Ma discussion animée avec Eycko Ice sur le toit m'avait mis en rogne. Elle avait le don de m'exaspérer, cette gamine. J'étais assis en tailleur sur mon lit, et, dans un soupire agacé et résigné, je me mis soudainement sur le dos, fixant le plafond. Soudainement, je regardais sur le côté. Une douche me ferait du bien... Je me dévêtis avant d'entrer dans la douche, et observa avec effarement la centaine de bouton. Ne sachant quoi faire, j'appuyais sur "Normal". L'eau jaillit presque du plafond et s'abattit sur moi. Je poussais un cri de surprise en découvrant de l'eau chaude. C'était incroyable. De l'eau courante et de l'eau chaude. Il faudrait vivre ça une fois dans sa vie. Quitte à mourir. Pour ne pas avoir le mal du pays, j'aurais pu mettre de l'eau froide, mais l'eau chaude détendait les muscles, et m'aidait à me détendre. Je me mis à chanter une petite chanson que l'on fredonnait aux enfants pour qu'ils s'endorment. Je dus passer une heure, assis sous mon eau chaude. Mes cheveux ébouriffés retombaient sur ma tête et semblaient plus foncés, ce qui me rendait plus difficile à reconnaître. Soudainement, avec effroi, je me rendis compte que je n'avais pas fermé la porte de ma chambre. Etouffant un juron, j'attrapais une serviette et me précipitait jusqu'à ma porte, mettant de l'eau partout. Je soupirais de soulagement en entendant le petit "clac". Balançant ma serviette à travers la pièce, je me rendis compte que le Capitole avait déjà commencé à me corrompre. J'avais laissée l'eau de la douche s'écouler. Moi qui venait d'un district où la moindre goutte d''eau comptait pour la survie des habitants. Je retournais sous la douche, et me mit à pleurer. Sous la douche, même si personne ne pouvait rentrer, au moins je pouvais me convaincre moi-même que ce n'était que de l'eau. Soudainement, pris par une idée stupide, j'appuyais sur la touche "Rose" de la douche. Cette dernière émit un parfum ressemblant à la rose. Ayant appuyé sur le bouton avec le nom de la fleur, je ne savais même pas pourquoi ça m'étonnait.
Mes pleurs finirent par s'arrêter, et je sortis enfin de l'eau chaude revigorante. Je me sentais de nouveau en forme, et plus du tout déprimé. Néanmoins, mes yeux rouges me trahissait. J'avais pleuré, oui, mais je n'allais certainement pas l'avouer devant le monde entier. Bientôt, tout mes faits et gestes seront retransmis en direct et en décalé. Enfin, d'après mes chances de victoire, mon nom ne sera presque pas mentionné aux informations. je serais un de ces anonymes qui mourraient au tout début des Jeux. Parce que je n'avais aucunes chances de victoire. Aucunes. J'espérais juste qu'à ma mort, Paolo ne ferait pas de bêtises. Comme se venger du Capitole en tuant un Pacificateur, par exemple.
Il était tard, très tard même, mais je décidais de manger. J'appelais un Muet et lui expliquais ce que je voulais manger. Cinq minutes plus tard il revint avec un véritable festin. Je me délectais de chaque miette de pain, de chaque gorgée d'eau et de chaque bouchée de nourriture. Elle était si savoureuse, mais je me sentais coupable de manger si bien alors que mon district mourrait de faim. Chaque bouchée était si... si bonne ! On avait envie de manger sans faim, mais chaque bouchée était aussi si dérangeante, si... culpabilisante ! Je frissonnais en pensant qu'un enfant devait mourir de faim, au sens propre du terme. Je secouais la tête, et continuais de manger sans penser à autre chose. Je pensais soudain à Paolo, qui devait être si seul chez nous. Nous avons perdu nos parents, et nous nous étions perdus l'un l'autre. Je m'étais promis de ne plus penser le temps du repas, mais bon. Je laissais errer mes pensées à mon district, tout ceux qui m'avaient laissé crever. Qui m'avaient regardé avec soulagement monter sur l'estrade. Ca ne servait à rien de ressasser tout ça, puisque de toute façon, on ne pouvait pas revenir vers le passé. Il ne me restait plus qu'à revenir au district 11. Eh, mes discours étaient bien différents les uns des autres. Une fois, je parlais de mourir, et l'autre, je parle de revenir sain et sauf. Je suis peut-être schizophrène. Ou bien vraiment vraiment bizarre.
Je finis mon repas et appela les Muets pour qu'ils m'en débarrassent. Finalement, je cherchais une tenue décontractée qui me permettra de bien dormir cette nuit. Je m'endormis, le ventre plein et propre comme jamais. Ma nuit fut calme, sans rêves. Etrange, vu que j'allais vivre un prochain mois très mouvementé.