Assise sur un fauteuil en cuir de couleur noir la jeune femme regarde autour d’elle.
Un coup d’œil à droite, un coup d’œil à gauche.
Elle se lève et se dirige vers son armoire. Un froufroutement de tissus se fait entendre et un sourire se dessine sur le visage enfantin de la jeune femme, mais bien vite elle reprend un air songeur.
L’air songeur du « Je n’ai rien à me mettre ! D: »

Revenons un peu à cette armoire : Longue de 3 mètres (environs), profonde de 75 cm ( à peu près) et haute de 2 mètre, elle fait partie de ce que l’on peut qualifier de grande penderie (pour un studio de 35 mètre carré...). Située dans le coin gauche de la chambre (enfin... Du coin chambre :: ) (en face des étagères de peluches) elle est pourvue d’un grand miroir où la jeune femme peut s’observer à tout moment (si la porte de la penderie est ouverte...). A l’intérieur de l’armoire l’on peut trouver de tout... « Tout » allant des robes à froufrous (rares), jusqu’au jogging le plus informe (espèce développée).

Passant ses mains au dessus de ses vêtements (nombreux), elle choisi finalement une tenue simple et confortable : Jean, sweat, converses.
Elle enfile ses vêtements et se tourne vers la glace.

Le miroir qui est situé sur la porte gauche de l’armoire cité ci-dessus renvoie l’image d’une jeune femme rousse au regard vert faisant la moue. A l’évidence la tenue choisie ne lui plait pas...

Se débarrassant de son sweat et de son jean, elle récupère une jupe et petit pull col « V » qu’elle décide d’assortir avec une paire de collant chair laissant voir le tatouage en forme de croix qu’elle porte sur sa cuisse droite.
Satisfaite, elle met un peu d’ordre dans ses cheveux, met du rouge sur ses lèvres, un peu de couleur sur ses paupières.
Pose un bandeau dans sa chevelure pour parfaire sa coiffure... Puis l’enlève.
Troque ses lunettes contre des lentilles puis remet ses lunettes... Et rechange pour ses lentilles.
Avise ses chaussures, recule un peu, se prend la porte droite de l’armoire en voulant se voir en entier, renonce, vire les converses, récupère ses ballerines, vire les ballerines, met des chaussures à talons, vire les talons, met ses Doc martens, vire les Doc, remet les converses.

Une fois sa tenue choisie la jeune femme se dirige vers son bureau et récupère son curriculum vitae.
Arrêtons-nous un instant sur celui-ci...

Nom : Whitaker
Prénoms : Willow Rhéa
Age : 23 ans
Date de naissance : 7 décembre

Etudes : Etudes de stylisme
Travaux effectués : Travaux d’intérêt général, vendeuse dans une boutique de vêtements
Qualitées/compétences : Tête de mule, sait se faire entendre, A l’écoute des autres, joyeuse, rêveuse, bonne couturière, sens de l’ordre et de la propretée,
Défauts : Tête de mule, exécrable le matin, indécise, asociable....

Vous l’aurez donc compris Willow est quelque peu compliqué à comprendre. Cependant de bonne volonté... On peut imaginer qu’elle réussira un jour à faire quelque chose de sa vie... Comment ça « Oupas » ?

« Les parents ça ne pleure pas. » C’est ce que je m’étais toujours dit et jusqu’à ce jour cela s’était toujours vérifié.

Ce jour là j’ai descendu les escaliers quatre à quatre. Dans la cuisine, personne. Dans le salon, personne. Dans la salle de bain, IDEM.
Intriguée je suis remontée à l’étage. Ashton dormait. Camille aussi. Personne dans la chambre des parents. L’angoisse montait, sourde. J’ai réveillé Ashton qui ronflait.

« Mmmmmmmmmmmmmh... ? »

« Ashton, réveille-toi. Papa et Maman sont pas là. »

« Et alors?? C’pas une raison pour me réveiller. »

« Ashton... »

« Quoiiiiiiiiiiiiiiiiiii ? »

« J’ai peur »

« Tu fais chi** » m’avait-il dit en ouvrant ses couvertures pour que je me blottisse contre lui.

J’étais monté dans le lit de mon grand-frère et il m’avait entourée de ses bras puis s’était rendormi. Je respirais son odeur en tentant de me persuader que la peur qui me tenaillait les entrailles n’était pas fondée.

_________________________________________________
__________________________________

Réveil un peu brusque. Je suis tombée sur le parquet.

« Aïe... »

« Chut. Tais-toi, Willow. »

En bas il ya des cris. J’entends les voix de mes parents qui s’hurlent des ignominies à la figure. Je me relève et ouvre la porte de la chambre d’Ashton mais il me retient par le bras.

« Reste là. »

Sa voix et ferme et autoritaire. Je reste là.
En bas les voix se taisent, doucement... Puis le silence. Un silence lourd et pesant.
Contre l’ordre de mon frère je me lève et me dirige vers le rez-de-chaussée. Devant la porte d’entrée mon père se tient les paupières. Des gouttes d’eau tombent sur le parquet. J’ai d’abord l’impression qu’il y a une fuite dans la maison et je lève les yeux. Mais il n’y a rien qui tombe pourtant j’entends toujours un « ploc ploc » irrégulier. Je m’approche de papa et vois de l’eau couler sur son visage. Il baisse des yeux humides sur moi et se baisse pour me prendre dans ses bras.

« Maman ne reviendra pas. »

Pour trouver le bonheur,
Il faut risquer le malheur.
Si vous voulez être heureux,
il ne faut pas chercher à fuir
le malheur à tout prix.
Il faut plutôt chercher comment –
Et grâce à qui – l’on pourra
le surmonter.

Après l’annonce de mon père on est tous resté comme deux ronds de flan. Camille avait 3 ans alors il comprenait pas vraiment mais Ashton et moi du haut de nos 14 et 11 ans respectifs on était assez grands pour savoir ce que ça impliquait. Maman nous avait abandonné.
Nous qui avions toujours vécu en présence de nos deux parents nous nous retrouvions avec notre père, lui et seulement lui. D’ailleurs il aurait très bien pu se retrouver quelqu’un mais il disait que retrouver quelqu’un de mieux qu’Haivy, notre mère, c’était pas possible. Pourtant elle l’avait abandonnée, elle nous avait abandonnée. Trouver mieux qu’elle ça devait pourtant pas être si compliqué ?
Mon père a commencé à avoir une vie sexuelle assez débridée. Ce qui explique peut-être ma situation actuelle d’ailleurs.
C’est Ashton qui s’occupait de nous après les cours, papa étant rarement là... Plutôt chez ses maîtresses qu’à son boulot.
Ashton nous disait qu’il serait toujours là pour nous quoi que ça puisse impliquer.
A 13 ans j’ai commencé à faire des conneries parce que j’en avais besoin. C’était libérateur. Taguer les murs du capitole, revenir chez moi avec les genoux et les coudes bousillés, détruire ou plutôt transformer les décorations d’une voisine éloignée. Ca me soulageait de pouvoir faire ce que je voulais du moins j’en avais l’impression. Hope était ma camarade de conneries, ma meilleure amie. Elle savait tout sur moi et je savais tout sur elle.
A 15 je me suis fait choper en train de « dégrader » les murs de la ville.

_______________________________________________
________________________

« Lâchez cette bombe de peinture, mademoiselle ! »

Je me retournais prestement. La lumière des phares m’aveuglait, je regardais à gauche puis à droite en essayant de trouver un échappatoire. Pour une fois Hope n’était pas avec moi. Elle avait bien fait de rester chez elle... C’était la première fois que je me faisais prendre et je me jurais que ce serait aussi la dernière. Ou du moins je l’espérais. Balançant ma bombe de peinture en direction des flics je partais en courant vers la gauche et mon sac en bandoulière tapant contre ma cuisse à chaque pas. Les deux policiers de patrouille étaient sortis de leur voiture et avait commencé à me courser. J’accélérais.
Un coup de coude dans le dos me fit tomber à terre et je sentis un poids me coller au sol.

« Mademoiselle vous êtes en état d’arrestation pour dégradation de la voie publique. Vous avez le droit de... Bla, bla, bla... »

Je me retrouvais dans une cellule en compagnie de deux femmes. L’une tatouée de partout paraissait gentille et tenait en respect l’autre qui ressemblait à une tueuse. La tatoué m’avait prise sous son aile le temps que l’un de mes parents vienne me chercher. A ma grande surprise ce fût ma mère qui vint...

« Veuillez m’excuser... Elle n’a pas encore 16 ans vous ne pouvez rien lui faire. Et je suppose que ça ne sera pas écrit sur son casier ? »

« Vous vous trompez lourdement, Madame. Mais je suis prêt à faire une gentillesse si Willow accepte de faire des travaux d’intérêt général.... »

« Alors là certainement p... » avais-je commencé avant que ma mère me mette une main devant la bouche.

« Elle le fera. Je vous le garantis, répondit-elle le plus calmement possible en adressant un clin d’œil au policier. »

Nous étions sorties du commissariat quelques minutes plus tard, non sans que j’ai récupéré l’adresse d’un tatoueur via ma protectrice auparavant, chose que ma mère ne sut jamais...

« Pourquoi Willow ? Qu’avons nous fait pour ça ? Soupira ma mère »

« Pardon ? »

« Nous t’avons donné une éducati... »

« UNE EDUCATION ?! Explosais-je. MAIS QUELLE EDUCATION ? C’EST ASHTON QUI A TOUT FAIT ! VOUS VOUS N’ETIEZ PAS LA ! ET TOI TU ES ENCORE PIRE QUE PAPA ! »

Je m’enfuyais sur ces entrefaites.

________________________________________________
_________________________

Je n’ai plus revu ma mère après cette altercation.
A 16 ans je me faisais tatouer pour la première fois. Je couchais avec un garçon pour la première fois aussi d’ailleurs. Mon frère, Ashton, lui avait refait le portrait lorsqu’il l’avait su.
C’est à cette époque que je commençais à avoir une vie débridée comme celle de mon père. Je ne tenais à aucun des garçon avec qui je sortais. Après l’épisode du tabassage j’arrêtais mes relations avec un garçon dès le moment où il me demandait de coucher.
A 18 ans j’entamais des études de stylisme et recommençais à avoir une vie sexuelle.
J’arrive alors à aujourd’hui...

Mon nom est Willow, je suis une styliste à la vie sentimentale... Sans vie sentimentale. Je n’aime pas m’attacher. Dans une relation j'aime que la vaisselle valdingue. Il me faut ça pour être rassurée. Peut être un jour rencontrerais-je quelqu’un qui me donnera l’envie de m'attacher, qui me donnera l'envie de garder ma vaisselle intacte mais pour l’instant je n’ai pas trouvé et à vrai dire refaire mon service de vaisselle est un passe temps assez amusant . Bref. J’ai 23 ans et des patates. J’ai deux frères. Ashton, 26 ans, lui je l’adore c’est mon grand frère sur protecteur. Je peux faire n’importe quoi il sera toujours là pour me tirer d’affaire. Et Camille, 16 ans. Mon petit frère personne le touche (sinon j’vous bouffe.). On est deux à le protéger, Ashton et moi. C’est la tête de la famille. J’aime à penser que plus tard il sera un homme politique respecté et respectable. Bref c’est mon chouchou d’amour. Sinon j’ai aussi une mère, Haivy, que je n’ai pas vu depuis 8 ans. A chaque anniversaire je reçois une carte postale de l’endroit du monde où elle se trouve avec, si elle y pense, un petit chèque. Et puis j’ai un père, Anton, qui m’a légué : ses yeux, ses cheveux et sa vie pourrie.
Je crois que j’ai tout dit... Alors j’vous laisse. Libre à vous de m’apprécier telle que je suis... Ou pas.