«Ses cheveux étaient d'un doux brun, le genre de teinte qui est belle au naturelle, sans reflets ni mèches d'autres couleurs. Ils lui arrivaient au bas du dos, et quelques mèches rebelles lui voilaient parfois le regard. Ses yeux vous transperçaient du premier regard et semblaient lire en vous comme dans un livre ouvert. Leur noirceur d'encre n'était pas commune, si bien qu'on aurait cru à l'absence de ses pupilles s'ils n'étaient que des minces fillaments dorés qui traversaient ça et là l'iris de son oeil. Sa taille n'était ni petite, ni grande. Et puis, ce n'est pas la hauteur qui mesure la grandeur d'une personne.»
Étant très mystérieuse, les gens du personnel de mon école me décrive comme quelqu'un d'inaccessible, qui n'hésite pas à lancer des regards en l'air lorsqu'il m'y plait. Ma personnalité peut paraître fade lorsqu'on ne me connait pas, même inexistante ou tout simplement rebelle en un sens.
Avoir un frère m'a permi de forger une personnalité forte. Pas le choix lorsqu'il ne cesse de taquiner sa petite soeur. De ce fait, je suis très persévérante; lorsque quelque chose me tient à coeur je fonce. J'ai tendance à agir sans réfléchir et sans penser aux conséquences. Depuis ma plus tendre enfance, j'eus de la difficulté à m'associer aux gens, leur faire confiance. Cependant, ne le prenez pas personnelle, je rejete systématiquement tout le monde lorsqu'il y a une possibilité de créer des liens. En dessous de cette carapace se cache par contre une fille douce et attentionnée, qui n'attend que la bonne personne pour s'ouvrir. Malgré ma méfiance envers les autres, j'aime oser croire qu'un jour quelqu'un aura le courage de creuser afin de découvrir qu'au fond, je ne suis qu'une personne qui ne veut qu'être heureuse et qui n'a pas nécéssairement eu le plus de chance dans la vie.

«Il me faut partir. Je suis désolé de vous quitter de cette façon; de laisser votre mère comme cela avec deux jeunes bouches à nourrir. J'ose croire qu'un jour nous nous retrouverons tous ensemble à nouveaux. Il faut que vous me pardonniez le geste irréversible que je me suis décidé à prendre, je ne vois tout simplement plus d'issue. Depuis l'accident, notre vie n'est plus la même. Ma vie n'est plus la même. Je vous aimes fort. Et n'oubliez jamais ce que je disais: il y a toujours de l'espoir, il ne suffit que d'y croire.»
Cela dû être le moment où je me rappelle avoir vraiment commencé à vivre. Avant la lecture de cettre lettre d'adieu, ma vie avait tout de plus ordinaire. Me lever, dire bonjour à ma mère, me faire taquiner par mon frère, croiser mon père sur le chemin de l'école; moi y allant et lui revenant du travail.
Le jour de l'accident, je me souviens ne pas l'avoir vu sur la route attenante à ma maison pour me rendre à l'école. Chose plutôt inhabituelle. Pour l'une des rares fois, mon frère m'accompagnait, tandis qu'il y allait généralement avec ses amis. Étant de 4 ans mon ainé, j'étais très fière qu'il ait accepté de venir avec moi. À 9 ans, ton frère de 13 ans devient un peu ton modèle. Dès que je vis son regard sérieux, je sus que quelque chose ne tournait pas rond. Ce ne fût qu'en revenant de l'école que j'appris la nouvelle: l'usine de production d'électronique dans laquelle mon père travaillait avait subi une explosion dans sa fondation. Celui-ci avait reçu un pan entier de mur en aidant un de ses collègues à se relever suite aux secousses de l'explosion. Résultat, il se retrouvait paralysé du dos aux jambes sans espoir de retrouver ses sens. Ce fut un grand choc, et quelques mois après, il s'enleva la vie.

Après toute cette expérience, je me suis refermée sur moi-même. Je suis passée de la jeune fille enjouée à quelqu'un d'introverti qui ne savait plus quelle était la raison de continuer à faire semblant d'aller bien. Peu à peu, les mots s'estompaient pour faire place à la douleur, les sourires disparaisaient pour laisser les larmes. Pourquoi la vie était-elle si cruelle? Notre famille s'est rebatie, non sans aucuns efforts. D'année en année, il y avait aussi la peur d'être choisie pour les Jeux. À chaque Moisson, durant les 5 années avant que mon frère acquière sa majorité, ma mère et moi avions cette boule dans l'estomac qui se serraient de secondes en secondes. Le jour de mes 12 ans fût un gros coup pour celle-ci qui devait vivre avec la possibilité de perdre ses deux enfants. Durant ces temps durs, nous nous sommes toujours souvenu de cette leçon apprise par papa. [i] Il y a toujours de l'espoir, il ne suffit que d'y croire.