The end and the Beginning

« La vie peut être une torture, un traître, un tricheur. Elle emprunte tous les discours, tous les costumes, tous les subterfuges. »

A bout de souffle, je m'effondre sur le sol. Je sens cette boule au fond de la gorge, cette rage qui m'emplissait jusqu'à présent se retourner contre moi, cette adrénaline qui il y a à peine quelques minutes était à son plus fort retomber au plus bas. Et puis cette force que je puisai de je ne sais où qui laisse place à un épuisement insupportable. Autour de moi tout tourne, ma vue se brouille derrière se voile de larmes qui m'emplit les yeux. D’innombrable goûtes d'eau salées roulent le long de mes joues pour venir s'écraser sur le sol. Je suis à bout de force, oui, mes muscles trembles, ma respiration se fait de plus en plus irrégulière, je n'ai plus aucun contrôle sur ce corps détruit. Je lève ma main droite pour l'observer, et malgré les larmes, j’aperçois une longue et profonde entaille. Un sanglot retentis dans cet endroit désert. Je suis seule, seule face à tout ce monde, les yeux rivés sur leur écran, certains amusés, d'autre rassurés, impressionnés ou bien plein de rage et moi je suis là, seule, détruite. J'aimerai hurler, évacuer toute cette pression, tous ces parasites qui m'étouffent, mais je n'en ai pas la force. Je me contente de trembler seule, dans mon coin, repliée sur moi-même attend qu'on vienne me chercher ou que l'on me laisse crever ici, en paix. Je n'aurai pas la force, pas l'envie de me relever. Comment ? Comment peut-on se relever d'une telle épreuve ? Comment peut-on survivre à toute cette culpabilité, à toutes ces images qui me hantent chaque fois que j'ose fermer les yeux ? Tout cela n'a qu'à peine eu le temps de commencer pour moi et déjà je me sens incapable de le supporter.

Désespérée, nerveuse, je serre une poignée d'herbe entre mes mains, peinant à l'arracher. Je voudrais leur hurler de venir me chercher, les supplier de me sortir de cet enfer. Mais je n'ai pas fait tout ça pour craquer maintenant, pour me ridiculiser. Et puis … l'enfer c'est maintenant certes, mais ce n'est qu'une infime partie, car maintenant l'enfer ça va surtout être après. Ma respiration tremble alors que je pense à ce à que peut me réserver l'avenir. Je n'y voit qu'un triste et sombre futur, un enfer sans fin, emplit de tous ces cauchemar tous aussi réel les uns que les autres, un futur hanté par toutes ces atrocités que j'ai pût vivre ces derniers jours. Je pense à Hypolite, à Ulyss, à Lucia et à Prunille, ces personnes qui pour moi n'étaient que des personnes à battre, à surpasser, maintenant, je ne sais plus trop quoi penser. Ces hommes, ces femmes, sont-ils profondément stupides ou bien complètement insensibles ? Comment font-il pour continuer comme ça, alors que moi, je suis déjà au plus du désespoir à a peine quelques minutes de la victoire ?

Je jette un dernier regard sur ce corps sans vie devant moi, les yeux ouvert, le regard vitreux sans la moindre lueur, le sang coulant encore le long de sa peau blanche, s'écrasant maintenant, goûte à goûte sur cette herbe désormais teinte de rouge. Cette vue qui me remplissait de joie il y a à peine quelques minutes m'horrifie au plus haut point désormais. N'ayant pas la force de me relever c'est à 4 pattes que je rejoins ce type du district 2. Ce mec avec qui j'ai tout partagé ces derniers jours, la peur, l'adrénaline, cet état de transe inquiétant dans lequel cette arène à pût nous plonger, les crises de nerfs aux moments les plus effrayants de cette édition, la mort de nos compagnons, de nos amis de district devant nos yeux. Et puis … tous ces moments uniques d'entraînement et de rigolade sur ce maudit toit du capitole, quand tout n'étais encore qu'un jeu, qu'une expérience, un rêve, lorsque nous n'étions encore qu'inconscients de la réalité des choses. Je caresse du bout des doigts un poignard planté dans son torse, me demandant comment il avait pût y survivre si longtemps, comment continuer à se battre avec ça dans le torse. J’attrape le poignard à pleine main et l'arrache, sans plus attendre je le lance loin de moi. Je me sens trembler de plus en plus en sentant son corps froid, sans le moindre mouvement signalent une quelconque respiration. Je sais qu'il est mort, je sais que je l'ai tué, je le sais, mais le sentir c'est … comme recevoir à nouveau un poignard en plein cœur. Non. C'est bien pire que ça. Tremblante j'apporte mes mains devant ma bouche, je ne contrôle plus ces spasmes, dû à cette crise de nerf. J'entends mes sanglots raisonner dans ce vaste espace désert.

Je ramène mes genoux contre ma poitrine, les mains dans les cheveux je cède à la crise, je n'en peux déjà plus. Et ces monstres incapables de venir me chercher. Je sais à quel point le publique doit jouir de cette fin, une carrière, une vraie, cruelle, forte et volontaire, gagnante de cinquième Hunger Games qui s'effondre de la sorte, sur le corps de sa dernière victime. A deux doigts de céder à la crise de nerfs, seule et pitoyable. Quoi de plus excitant ? Quoi de plus palpitant pour un tel public ? Ces horribles pensées ne font qu'aggraver mon état. Je me mord la lèvre pour étouffer ces sanglots incessants, les entendre m'est encore plus insupportable. J'ai comme une foule qui me tambourine dans le crâne, j'ai la vue brouillée, la sensation qu'on m'enfonce les yeux dans les orbites, et cette tête qui tourne, tourne et tourne. le bâtiment qui se tient devant moi disparaît peu à peu dans ce voile noire qui m’entoure. Je me sens tomber, chute libre, mais je n'ai ni l'envie ni la force de me relever alors, je me laisse simplement emporter dans cet état d'inconscience effrayant et pour une fois rassurant.