Lein à des cheveux blonds, très clair, typique de son district, et de grands yeux bordés de longs cils foncés, qui créent une ombre, auréolant ainsi de noir ses paupières. Sa chevelure est toujours relevée en un chignon sobre, agrémenté, quelques rares fois, d'un ruban gris ou argenté.
Lein laisse voir, sous ses rougissements intempestifs, une personnalité douce, et conciliante, mais elle n'en est pas moins révoltée contre le Capitole, qui n'a eu aucun scrupule à assassiner son père. Elle sait faire preuve d'assurance, mais elle reste très timide, hormis dès qu'il est question du gouvernement de Panem. Elle se sait désarmée face aux Jeux de la Faim, mais cache en elle, quelques désirs secrets de participer ; secrets qu'elle tente d'enfouir au plus profond de son être, espérant qu'ils ne la rattrapent pas avant ses dix-huit ans. Elle fait donc tout pour rester impassible, et essaye de faire abstraction de ses envies, qu'on peut qualifier sans peine, de suicidaires...

Je me pose sans cesse cette question, dont je connais la réponse. Je ne veux juste pas l'admettre.
Oui, mon père est mort, mais pourquoi lui ? C'était, certes, un des piliers de la révolte au sein de mon district, mais, ça, le Capitole l'ignorait. Si Ils s'étaient plongés dans la vie rude, que nous menions, nous autres, habitants du district 9, de tous les districts en général, la pitié les aurait pris à la gorge.
Ils sont dans leur tendre cage dorée, ils ne manquent de rien, si bien que l'excentricité prime sur toutes leurs actions. Ils n'ont plus que ça pour s'occuper.
Mais finalement, suis-je apte à les juger ? Je ne les connais pas. Leurs dirigeants, en revanche, ont droit à ma haine la plus profonde, la plus sincère, la plus envahissante.
J'espère qu'un jour, ils se lèveront et cesseront de nous considérer comme des amuses-gueules.
Belle, et douce utopie...
Et dans tous ces répugnants évènements, ces atroces personnages, les Jeux de la Faim. Ce n'est pas humain, c'est au-dessus des mots les plus forts pour montrer son dégoût.
Mais une chose est certaine : j'irais à cette mutinerie.
Ce n'est ni raisonnable, ni réfléchi. Peu m'importe.
Je m'entraîne, dans les champs. Mère a du remarquer que j'avale ses connaissances, sur les plantes, sur les rares baies qu'elle connaît, sur la nature.
Chaque jour, je cours quelques temps, je grimpe plus ou moins. Je me bat contre les arbres, avec des batons, j'aiguise mon regard, je fais tout ce que je peux. Un lot de souffrances quotidiennes que j'inflige à mon corps. Et qu'il accepte, sans broncher.
Mais face aux machines de guerre de l'Arène, ferais-je le poids ?
J'essaierais simplement, échec ou réussite, je me féliciterais. Et même avant de mourir je serais calme, détendue, reposée.
C'est simple, si je gagne, je venge mon père. Si je perds, je le rejoins.
Je ne privilégies aucune des deux solutions.
Chacune vaut l'autre, chacune est acceptable.
Ca me va.