? Est-ce parce que malgré moi je me suis attaché à elle ? Non ... Ce n'est pas possible. Enfin ... Je l'ignore. Je ne veux simplement pas que ça arrive. Sans que je ne le réalise les mots sortent tout seuls.

« Assis-toi. » Ma voix n'était pas froide, simplement sans ton particulier. Neutre. Je baisse le regard avant de reprendre. «Vas pas tomber dans les pommes juste pour me faire plaisir non plus ... » Mon ton est calme, je prends mon temps, surtout par crainte de ce qui va suivre. Je lève le regard pour atteindre le siens. « Je pense qu'on a tous les deux eu nos quota de coups pour aujourd'hui. » Sachant que les mots qui me hantent depuis quelques minutes vont sortir je détourne le regard pour fixer un point au loin. « Je ... crois. Non. Je suis désolé. »

Je l'ai dit, et pourtant, je ne me sens pas plus soulagé pour autant. Je me sens juste énervé après moi, pour avoir faiblit. J'ai juste envie de claquer la porte et de sortir, de faire une connerie. Quoi ? Je ne sais pas, peu importe, quelque chose qui me ferait oublier ça, quelque chose qui me ferait tout oublié, jusqu'à ce que je suis. Comme toujours. Voulant simplement passer à autre chose, la mâchoire crispée, les membre tendus, je reprends la parole.

« Si on pouvait simplement passer à autre chose ... » Je marque une pause. Ma gorge me serre, mais je tente de garder une voix la plus normale possible. «Passer à l'interview ... » Mes yeux commencent à me brûler en repensant à ce qui a déclenché ma colère. Je revois ma mère se faire exécuter, mon père sombrer dans la folie. Je revois les crises de colère de mon père les coups qu'il m'a donné. Non en effet mes parents ne m'ont jamais appris ça, simplement parce qu'ils ne m'ont rien appris. Ma mère n'en a pas eu le temps, mon père ... n'en parlons pas. Mes yeux me brûlent. Une larme s'échappe, puis coule le long de ma joue. Je l'essuie très rapidement à l'aide d'un doigt. « Simplement ... Je ne reviendrais pas sur le sujet. Et je te conseil pas d'y revenir non plus.» [i] un léger ton de menace se laisse entendre dans ces dernières paroles.

Alors que je me retourne vers Ethna, celle-ci baisse le regard et un semblant de sourire s'affiche furtivement sur son visage, disparaissant très rapidement et laissant apparaître une triste mine. Je m'attendais plutôt à une expression moqueuse, fière ou bien un truc de ce genre là. J'imagine que mon étonnement se lit sur mon visage, je suis un peu perdu. Les yeux grands ouverts je tente de capter son regard, passant d'un oeil à l'autre légèrement paniqué. Je ne comprends juste pas son état. Une fille attristé ... Je lève les yeux au ciel. Qu'est-ce que j'en ai à faire au final ? Elle peut bien finir dépressif et se passer la corde au cou je m'en contre fiche. Tant qu'elle peut m'être utile jusqu'à la fin des jeux. Cruel ? Égoïste ? Et alors ? Encore une fois je m'en balance,je vis pas pour les autres, et encore moins pour une princesse du capitole. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Ses parents, ses grand-parent, bref, peut importe qui en a eu l'idée cette personne était juste la pire des abruties, elle a voulut se retrouver dans un district, jouer au fier ou je ne sais quoi, super pour elle, maintenant faux assumer. Je dis ça mais je n'ai aucune idée de ce qui a mené cette fille à papa dans un district. C'est juste a haine envers ... Cette population, ces personnes qui se sentent faussement concernées par notre sois disant sort à nous, habitant des districts, particulièrement deceux qu'ils appellent les défavoriser. C'est cool de vouloir se sentir utile, différent, mais inutile d'embarquer les autres dans cette merde et encore moins de les utiliser comme stupide prétexte.

Alors que je me perds dans mes pensées, j'aperçois une larme couler le long de sa joue. Je ne réagis pas. J'ignore comment réagir alors je reste simplement planté devant elle à la regarder glisser sur son visage, passer près de ses lèvres, continuer son chemin vers son menton avant d'aller s'écraser contre le sol. Je suis comme hypnotisé. J'ignore pourquoi, j'ai peut-être simplement pas l'envie de faire face à la situation, ce qui expliquerait ma concentration extrême sur une chose aussi futile qu'une simple goutte d'eau salée traduisant la ... tristesse ? L'angoisse ? La rechute de colère ? Bref. Quoi que ce soit ça n'a aucune importance. Je veux pas que ça en ai. Je reporte mon regard sur le sien. Ce n'est plus une larme qui coule, c'est toute une rivière. J'essaye d'afficher un visage inexpressif, mais je n'ai aucune idée du résultat. Pourquoi est-ce qu'elle pleure au juste ? Et pourquoi ... Pourquoi je m'y intéresse au juste ? Je détourne le regard. Mon poignet me fait déjà souffrir, mais je force un coup dessus comme pour me réveiller. Hé oh ! Kai ... Reprends tes esprits ! Depuis quand tu t'intéresses aux humeurs changeante d'une pauvre fille ?

Je repose à nouveau mon regard sur elle, son visage est marqué. Par les coups, par les larmes ... J'ai beau essayer de ne pas y prêter attention, cette vision me fait l'effet d'un coup poing dans le ventre. Elle attrape enveloppe ses bras de ses mains. Je dois avouer que la voir comme ça me donne l'impression d'être face à une autre personne, pas celle qui vient à peine de me bloquer la respiration, pas celle qui n'a pas hésite à me renvoyer les coups malgré mon état de rage intense. Je suis à nouveau face à cette gamine du capitole que je hais tant et pourtant, je n'ai aucune envie de l'enfoncer, de me foutre d'elle comme je l'aurais probablement fait habituellement. Je serais plus ... Attristé pour elle ? Je ne sais pas. Je sais juste que je ne veux plus la voir pleurer. J'ignore pourquoi. Ça ... me perturbe. Sérieusement ... C'est quoi cette fille ? C'est la deuxième fois en quelques minutes qu'elle me fait me sentir ... étrange, pas comme d'habitude, qu'elle me fait ressentir un sentiment que j'ai plutôt tendance à rejeter. D'abord la culpabilité et maintenant quoi ? De la compassion ? Je n'ai vraiment aucune idée du nom que je pourrais placer sur ce sentiment.

«   Si tu veux bien... » Sa voix est comme transformée, par son état actuel sans doutes. Un sourire, sans aucun doute forcé ayant plus l'apparence d'une grimace immonde se trace sur ses lèvres. Je sais pas pourquoi elle prend la peine d'afficher ce sourire. Sérieusement ... Elle les joues encore mouillées, les yeux rouges et la voix brisée ... Si elle pense pourvoir tromper quelqu'un avec une grimace du genre elle se fout le doigt dans l'oeil. Et puis moi quoi, je viens de la frapper, de la menacer, de l'insulter ... qu'est ce qu'elle cherche à prouver ? Elle veut rester fière eut-être ? Non mais, si elle savait à quel point je m'en balance des pleures ou des rires. Bon à en croire ma réaction je m'en moque peut-être pas complètement, mais ça elle l'ignore. «  On remet ça à plus tard ? » A plus tard ? Ça veut dire quoi ça ? Qu'elle va me planter là dans le salon ? On a encore rien vu. J''ai pas mal de choses à voir avec elle. Je suis pas d'accord. J'ai pas envie qu'elle se casse comme ça là. Je plonge mon regard dans le siens, le mien éclairé par quelque chose qui doit probablement ressembler à une imploration. Peut-être que j'en fais trop pour un mec qui veut juste s'en sortir aux jeux. C'est même sûr. C'est pas l'envie d'apprendre qui me met dans cet état. C'est quoi ? La peur d'être seul peut-être ? Le besoin d'avoir quelqu'un. Au fond je suis peut-être plus humains que certains ne le pensent. Que JE ne le pense aussi.

Ethna se lève devant moi, avec peine, je la vois tituber légèrement. Elle se retourne, en direction de sa chambre. Alors qu'elle s'apprête à faire le premier pas l'éloignant de cette place, je ne réfléchis pas, j'agis simplement par reflex. Je prends une inspiration, puis rapidement, lui attrape le poignet serrant assez fort pour l'empêcher d'échapper à mon emprise, mais pas assez pour lui faire de mal. Cette fois-ci ce n'est juste pas mon intention. Je regretterais sans doutes cette réaction demain, mais pour le moment je m'en contre fiche, c'est l'instant présent qui compte. Encore une de ces pulsions idiotes qui m'amène à ce genre de situations étranges. Elle se retourne presque aussitôt, me questionnant du regard. Je jette un oeil sur ma main, sur son visage étonné, puis à nouveau sur sa main. J'essaye de ne pas le montrer, mais je suis aussi étonné qu'elle de ma réaction. J'ouvre la bouche, un son trahissant mon hésitation passe la barrière de mes lèvres, je cherche en vitesse quelque chose à dire, mais rien ne sors. Je tire donc légèrement sur son poignet pour l'attirer vers moi et l'entour de mes bras. J'aimerais avoir quelque chose à dire, mais rien ne me passe par la tête, alors je reste quelques secondes qui me semblent interminables dans cette position. Et, d'une voix légèrement moqueuse je me décide enfin à parler.

« Alors ... Je paris que je t'ai encore une fois surpris. Je me trompe ? » Un rire m'échappe. « Enfin ... J'ignore d'où viennent ses larmes, mais ... je t'ai déjà dit que j'étais désolé ? » Je lève les yeux au ciel, oui bien sûr que je le lui ai dit. Kai qui s'excuse une fois c'est déjà énorme, mais deux fois c'est carrément irréaliste. «Enfin bref. » Je marque une pause me demandant ce que j'allais dire pour ne pas qu'elle reparte, cette fois-ci plus énervée encore. « Je peux pas te laisser partir et t'isoler dans cet état. » m'exaspérant moi-même, Je ne peux retenir un soupire. « Mais ... Si tu veux pas continuer cet entretien, si tu veux simplement plus me voir, libre à toi ... » Je la lâche et m'écarte légèrement comme pour lui montrer le chemin. « Sinon ... Je suis là … dans le salon si tu veux pas t'isoler comme une vieille fille pommée»

A ces mots je lèves à nouveau les yeux au ciel. Mon dieu Kai ... Te rends-tu compte à quel point tu es ridicule ?

______Il me fixe intensément puis reporte son attention sur son poignet. Poignet qui est toujours scotché au mien. Il ne me fait pas mal mais ... il me fait peur. Il m'a montré qu'il était capable d'être très violent et il peut recommencer. Son coté qui déteste-les-petites-filles-pourries-gâtées-qui-viennent-en-prime-du-capitol risque bien de ressortir avec mon effondrement. Et je ne peux pas me leurrer, j'ai peur de ce Kai là. J'ai rarement éprouvé ça pour quelqu'un dans ma (courte) vie. À vrai dire, il n'y a vraiment que le maire et Yaël qui m'ont jamais fait effrayé. En y repensant, oui les autres tributs me m'impressionnaient pas, j'avais confiance en mes capacités et en mon alliance. Mais lui, je ne sais pas, j'ai beau avoir peur à l'idée qu'il puisse me frapper encore une fois, ce n'est pas exactement le même sentiment. Les autres me rendait malade de trouille. Lui non. je ne sais pas comment décrire ça, mais ce n'est pas la peur qui te fait trembler. Plus celle qui te donne envie d'avancer, un peu comme le stress. Pas tétanisante non plus, une sorte de peur bénéfique... Notre relation de mentor tribut est vraiment plus compliquée que ce que je pensais.
______En regardant son poignet, il semble totalement paumé. Comme s'il voulait comprendre ce qu'il faisait là, dans cette salle, avec moi. Rappelons la chronologie : d'abord, je le fout sur les nerfs, ensuite il me met un pain, puis je lui tord le poignet et je lui coupe le respiration, il commence à pleurer et pour finir, c'est moi qui fond en larmes devant lui. Personne ne trouve de quelconque anomalie dans cette liste ? Parce que moi j'en vois plus d'une. Je crois qu'il aurait raison d'être exaspéré. Après tout, il m'a fait comprendre qu'il détestait les pleurnichards et on peut dire que là, je me suis décrédibiliser en tant que mentor. Il devrait me foutre une bonne claque pour me remettre les idées en place. Je le remercierai certainement s'il le faisait (et encore faudrait-il que je ne tombe pas dans les vappes). Au lieu de ça, il continue de regarder ma main, entourée de la sienne. J'assurerai bien qu'il se demande pourquoi il m'a pris le poignet, mais je ne prendrai pas le risque. Avec lui, je ne sais jamais à quoi m'attendre. Les yeux fixés sur nos mains, il ouvre la bouche. Il veut prononcer quelque chose, mais seul un son proche du soupir s'échappe. Un sentiment étrange m'envahit quand je me rends compte qu'il cherche désespérément ses mots. Mais ce ne sont pas des mots qui suivent. Il tire mon poignet vers lui. De surprise, ou tout simplement parce que je suis curieuse, je me laisse porter. Il m'attire contre sa poitrine et referme ses bras dans mon dos.
______Le choc (émotionnel) est moins rude qu'on pourrait le penser. Je suis surprise, mais je ne pense à rien. Comme si mon esprit se vidait d'un coup, à son contact. Je ne réfléchis à aucune conséquence, à aucune pensée déplacée. C'est juste un geste de réconfort de sa part. Pourquoi, c'est une autre question, mais sur l'instant, je me contrefous de ses raisons. Je crois avoir compris que Kai était un homme impulsif. Je n'essaye plus de le comprendre, il n'y a rien à comprendre. C'est juste un ado paumé et sanguin. Peut-être a-t-il juste envie de s'amuser avec moi, mais sincèrement, je m'en fiche.
______Une fois que ses bras m'entourent, un sensation de chaleur m'envahit littérallement. Moi qui tremblait de froid quelques instants plutôt, ce contraste me fait tressaillir. Cette impression de réconfort, c'est un sentiment que je ne le croyais pas capable de donner. Il ne s'en rend certainement pas compte, mais, ce geste, c'est tout ce dont j'avais besoin, maintenant. Je referme doucement mes bras autour de lui. C'est bizarre, mais pas désagréable. Ma tête dépasse à peine de ses épaules. Je garde les yeux légèrement entr'ouvert. J'ai envie de m'endormir là, tout de suite, mais je résiste. Ses larges bras forment une sorte une sorte de prison autour de mon maigre corps. C'est quasiment la même position que tout à l'heure, lorsqu'il me plaquait contre le mur ... A la différence que là, il n'a pas envie de me tuer. Je dois dire que ce petit détail change absolument tout sur l'instant présent.
______Je reste comme ça quelques secondes dans ses bras... « dans ses bras » cette phrase sonne faux... j'ai séché mes pleurs. Est-ce grâce à lui ? Oui sans doute. ______Sa voix légèrement moqueuse s'élève :

« Alors... Je parie que je t'ai encore une fois surpris. Je me trompe ?»

______Là, il ne se moque pas de moi... Je crois que d'un certain coté, il essaie de me faire rire. Ou bien je suis à côté de la plaque encore une fois. Oui, ce serait plutôt ça. Cependant, il ne se trompe pas. Je m'attendais à une baffe de sa part et là j'aurais pu dormir. Il rit légèrement. Ce n'est pas un rire sadique, juste amusé. Il n'a pas l'air fâché que je me sois effondrée en larmes... Puis dans ses bras.

« Enfin... j'ignore d'où vienne ces larmes... »

______Elles viennent d'un peu partout si tu veux savoir. De ce souvenir ci, de celui là, d'une prise de conscience... Et tout simplement à cause de toi... De ta manière d'être, de ta façon de me ressembler et de lui ressembler, de ta réaction si innatendue à mes pleurs... Pourquoi a-t-il fallu que je tombe sur lui... Il est si exaspérant à certain moment... et si déroutant en même temps.

« … Mais... Je t'ai déjà dit que j'étais désolé... Enfin bref. »

______Oui, déroutant. Je n'ose même pas imaginer les efforts qu'ils doit produire pour me donner ses excuses. A l'évidence, il ne l'a pas fait souvent. Un sourire gêné apparaît sur mes lèvre. Mais ça, il ne le voit pas. Même s'il se joue peut-être de moi, je suis touchée qu'il soit aussi attristé par le coup de poing qu'il m'a infligé. Car oui, j'ai eu mal et je suis heureuse qu'il éprouve un minimum de remords.

« Je ne peux pas te laisser partir dans cet état »

______Je me demande ce qu'il veut dire par là. Peut-être qu'il estime que je dois vraiment lui donner des conseils. « dans cet état » … Ou bien peut-être a-t-il peur que je fasse une sorte de malaise une fois dans ma chambre... Non, c'est totalement débile. On peut dire que toute sa gentillesse ma monte à la tête. Je ne sais plus vraiment quoi pensé ni de lui, ni de ma situation, ni des conseils que je pourrais lui donner. J'en oublie presque que nous sommes au capitol et qu'il va risquer sa peau dans une arène... dans moins d'une semaine. Ou, quand la réalité vous rattrape avec sadisme...
______Il soupire, visiblement résigné.

« Mais... Si tu veux pas continuer cet entretien, si tu veux tout simplement plus me voir, libre à toi... »

______Je sens que ces mots lui pèsent. Il a envie et besoin de conseils de ma part cependant, il arrive à mettre ça de coté pour me faire passer moi et mes sentiments en premier. Peut-être que je me trompe sur toute la ligne, mais c'est ce que je ressens. Ce n'est plus le même Kai que j'ai en face de moi. J'ai la sensation que tout ça a un durée limitée et que je dois en profiter avant que le Kai sadique et insolent refasse surface. Il m'écarte légèrement de lui, comme pour me montrer la couloir des chambre.

« Sinon... Je suis là, dans le salon. Si tune veux pas t'isoler comme une vieille fille paumée »

______Ce dernier point me fait sourire. Je laisse échapper un court rire, pas forcer du tout. Je baisse le regard. J'ai à peine quatre ans de plus que lui et pourtant, à cet instant, on dirait que c'est lui le mentor, et moi le tribut qui a besoin d'être consolée. Mais au fond, avais-je besoin d'être consolée ou avait-il des remords à m'avoir frappé ? Avait-il juste besoin de se sentir moins coupable ou bien a-t-il réellement agit dans mon intérêt ? Je n'en sais strictement rien et je suppose que lui non plus d'ailleurs. Je sens bien que c'est un mec totalement paumé avec ses émotions et ses coups de sang. Cependant, il m'a réconforté, ça a marché alors, que demandé de plus ? Mais ça m'intrigue... J'aimerai bien savoir ce qui l'a poussé à me prendre dans ses bras. Personnellement, même s'il avait l'air bouleversé, je n'aurais jamais fait ça... Dans mon cas, ç'aurait été plus que suicidaire.
______Je relève les yeux vers lui. Je ne sais pas ce que je vais dire. Je ne sais pas quoi penser ni à quoi m'attendre... Mais au fond, qu'est-ce que ça peut faire ? Je cherche tout le temps à calculer chacun de mes gestes... Pour ne pas que ma supercherie soit découverte. Au lieu de ça, je pourrais vivre et penser sans faire comme si rien n'était jamais arriver. Kai m'aura au moins appris une chose, l'impulsion est parfois plus bénéfique qu'on ne le croit. Alors je commence à parler. Sans régler mon débit :

« Félicitation Kai. -je secoue lentement la tête, comme si je me foutais de lui. Mais ce n'est pas le cas.- Tu deviens officiellement la personne la plus étrange et la plus inattendue que j'ai jamais rencontré. -je prend un ton moqueur- Ne le prend pas mal, mais au niveau surprise, tu es pire que les gens du capitol ! -ça n'a pas l'air de l'énerver, au contraire. Je réfléchis un instant. Je ne peux quand même pas sortir que des conneries...- Sincèrement... je pense que cet entretien est à la fois l'un des plus étranges et l'un des plus instructif que j'ai jamais au avec un tribut. Je veux dire, j'ai obtenu ce que je voulais, je t'ai cerner, tu m'as cerner voilà, je pense que le compte est bon.- Il me fixe attentivement. Ce que je raconte est vraiment débile en fait, mais c'est ce que je ressens. Je suis son exemple-. Le fait que tu m'ais frappé... -mon regard se perd quelques secondes- … ça me donne encore plus envie de te sauver. -Il dois penser que je suis tarée. Et il aurait raison. Je le fixe à nouveau, droit dans les yeux. J'affiche un air le plus déterminé possible.- Kai, je te fais la promesse que je ferais absolument tout ce qui est dans mon pouvoir et même plus pour te sortir de là. -Il entr'ouvre légèrement la bouche. Je ne sais pas si c'est par surprise ou tout simplement un tic... Je lui sourie naïvement- Je rentrerai dans notre district avec toi, tu peux en être sûr. Est-ce que tu es prêt à écouter mes conseils ? Prêt à faire tout ce que je te dis pour survivre ? En échange, je te promets que je ne tenterai pas de m'immiscer dans ta vie privée.-J'ai dit tout ce que j'avais à dire. Lui ne parle pas, mais je suis sûr qu'il est d'accord.-»

______Je vais le sauver. Je vais le sauver j'en suis sûr.