Le repas est succulent, et me ramène dans mon état d’esprit premier. L’Arène n’est plus, et il ne reste que nous, autour d’une poule rôtie juste comme il faut, accompagnée d’une plante si bonne et riche en vitamines que rien que croquer dedans redonne de la force, et de l’espoir. Romy apporte la cerise sur le gâteau en sortant de son sac une sucette, qu’elle partage en quatre, et qu’elle nous tend. Je la suçote tranquillement, les yeux fermés, me remettant doucement de l’attaque des poules lorsque Romy nous sort une carte, qu’elle nous présente. Je ne sais pas où elle l’a eu, mais ça nous donne un sérieux avantage, de savoir où nous diriger, et de ne pas devoir marcher à tâtons. Déjà que j’ai eu plus que de la chance d’arriver là, en prenant un chemin au hasard…
Romy continue de prendre les choses en main en nous proposant de dormir, puis de partir, en emportant de quoi survivre un bon moment. Je suis d’accord avec tout ce qu’elle propose, même si je ne sais pas si ça m’énerve, ou si je suis contente qu’elle endosse ce rôle de chef. J’ai du mal à accepter l’autorité, mais là, je suis fatiguée. Vraiment. Alors, je me plie à ce qu’elle propose, et accepte de prendre le troisième tour de garde. Un des deux pires, car on doit s’endormir, puis se réveiller, et se rendormir, mais c’est mieux que rien. Et je suis tellement fatiguée que je monterai la garde sur les mains, s’il le fallait, et que ça me permettais de dormir. Même si le repas, et ma boisson m’ont remontée un peu.
Je vais m’affaler dans la paille, non loin de mon sac, laissant mon poncho en plant, et je sens à peine les deux autres me rejoindre, car, dès que ma tête touche le sol, je sombre dans le sommeil, que j’accueille avec plaisir…
« Hép, June, debout… C’est à toi ! »J’ouvre les yeux, et vois Shaé, debout à côté de moi, baillant. Je baille aussi, et, pivotant sur le côté, me réveille doucement. Bon. C’est à mon tour.
Je remarque deux poules, totalement plumées, et je décide de faire de même, de ramener des vivres, afin de m’occuper. Je prend ma hache, reprends mon couteau que Shaé a laissé gire au côté des poulets, et coupe des plantes tout en gardant un oeil sur l'horizon, qui reste calme tout au long de mon tour de garde
Je finis ensuite par retourner à l'intérieur, estimant qu’environ un quart d’heure s’est écoulé, et vais secouer mon alliée :
« Yeni, c’est à toi. »Puis, je me rendors, pour un petit quart d’heure, le dernier. C’est Yeni qui nous réveille, et nous commençons à mettre de l’ordre dans nos affaires. On coupe deux poulets, chacun en prend une moitié, et on distribue un grand nombre de plantes fantomes, équitablement. On en a au moins quatre par personne. Il n’en reste, à vrai dire, plus une seule sur la zone. Shaé nous distribue un bandage de vingt centimètres chacune, nous rassemblons des affaires, et partons…
Enfin nous serions parties. Nous serions parties si je n’avais pas, au dernier moment, décidé de brûler les poules restantes. Autant ne pas donner d’avantages aux possibles vagabonds passants par là… Je ramasse donc les poules, les entasses, et, avec les restes de braises, entame un feu. L’opération me prends quelques minutes, et je relève la tête, fière de mon œuvre, au moment précis où un parachute se pose, avec un petit « ting », sonore, juste devant moi.
Un parachute. Un cadeau. Pour moi. Les larmes me montent aux yeux, cependant que je me précipite pour l’ouvrir. Dedans, une plaquette de cinq cachets, semblables à certains que j’ai vus, dans le sac de Romy, du mercurochrome, et, le meilleur pour la fin, un couteau. Un petit couteau, parfaitement équilibré. Parfait. Juste parfait. Une larme coulerait presque sur ma joue, mais je me contente de lire le petit mot qui accompagne le tout. Il est signé Eva. Eva Arcandiaz. Je ne connais pas cette personne, mais, si tant est que je sorte d’ici, je lui serais redevable. A vie.
J’avale immédiatement un petit cachet, à sec, et décide de garder le reste pour plus tard. Je m’empare aussi du mercurochrome, que je fais passer, afin que chacun désinfecte ses plaies. Je remets ensuite mon bandage, passe le couteau à ma ceinture, récupère le désinfectant, que je fourre dans mon sac et me relève. Nous sommes prêtes.
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