Nous sommes de nouveau dans les Souterrains. Il n'y a pas de berge, aussi sommes nous obligées de continuer à nager. Quelques minutes plus tard, nous débouchons sur un petit conduit, bien plus étroit que ceux qu'on a pris en partant de la Corne. Intéressant. Je sors de l'eau et rallume ma lampe. Nous avons le choix entre la gauche et la droite. J'opte pour la droite, et Mia me suit. Nous arrivons bientôt dans une large grotte, au plafond très bas. Parfait. J'examine rapidement les quatre coins de la grotte. Il y a quatre passages permettant d'y accéder. Trois, très près les uns des autres, et un plus petit, au fond de la grotte. Nous décidons de nous installer au fond. Nous serons moins repérables, et nous verrons les autres arriver. Nous déballons les sacs. « Tu pourrais aller chercher de la mousse, histoire qu'on ne dorme pas directement sur le sol froid ? » demandé-je à Mia. J'aimerais faire un feu, mais le bois sec est une denrée rare dans le désert, et je n'en ai pas trouvé. J'éteins quand même ma lampe et conseille à Mia de faire de même : nous verrons moins bien, mais nous pourrons garder le reste de piles pour plus tard.

J'attends que mes yeux se soient habitués à l'obscurité, puis je coupe la tête du serpent et coupe son corps en deux, dans le sens de la largeur, tout en observant Mia qui gratte les parois pour ramener de la mousse. C'est dommage que nous n'ayons pas de feu, j'aurais pu faire cuire le serpent. Parce que du reptile cru... Beurk. Mais bon, ce n'est pas comme si on avait le choix. J'attrape ensuite une pierre à peu près plate, ainsi que le bocal de cornichons, l'oseille, et ma miche de pain. A l'aide de ma machette, qui, je l'avoue, n'est pas pratique pour cuisiner, je tente de découper quatre feuilles d'oseilles. Je prend un cornichon et le casse en deux, puis je découpe deux tranches de pain, avant d'aller aider Mia à amasser de la mousse. Quelques minutes plus tard, je pose le serpent sur la pierre et coupe la bête en deux dans le sens de la longueur cette fois. Je dispose les bouts de cornichons et l'oseille dedans. A la fin, j'obtiens deux sortes de sandwiches de serpent. Ils n'ont pas l'air appétissants, mais c'est mieux que rien. Et puis ils ne sont pas mauvais. De toute façon, il n'y a rien d'autre. Nous mangeons en silence, et terminons le repas avec les tranches de pain. Je dispose la mousse en un matelas pas vraiment confortable. La mousse nous protégeras de la froideur de la pierre, et empêchera l'hypothermie. Et nous avons la couverture de survie. Et maintenant, qu'est-ce qu'on doit faire ? « Il faudrait peut-être que nous répartissions tous nos objets dans les deux sacs. Histoire qu'on survive, même si on est obligées de se séparer. » chuchoté-je. Je me rends alors compte que je ne fais que lui donner des ordres depuis tout à l'heure. Oh, bien sûr, ce ne sont pas des trucs méchants, mais elle en a sûrement marre. « Ah ! Je suis désolée, j'aurais du te demander ton avis. » m'excusé-je rapidement. J'attends ensuite qu'elle parle, trop confuse pour oser parler à nouveau.

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Mia ne me réponds pas et se contente de se lever pour attraper tout ce que nous possédons. Elle boit une petite gorgée d'eau et je la regarde d'un oeil réprobateur. Il nous reste les cactus, pourquoi boire cette eau maintenant ? Autant commencer à se priver, comme ça nous aurons moins de mal à nous y faire ensuite. Mais je garde le silence et la regarde faire. Elle dépose toutes nos affaires sur le sol. En tout, nous avons une bouteille d'eau -dans laquelle il reste peu d'eau-, une machette et une fronde, une couverture de survie, deux cachets et un rouleau de bandages, une pastille purificatrice d'eau, une baguette de pain, un bocal de cornichon, et les plantes que j'ai cueilles un peu plus tôt. Elle attrape les sacs pour tout répartir entre nous, et je la laisse faire. Dans le noir, je ne distingue pas parfaitement son visage, je la vois juste s'activer. Pourtant sa seule présence suffit à me calmer et à me sentir bien. C'est étrange... Dans une autre vie, elle aurait pu être ma soeur. Je ferme les yeux et m'imagine un grand jardin, une journée ensoleillée, nous deux qui partons nager dans un lac quelconque... Cette vision est si douloureuse que je rouvre brusquement les yeux. Dans peu de temps, nous serons peut-être morte, alors inutile de penser à cela. Je regarde en silence Mia terminer de distribuer les objets. Elle a fait deux petits tas. Sur le mien, il y a ma machette, la bouteille d'eau et les restes du repas, une moitié de baguette et les cachets. Mia a le reste, excepté la couverture de survie qui est restée entre nous. La brune me regarde, posant une question silencieuse. Je ne réponds pas tout de suite et sors du sac les plantes : de l'oseille, de l'armoise et de l'écorce d'acacia. Je distribue équitablement les plantes. Le partage me semble juste, mais je ne peux m'empêcher de lorgner la pastille purificatrice d'eau. J'aimerais bien l'échanger contre ma bouteille, mais ce ne serait pas très juste, et je n'ose plus prendre la parole. Je me mord la lèvre et m'apprête à formuler ma demande quand un bruit retentit juste au dessus de nous. Affolée, je me retourne vélocement pour scruter chaque entrée de la grotte, ma machette à la main. Un petit dirigeable volette vers nous, et tombe devant Mia. La toile contient une petite étiquette sur laquelle est écrit un mot, et un sac de couchage. Je fixe ma compagne avec stupéfaction, et elle me lance un regard semblable au mien. Etant donné que le cadeau lui est destiné, je n'ose le toucher la première et attends qu'elle ait fini de lire le mot et qu'elle ait attrapé le sac. Ce sac de couchage nous sera très utile. Il empêchera la pierre glacée de voler la chaleur de notre corps. L'une de nous pourra dormir pendant que l'autre veillera, enveloppée dans la couverture de survie ! Je me met à sourire de façon incontrôlable. Finalement, ce n'est pas si mal parti ! Je regarde Mia et réponds à sa question de tout à l'heure. « Le partage est juste, mais... Je t'avoue que j'aurais aimé la pastille. Si tu le veux bien, je te l'échange contre la bouteille et les restes du repas. Sinon... Tant pis. » Je range ensuite mes affaires dans mon sac. Elle m'échangera la pastille si elle le veut. J'attrape la couverture de survie. « Va dormir si tu veux, je prends le tour de garde. Je viendrais te réveiller si jamais je n'arrive plus à garder les yeux ouverts. » Je la laisse s'installer juste à côté de moi, et m'enveloppe dans la couverture de survie, gardant ma machette à la main. Une musique tonitruante retentit soudain. Mia et moi nous redressons en même temps pour observer l'hologramme projeté sur le plafond de la grotte. Les photos des tributs décédés vont s'afficher. La première à apparaître est Carlie James, ce qui me surprend. Elle venait du district 1. Comment a-t-elle pu mourir si facilement ? En tout cas, sa mort signifie que les carrières sont moins nombreux que ce que je ne pensais. Ce sera sûrement moins dur que d'habitude. Quoi que, avec Joseph Grey... La seconde est Betty Hunter, du district 3, ce qui veut dire que les deux tributs du deux sont encore là, ainsi que le gars du trois qui avait l'air sympa. Les visages des deux tributs du quatre s'affichent ensuite, et mon coeur bondit dans ma poitrine lorsque je reconnaît Shanon. Je manque de détourner les yeux et de vomir, mais je tiens bon. Ensuite s'affiche Taylan, du 5. Depuis les entraînements, il y avait entre nous une sorte de compétition, et je pense que j'aurais pu l'apprécier. Je sens Mia frémir et je me tourne vers elle. Pourquoi semble-t-elle si angoissée face à la photo de Taylan ? Serait-ce possible que ce soit elle qui... Non. Non, c'est sûrement autre chose. Je relève la tête vers l'hologramme au moment où la photo de Luna Jonhson est projetée. Viennent ensuite Nellie Veith et Aryel Black, que je ne connaissais pas et que je ne tenais pas spécialement à connaître. Ce qui signifie que Terry et Lucas sont encore en vie. Je jette un coup d'oeil en coin à Mia. Difficile de savoir si le fait que son compagnon de district soit en vie la soulage ou l'énerve. La photo suivante est celle d'Ethan. Mon demi-frère. A nouveau, je manque de vomir. Je serre les dents pour retenir à grand-peine un hurlement de douleur. Pas lui. Pourquoi lui ? Je sens que des larmes ne vont pas tarder à couler et, sachant que cela me ferait passer pour faible, je les retient le plus possible. Je pleurerais quand je dormirais. Mon estomac fait des bons dans mon ventre et remonte petit à petit, et les sucs gastriques rongent mon œsophage : tant d’efforts pou retenir ma douleur ne me réussissent pas vraiment. S'affiche ensuite la petite Aukje, du 11. Billie et Dean, les deux tributs du 9, ne sont donc pas morts. Le dernier visage est celui de l'innocent et du -trop- gentil Valentin. La colère se met à briller dans mes yeux. J'ai juré de le venger, même si cela signifie devenir ce que je ne suis pas pour tuer Lucas. Je le ferais. La musique retentit de nouveau, et l'hologramme disparaît. Mia se recouche. Je crois entendre renifler et me demande si elle pleure. Mais alors que je m'apprête à me pencher vers elle, je me stoppe dans mon élan : je comprend qu'elle veuille rester seule. A sa place, je n'aimerais pas qu'on me dérange. Je m'assied le plus confortablement possible. Bientôt, j'entends la respiration de Mia devenir profonde et régulière. Elle dort. Je me concentre sur sa respiration qui me permet de me calmer. Je parviens à rester éveillée une bonne partie de la nuit -cinq heures environ. Lorsque je manque de m'endormir deux fois de suite, je me dis qu'il serait plus raisonnable de réveiller Mia. Je la secoue donc doucement. Sans un mot, nous échangeons nos places. Une fois allongée, je sais que c'est le moment où jamais de pleurer, mais les larmes ne viennent pas. Peut-être suis-je trop fatiguée. Je ferme les yeux et plonge aussitôt dans un sommeil sans rêve que rien ne vient déranger. Lorsque j'émerge, une flaque de lumière grosse comme un poing se déverse dans la grotte grâce à un tout petit trou dans la voûte. Parfait, cela permettra de ne pas utiliser nos lampes, et de garder le peu de piles qu'il nous reste. Mia me fait savoir que j'ai dormi environ cinq six heures, comme elle. Nous mangeons les restes du repas en silence. Une fois les reliefs de la veille dévorés, je prend la parole d'une voix légèrement éraillée. « Cette organisation est vraiment bonne. Il nous faudra la garder, même si on change d'endroit. Aujourd'hui, il faudrait que nous examinions cette grotte sous tous les angles, ainsi que ses sorties. Si jamais on se fait attaquer (je frissonne), il faut que nous sachions par où l'on peut s'enfuir. Il nous faudra peut-être placer des pièges... » terminé-je pensivement avant de me lancer dans un tout autre sujet. « Les carrières ne sont donc plus qu'au nombre de trois. Il y a aussi Lucas et Billie qui sont encore en vie et dont il faudra nous méfier. Il ne faut pas non plus négliger Dean et Seed. » Cette liste, c'est la liste de nos ennemis majeur, ce sont il faut se méfier plus que tout. Quand je repense à hier, je plante des yeux interrogateurs dans ceux de Mia. « Au fait, tu ne semblais pas très bien lorsque le visage du tribut masculin du 5, Taylan, est apparu. Tu... Enfin tu l'as... ? » Cette question est certes indiscrète, mais Mia m'a bien vu aux prises avec Shanon, et elle sait que je l'ai tué. Si j'apprends que c'est elle qui a assassiné Taylan, je serais peut-être de mauvaise humeur, mais en même temps, elle n'avait peut-être pas le choix. J'attends ses explications -si elle veut m'en donner- pensivement.

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