Physique - Caractère

Tout d'abord, contrairement à beaucoup d'habitants du Capitole, Qolyn n'a jamais modifié son corps, pas même ses cheveux ; pas le moindre tatouage ni le moindre piercing. De toute façon, il a une peur bleue des aiguilles. Il a un charisme naturel. Toutefois, pour quelqu'un né dans le Quatre et surtout un homme, il n'est pas si grand que ça : un mètre soixante quinze à peine et il n'est pas très musclé. Depuis ses dix-huit ans, il garde toujours une barbe de trois jours. Ses cheveux bruns et ses yeux bleus en ont fait tomber plus d'une. Pourtant, il n'y jamais prêté attention. D'ailleurs, il n'a jamais eu de réelle petite amie car la seule qui compte pour lui c'est sa petite sœur qu'il surprotège (il tente de faire de même pour ses autres frères et sœurs mais ce n'est pas évident), ce n'a d'ailleurs pas été évident de s'installer loin d'elle bien que nécessaire. Il s'est juste contenté de sortir avec des filles mais il n'en a jamais aimé une seule ; il a juste consommé, et qui aurait pu lui en vouloir ? De plus, ce n'était pas lui qui était allé vers ces filles, il n'avait fait qu'accepter les avances et ce n'est pas comme s'il les avait maltraitées par la suite. En fait, on lui en aurait plus voulu de gâcher sa beauté naturelle. Cette attitude envers les femmes ne l'empêchent cependant pas d'être loyal et humble. S'il vous considère comme son ami, vous pouvez compter sur lui, il tient ses promesses. Ce qui ne l'empêche pas de ne pas être ponctuel.

Il a son petit caractère a lui, un peu bougon et susceptible, mieux vaut ne pas l'énerver. Aussi, il déteste avoir tort et qu'on le lui montre, ça a tendance à le mettre hors de lui. De par son histoire, il a été amené à mûrir très tôt, ce qui l'a rendu très réaliste. Ce n'est en effet pas le genre à rêver, contrairement à sa sœur constamment dans les nuages. Pour lui, mieux vaut garder les pieds sur terre et affronter la réalité mais il l'aime bien trop pour l'empêcher de rêver, il envie même un peu ce côté innocent. Mais son passé l'a également endurci, ça l'a rendu courageux et même audacieux.

En général, il est très sérieux mais cela ne veut pas dire qu'il n'est pas drôle. Il a en effet son petit humour et utilise même parfois le sarcasme. Il arrive qu'on le trouve dur (ou même hostile) à cause de son mauvais caractère et de son côté réaliste, il est pourtant très gentil, sociable et ouvert. En fait, il est même un peu extraverti et il adore parler aux autres.  D'un tempérament sincère, il lui arrive parfois d'être trop honnête voire de dire les choses trop directement sans passer par quatre chemins, blessant ainsi malgré lui les gens. Il essaye toutefois d'être doux et de bien dire les choses quand il doit faire preuve d'honnêteté. Le peu de temps qu'il a passé au Quatre lui a permis d'acquérir une sorte d'adresse et habile de ses mains, ce qui lui est très utile dans sa vie de tous les jours. Sa soeur le connait par coeur parce qu'ils ont toujours été ensemble mais il paraît qu'il a son petit côté mystérieux. Il est très posé et agit rarement par impulsion, il pèse toujours le pour et le contre. Un autre trait majeur chez lui est son entêtement, une fois qu'il a une idée en tête ce n'est même pas la peine de tenter de le raisonner, c'est quelque chose qui a le don d'exaspérer ses proches d'ailleurs. Enfin, c'est quelqu'un d'hyperactif et il est aventurier, il aime que sa vie soit excitante.

Histoire

Mon histoire n'est pas de celles qu'on aime raconter au Capitole, au contraire, elle est tabou.

Je suis né dans l'actuel district Quatre, il y a vingt-deux ans. Avant les Jours Sombres et les Jeux. Mes parents étaient plutôt pauvres par rapport au reste du district. Ce n'est pas parce qu'on ne vient ni du Trois ni du Douze qu'on ne peut être pauvres. Bien sûr, je doute fort que ma famille eût été aussi pauvre que les gens habitant la Veine. Reste que nos revenus étaient très modestes pour des gens habitant au Quatre. Ma mère ne pouvait travailler donc mon père était le seul à ramener de l'argent à la maison. Juste de quoi manger un peu. Il fallait se priver durant des mois pour acheter autre chose que ce qui était nécessaire comme de nouveaux vêtements par exemple.

Nous étions trois enfants. J'étais celui du milieu. Il y avait Cathaoir de cinq ans mon aîné et Ciara née trois ans après moi. Nonobstant nos maigres revenus et la vie particulièrement difficile, nous passions beaucoup de bon temps. Cathair voulait partir explorer le monde en bateau un jour, voir si tout avait bien disparu. Quand il me l'avait avoué, je n'avais que six ans mais je m'en souviens encore comme si c'était hier. En frères exemplaires, nous jouions beaucoup avec Ciara. Beaucoup de nos jeux étaient innocents, souvent au bord de la mer, sur les rochers.

Et puis un dimanche après-midi, alors que nous apprêtions à sortir jouer tous les trois comme à notre habitude, Cathaoir a senti que quelque chose ne tournait pas rond. D'habitude, le port était toujours très animé. La pêche n'est pas quelque chose qu'on peut laisser tomber un seul jour. Or, ce jour-là, le port était désert, personne ne travaillait. Je ne comprenais pas ce que cela signifiait à l'époque et mon frère non plus d'ailleurs. Mais notre père est venu nous chercher au bout de quelques heures de jeux pour nous ramener à la maison sans nous donner aucune explication.

Ce n'est que le lendemain que nous avons saisi la gravité de la situation. Une révolte s'était organisée dans les treize districts. Jamais les quartiers autour du port n'avaient été aussi bondés. Les gens brûlaient les hangars, coulaient des bateaux et rendaient à la mer les quelques poissons et crustacés qui restaient. C'était plutôt effrayant. Cathaoir, du haut de ses onze ans, était assez mature et avait décidé d'accompagner notre père pendant que Ciara et moi demeurions auprès de notre mère. Au début, c'était plus facile car le Capitole ne répondait pas. Cependant, ça n'a pas tardé. Chaque jour annonçait de nouveaux morts et nous angoissions de ne pas revoir revenir les nôtres un soir.

La situation commençait à se détériorer. La nourriture se faisait de plus en plus rare et la lutte continuait de plus belle. Certains soirs, père et Cathaoir ne rentraient même pas. La santé de notre mère a empiré en même temps que la situation, elle devenait folle et elle a fini par se laisser mourir, nous laissant dans un chagrin immense. Père a continué de se battre pour nous bien que le départ de sa dulcinée l'eût profondément affecter. Il refusait toujours de nous emmener au combat alors il nous a amenés à l'école où de nombreux enfants étaient déjà rassemblés. Et puis un jour, ils ne sont pas revenus nous chercher. On est venus nous dire qu'ils étaient morts. Nous n'étions que des enfants mais nous avons dû confirmer les corps. Il ne restait donc que Ciara et moi. Cette perte l'a traumatisée et, non seulement elle s'était enfermée dans son mutisme, mais elle était devenue amnésique. Elle savait toutefois qu'elle pouvait me faire confiance alors elle est restée près de moi. Je ne sais pourquoi mais j'ai cru que, pour la protéger, je devais fuir.

S'en sont suivis de nombreux jours où je faisais tout pour nous garder en vie et la protéger mais je commençais à être à bout de force de nous gérer tous les deux et je faisais de mon mieux pour ne pas pleurer nos parents, être fort devant elle. Je n'avais que sept ans. À force de courir, de se cacher, nous étions dans un piteux état. D'ailleurs, nous ne pouvions même pas nous laver. Bien entendu, ça nous a considérablement rapprochés. Nous avons continué à vivre dans la terreur et la fuite jusqu'à une rencontre assez étonnante avec un citoyen du Capitole. Il passait par là afin d'apporter des armes. Il n'avait pas le choix. Il nous a dévisagés un long moment avant se pencher et de nous demander nos prénoms. Au départ, j'ai eu peur pour nous mais je ne pouvais plus fuir. Alors j'ai serré fort ma petite sœur contre moi. Il a senti notre peur et a ajouté que nous n'avions rien à craindre de lui. Et il nous a emmenés avec lui, au Capitole.

Notre sauveur s'appelait Bastian. Bastian Jones. Il avait la trentaine mais était déjà mariée depuis une dizaine d'années sans avoir eu d'enfant pour le moment. C'est pourquoi il tenait à nous adopter. L'instinct me fit accepter sur le champs. De toute façon, nous n'avions nulle part où aller. Il nous présenta à sa compagne, Aegle, aussi gentille que lui. Puis il chargea quelques uns de ses domestiques de nous redonner un aspect plus humain. Mes blessures guérirent vite tout comme celles de Ciara bien qu'elle ne recouvrerait jamais la mémoire.

Afin de devenir officiellement leurs enfants, il y avait des dizaines de papier à remplir. Bastian nous expliqua que normalement ce n'était pas permis d'adopter des enfants des districts et que c'était vraiment exceptionnel que le Capitole le permette en ce moment. Mais que nous allions devoir changer de noms. Pour Ciara, nous décidâmes ensemble du prénom « Elisya . » Il fallait également un deuxième prénom. Après beaucoup de recherches, nous nous tombâmes d'accord sur « Muirgen », un prénom gaélique signifiant « née de la mer » afin qu'elle n'oublie pas ses origines.  Pour moi par contre, ce fut Aegle qui eut l'idée d'un prénom stylisé, j'aimais beaucoup le prénom « Colin » et elle fit la réflexion que ce serait bien de l'écrire « Qolyn » car ce n'était pas courant. Pour mon deuxième prénom, j'insistai pour qu'il ait un rapport avec la mer et je le choisis moi même : « Moriarty », combattant des mers. Voilà comment nous devînmes Elisya Muirgen et Qolyn Moriarty Jones.

La fin de la Révolte eut lieu peu de temps après et le Capitole annonça la destruction du Treize et, qu'en guise de leçon, chaque année, chaque district devra fournir un jeune homme et une jeune fille âgés entre 12 et 18 ans pour des Jeux. Les Hunger Games. Je ne réalisai pas ce à quoi nous avions échappés jusqu'à ce que les premiers Jeux eurent lieu. Nous avions eu beaucoup, énormément de chance. Durant les premiers jeux, j'ai reconnu un de mes vieux amis qui n'a pas survécu. J'ai eu beaucoup de mal à m'en remettre. Je me demande d'ailleurs si je m'en suis bien remis. J'avais eu la chance de faire la bonne rencontre et j'avais pu échapper à un destin terrible. J'avais obtenu une ville dans le luxe et j'allais pouvoir vivre sans me soucier de rien pendant que mes anciens compatriotes allaient souffrir. Je me suis vraiment senti mal. Mais je ne pouvais en parler à personne en dehors de la famille. Car je devais tout oublier de ma vie passée, c'était la règle. Certains enfants adoptés des districts avaient dû subir une opération afin qu'ils ne se souviennent plus de leur passé. Mais j'avais été épargné car j'avais fait semblant d'avoir déjà tout oublié.

Trois ans plus tard, Aegle fut enfin bénie d'un garçon qu'elle nomma « Korvin Madron. » Ma sœur lui fut d'un soutien très appréciable. Une nouvelle petite fille arriva trois ans plus tard, « Alicya Maireen. » Nous étions une grande famille mais au Capitole, les vies ne sont pas menacées comme dans les districts.

Une quinzaine d'année est passée maintenant. J'ai désormais vingt-deux ans. À la fin de mes études, il y a deux ans, on m'a proposé de devenir hôte durant les Hunger Games. Je ne pouvais pas refuser, c'était une sorte d'honneur. J'ai donc suivi une mini-formation d'un an. Lors de mes premiers Jeux, j'ai été nommé hôte du Quatre, ce qui m'a rendu très fier bien que j'étais terrifié à l'idée de tirer le nom d'enfants que j'aurais pu connaître. Mais je sais très bien pourquoi on m'a donné ce district. Dès mes débuts en tant qu'hôte, j'ai décidé de m'installer seul. Ce qui a fort déplu à Ciara (je l'appelle encore comme ça dans mes pensées et je dois vraiment me contrôler pour ne pas utiliser ce nom en sa présence) mais je me devais de prendre mon envol. Ne souhaitant pas me savoir seul, elle m'a offert un petite chatte qu'elle a appelée « Ai », « amour. » Je me rends souvent au Quatre désormais, même quand je ne suis pas censé y être.