Physique - Caractère

Alyss est une fille de taille moyenne. À 14 ans, elle mesure déja cinq pieds quatre, et espère arrêter de grandir un peu. Dotée de cheveux châtains bouclés et rebelles, ainsi que de deux yeux gris francs, elle ne se soucie plus de son apparence depuis longtemps. À quoi bon ? Ce que pensent les autres de toi ne peut t'être utile nulle part... Sauf dans l'arène bien sûr. Pour sa propre satisfaction, elle prend par-contre toujours soin du mieux qu'elle le peut de sa tignasse...
Elle n'est ni trop bien bâtie, ni trop svelte. Un entre deux. Elle aurait aimé avoir l'un ou l'autre, qu'elle finisse de se tracasser sur sa chance d'être prise à la Moisson. Parce qu’elle a une bonne endurance mais pas de vitesse à la course. Et une bonne force musculaire, assez pour gagner au corps à corps  avec bon nombres de filles de tous âges mais pas assez pour battre un garçon. Elle s’efforce de s’entraîner pour combler ses deux faiblesses dans ses rares temps libres, sans résultats satisfaisants. Il faudrait qu’elle s’y mette quotidiennement, chose impossible puisqu’il faut qu’elle aide sa mère à s’assurer de la subsistance de la famille.
Ces muscles, elle ne les tiens pas tant d’un entraînement, comme elle l’aurait souhaité, mais des différentes courses à travers le village pour se rendre à la Plaque ou distribuer les tisanes que sa mère fait les jours d’hiver.
Malgré ses efforts, elle ne peut s'empêcher d'être gentille envers tout le monde. C'est inné, et dur à supporter pour ceux qui souhaiteraient cesser toutes relations avec elle. Pourtant, ses amis sont rares. Il n’y a pas grand monde qui apprécie son caractère rêveur et sa fâcheuse manie de toujours vouloir faire les choses à sa manière. Non pas qu’elle veuille imposer ses choix aux autres, - elle est d’ailleurs d’une discrétion presque fantômique -  mais elle refuse de prendre part aux modes ou aux mœurs de ses confrères d’école. Elle déteste devoir suivre la masse, et elle se détache facilement. D’où la répugnance de certains à son égard.
Jamais personne le l’a vu verser une seule larme. Depuis l’injuste exécution de son père, elle s’est promis d’être forte et de ne jamais se dérober devant ses responsabilités envers la famille. Plusieurs la traitent de sans-cœur. Mais seul les gens les plus proches d’elle savent que ce n’est pas vrai.
Elle se maintient en forme parce qu’elle refuse que l’une de ses sœurs prenne le moindre tesserae. Elle s’en charge depuis qu’elle a 12 ans et la certitude qu’elle devra participer aux Jeux un jour ou l’autre s’affermit. chaque fois. Elle manie également bien les rapières, grâce à son défunt père (elle n’utilise que des rapières taillées dans le bois, mais c’est suffisant pour s’entraîner). Heureusement ambidextre, elle fend l’air de non pas une mais deux épées recourbées lors de ses entraînements.
Elle tombe très facilement amoureuse, chose qu’elle se reproche souvent… et qui la fait toujours souffrir. Pourtant, c’est bien une chose dans sa vie privée qu’elle ne peut absolument pas contrôler. Rares sont ceux qui s’intéresse à la fille la plus bizarre du District 12. Et elle le sait.
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Histoire

Ah, le District 12… Oh combien malchanceux sont ceux qui naissent  dans cette région. L’un des Districts les moins riches, les moins forts. Les gagnants des Jeux venants du 12 sont Oh combien rare. Cette saleté de poussière de charbon présente partout.
C’est dans ce bordel qu’est née Alyss Wolfeye. Moi. Une fille de la Veine. Se démarquant des autres par ma chevelure bouclée, alors que tout le monde les a raides. La seule chose qui pourrait me rattacher  aux gens de la Veine ce sont mes yeux gris. Pourtant, peu y font attention. Pour beaucoup de jeunes de mon âge, je suis La Corneille. Une ombre indésirable. Ce surnom m’a été donné par hasard, alors que j’émiettais un vieux pain immangeable à ces oiseaux affamés. Ça plaisait aux plus populaires, de pouvoir dénigrer quelqu’un. D’habitude, n’importe qui, même les plus populaires, étaient rabaissés et tués en premier rendus dans l’arène par les carrières. Alors… Il fallait bien rehausser son orgueil en piétinant celui de quelqu’un d’autre, pour une fois. Je ne leur en veux pas. Du moins, plus. J’ai appris à apprécier ce prénom qui me colle aux baskets comme une deuxième peau. La Corneille. Un oiseau qui se démarque des autres. Un oiseau… libre. Noir comme le charbon de mon District.
Et puis, je ne leur en veux pas parce que ça arrive à tout le monde d’avoir envie de se sentir supérieur. Pour une fois. Et dans le monde de fou que l’on vit, à quoi bon se tracasser pour des conneries futiles comme ça alors qu’il y a des problèmes bien plus graves ?... Comme la fabuleuse idée du Capitole de créer les Hunger Games. Et de laisser, chaque année, s’entretuer 24 gamins pour leur bon plaisir. Parce que c’est amusant jouer avec la mort. C’est amusant entendre les cris plaintifs des fillettes de 12 ans  supplier un carrière de ne pas la tuer. Selon eux, les pt’it gosses de riches.
Bien sûr, cette réflexion ne sortira jamais de ma bouche. Je passerais sans doute au fouet. Et je ne peux me le permettre, pour mes sœurs. Et ma mère.
Et voilà. Je suis née dans le district douze. Dans un monde de malades aux perruques parfumées et au vert à lèvres monstrueux.
À l’âge de 11 ans, je me tracassais encore, je me rongeais les ongles jusqu’au sang dans l’attente de l’âge fatal. L’âge où je serais admissible pour les Hunger Games. À cette époque, mon père était encore en vie. Depuis mon tendre âge de 9 ans que l’on faisait notre petite activité illégale. Comme les coupures d’électricité étaient courantes, on pouvait passer le grillage sans problème. On y allait souvent, mais comme mon père m’avait strictement défendu de toucher aux animaux ou aux plantes - ce qui serait bien trop dangereux, le braconnage est passible de mort – nous nous y rendions pour m’entraîner.  M’entraîner pour le jour où je devrais peut-être me rendre dans l’arène. J’avais eu peur, et je pensais qu’il était devenu fou lorsqu’il m’avait expliqué en quoi consistait l’entraînement, et ce que ça impliquait. Le premier jour, je n’avais pas voulu y aller. C’était défendu. C’était dangereux. Mais après un sermon aussi brutal que sincère, je finis par accepter. Et je m’y rendis.
Il avait au préalable fabriqué de petites armes rudimentaires en bois. Une rapière, une épée longue, une lance, une dague, un arc de fortune, et une arbalète qui lui appartenait depuis son enfance. Il m’a demandé de choisir. Avec toute l’innocence dont un enfant de 9 ans est doté, j’ai choisi l’arme la mieux taillée. La plus belle. C'est-à-dire, l’arbalète. Choix que je regrettais aussitôt en lui envoyant par mégarde un dard dans le pied. Il confisqua l’arbalète, me demanda d’en choisir une autre le jour suivant. Je lui ai demandé pourquoi c’était si important. Laquelle était la meilleure. Et il m’a dit qu’il n’y avait pas de meilleure; tout dépendait de la façon auquel j’étais la plus habile pour tuer. Ce fut le jour où la vérité m’apparut au grand jour. Il fallait que je m’entraîne pour tuer. Tuer des gens.
J’ai fini par choisir la rapière après plusieurs essais infructueux. J’étais maladroite et gauche avec toutes. Sauf la rapière. C’est là que commença tout.
Avec la pratique, je devins plutôt habile. Du moins, je le croyais. Ce n’était qu’un bout de bois taillé. Peut-être qu’avec une vraie, tout serais différent. Mais pour l’instant ça me rassurait un brin d’avoir au moins cet atout pour survivre si mon nom venait à être pigé.
Et puis, il y a eu les jours de famine. Plus rien à manger. Disette dans le district. Les gens mourraient par dizaine. C’est ce qui a décidé ma mère à exercer ses talents pour les tisanes. Ça ne remplissait pas le ventre, mais au moins ça soulageait la douleur d’un estomac vide. Et pour ça, elle avait besoin de feuilles de frivère, ce mince arbuste qui poussait plus loin dans la forêt. Et mon père y allait. Et en ramassait. Même les Pacificateurs ne disaient mot sur le goût reconnaissable de la frivère dans la tisane. Il se contentait de nous regarder d’un œil suspicieux et de boire. Il n’avaient jamais vu mon père en rapporter, alors ils ne pouvaient rien dire. Mais vint le jour où, imprudent, mon père revint de jour avec les feuilles. Un Pacificateur l’avait vu. Il se fit exécuter sur la place publique. J’avais maintenant dix ans, à ce moment là. Une horrible mort; Les Pacificateurs lui ont brisé le dos à coup de bâtons. Notre famille a eu droit à des adieux très brefs avant la sentence. Il me souffla à l’oreille, tout en m’étreignant, la voix dure comme de la pierre ;
« Ne pleure pas. Tu es forte, je lai toujours su. Je savais que ça allait me retomber dessus à un moment ou un autre. Tu va prendre des tesserae chaque année, pour tes sœurs et ta mère. Je sais que tu en es capable. C’est toi qui a le plus de chances de survivre dans l’arène si tu es pigée. Les autres sont trop fragiles. Et continue d’aller chercher des herbes pour ta mère, elle en a besoin. Et ne fait pas la même erreur que moi. »
Même pas un au revoir, un « je t’aime », et il était déjà parti. Nous étions forcés d’assister à sa mort. Je n’ai pas pu retenir mes larmes. Je lui en ai voulu longtemps, même si je faisais ce qu’il m’avait dit de faire, malgré les protestations désespérées de ma mère. Mais j’ai appris à me faire une carapace pour me protéger. Je ne pleure plus. Je fais de mon mieux pour aider tout le monde, et je continue à vendre les tisanes de ma mère à la Plaque. Lorsque je vais en forêt, je ne m’éloigne pas trop. Je déteste la forêt. Elle a coûté la vie à mon paternel. Je continue d’espérer que quelqu’un finira par comprendre. Que je n’inspirerais pas que du dégoût aux garçons de mon âge. Secrètement, parce que trop espérer serait me mutiler moi-même.
La Corneille continue de voler. Seule, mais forte.