Physique - Caractère

Rose est une fille très très très renfermée. Vous n’entendrez presque jamais le son de sa voix. Seuls les tributs dont elle à la charge pourront lui parler. Elle est calme, douce, souriante. Elle est dans sa bulle, dans son monde. Elle peut parfois se montrer immature. C’est une éternelle traumatisée, depuis sa sortie des jeux, et depuis la mort de sa sœur et de son père. Elle pleure souvent la mort de ces derniers, ainsi que ceux des autres tributs de ses Hunger Games. Quant à son physique, Rose est blonde. Elle est petite, et un peu enrobée. Elle a de nombreux tatouages. Elle a les yeux bleus et peut parfois faire plus jeune que son âge.

Histoire

Je suis né le matin d’un deux décembre ensoleillé. On m’attribua le prénom Rose en raison de mon nom de famille. « La rose qui pousse en hiver », me disaient mes parents. Poétique, n’est-ce pas ? Mes parents avaient toujours aimé l’écriture, la poésie, la peinture : l’art en général. Mon père occupait ses heures d’ennui  en peignant des dizaines et des dizaines de tableaux. Ma mère, elle, écrivait souvent de petites histoires, avant de les lire à ses enfants, le soir, pour qu’ils s’endorment. Elle eut trois enfants, dont moi. J’avais donc un grand frère et une grande sœur, âgés respectivement de cinq ans et de huit ans de plus que moi. Je vécus une enfance heureuse aux côtés de ma famille. Nous étions ce que l’on appelait une « famille aisée ». Quoique, nous n’étions pas millionnaires. Mais nous étions plus riches que la plupart des gens du district. Nous habitions d’ailleurs un quartier où étaient regroupés les plus riches. Nous étions dans le district 8. Le district du textile. Dès notre plus jeune âge, nous furent donc contraints de se rendre à l’usine, où nous tricotions, coudions, fabriquions des vêtements. C’était peut-être le seul point noire dans toute cette histoire – qui était jusque-là parfaite – : le Capitole. Eh oui, nous étions forcés d’être sous la coupe du Capitole, de travailler pour lui. Nous subissions sans rien dire. Après tout, moi et ma famille était suffisamment heureux comme ça, même avec le Capitole sur notre dos. Ce n’était pas à nous, en premier-lieu de se révolter contre lui. Je vécus alors une enfance heureuse, avec mon frère, ma sœur, mes parents, mes camarades d’école et toutes les personnes qui faisaient partie de mon cercle d’amis.

Oui, je vécus heureux. Jusqu’aux jours sombres. Les districts décidèrent de se révolter contre le Capitole. Toute la population en avait marre d’être sous leurs ordres, de devoir travailler pour eux sans rien avoir en retour. Tous se mobilisèrent pour renverser le pouvoir et son dictateur. Tous, même nous. Bien que nous avions largement de quoi nous nourrir, nous en avions marre, nous aussi, de devoir travailler pour ce foutu Capitole, d’être soumis à eux. C’est pourquoi nous soutenions le peuple entier et combattions à leur côté. Mais si c’était à refaire, j’aurais tout fait pour empêcher ma famille de prendre part à cette révolte. Dans un bombardement, j’ai perdu mon père et ma sœur. Deux morts qui m’ont effondré, et m’effondreront sans doute à jamais. S’ensuivit une très dure période de ma vie, qui, je crois, ne s’est encore jamais arrêtée. J’étais totalement effondrée, je pleurais tous les jours dans ma chambre pendant, qu’au-dehors, les bruits des bombes et des fusils faisaient rage. Enfin, la révolte s’acheva. Sur un échec de la part des districts. Vinrent alors les Hunger Games, qui ne firent que m’effondrer davantage. J’avais huit ans à cette époque. Mon frère en avait treize. Il avait donc des chances d’être choisi comme tribut. Une raison de plus pour moi de pleurer chaque jour.

Pourtant, mon frère ne sera jamais tiré au sort. Non. C’est moi qui fus choisie, il y a six ans. Nous n’avions pris aucun tessera, évidemment. Ni moi, ni mon frère. Mais je fus pourtant choisi, dès la première année où j’étais susceptible d’être choisie. Ce fut un véritable choc pour moi d’entendre l’hôte prononcer mon nom. Je vais passer les détails du train, des entraînements, de l’arène. Ce serait beaucoup trop dur pour moi d’évoquer tous ces souvenirs. Je dirai simplement que j’ai gagné cette cinquième édition des Hunger Games. Mais je ne revins pas comme avant. Je fus obligée de tuer plusieurs personnes au cours des jeux. J’avais lié certaines affinités avec beaucoup de personnes. Je m’étais attachée à elles, mais celles-ci étaient désormais mortes. Quelqu’un qui sort des Hunger Games victorieux, revient choqué à tout jamais. Ce fut mon cas. Dans mon district, au village des vainqueurs, je me suis renfermée sur moi-même – ce que je n’avais jamais jusque-là ; au contraire, j’avais toujours été extravertie. Puis j’ai commencé à boire, à me droguer. A m’apitoyer sur mon sort. Je devins évidemment mentor. Au fil des années, je voyais défiler des tributs. Tributs qui mouraient dans l’arène – sauf à deux reprises. J’avais appris à ne pas m’attacher à eux. Ça ne servait à rien. Je savais très bien qu’ils ne reviendraient pas. Je n’avais toujours pas décroché de l’alcool et de la drogue, dont je dépendais de plus en plus.

Puis vint un beau jour où ma mère – une lubie qui lui a sûrement prise – décida de me désintoxiquer. Elle jeta toutes les bouteilles, toutes les seringues, tout ce qui me détruisait. Je devenais presque hystérique. Je faisais tout pour récupérer de nouvelles bouteilles ou de nouvelles drogues. En vain, ma mère m’empêchait avec entêtement de se droguer ou de boire. Au bout d’un certain temps – des dizaines de mois plus tard –, j’avais complètement décrochée. La cure de ma mère avait totalement fait effet. Malheureusement, ma bulle dans laquelle je m’étais enfermée, elle, était toujours présente. Mais, ni alcoolisée, ni droguée, j’avais désormais les idées bien claires. C’est pourquoi j’avais décidé d’être beaucoup plus calme et de ne pas agresser le premier venu comme je le faisais sous l’effet de l’alcool. En fait, je ne parlais plus du tout à personne. J’ouvrais pourtant ma bulle, une fois par an, aux tributs dont j’avais la charge. Pourquoi ? Je savais très bien ce qu’était l’enfer de l’arène. Je savais ce qu’ils devraient endurer une fois lancés dans les jeux. Je m’efforçais donc de rendre leurs derniers instants merveilleux. Car, vivants ou morts, jamais ils ne ressortiraient de l’arène comme avant. Alors je m’attachais à eux et j’en faisais mes amis. En parallèle, je les conseillais. Je voulais au moins qu’ils ressortent vivants. Parce que c’était mon rôle, en tant que mentor. Et au moins, j’aurais quelqu’un avec qui partager mon expérience de l’arène.

Aujourd’hui encore, je continue de faire ce que je fais depuis plusieurs années : laisser entrer les tributs dans mon monde, dans ma bulle ; les conseiller ; et leur dire adieu.