The Hunger Games RPG
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Face à la mer, j'aurais dû grandir. Face contre terre, j''aurais pu mourir. ♫

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Buck B. Black
Buck B. Black
+ District Douze +


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Face à la mer, j'aurais dû grandir. Face contre terre, j''aurais pu mourir. ♫ Empty
MessageSujet: Face à la mer, j'aurais dû grandir. Face contre terre, j''aurais pu mourir. ♫ Face à la mer, j'aurais dû grandir. Face contre terre, j''aurais pu mourir. ♫ I_icon_minitimeSam 30 Aoû - 17:45





















Le soleil se lève, je t'apprends à voler





Sous le soleil qui se lève, sous le ciel en éveil,
Sous la ramure des arbres, sous les fleurs de l’été
Le monde s’apprête à pleurer, à crier
La vie peut tomber, la mort a des ailes.


La brume tourne. Mon cœur tourne. Ma tête tourne. Tout tourne.
Que s’est-il passé ? Que s’est-il passé ? Pourquoi Seb pleure ? Pourquoi je pleure ? Où est Hel ? Où est Lenna ? Que s’est-il passé ? Qu’est-ce que j’ai fait ?
« Rien » me souffle mon esprit. « Rien, tu n’as rien fait. Rien, et c’est exactement ce que tu te reproches. »
La brume tourne. Mon cœur tourne. Ma tête tourne. Tout tourne.
Je n’ai pas rien fait. Je n’ai pas RIEN fait ! Il n’y avait rien à faire, rien ne s’est passé. Hel est avec moi. Lenna aussi. Seb, lui, il est tout contre moi ; tout contre moi, bien au chaud dans mes bras. Regardez, je les vois, ils sont là ! Nous sommes-là ! Ensemble. Dans la brume, allongés sur des nuages. Il ne fait ni beau, ni mauvais. Il ne fit ni chaud, ni froid. On sourit, on est heureux. Tout le reste n’a pas d’importance, n’a plus d’importance. Le monde est juste, le monde est libre. On est heureux. Heureux.
Heureux.
La brume tourne. Mon cœur tourne. Ma tête tourne. Tout tourne.
L’image s’efface. Non, non, reviens ! Je t’en supplie, reviens ! Tu es réelle, tu ne peux pas t’envoler ! Tu es réelle, tu es dans l’obligation de rester ! Ne m’abandonne pas. Ne nous laisse pas. Tu es réelle. Réelle. Reste avec moi, rassure-moi. Ne me quitte pas.
« Idiot » me murmure l’esprit. « Idiot, idiot, idiot ! Tu crois vraiment que ton rêve peut-être une réalité ? Idiot, idiot ! Tu es un lâche Buck. Cesse de fuir, de te cacher. Regarde la vérité en face. » Une pose. « Monstre ! » Rire aigu.
La brume tourne. Mon cœur tourne. Ma tête tourne. Tout tourne.
Je tombe. Je sombre. La mer de brouillard disparaît. Il fait sombre, il fait noir. Où est mon monde ? Où est ma brume ? Je crie, j’hurle, j’aboie. J’appelle. A l’aide. De l’aide. Et j’halète. J’halète. Et je souffre. Et j’ai peur.
« Oublie le ciel, oublie la paix. Un monstre ne connaît pas la tranquillité. Ta place se trouve dans l’obscurité. Maintenant, tu peux regarder. »
Regarder. Regarder. Regarder.
Palabres qui résonnent. Dans la tête. La tête. Et nulle part ailleurs, triste phénomène.
Regarder. Regarder. Regarder.
Regarder quoi ? Regarder où ? Il fait noir. Trop noir. Je ne peux rien voir. Le monde n’est plus. Je suis seul, je suis déjà mort. Je suis seul, mon cœur est lourd. L’obscurité m’étouffe, m’écrase les jambes et les bras. L’obscurité me crève les yeux, me couvre la bouche. Je ne broie pas du noir, je suis broyer par du noir.
Soudain, la lumière perce le néant obscur, le traverse. Ne me demandez pas comment c’est possible, je ne le sais pas moi-même. J’ai toujours cru que le néant était invincible.
La lumière s’étend, la lumière s’étire. Et s’allonge, et se tord. Et se déforme, et grandit. Grandit. Grandit. Des silhouettes se précisent, un paysage se dessine.
Je vois Hel qui dort sur le sable. Je le vois s’animer, je le vois fondre et se ramollir. Je vois Hel se faire avaler, se faire engloutir. Il y a des crabes qui glissent lentement. Il y a des pinces qui claquent bruyamment. C’est la panique, c’est la fin. Le soleil se lève, la vie semble s’arrêter. Le temps semble se figer. Je vois Seb qui se réveille en sursaut. Je le vois hésiter, paniquer, respirer ; respirer, paniquer et hésiter. Je vois Seb pousser Lenna en direction des sables mouvants. Il y a une fille qui tombe, surprise. Il y a un garçon qui se met à sprinter, effrayé. Et puis, je me vois. Immobile. Tétanisé. En pleine crise.
Mon rêve se brise. Mon monde explose.
La lumière disparaît.
« Alors Buck, tu comprends maintenant ? Je ne t’ai pas menti. Tu es ignoble. Ignoble. Ignoble. »
Tu me mens. Tu me mens. Je sais que tu me mens. Cette scène ne s’est pas passée. Tu l’as inventée. Tu veux me faire peur, tu veux me culpabiliser. Tu voudrais que je sombre dans la folie. Tu joues avec mes nerfs. Je sais que tu joues avec mes nerfs.

Pourtant, dans le noir, je sens mon cœur se briser.
Pourtant, dans le noir, je sens que c’est la vérité.

Je n’ai rien fait.
Je me suis enfui.
J’ai abandonné Hel.
Hel qui m’a aidé.
Hel qui m’a guidé.
Hel qui me faisait confiance.

Confiance.
Confiance.

Et malgré moi, je l’ai laissé tomber.

Tomber.
Tomber.

L’esprit à raison, je ne mérite pas de rêver.

Sous les nuages rosés, sous les nuages vermeils,
Sous des feuilles géantes, sous une brise parfumée
Le monde s’apprête à se briser, à éclater
Le rêve se fissure, la réalité se réveille.


Des larmes coulent sur mon visage.

« J'ai pris ma décision Buck, j'espère que tu la comprendras, j'espère que tu ne m'en voudras pas trop. Je sais que je ne pourrais pas vivre, je sais qu'il n'y a pas d'autres solutions »
Une voix. Une belle voix. C’est un murmure à peine audible, une chanson douce qui ricoche à mon oreille. Je ne savais pas que dans le noir, je pouvais entendre. Je ne savais pas que dans le noir, je n’étais pas seul. Je me redresse, interloqué. Ce timbre est triste. Trop triste. Ce timbre m’est familier.
« Je suis désolé, je suis désolé. Je t'ai fait partir, elles vont te détester, tu n'auras plus aucun alliés. »
La voix se casse, la voix se brise. Je ne comprends pas. Ou plutôt, je ne veux pas comprendre. Ne t’excuse pas, petite voix. Ne t’excuse pas. Je ne veux pas que tu pleures. Je ne veux pas que tu sois triste. Elles sont en vie. Je sais qu’elles sont en vie. Je ne peux pas l’envisager autrement. Elles vivent. Elles vont vivre encore longtemps. Ne t’excuse pas. Elles vivent et moi je suis avec toi, petite voix. Je n’ai pas aucun allié. Tu es avec moi, pas vrai ? Tu ne m’abandonneras pas. Tu ne m’abandonneras jamais. J’ai confiance en toi, petite voix. Elles vivent et nous nous vivons. Il ne faut pas pleurer.
« Mais je ferais un allié pitoyable, tu ne pourrais pas me faire confiance. »
L’octave baisse encore d’un cran. On ne dirait pas des paroles dîtes à voix haute. On croirait entendre des réflexions pensées trop fortes.
Je me sens pâlir. Je me sens trembler. Qu’est-ce que tu viens de dire, petite voix ? Qu’est-ce que tu viens de dire ? Tu n’es pas une alliée pitoyable, petite voix. Tu n’es pas une alliée indigne de confiance. Tu as paniqué. Tu avais peur. Tu as agi sur un coup de tête. Ce n’était pas de ta faute. C’est la société qui veut ça. Ce sont les règles du jeu.
Tu n’es pas mauvaise, petite voix. Tu n’es pas pitoyable.
Je ne veux pas le croire.
Je ne le croirais jamais.
« Je les ai trahies une fois, qui te dit que je ne te trahirai pas toi aussi ? Je ne le sais même pas moi-même. Je ne veux pas, je ne peux pas. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. »
Tu les as trahies, oui. Tu les as trahies, c’est indéniable. Mais elles vivent, elles vivent ! Je ne veux pas, je ne peux pas penser le contraire. Tu les as trahies mais elles vivent. Ta faute et à moitié pardonner. Je ne t’en veux pas. Je ne t’en voudrais jamais, petite voix. Tu n’étais pas bien, tu étais perdue, tu ne savais plus quoi faire, petite voix. Ce n’est pas de ta faute. Ici, personne n’est mauvais. La société nous manipule, ce jeu nous rend complétement dingue. Tu ne dois pas t’en vouloir. Et tu ne me trahiras pas. Tu ne me trahiras pas, parce que ce jeu fait de nous des personnes que nous ne sommes pas, petite voix. Même si tu me tues, tu ne m’auras pas trahi. Tu ne m’auras pas trahi parce que je t’aimerai. Et que tu m’aimeras.
Et que tu m’aimeras.
Même si tu me tues.
Tu m’aimeras.
C’est parce que tu m’aimeras que d’une certaine manière, tu ne m’auras pas trahi.
Si tu me tues, tu ne seras pas le fautif.
Je t’aime et tu m’aimes.
J’ai confiance en toi, petite voix.
« Mais je ne suis pas quelqu'un de confiance, je ne suis pas gentil, je suis égoïste, je suis un menteur, je suis cruel, je ne suis pas courageux, je ne suis rien de tout ça. Je ne suis pas méchant non plus, je ne suis pas lâche, je ne suis pas intelligent. Je ne suis rien de tout ça. Je suis bête tout simplement. »
Tais-toi. Je t’en supplie. Tais-toi, petite voix. Tais-toi. Arrête de te rabaisser. Arrête de te salir. Tu te contemple avec les yeux de ceux qui ont souffert. Tu te contemple avec les yeux de ceux qui ont tué. Nous sommes les victimes d’un système politique inégal. Nous sommes les victimes d’un jeu inhumain parce que d’autres, avant nous, avant notre propre naissance, ont perdu une guerre. Mes parents y sont morts. Beaucoup n’ont pas survécu. C’est la vie qui veut ça. C’est l’être humain.
Tu n’es pas méchante, petite voix. Tu n’es pas égoïste, tu n’es pas menteuse, tu n’es pas cruelle, tu n’es pas lâche, tu n’es rien de tout ça. Tu es humaine.
Tu es humaine et tu te comportes en tant que telle. Tu vis, tu respires, tu ressens. Tu éprouves des sentiments. Tu n’es pas bête, tu es humaine.
Humaine.
Nous sommes humains et nous sommes les victimes d’autres humains.
L’humain est capable de tout pour survivre.
Tu es humaine et tu veux vivre.
Nous sommes humains et nous voulons vivre.
Tu n’as pas à te haïr pour cela.
« Je suis un monstre. »
Arrête ! Arrête de raconter n’importe quoi. Je t’en supplie, si tu m’aimes, arrête de proférer ce genre de sottises. Tu n’es pas un monstre. Je suis le monstre. Moi et personne d’autre. Je suis un monstre et toi tu es un ange. Tu es l’innocence, tu es l’insouciance. Tu n’es pas un monstre. Tu n’as pas à penser ça. Tu es la lumière, tu es le soleil ! Moi je ne suis ni lune, ni le soleil, ni mer, ni merveille. Je suis le martyr de chaque nuit, je suis le monstre d’un monde en décomposition.
Tu n’es pas un monstre, petite voix.
Tu n’es pas un monstre.
« Un monstre n'est rien. Un monstre n'est qu'une bête assoiffée de sang. »
Non. Le monstre est celui qui a souffert. Le monstre est celui qui s’est perdu. Le monstre est celui qui, atteint par tout ce qu’il a vécu, n’es plus capable de raisonner. De faire la différence entre ce qui est bien et ce qui est mal. On ne nait pas monstre on le devient. Le monstre n’est pas à haïr, il est à plaindre.
Tu n’es pas un monstre.
« Je suis donc une bête assoiffée de sang et même si je n'en ai pas envie, je veux te tuer. Maintenant, je veux que tu meurs, je veux que tout le monde meurt et je veux vivre. »
Tu es humain, je ne t’en veux pas pour ça. C’est dans notre nature. Tu n’as pas à dramatiser pour si peu.
Je voudrais prononcer tout haut ce que je pense en ce moment. Mais je ne suis pas capable de t’interrompre. C’est ça être lâche, c’est ça être monstre.
« Mais je ne pourrais pas vivre, je ne pourrais pas vivre avec toutes les horreurs que j'ai faites, que j'aurais faites si je te tue en plus. Je mourrais de chagrin, de maladie, de peur, de colère, de haine. »
C’est sans doute vrai. Mais avant que tu ne me tues, je te dirais que je ne t’en voudrais pas. Je te dirais que je t’aime, que tu es très important pour moi. Alors tu sauras que ce que tu as fait n’était pas si mauvais que ça. Et tu pourras vivre avec mon meurtre. Même mort, je serais toujours à tes côtés. Hel et toi êtes les seules personnes que j’autorise à me tuer. Sun pourrait comprendre cela, il ne vous en voudrait pas. Tu ne sais pas qui est Sun, bien-sûr. Mais lui sait qui il est et qui je suis. Il a sans doute deviné en me voyant à la télévision, que si je meurs de ta main ou de celle de Hel, je mourrais heureux. Et si je meurs heureux, il ne pourra être triste.
Tue-moi, petite voix. Tue-moi.
« J'ai encore l'occasion de faire une bonne chose à menant à bien cette décision. J'ai encore l'occasion d'être un homme bien »
Oui, petite voix. Je crois aussi que c’est la seule solution. C’est ce qui devait arriver un jour ou l’autre. Il n’y a qu’un seul vainqueur. Ce sera toi, pas moi. Tue-moi. Je sais que tu es un homme bien, petite voix. Je n’en ai jamais douté.
Je t’aime. Sois heureux sans moi, d’accord ? Une fois mort, je t’accompagnerai de partout, je te le promets.
La mort ne peut pas être pire que mon monde tout noir.
« Je ne peux pas vivre en sachant que je suis un homme mauvais. »
Pourquoi dis-tu ça, petite voix ? Non… Non…
Je me cache les oreilles.
Ne dis plus rien. Je ne veux pas savoir ce que tu insinue.
Ton discours en prend trop la direction, pourtant…
S’il te plaît, ne me dis pas que j’ai tout compris de travers.
C’est moi le monstre, petite voix. C’est moi qui dois mourir, pas toi.
« Buck... Oh Buck... Je t'aime. »
Moi aussi, je t’aime. Moi aussi, je t’aime. Ne me laisse-pas. Ne me laisse-pas seul dans le noir. Ne me laisse pas seul dans la vie.
J’ai peur.
Je t’aime.
« Je voudrais rester avec toi à tes côtés jusqu'à la fin mais je ne peux pas. »
Non. Non tu ne peux pas, car je dois mourir. Moi. Pas toi.
Moi.
« Je veux que tu gagnes. »
Je ne peux plus gagner.
« Oh Buck... Je veux mourir. »
Petite voix… Petite voix… non…
« S'il te plait, ne m'en empêche pas. »

A ces mots, j’ai l’impression de tomber, de tomber. De m’écrouler. C’est un électro choque, une décharge électrique sur un cœur mouillé.
Je dois regagner mes esprits. Je ne peux plus fuir. Je ne peux plus me cacher. Je ne peux pas me permettre de déprimer. Pas encore. Je ne peux pas me permettre de perdre la tête, de déformer la réalité et de voir que ce que je souhaite voir.
« Tu as enfin compris » soupire l’esprit.
« Oui, je crois que j’ai compris, merci. On se reparlera un jour, ou peut-être pas. Il me reste encore quelques petits trucs à faire dans le vrai monde. L’heure de m’interner n’est pas encore venue.
- Tu es grand Buck, ne l’oublie jamais. La prochaine fois que l’on se verra, ton monde sera plus beau que jamais. La brume et le soleil t’accueilleront.»

Sous les cœurs qui battent
Sous la peur des âmes,
La lumière s’envole, le rêve décolle
Une âme est prête pour le grand voyage.


Je regarde Sebastian avec des yeux nouveaux. Je regarde la plage, je regarde les arbres. Je me sens… plus léger. Plus en paix avec moi-même. Seb me regarde. Je ne sais pas depuis combien de temps j’ai commencé à délirer, sans que personne ne s’en rende compte. Un jour ? Deux jours ? Bonne question. Je ne suis plus le même.
Seb s’approche de moi. Je plonge dans ses pupilles, je me sens totalement enivré. Je suis triste, mais je sais que c’est ce qu’il y a de mieux à faire. Je sais ce qu’il ressent. Il se sent sal, il ne se sent étranger. Et il le veut. S’il le veut, c’est ce qu’il faut faire. Plus tard, je pleurerai. Plus tard je m’en voudrai. Mais pas pour le moment, pas pour l’instant. Il a choisi sa voix. J’ai choisi la mienne.

Des souvenirs me reviennent. Je me revois devant les juges, le jour de mon passage noté. Je me souviens de ce que j’ai fait ce jour-là. Je me souviens de ce que j’ai dit et de ce que je pensais. « Je m’appelle Buck Billy Black. J’ai dix-sept ans. Et maintenant, je sais ce qu’il me reste à faire »

Mes yeux tombent sur la paume de ma main gauche. Je soupire. Je sais ce qu’il me reste à faire. Je m’appelle Buck Billy Black et j’ai décidé de ne plus fuir. Je connais mes plus grandes peurs. Je connais ma plus grande faiblesse. Et je connais mes limites.
Je connais mes limites.
Je n’ai pas peur de souffrir.
Seb, tu as choisi ton chemin. J’ai choisi le mien. Un jour, nos chemins se croiseront de nouveaux, je te le promets. Parce que je t’aime, je me dois de faire ce que tu me demandes. Même si ça doit me faire du mal.
Seb essuie ses larmes. Il essuie les mienne. Il m’embrasse. Je vole. Je vole très haut. Je me sens heureux, je me sens moi-même. Je voudrais que cet instant dure toujours. Je voudrais pouvoir croire en notre amour. Mais c’est impossible. Je ne peux pas me dérober. Pour l’honneur de Seb, pour ma propre fierté, je dois aller jusqu’au bout. Je dois le faire. Il le faut ! Je sens, je sais, que c’est le moment.
Comme dans un rêve sordide, je donne un coup sec sur les cervicales de Seb, avec la garde de mon katana.

Sous l’amour éphémère
Sous un public amer
Je te donne des ailes blanches,
Je te rends ta liberté.


Coup de canon. C’est terminé.

Il fait chaud mais pourtant j’ai froid. Je suis plein d’os, de chair et de sang mais pourtant je me sens vide. Vide mais libéré. Je suis un assassin. J’ai tué un être que j’aimé. Il me l’a demandé, mais je l’ai tué. Je l’ai tué, mais je me sens libre. Libre pour lui. Libre parce que je sais qu’il est heureux. Je vais souffrir pour lui. Je m’en voudrais toute ma vie.
Je tiens encore son corps inerte dans mes bras. Je le lâche. Il tombe, lentement, très lentement, comme s’il volait. Face à la mer, il s’est vu partir. Face contre terre, je l’ai vu mourir. Quelques larmes me viennent. Au-revoir, Seb. Au-revoir.
Je relève la tête. C’est à ce moment-là, que je m’aperçois de quelque chose. J’ai gardé mes lunettes de nuit. Je les range dans mon sac et enfile mes lunettes de soleil. Ce dernier se lève à peine. Je le vois transpercer la mer et l’écume, passer à travers les vagues. Je le vois s’élever peu à peu dans le ciel, baignant dans un halo de lumière orange et rouge.
La journée va être longue.

Soudain, je sens une étrange force émaner de tout mon corps, un étrange regain d’espoir. C’est comme si quelqu’un ou quelque chose essayait de me toucher, de me faire voler. Je suis un monstre mais tout n’est pas perdu. Seb est avec moi, il vit en moi. Je ne peux plus perdre. Pour Sebastian, pour sa mémoire, je me dois d’aller le plus loin possible. Seul. C’est peut-être mieux ainsi. Hel et Lenna n’auront plus à s’occuper de moi, à s’inquiéter pour moi. Grâce à Seb, elles vont me haïr. Elles pourront me supprimer sans remord si un jour, je recroise leur route. Elles n’éprouveront pas de culpabilité, j’en suis heureux. Je ne veux pas que mon corps mort les hante pour toujours, si jamais l’une d’entre elles survit.
Je me penche vers Seb, dépose un dernier baiser sur ses lèvres froides. J’enfile son sac sur l’épaule gauche. Il faudra que je fasse un tri. Je ne peux pas me permettre de garder deux sacs, même si j’en ai envie.
Sa hache git par terre. Je la ramasse.
« Sebastian, j’apporterai cette hache à tes parents, je te le promets. Je vais rentrer à la maison. Je vais rentrer et je te ferai honneur. Et si je meurs, si je meurs, ce sera Hel ou Lenna qui reviendra. Je te le jure. »
Je dépose l’arme sur son corps. Si je survis, je demanderai aux juges de me la rendre à mon retour au Capitol. Je ne peux pas prendre le risque de la perdre ici.

Bip, bip, bip.

Je lève la tête. Un parachute argenté vole dans ma direction. J’ai du mal à y croire. Un parachute ? Pour moi ? Jamais je n’aurais pensé que quelqu’un voudrait me sponsoriser… Déjà, je suis une ordure. Ensuite, je n’ai pas de mentor, alors… Il se coince dans une branche basse. Pas de soucis. Je suis grand. Je m’approche de l’arbre, et lève ma lance le plus haut possible. Sur la pointe des pieds, j’arrive à transpercer la fine voile. Je ramène le parachute jusqu’à moi.
Je prends le temps de respirer et m’assois face à la mer. Elle est magnifique. Elle semble si heureuse. Je me sens tellement seul… et vide d’énergie.

Merci. Je me sens tellement mieux. Tu dois vivre Buck, tu dois gagner. Imagine, tu pourrais arrêter tout ça. Tu pourrais le faire pour Hel, pour Lenna, pour Melissa, pour Julien, pour Ruby, pour Devon, pour Hope, pour Rozen, pour Tome, pour Logan. Pour tout le monde. Tu pourrais aussi le faire pour moi.

Je cligne des yeux plusieurs fois. Est-ce un effet de mon imagination ? Bonne question. Je n’ai pas besoin de le savoir. Je dois repartir. C’est tout ce que j’ai à faire. Pour Sebastian et pour tous les autres. Pour Sun aussi. Je ne dois pas abandonner.

Je m’appelle Buck Billy Black et aujourd’hui, j’ai su que je devais vivre.

Sous l’amour éphémère
Sous un public amer
Tu me prêtes tes ailes
Tu m’apprends à voler.


***
30 minutes plus tard

Assis contre un arbre, en pleine forêt, je vide ma brique de jus de litchi. Ca va faire une demi-heure que je marche vers le sud. Je n’en peux plus. De la sueur coule dans mon cou. Je pose le sac de Sebastian et le parachute devant moi. J’ai planté ma lance dans le sol, à ma gauche. Si j’entends le moindre son, le moindre bruissement de feuille suspect, je suis prêt à la dégainer. Mon katana est posé sur mes genoux.
Je soupire avant de manger deux lamelles séchées, sur les cinq que j’ai dérobé au garçon blond du district deux.
Le moment est venu pour moi de faire l’inventaire de mes affaires et d’ouvrir le cadeau que j’ai reçu. Avec des gestes fiévreux, j’ouvre le paquet. Mon cœur fat un soubresaut. Sebastian. Une photo de Sebastian. Qui sourit. Les larmes me viennent et je m’en saisis. Sebastian… je caresse son visage. Je vais réussir, je te le promets ! Je range la photo dans mon sac, ému. J’aperçois ensuite de la nourriture. Et pas n’importe quoi, c’est une véritable ration de survie, que je tiens dans mes mains. Je sors ensuite un mystérieux flacon, ainsi qu’un petit mot : « C'est beau l'amour. J'espère que cela va te servir. Je ne suis pas fan des gars dans ton genre d'habitude. Mais j'ai mon petit côté sentimental et tu l'as bien attisé. Liam A. Yester ». Je fais la grimace. J’avais oublié… c’est un capitolien qui vient de m’envoyer ce paquet. Je ne veux pas qu’ils me prennent pour un personnage de dessin animé ! Je ne suis pas leur chien, je ne suis pas un pion !
Énervé, je laisse le papier s’envoler avant de reporter mon attention sur la petite fiole. Intéressant. Très intéressant. J’ai beau ne pas aimer le type qui m’a envoyé tout ça, je suis tout de même obligé de le remercier. Il vient peut-être de me sauver la vie. D’ailleurs, je n’imagine pas la somme faramineuse que ces objets ont dû lui coûter.
Bizarrement, ça me rappelle les six années de ma vie que j’ai passé à la pharmacie du District. J’ai toujours été un intrus pour cette famille adoptive. Un intrus et un objet. Une porte de secours pour l’un des fils, si jamais l’un d’eux se faisait piger. Mais travailler dans une pharmacie, c’est très utile ! Surtout quand l’on vous fait travailler comme un esclave. Aller chercher des plantes médicinales, identifier les plantes mortelles, ça a beau être chiant, au bout d’un moment, on retient les noms et les effets. Aujourd’hui, je peux remercier cet enfoiré de vieux pharmacien. Il m’aura été utile au moins une fois dans ma vie.
J’avale les deux biscuits que contient ma ration de survie, avant de réfléchir.
Le calme de la forêt m’aide à me calmer.

Bien, je crois que j’ai une idée.


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