La douce voix de Mia résonne dans le couloir, bien qu'elle ne soit qu'un murmure. « On se débrouillera une fois dehors de ce foutu labyrinthe » Je perçois son angoisse, et lui jette un regard intrigué. Serait-elle claustrophobe ? Ce serait bien ma veine... Alors que je m'apprête à lui poser la question, un bruit retentit dans le couloir. Je me retourne vélocement, et, du coin de l'oeil, vois mon alliée faire de même. Mais ce n'est qu'une pierre. Sûrement tombée du mur de roche. Mia attrape le caillou et me le tend. Il est couvert de mousse. Je frôle le mur de mes mains, mais à aucun endroit, je ne sens de la mousse. Si cette pierre ne descend pas du mur... D'où vient-elle ? Instinctivement, je lève la tête, à la recherche d'une lumière, qui conduirait à une possible sortie. Mais il n'y a rien. Aucune faille, aucune ouverture. Découragée, je me laisse glisser contre le mur. « P*tain ! » angoisse Mia, avant de s'asseoir à mes côtés. Elle pose ses mains sur le sol. Que cherche-t-elle ? La brune me fait signe de fouiller le mur. Je m'exécute, tâtant chaque recoin de la paroi. Mais rien.

Le silence froid qui règne dans le couloir n'est brisé que par les halètements de Mia, qui se font de plus en plus secs. Inquiète, je pose ma main sur son bras, et m'aperçois qu'elle tremble. Et merde, je crois qu'elle nous fait ne crise de panique. Je la force à s'asseoir, la tête entre les genoux, mais elle se relève et se plaque contre la paroi. Elle tourne violemment la tête, puis ferme les yeux et inspire profondément. Je reste assise, l'angoisse au ventre, attendant de voir si elle va se calmer. Et si elle criait ? Je serais sûrement obligée de l'assommer. Mon regard se pose sur la stalagmite, qu'elle tient d'une main molle. Je la lui arrache et la garde fermement dans ma main. Si elle ouvre la bouche, je la frappe. C'est un peu extrême, mais je n'ai pas la moindre envie de nous faire repérer. Heureusement, je n'ai pas besoin d'aller jusque là. Lorsqu'elle rouvre les yeux, son regard est plus posé, plus lucide, et je sais que le pire est passé. Rassurée, je murmure quand même un « Tu te sens mieux ? ». Elle acquiesce. Je pousse un soupir et pose ma tête contre la paroi, avant de fermer les yeux. J'indique ainsi à Mia que j'ai besoin d'un peu de repos. Je pense qu'on en a toutes les deux besoin.

Un bruit attire soudain mon attention. Ce n'est pas un bruit de pas, c'est pour ça que je ne m'inquiètes pas. C'est plus le son de... D'une hélice ? Je rouvre brusquement les yeux, juste à temps pour voir un dirigeable traverser le couloir. L'étrange objet, qui m'est pourtant familier, émet un léger bip. L'hélice du dirigeable explose sans bruit, et un paquet tombe à mes pieds dans un bruit sourd. Une petite étiquette y est accrochée. Je lis les quelques mots, rédigés à mon attention, et maque de verser une larme lorsque je comprend que Vulphy ne m'a pas abandonné. « Tu me la rendra en sortant de l'arène ! ». Intriguée, j'ouvre le paquet, et découvre une imposante machette, qui me semble bien coupante. Je ne peux empêcher un sourire d'étirer mes lèvres et, le visage éclairé, je tourne mon arme vers Mia. Nous ne sommes plus seules. On veille sur nous.

Mon sourire se transforme en grimace quand les premiers coups de canon retentissent. J'en compte 9. Et je sais que Shannon et Valentin sont parmi eux. Sans compter celui ou ceux qu'a tués Mia. Je me mord la lèvre inférieure pour l'empêcher de trembler et regarde en l'air, afin de ne pas pleurer. Si je me montre faible, il y a peu de chances que de sponsors s'intéressent à moi. Nous restons assises, sans parler, quelques minutes encore, puis nous poursuivons notre chemin. Une goutte d'eau vient soudainement s'écraser sur mon visage. je scrute de nouveau le plafond, mais toujours pas de lumière. Je touche la paroi de pierre. Elle est humide, et quelques gouttes perlent çà et là. Pour la première fois de la journée, je me rend compte que j'ai soif. Je ne suis pas assoiffée, j'ai juste la gorge sèche. Je passe mes doigts contre la pierre, et les amène à ma bouche. Il y a très peu d'eau sur mes doigts, mais je m'en contente.

Nous continuons à avancer, toujours tout droit. Et bientôt, nous arrivons... A un cul de sac. Ah zut, c'est trop bête ! Je regarde Mia avec angoisse. Nous n'avons pas le temps de rester ici. Si on nous surprend, nous sommes cuites. Nous revenons sur nos pas en trottinant rapidement, et nous arrivons devant une fourchette. Je ne sais même plus d'où on viens. Je hausse les épaules et indique à Mia le passage de gauche. Tout ce qui compte, c'est s'éloigner de ce cul de sac. Bientôt, nous débouchons sur une grande galerie, sûrement l'une des principales. Pareil que pour tout à l'heure, il ne faut pas que nous restions ici. Ça craint. Nous reprenons notre chemin au pas de course, et avançons au hasard pendant une quinzaine de minutes. Seul le bruit feutré de nos pas résonne dans le large conduit. Je cale ma respiration sur ce son régulier.

Soudain, le bruit de nos pas résonne différemment. J'attrape Mia par le bras et recule brusquement. Nous avons soit changé de sol, soit changé d'environnement. Ou alors c'est un piège. Le faisceau lumineux de ma lampe balaye le sol à la recherche d'un indice. Puis je relève la tête. Nous sommes en fait entrées dans une grotte, c'est pour ça que la résonance était plus profonde. Je pousse un soupir de soulagement et me tourne vers Mia pour lui proposer de rester ici, quand un souffle d'air frais vient caresser ma joue, tandis qu'un son, que j'ai entendu tout à l'heure, retentit dans mes oreilles. Un dirigeable, semblable à celui qui s'est posé devant moi tout à l'heure, passe devant nos yeux grands ouverts. Il produit le bip, et un son nous informe qu'il s'est posé. Ce qui signifie... Que nous ne sommes pas seules dans la grotte. Les battements de mon coeur s'accélèrent, tandis que mes jambes flageolent. Si tribut il y a, ce qui est sûr, il nous a sûrement déjà repérées. J'essaie de me rassurer, en me disant que si c'étaient les Carrières, ils auraient déjà couru vers nous, mais j'ai quand même peur. Ma main cherche celle de Mia, et je la serre fort, tenant fermement ma machette dans l'autre. La lumière d'une lampe nous éblouit. Un tribut. Un seul. D'après sa taille, il n'est pas très vieux. Je fouille dans ma mémoire et tente de me rappeler, sans succès, les noms des plus jeunes tributs de cette année. Bah, au fond, quelle importance ? Je ne veux pas prendre le risque de faire une autre alliance. De plus, ce ou cette tribut vient de recevoir un cadeau. Eh oui, c'est bête comme argument, mais ici, une minuscule miche de pain peut faire la différence. En clair, le combat est inévitable.

Nous nous observons une minute entière en chiens de faïence. Nous n'esquissons pas un geste. Ma lampe grésille de nouveau, ainsi que celle de tribut en face de nous, et la lumière frappe un instant son visage à l'air doux. Et son nom me revient. Dean, du D9. C'est bête, mais maintenant que j'arrive à mettre un nom sur son visage, je n'arrive plus à m'imaginer en train de l'attaquer. Je vois Valentin, ou Maya à sa place. Et pourtant, il le faut. « Je suis désolée. » murmuré-je, si bas que seule Mia a dû m'entendre. Puis je m'élance. Je garde les bras plaqués contre mon corps, et je sens la machette, que je tiens dans ma main droite, frôler ma jambe. J'espère que Mia me suis. Je suis devant lui au bout de deux secondes. Je jette mon bras droit en avant, de toutes mes forces, comme pour un lancer de disque. Puis, sans m'assurer que je l'ai touché, et entraînée par mon élan, je fais un tour sur moi même. Mon bras droit continue de tourner, et au moment où ma main touche mon épaule gauche, je la renvoie dans l'autre sens, en tentant de nouveau de donner un coup à Dean. Consciente que je suis à présent vulnérable, je me propulse vers l'arrière. A qui le tour ?

@Secyloa