Violette se tenait là assise au milieu des bois, roulant son tabac précautionneusement. Elle veillait bien à ne rien renverser pour éviter de gâcher. En effet dans le district 7 on pouvait se procurer du tabac mais cela restait un produit excessivement cher et même si Violette n’avait plus trop de problème d’argent depuis sa victoire dans l’arène elle avait gardé cette répugnance de gâcher les choses chers.
En effet la jeune femme était la fille d’humbles bûcherons. A la naissance de la demoiselle ils n’avaient même pas eu assez d’argent pour s’occuper d’un deuxième enfant, en désespoir de cause ils décidèrent de la donner à la sœur de la mère de Violette une femme stérile et solitaire qui était le médecin du district. En repensant à cet abandon Violette laissa échapper un long soupir et même si elle les avait pardonné dans son cœur il y avait toujours cette amertume envers eux qui sans doute, jamais ne s’effacerait complètement. En repensant à ses parents , la jeune femme repassa dans sa tête le bilan de son enfance : une enfant non désirée, élevée par une femme placide et peu bavarde vivant éloignée de l’agglomération du district 7 dans une petite chaumière en bordure de forêt dans les montagnes.
Oh elle n’avait pas à se plaindre, elle avait toujours été en bonne santé enfant, elle ne mourrai pas de faim comme d’autres et même si elle n’avait jamais été à l’école sa tante lui avait appris bien plus. Encore aujourd’hui elle se demande si elle aurait survécu dans l’arène sans savoir ce que lui avait appris cette mère de substitution.
Les yeux des Violette observaient calmement le bleu du ciel, ce bleu l’apaisait. Elle s’allongea par terre dans la clairière tout en tirant une première bouffée de sa cigarette elle observait ce ciel sans nuage. Les rayons du soleil l’atteignaient en fin rayons au travers des branches. Elle était bien dans cette position. C’est dans cette position que les Jeux pour elle s’était achevé, elle se souvient encore des images à la télé qu’elle avait vu après sa victoire. Le sang et la neige étroitement entremêlé et cette enfant au sourire paisible regardant le ciel. La neige si pur tâché du sang de cette enfant qui en avait tué tant d’autres pour survivre. La dernière action que fit cette enfant fut de lever la main vers le ciel, attendant cette montée salvatrice dans ce beau ciel bleu ou la vie serait plus belle. Mais la corde qui l’y aurait mené n’était jamais arrivée jusqu’à ses mains et l’Hovercraft la ramena aux mains des médecins du Capitole. A 13 ans Violette avait été depuis les début des Jeux l’une des plus jeunes gagnantes. Mais sans son frère elle savait bien que ce n’aurait jamais été possible. Eh oui même s’il n’avait pas été élevé sous le même toit ils s’étaient battus côte à côte dans l’arène comme deux lions prêts à tout pour sauver leurs vies. Ce fut quand il n’était plus que trois qu’il se fit tuer par un carrière du district 2. Après un long combat qui dura plusieurs heures Violette parvint à le tuer même si son frère l’avait déjà beaucoup affaibli avant de mourir. Les Jeux…en y repensant un léger frisson parcouru l’échine de la jeune femme et elle manqua de s’étouffer avec la fumée qui venait d’emplir ses poumons. Elle se rappelait de chaque minute passée dans l’arène très précisément, des images qu’elle avait depuis un moment chassé étaient revenues à l’assaut. Depuis 7 ans son unique désir avait été d’oublier et à chaque évocation direct ou indirect repenser à ces souvenirs douloureux lui faisait aussi mal qu’une blessure à vif.
Violette se redressa et termina sa cigarette. La clairière dans laquelle elle se trouvait était silencieuse, le chant des oiseaux était lointain et aucune rivière ne coulait aux alentours. Elle savait parfaitement ou elle se trouvait et pourtant cette endroit lui était étranger, depuis un moment elle avait le sentiment de ne plus avoir sa place nulle part. En effet le jeune femme ne servait à rien : elle ne travaillait pas pour gagner sa vie et n’essayait en aucun cas d’améliorer le côté sociale de sa personne. Son unique utilité venait au moment de la moisson lorsque des adolescents étaient envoyés à la mort. Bien sûre au début elle avait donné tout son possible pour que ses tributs survivent mais rapidement elle s’était vite rendu compte que dans l’arène tout n’était qu’une question de chance. Après avoir réaliser ça, la jeune femme était devenue amer et même si elle faisait plutôt bien son travaille de mentor, elle restait très distante avec les tributs. Alors que le soleil se couchait au loin la jeune femme se leva et se mit en route pour rentrer chez elle.