Si vous demandez à quelqu'un du district qui est Aaron Syras, il vous répondra automatiquement "Qui c'est que c't'oiseau là ?". Le fait est qu'Aaron est un garçon très timide, timide et seul. Ces années de solitude ont forgé la majeure partie de son caractère. Sa timidité, il l'a doit à sa mère, qui n'a jamais osée approcher un garçon de sa vie, c'est son père qui est venu vers elle, alors qu'elle était rejetée, tout comme lui, des autres enfants. La vie au district est loin d'être un sanctuaire paisible pour ses habitants, même les pacificateurs mutés dans cette zone ont peine à s'y aventurer. Pas étonnant, on y trouve toute la misère et la famine du coin. Au douze, on n'est pas bien gras, jamais Aaron n'a vu d'obèse dans sa vie, à part l'affreux rouquin qui leur servait de chef des pacificateurs. Lui et son oncle n'avaient pas grand mal à survivre, étant donné qu'ils n'étaient que deux, mais pour la famille de la jeune Rose, c'était une autre histoire. Ses yeux noir semblaient refléter toute la détresse des habitants affamés, cherchant de quoi se mettre sous le dent le premier morceau de pain qui traînait quelque part. Quand à ses cheveux, ils semblaient être plus optimistes que ses yeux, ils avaient une douce couleur châtain clair qui adoucissait les traits fatigués de son visage. Il les avaient hérité de son père, d'après les dires de son oncle. Si il n'était pas bien gros, il se lança alors un objectif, si il ne pouvait être bien nourri, il compenserait par du muscle. C'est alors qu'il s’entraîna, quand il pouvait et quand il en avait la force physique comme mentale à soulever les pierres lourdes qui bordaient le grillage du district douze. S'il était désigné comme tribut, il fallait valoir quelque chose quand même. Même si la crainte de se faire aplatir dès les premières minutes était présente , Aaron imaginait quelque fois, son oncle le voir sortir vainqueur des Jeux, couvert d'or et d'honneur, les visages des familles des défunts le traquant sans relâche, jusqu'à ce que vengeance soit accomplie. Aurait-il la force d'endurer cela, rien que ces pensées le faisait frémir d'horreur face aux Jeux de la Faim, alors imaginez le reste.

Aaron fut donc élevé par son oncle, seul membre encore vivant de sa petite famille. Ce dernier n'avait jamais eu d'enfant ni de femme, cela pouvait très certainement s'expliquer par sa laideur et son caractère de cochon, mais aussi au fait qu'il ne voulait jamais subir de souffrance, il assimilait l'amour dans les district à une souffrance directe. De plus, il ne voulait pas avoir d'autres bouches à nourrir que lui même. C'est donc au dépourvu, et à contre-coeur qu'il accepta la charge d'élever son neveu. Il fallut donc qu'il mette fin à sa carrière de solitaire endurci et qu'il affronte la réalité du monde dans les yeux. Il n'a jamais été très sociable avec Aaron, ni même avec personne d'ailleurs, même avec sa soeur il ne pouvait entretenir une relation sereine. Mais que voulez-vous ? On ne se refait pas, surtout lui. Se complaisant donc dans sa vie d’ermite, il transmettait une partie de son caractère à l'enfant qu'il élevait, sans le savoir. Même si ce dernier reprenait majoritairement les critères de ses parents, il avait accepté quelques caractères de son oncle. La vie était donc faite ainsi, et le bambin devint vite, trop vite pour son oncle, un jeune garçon. Il était venu le temps pour lui d'étudier. L'école, au douze, était tout ce qu'il y a de plus banal. Voir sa maîtresse leur apprendre l'histoire, l'américain, les mathématiques et toutes les autres matières pour ensuite l'apercevoir dans une ruelle en train de mendier le soir, c'était devenu une habitude. Il avait fait la connaissance d'une de ses camarades de classe qui portait le prénom de Rose. Il trouvait ce nom bien jolie, et à chaque fois qu'il la voyait, il ne pouvait s'empêcher d'apercevoir la fleure qu'il avait étudier dans un bouquin de sa mère. Mais cette "amitié" était bien le seul lien qu'il entretenait avec les autres enfants. On le connaissait sous le surnom de "Fils de voleur", en rapport avec le vol que commit son père, peu avant qu'il naisse. "Ce qui est fait et fait, et si tu les laisse dire, t'es comme ton père, une mauviette" grognait son oncle le soir, quand Aaron lui racontait ses journées d'école. Il voulait ne plus se laisser faire, mais finalement, il commençait, petit à petit, à oublier ces réflexions des autres enfants, car comme tout le monde le dit, ce ne sont que des enfants. Il vécu une enfance des plus simple, pour le district douze, ce qui ne manqua pas de le préparer aux possibles Jeux de la Faim.