⊹ Préparation à l'Interview ⊹

Je me rappelle de tout le monde disant toujours :
"Petit morveux, il ne va jamais y arriver, dans notre petit monde vicieux."
Cependant je pars J'ai obtenu un van, obtenu une chance, obtenu ma dignité J'ai obtenu un rêve, obtenu une étincelle, obtenu quelque part où être

#All Time Low

Ce qui est bien avec la période des jeux, c'est que chaque jour apporte son lot de

surprises. Autant du point de vue du divertissement en soi (entre les juges qui essaient de mettre de l'action et les gosses qui veulent faire a eux tout seul le spectacle, il y a du lourd) que du point de vue professionnel. Il y a des choses tous les jours. Des choses qu'on n’avait pas prévu de faire mais qu'il faut accomplir tout de même. Métier oblige. Ce qui est certain c’est qu’on n’a pas le temps de s’ennuyer. Cela peut parfois être déconcertant étant donné qu’on a prévu quelque chose et que par obligation on doit changer à la dernière seconde nos plans pour se conformer à notre nouvel emploi du temps fait sur le tard. Qui a dit qu’être ingénieur du son n’était pas un travail plein de rebondissements ? Bon c’est sur qu’on est encore loin des missions d’agents secrets, des cascades en tout genres, des bombes et j’en passe, mais moi ça me convient très bien comme c’est. J’en demande pas plus. Du moment que je suis avec la musique personnellement je suis content.

Des exemples concrets de ce genre de situation, je pourrais en citer à la pelle. Depuis que je travaille, ce qui va faire deux ans maintenant, tout ce qui a un rapport avec les jeux passe avant toute chose. Ca fait partie du contrat. Et je suis payer gracieusement pour, alors je ne vais pas m’en plaindre bien au contraire. Surtout que c’est ça qui m’a permis de me lancer et de me faire reconnaitre dans le monde du son. C’est assez ouf quand même comme aventure, mais j’aime et je ne suis pas prêt de m’arrêter. En même temps j’ai encore tout le temps devant moi. Quand j’y repense … Je n’en serais pas là aujourd’hui sans mon cousin. Je lui dois tellement… Il faudra qu’on se refasse une bouffe un de ces quatre en dehors du taf. Bref je m’égare. Les exemples donc. Et bien un éboulement d’un pan de montagne qui fait crachoter des dizaines de micros de façon démesuré et que je me dois donc de régler en super vitesse pour qu’on puisse retransmettre l’image avec le son à ce cher public insouciant de tout le travail qu’un simple éboulement implique. Parce que oui … Quand les juges font tout péter, ils ne font pas attention à l’emplacement des micros et nous devons après compter de nombreuses pertes… En même temps, quand ils décideront à écouter les indications d’un ingénieur du son qui a lui-même supervisé l’installation des micros dans l’arène, il y aura peut être des dépenses en moins. Mais bon je crois qu’ils s’en fichent un peu. L’argent n’a pas beaucoup de valeurs pour ceux qui habitent au capitole. Et je pense que je suis bien placé pour le dire.

Autre exemple qui a eu lieu très récemment. En fait il y a même tout juste 10 minutes.
J’étais tranquillement assis dans la salle de contrôle du son des jeux -qui me servent aussi de bureau soit dit en passant – mon pc sur mes genoux, remixant en direct le son qui avais besoin de quelques modifications quand le grand chef est entré (sans frapper bien sur, quelle idée, pourquoi prendrait-il cette peine ?). Il avait l’air un peu excité et était surtout très échevelé. Je lui ai jeté un rapide coup d’œil avant de lever subtilement les yeux au ciel pour les reposer sur mon écran. Les Jeux d’abord on a dit. Je me suis re-concentré sur mon travail, ignorant l’agité à côté de moi qui faisait des grands gestes qui m’exaspéraient plus qu’autre chose. On peut pas bosser tranquille avec lui, c’est vraiment désespérant. Soudain on souleva mon casque ce qui me fit pousser un grognement de mécontentement. On TOUCHE PAS à mon casque, c’est sacré ! « Quoi ? » je lâche d’un ton mordant et revêche. « T’écoutes quand on te parle ? »me demanda-t-il sur le ton du reproche comme on parlerait à un môme pour lui reprocher une bêtise. Je ne sais pas pourquoi, mais je crois que pour lui c’est ce que je suis. Qu’un gosse. Malgré tout le travaille que je peux fournir et tout ce que je sais faire que lui est bien incapable de faire. Et pour ne pas me laisser faire je lâchai agressif « Nan je bosse ». Il me regarda surpris mais je n’en n’avais cure. Je voulais remettre mon casque mais juste à ce moment là il parla. « Justement, si je suis venu ici c’est pour te parler travail. On a décidé d’aller interviewer la mentor du 7. Tu sais, sa tribute est morte il n’y a pas longtemps à cause de l’éboulement, et il reste son mâle dans la course. Comme il est plutôt en bonne posture, on s’est dit que c’était bien d’attirer l’attention sur la mentor pour faire un petit coup de pub au district. » Je le regardais partir dans son délire de marketing et de communication sachant pertinemment où il voulait en venir. Bon bah pas le choix Will, c’est pour les Jeux. Quand il a fini son monologue, je lui lançai un regard blasé. « Je suppose que tu veux que j’ailles préparer le terrain ? » Il m’a regardé avec un regard pétillant, content que je sois sur la même longueur d’onde que lui certainement. En même temps, je sais ce qu'une interview implique. « Et oui ! On se retrouve là bas dans 30 minutes à l’étage du 7 ! » et il est parti comme une tornade, certainement pour aller prévenir (enfin embêter serait le terme le plus exact) les caméramans et autres techniciens. Je lâchai un long soupire en m’étirant. C’est parti !

Et voilà pourquoi je me retrouve là, dans l’ascenseur de la résidence des tributs, avec tout ce matériel dans mes mains. Pc, micros, câbles, mini table de mixage… Je tiens tout ça assez dangereusement dans mes bras. Disons que je n’ai pas la carrure d’une armoire à glace donc tout porter tout seul est assez difficile. J’ai eu l’idée de mettre mon casque sur mes oreilles pour avoir quelque chose de moins dans les mains, c’est pas grand-chose mais c’est déjà ça. Je devrais demander à avoir un chariot ou un truc comme ça, ce serait bien plus pratique et je ne serais pas dans le stress constant de laisser quelque chose tomber. Enfin j’ai fais le plus gros. Dans quelques minutes je pourrais tout installer et tout sera sauf.

L’ascenseur sonne, m’indiquant que les portes viennent de s’ouvrir et que je peux sortir. Heureusement pour moi, car je ne vois pas vraiment devant moi, il y a une tablette qui me bouche un peu la vue. J’avance précautionneusement. Théoriquement la pièce est droit devant ! Seulement, à peine ai-je fais quelques pas qu’un choc violent ébranle toute ma pile. Mon premier réflexe est de serrer tous mes petits bijoux contre moi pour éviter qu’ils tombent mais comme au ralenti je vois la perche pencher puis chuter. Mes yeux s’agrandissent comme des soucoupes pendant que je la vois atteindre le sol impuissant. « Bordel » c’est tout ce que j’arrive à marmonner. Si elle est pétée … Bah c’est moi qui pète un câble. Mais qu’est ce qui a bien pu provoquer ce choc ? Je me décale légèrement en tournant un peu sur moi-même pour voir à travers un trou une jeune femme à la longue chevelure brune. Je crois la reconnaître comme étant la mentor du 7, mais je n’en suis pas persuadé. Ce qui est sur c’est que ce n’est pas une muette, elle ne porte pas leur tenue caractéristique. Je ne sais pas si c’est elle qui m’a bousculé où l’inverse, de toute façon qu’importe. C’est arrivé c’est trop tard. Je n’ai pas forcément envie d’engager la conversation mais je crois qu’il serait plutôt bien vu de dire un petit truc quand même. Et éviter de lui reprocher cette bousculade, même si j’en ai très envie. « J’espère qu’elle ne vous est pas tombée sur les pieds au moins ? »Je grogne. Ouais Will… Peux mieux faire. Mais disons que ce n’est pas mon genre non plus de parler aux étrangers. Ni d’assommer les autres d’excuses alors que ce n’est pas de ma faute et que ma perche est au sol, probablement abimée.

⊹ Préparation à l'Interview ⊹

Je me rappelle de tout le monde disant toujours :
"Petit morveux, il ne va jamais y arriver, dans notre petit monde vicieux."
Cependant je pars J'ai obtenu un van, obtenu une chance, obtenu ma dignité J'ai obtenu un rêve, obtenu une étincelle, obtenu quelque part où être

#All Time Low

Je n'attends pas vraiment de réponses de sa part.

Enfin si, je sais qu'elle va m'en donner une mais au fond je m'en fiche un peu. Qu'elle lui soit tombé sur les pieds ou non ... Quelle différence maintenant? La chose est faite. La réalité est que je suis tellement énervé que la santé de la jeune femme ne m’importe guère. Cela peut paraitre bizarre mais je tiens beaucoup plus à mes petits bijoux de technologie qu'aux autres. Je pourrais très bien vivre sans côtoyer d'êtres humains du moment que j'ai ma musique et mes outils. Je suis bizarre hein? Oui je sais, on me le dit souvent. Mais cela va faire une bonne quinzaine d'années que ma vision sur l'humanité a changé. Au fond, nous ne sommes que des âmes éphémères sur cette terre qu'un rien peut briser, qu'un rien peut tuer. Avec les objets c'est différent. Eux au moins ne sont pas des égoïstes finis qui sont prêts à tuer pour arriver à leurs fins. Eux sont fidèles. Enfin évidemment tout le monde n'est pas pareil. Il y a toujours des exceptions à la règle. Je pense là à Edwin et Alice. Mais c'est comme toutes exceptions. Une toute petite minorité face aux trop nombreux cons de ce monde. Bref là n'est pas le sujet.

La jeune femme lève la tête et pose deux saphirs sur moi. « Non merci de vous en inquiétez » m'en inquiétez est un bien grand mot. En réalité ce n'est qu'une formalité pour ne pas ressembler a un gosse du Capitole mal élevé. Je me contente donc d'hausser les épaules. Elle se penche et ramasse ma perche. J'avoue que chargé comme je suis, je n'aurais jamais réussi à le faire. Enfin si, mais après un deuxième voyage. « Elle ne me semble pas cassée. » Je hausse un sourcil pas particulièrement convaincu. Entre ce qu'il parait et la réalité, il y a un énorme fosse. Peut être qu'un des capteurs a été endommagé dans la chute. Mais ca ne se verra qu'à l'emploi. Je me retiens de lui dire ce que je pense une fois encore. Ce n'est pas mon genre. Je me montre parfaitement impassible avec un visage de marbre bien qu'en réalité je boue de l'intérieur. « .Vous venez de la part de l'équipe de tournage? J'étais sur le point d'aller prendre l'air mais je vais laisser ce projet de côté » Je la regarde avec étonnement avant de comprendre que c'est à cause de ma présence qu'elle rejette cette idée « Ne vous dérangez pas pour moi, faites ce que vous aviez prévu de faire » quand on est ingénieur, on a l'habitude de passer inaperçu et d'être vite oublié, ce qui me conviens très bien. Elle semble cependant faire fi de ma remarque alors qu'elle tend les bras vers moi. Hein? Qu'est ce que cela signifie? « Je vais vous aider à porter votre matériel! Après vous être rentrée dedans, c'est la moindre des choses » Ah! Au moins remarque t'elle que c'est elle qui m'est rentrée dedans. C'est déjà ça, il n'y a pas de malentendu sur le sujet. Je commence par faire un pas en arrière, pas très assuré. Je ne cache pas que je ne fais pas facilement confiance aux gens. Je préfère me débrouiller tout seul. Et je n’aime pas qu’on touche à mon matériel. Mais je dois bien avoué que je vais avoir du mal à m'en sortir après cette collision qui a rendu instable toute la structure. Avec un soupire résigné je refais un pas en avant. Après tout elle a l’air sincère et pas bien méchante, alors pour le bien de mon petit matériel et pour éviter qu’autre chose ne se fracasse sur le sol je vais accepter. Je lui fais un petit sourire gêné. « C’est gentil à vous. Si cela ne vous dérange pas… Pourriez-vous prendre la tablette qui est au dessus de la pile s’il vous plait ? Attention elle n’est pas toute légère. Attention aux câbles … Voilà » Alors que la jeune femme est en train de m’aider, la porte près de nous s’ouvre sur une autre jeune fille. Je me fige sur place en la regardant et mon sourire se fane instantanément, comme s’il n’avait jamais existé. Elle commence à parler à la jeune mentor tout en me jetant des coups d’œil, je respire doucement. On fait comme si de rien n’étais. Elle lui explique la situation et ce qu’il s’est passé. J’en ai un peu marre de rester comme ça dans le couloir à attendre. On fait l’interview ici en fin de compte ou comment ça se passe ? Puis une autre femme arrive, cette fois ci une native du Capitole, ça se voit. Ah non mais non ! La c’est trop pour moi ! Je déteste quand il y a trop de monde autour de moi, je me sens mal à l’aise et oppressé. J’ai une soudaine envie de fuir en courant. Pour rajouter à mon malaise, la Capitolienne se met à parler, d’une voix qui font se dresser tous les poils de mes avants bras. La jeune mentor répond d’un ton sec et sans appel à la drôle de fille à la voix insupportable de m’aider. Mais quand je la vois arriver avec ces immenses talons, je ne l’entends pas de cette façon. Il est hors de question qu’on touche à mon matériel avec de telles échasses. Je ne sais pas comment les filles font pour tenir la dessus, mais à coup sur une toute petite pichenette les feraient tomber. Pour répondre à l’ordre de la mentor, elle s’approche de moi timidement et je lui jette un regard noir. « Je n’ai pas besoin d’aide » je lâche brusquement et froidement avant d’avancer vers la porte grande ouverte. Arrivé dans la première pièce, je m’adresse uniquement à la mentor d’une voix purement professionnelle. « Où se tiendra l’interview ? » Elle me mène jusqu’au salon. Je fais une rapide analyse des lieux pour en déduire comment placer mon matériel en fonction du reporter qui sera là mais aussi du caméraman. D’un coup de menton je lui indique où poser ce qu’elle m’a pris des mains un peu plus tôt. Maintenant qu’elle a fini de m’aider j’ose espérer qu’elle me laissera travailler tranquille et que les autres filles ne viendront pas m'embêter. Rien que leur présence m'embête en fait, voyez vous. Je fais les premiers branchements avant de me diriger vers ma perche qui est tombée. Prions pour qu’elle fonctionne… Je la mets en tension et mets mon casque sur les oreilles. Le problème c’est si le micro interne est cassé … Pour en retrouver un dans l’immédiat ça risque d’être dur.