Le sourire naquit sur mes lèvres comme un rayon de soleil qui, impétueux et indomptable, serait parvenu à traverser de lourds nuages gris. Il éclaira mon visage et illumina mes yeux.

Qui aurait cru que quelques heures auparavant, je courais dans tout les sens, sujette à une hystérie quelque peu effrayante pour qui ne me connaissait pas ? Cette journée était des plus importantes, je me devais d'être prête en temps et en heure. Aussi, depuis à peu près midi, parmi les gens du Capitole qui devenaient de plus en plus frétillant, enthousiaste et déchainé à l'idée de la cérémonie tant attendue, on pouvait entendre des talons claquer à vive allure sur les pavés de la capitale de Panem.
Il est vrai que des talons n'étaient pas des plus appropriés pour une journée d'une telle envergure, je vous le concède. Il n'empêche que je m'en tirais plutôt pas trop mal, ayant l'habitude de marcher avec toute une journée non-stop. Si mes talons semblaient me faire défaut, ma tenue, elle, était des plus simples : un débardeur au-dessous d'un pull à manches courtes, tout les deux d'une couleur bleu lavande et un pantalon très confortable, dans lequel me mouver devenait un jeu d'enfant (contrairement à certaines tenues qui m'empêchaient d'effectuer certains mouvements) ! Mes cheveux étaient relevés par une pince, laissant des mèches folles livrées à elles-mêmes, par-ci et par-là.
J'étais loin de la Maë que tout le monde avait l'habitude de connaitre, toujours impeccable et irréprochable. S'il y avait bien un jour où on aurait pu lire mes sentiments, je crois que cela aurait été aujourd'hui. Heureusement, je ne restais pas inactive ce qui évitait qu'on ne me regarde de trop près. Même si, je pense, que même si j'étais constamment en train de courir à droite et à gauche, on pouvait très bien percevoir mon inquiétude et mon stresse.

Et puis, le grand soir était arrivé très vite. Trop vite.
J'étais d'abord passée voir Ambre. J'avais retouché deux trois détails à sa coiffure après lui avoir présenté sa tenue. Elle allait être éblouissante. J'avais pu lire sur son visage son étonnement juste avant que je ne m'excuse auprès d'elle de partir aussi vite. Avec un dernier sourire que mes yeux démentaient, j'avais quitté la pièce, me dirigeant vers celle où Léa se faisait chouchouter.
Sa robe devait subir des retouches directement sur la jeune femme, c'était la raison pour laquelle j'avais passé autant de temps en sa compagnie. Fin prête, les maquilleurs prirent la relève. J'avais indiqué les couleurs que j'avais en tête. Et puis, Léa était prête également... C'était peu être un brin arrogant mais je l'avais trouvée magnifiquement belle. La robe tombait à merveille, révélant aux yeux de tous sa silhouette fine et élancée. Magnifique.
Elle m'avait alors remerciée juste avant que je ne quitte la pièce pour aller à la rencontre du jeune Milo. Je lui avais juste souri... N'osant pas formuler mes pensées... Je m'étais attachée à elle, plus qu'à Ambre. Elle avait su me voir derrière mon masque de froideur, elle-même en possédant un.
Je ne savais si, dans d'autres circonstances, nous nous serions adressé la parole... Donc, dans un sens, j'étais reconnaissante aux Hunger Games de m'avoir permis de faire de telles rencontres. Même si elles étaient de courte durée...

Il m'attendait dans le hangar. Prêt à partir. J'étais passée lui présenter sa tenue un peu avant d'aller voir Ambre puisque c'était sans doute lui qui allait être le plus long à être prêt. J'étais éblouie, pour ainsi dire, devant tant de prestance. Elle lui allait à merveille. Il était aux côtés de Léa, dans leur chariot. Leurs tenues s'accordaient parfaitement, l'une rendant l'autre éblouissante et vices versa.
Juste avant que le chariot ne s'ébranle, je lui avais glissé une recommandation : de tournoyer sur lui-même. Avec un sourire mi-figue mi-raisin, j'étais partie en même temps que les chevaux s’élançaient. Rapidement, j'avais gagné ma place qui m'était destinée. J'avais eu le temps de voir le district 3 passer. Ils étaient magnifiques eux aussi...
De là où je me trouvais, j'avais tenté d’apercevoir El'. Seulement, je ne la vis pas... Tant pis, nous aurions le temps de discuter de nos avis, de nos observations autour d'un verre prochainement.

Et puis, le chariot du district 4 passa... Ma respiration s'était arrêtée, mes yeux vissés vers eux. Ils étaient sublimes ! C'était... Presque irréel. Et puis, la foule autour de moi qui applaudissait à tout rompre ! C'était un de ces moments où on a l'impression que le temps s'arrête. Vers ma gauche, j'entends même un "oui" exclamatif. Oui quoi ? Cependant, je ne m'attarde pas sur ce questionnement, ma concentration fixée sur la cérémonie.

Le sourire naquit sur mes lèvres comme un rayon de soleil qui, impétueux et indomptable, serait parvenu à traverser de lourds nuages gris. Il éclaira mon visage et illumina mes yeux.

Milo venait de faire tournoyer sa cape, dévoilant ainsi à tout Panem sa particularité. Son étonnement ne dura qu'une seconde, néanmoins, je le vis. Un rire me fit tressauter, je le reconnais bien là ! Et puis, un sourire illumina son visage. Il salua la foule avec plus de ferveur qu'auparavant.
Oui, j'étais fière d'eux. Fière d'être leur styliste...
Cinq chariots passèrent, les tributs, tous plus éblouissant que les autres. J'imaginais les sponsors en train de faire leur choix... Cette année, ils auraient du mal !
Et puis, le chariot du 10... Ambre se tenait droite, la tête haute et le regard fier. Sa curiosité dévorante l'emporta sur sa timidité persistante, ce qui me fit sourire. Elle allait en toucher plus d'un... En plus de ça, elle était vraiment rayonnante ! J'étais fière de mes quatre tributs...

Et puis le 11 et le 12. Le 12 qui attira mon attention... La fille semblait dédaigneuse, visiblement pas ravie d'être là, tandis que le jeune homme à ses côtés souriait et saluait la foule. Savait-elle qu'en agissant de la sorte elle avait peu de chance de se trouver des sponsors ?
Je n'attendis pas la fin de la cérémonie, me frayant un passage jusqu'à une rue adjacente où il n'y avait pas foule. J'entendis les derniers commentaires, un sourire discret étirant mes lèvres.

"Bien joué..." soufflai-je à la nuit qui tombait doucement.