Comment pourrais-je décrire Llevana ? Une petite brunette (enfin, tout dépend si vous trouvez que 1m60 est petit !) dont les cheveux souvent ondulés retombent sur ses épaules comme des cascades de chocolat ; de temps en temps elle les attachent, mais c’est plutôt rare, elle n’aime pas beaucoup découvrir ses oreilles. Ses yeux quant à eux sont d’un bleu profond, même si parfois ils restent verts dans la lumière, leur expression est toujours douce et calme emplies d’une gentillesse et d’un sang froid incroyable. Vous l’aurez compris, Llevana est pareil à un ange. Mais personne n’est parfait. Depuis la mort de sa sœur, elle stress pour de nombreuses choses, dont les Hunger Games. De temps à autre sont stress se mélange à sa peur et ses larmes coulent. Oui, vous ne vous trompez pas, Llevana est une fille très susceptible et très peureuse. Cependant, elle parvient à se calmer de temps à autres grâce à un petit bracelet, laid, certes, mais avec une si grande valeur sentimentale qu’il lui permet d’oublier un peu ses tracas. Constitué de perles de différentes formes et couleurs, ce petit bijou fait artisanalement est le présent que sa sœur lui avait fait un an avant son décès. Ainsi, grâce à lui, Llevana garde l’impression qu’elle reste toujours avec elle.

C’est aujourd’hui. Ce n’est pas moi mais elle. Il me reste encore deux ans de liberté. Les lumières sont allumés dans la maison comme partout dans le district. J’ai peur. Pas pour moi, pour elle. Je sais ce que ce jour représente. Je sais ce que nous avons perdus, je sais ce que nous avons gagné. Rien. Juste le droit de voir ceux que l’on aime mourir sur un écran, être sélectionné au sort pour partir à l’Abattoir. C’est comme ça que nous le surnommons, l’Abattoir. Les autres l’appellent le Capitole, ils l’admirent, ils en ont peur. Moi aussi. Je sais qu’ils sont puissants, mais je sais aussi qu’ils dépendent de notre énergie. Cependant une guerre de plus ne servirait qu’à faire couler un peu plus de sang sur nos terres. Je ne veux pas ça. Si je pouvais je voudrais supprimer ce jour, mais je ne peux pas. J’ai onze ans, elle en a dix-huit. C’est la dernière fois que j’aurai peur pour elle, ensuite, ce sera à son tour de craindre pour moi.

Je me lève de mon lit. Le contact avec le sol me procure des frissons, mais ça ne me dérange pas, j’apprécie. Ils me rappellent que je vis, que je peux encore apprécier certaines choses sans qu’on me l’interdise, qu’on me surveille ou qu’on me le commande. C’est un petit moment de liberté. Je regarde dans son lit, elle est déjà levée. Elle n’a pas réussi à dormir, et c’est normal. Moi-même j’ai à peine fermé l’œil. J’enfile un pantalon et un pull pour descendre dans la salle à manger où je les trouve tous autour de la table. Silencieux, ils me regardent arrivés. L’inquiétude se lit sur leur visage. Je m’approche d’eux et m’installe autour de la table. Nous restons silencieux et repensons à nos moments de bonheur passés avec elle comme si elle était déjà morte. Mais non, elle est là, elle tremble même.
Il est dix heures. Nous avons pris notre petit déjeuner et nous sortons, elle et moi. Nous allons profiter de ce jour comme si c’était le dernier. Mais nous n’y arrivons pas. Comme à chaque fois, nos jeu nous paraissent stupides, nos rires faux et nos silences trop imposants. L’inquiétude et la peur se lit dans nos voix, rendant les mots trop douloureux. Néanmoins, lorsque nous rentrons vers trois heures et demie, ses paroles me paraissent plus douces, plus sûres et plus… habituelles.