Vous ne m’aimez pas, ne me mentez pas je le sais, parce que c’est ce que je veux. Il n’y a que les plus courageux qui s’aventurent à devenir mes amis et je leur voue un grand respect, déjà d’avoir osé m’aborder. À première vue, on pourrait me croire frigide, voir même prétentieuse. Je ne suis pas prétentieuse, contrairement à ce que plusieurs peuvent croire. Je suis simplement très déterminée, j’ai toujours su ce que je valais, j’ai toujours su ce que je voulais et je ferai toujours tout pour l’obtenir, peu importe ce que je dois faire pour l’avoir. Des coups bas ? Des mensonges ? Manipuler les gens ? Aucun problème pour moi, je semble être née sans aucune conscience, ce faisant je n’ai jamais de remords. Par contre, lorsqu’on apprend à me connaître, voir même à devenir mon ami, mon allié, on peut voir que je suis quelqu’un d’intelligent et de rusé, qui a un bon sens de l’humour même si celui-ci est douteux et de mauvais goût à l’occasion. J’ai un courage sans borne, certains diront que je n’ai pas froid aux yeux, d’autre que je ne réalise pas la proportion des dangers. Mais ce courage est nécessaire lorsque nous sommes un tribut non ? Le courage, l’instinct et l’art de se battre, trois choses que je maitrise sans l’ombre d’un doute. Je n’aimerais pas être face à moi-même dans l’arène, je craindrais énormément pour ma vie. L’unique point sur lequel tout le monde semble s’entendre sur moi est le suivant, ne tentez jamais de me changer, j’en fais toujours à ma tête. Naître libre, vivre libre, mourir libre.

Physiquement, je ne ressemble pas du tout aux autres membres de ma famille qui eux ont une belle chevelure blonde platine presque blanche. Mes cheveux sont d’un brun roux chaleureux, soyeux la plupart du temps si je les entretiens, sinon ils deviennent complètement indomptables. Mes yeux sont bleus, non pas un bleu banal, mais un bleu acier qui tire sur le gris d’un nuage orageux. J’ai une silhouette élancée tout en muscle grâce aux nombreux entrainements que je subis depuis l’âge de 6 ans. Je suis assez grande, en fait je dépasse la plupart des filles de mon âge d’une bonne tête. Sinon pour le reste, j’ai hérité des traits très carrés de mon père, une mâchoire bien dessinée. Les rares fois où je souris on peut remarquer une fossette aux creux de mes joues.

PEARL – 6 ans.
J’ai les yeux qui brûlent et une boule qui me serre à la gorge. Assise bien droite sur ma chaise, j’écoute le discours de grand-père distraitement, l’essentiel a déjà été dit. Rien d’étonnant, mais j’avais espéré que les choses se passeraient autrement. Je foudroie du regard ma cousine Eleanor de l’autre côté de la table, je me demande encore ce qui m’empêche de sauter de ma chaise et de l’étrangler à l’instant, sauf le fait que tout le monde m’en empêcherait. C’est donc elle qui hériterait de l’empire des bijoux Evans à la mort de mon grand-père. Je la déteste, je l’ai toujours détestée, tout le monde la trouve tellement fantastique, tellement parfaite. Évidemment, c’est la fille parfaite de bonne famille, gentille avec tout le monde, qui aime tout le monde. Elle me rend tout simplement malade. Un jour, je prouverai que je lui suis supérieur, un jour ma famille se mordra les doigts en voyant à quel point moi aussi je suis quelqu’un et que je ne fais pas partie des meubles.
-Évidemment, bien que Eleanor hérite de la compagnie, il y aura un bon emploi assuré pour Pearl aussi dans la compagnie. Peut-être pourrait-elle faire des études en mathématique pour y devenir comptable ?
Cette remarque me tire de mes sombres pensées. Encore une fois on tentait de me mettre dans l’ombre. Pourquoi ? Parce que je n’étais pas comme eux ? Que je n’étais pas une vrai Evans ? Tant mieux, parce qu’en ce moment je ne voulais plus rien avoir avec cette famille. Je me lève d’un seul bon, causant un bruit fracassant quand ma chaise tomba sur le sol.
-De toute façon je n’en veux pas d’un emploi dans cette compagnie pourrie, j’ai bien mieux à faire de ma vie.
Dans un dernier effort pour refouler mes larmes, je lance :
-J’ai décidé de devenir carrière.
D’un pas calme et assuré pour une fillette de 6 ans, je me dirige vers ma chambre et claque de toutes mes forces la porte avant de me lancer sur mon lit.

PEARL – 12 ans.
‘’J’ai les muscles qui vont éclater ‘’ Voilà ce qui occupait mes pensées lors de ma marche vers la maison familiale du quartier riche du District 1, après un entrainement particulièrement éprouvant. Je n’ai plus qu’une seule envie actuellement, sauter sous la douche en espérant que l’eau chaude fasse encore une fois des miracles sur mes muscles. Encore une fois, j’étais restée plus tard que prévu à l’entrainement, dépassant les limites de mon corps, me surpassant. Ma mère serait probablement furieuse comme toujours et mon père lui ne dirait rien, secouant simplement la tête de découragement. Ma vie était maintenant beaucoup trop prévisible.
Je pousse la porte de ma maison d’un air lasse. À l’intérieur, un petit monde en effervescence, à table il y a ma mère, mon père, mon grand-père, ma tante et mon oncle. Tout ce que je n’ai pas envie de voir après un entrainement éprouvant, mais c’était peut-être ma chance de les impressionner un peu. Je serre les dents pour que la douleur soit la moins apparente possible et je salue tout le monde d’un signe de la tête.
-Bonjour ma chérie, alors cet entrainement c’était bien?
-Oui, j’ai réussi à battre deux garçons de 16 ans au combat au corps à corps.
J’affiche un air assuré sur mon visage, je sais que personne ne va me féliciter pour ces exploits, mais je suis tout de même très fière de mes performances.
-C’est pas mal pour une fille de 10 ans.
C’est tout ce que mon grand-père trouve à dire. Non seulement, il fait erreur sur mon âge, mais en plus il semble presque croire qu’il n’y a rien d’étonnant à ce que j’ai réalisé cela. Évidemment, ce n’est que moi, ça réaction ne m’étonne guère, mais ça m'enrage quand même.
Un bruit d’orage brise le lourd silence qui pèse dans la salle à manger. Ma mère indique donc d’un signe de la tête un paquet à l’emballé turquoise luisant sur la table.
-Elea nous a envoyé un colis du Capitole aujourd’hui, nous avons eu droit à un cadeau chacun. Si tu voyais le chapeau qu’elle m’a offert, je vais faire des jalouses au salon de thé.
Je m’empare du paquet et me dirige vers ma chambre tête baissée. Sacré Eleanor, toujours la façon de s’attirer la sympathie des gens. Je la hais, je la hais, je la hais. J’ai envie de vomir. J’ouvre le paquet distraitement et j’en sors une chaine avec une boussole, un collier. À l’intérieur de la boîte un petit mot : ‘’ Je sais que tu me détestes, mais puisse-t-elle te porter chance ‘’.

PEARL – 17 ANS.
Je lance mon dernier couteau en plein centre de la cible. À cause de sa vitesse fulgurante, il s’enfonce dans celle-ci jusqu’au manche. Aucun sentiment de fierté, je savais que j’allais réussir le lancer, il y a bien longtemps que je ne rate plus de cible. Tout aussi longtemps que plus personne ne veut m’affronter au combat à l’épée ou au combat au corps à corps. Je suis seule sur le terrain d’entraînement aujourd’hui, la pluie décourageant plusieurs de venir s’y entrainer. La moisson approche à grands pas et je veux profiter du temps qu’il me reste pour me peaufiner. Je comptais me diriger vers le mur d’escalade extérieur, un ensemble d’arbres et de rochers, l’idéal pour s’entrainer à grimper sur divers surfaces. Un applaudissement change mes projets alors que je me retourne pour savoir qui peut bien avoir décidé de venir ici par une température pareille. Je reconnais James, mon entraineur de 21 ans. Nous discutons longuement debout, sous la pluie. Finalement il dépose ses mains sur mes épaules.
-Tu n’es pas comme les autres carrières, tu n’es pas une machine à tuer, tu vas remporter les Hunger Games haut la main, parce que tu es une vainqueur. Seront chanceux les tributs qui t’aurons pour mentor par la suite.
Je n’ai pas le temps d’ajouter quelque chose que ses lèvres viennent rejoindre les miennes. Il ne me chuchote qu’une seule chose avant de disparaître sous la pluie battante.
-J’ai toujours cru en toi et toujours je croirai en toi Pearl.