Lombres n'est pas de ces filles qui passe inaperçue. Féline est le mot qui la décrirait le mieux. Non pas qu'elle soit de celles qui se la joue sexy, loin de là. Mais imaginez seulement la silhouette fine et élancée, légèrement tordue vers l'arrière, prête à bondir. Le regard agressif, ah oui. Elle est jolie, ça ne fait pas un pli. Mais vaut mieux pas l'approcher, c'est qu'elle est farouche. Une cascade de cheveux blonds lui tombe sur les épaules, son visage est fin, son teint est d'ivoire, ses traits sont purs. De ce fait, elle détonne des autres personnes de son district, qui ont en général, la peau sombre, les cheveux noirs. Son regard, ah ! parlons-en de son regard. Ceux qui la connaissent diront qu'il est perçant, brûlant. Ses yeux d'un beau vers feuillage vous déshabille en une fraction de seconde, percent vos secrets à jour, lisent en vous comme dans un livre ouvert. C'est ce qui se raconte en tous cas.

Mais Lombres, c'est une sauvage, une battante. Depuis toute petite, elle a compris quelque chose que certains peut être, ont plus de mal à assimiler. Dans la vie, faut se battre. Sinon on meurt. Pour elle, y'a aucune alternative. Elle ne rechigne jamais à mettre la main à la tâche, de toutes façon, à -t- elle le choix dans un district où la paresse et l'abstention sont passibles de mort ? Lombres, elle est forte, mentalement. Elle a appris à ne plus s'attacher, elle vit au jour le jour, parce qu'en l'espace de quelques heures, on peut tout perdre, dans le Onze. Alors faut faire avec, faut serrer les dents et faut souffrir en silence. Oh, elle pleure Lombres, presque chaque soir, parce qu'à quinze ans, c'est dur cette vie là. Mais les autres, s'en foutent de sa souffrance. Tant que tu travaillen et que tu mouille pas trop les récoltes de tes larmes, ils te foutent la paix.

La petite Lombres ? Moi je peux vous la raconter son histoire. Je peux vous dire, que ça va pas être joyeux. Les Arynth étaient une famille des plus pauvres du district. Normal, avec le père qui s'est tiré à la naissance de l'aînée, Gemma qu'elle s'appelle. Enfin bref. La pauvre mère, elle faisait comme elle pouvait, puis elle a rencontré d'autres gars, elle est tombée enceinte, deux autres fois. Puis Lombres, c'est la petite dernière. Quelques années, elles ont vécues comme ça, elles se sont serré les coudes. T'façon, y'avait quoi d'autre à faire ? Et puis la mère est morte. Les pauvres petites elles étaient effondrées. Mais dans le district, elles étaient pas les seules orphelines, alors on pouvait quoi pour elles ? La petite Lombres, elle avait dix ans à l'époque. Gemma a reprit la famille en main, moi j'les ai aidées comme je pouvais, mais dans le coin, on était pas bien riches. Lombres a commencé à se renfermer sur elle-même. Et puis voilà.