J e descend tranquillement la pente qui m'éloigne de la Corne et du massacre qui s'y effectue. Et je prie pour qu'on ne me rattrape pas pour me faire subir le même sort. Je songe à ce que j'ai entraperçu sans vraiment avoir vu les détails. Je me demande si Aaron va bien.
Je remarque assez vite que deux montagnes sont collées et qu'il y a un deuxième trou, bien que moins profond et je décide d'y aller après avoir vu, au loin, une chevelure blonde qui me rappelle Maman. Je suis trop fatiguée pour courir mais j'accélère un peu le pas. Je vais en avoir pour quelques heures de marche. Je suis à la poursuite de ces cheveux blonds, je suis sûre que ce sont ceux de Maman. Ça ne peut être qu'elle, non ? Je savais bien que je n'étais pas seule ici, dans ce monde si pur et si blanc. Que j'ai été bête de croire qu'on s'était débarrassée de moi dans un monde si beau et pourtant si hostile. Maman ne m'aurait jamais abandonnée. Elle ne m'avait jamais laissée tomber. Comment ai-je pu douter un instant d'elle. Et elle me montrait cet itinéraire-là, je devais le suivre. Je suis certaine que ça me mènera à un endroit sûr. Peut-être un endroit où je pourrais dormir un peu. N'ayant pas beaucoup dormi la veille et bien éreintée par ma course folle ainsi que l'escalade, j'avoue avoir envie de me reposer.
Au bout d'un certain temps, je ne saurais dire combien exactement, peut-être une bonne heure, je parviens enfin à mon but et remarque la nette différence entre la neige et la glace. Un lac gelé. Et je me dirige vers ma mère. Sans aucune retenue ni crainte.