Physique - Caractère

Il ne faut jamais se fier aux apparences… Cette phrase me sied à merveille. S’il y a bien une chose à savoir sur moi, c’est que mon physique est le parfait opposé de mon caractère. C’est ce qui fait mon charme, ma particularité. Au Capitole, comme dans le district Deux, on me définit souvent comme une jolie fleur à l’aspect fragile et délicat, mais qui est en réalité couverte d’épines et mortellement vénéneuse. Une vraie diablesse, à la gueule d’ange.

Les gens disent de moi que je suis une charmante jeune femme, belle et attirante, au regard et sourire malicieux. Je me suis toujours servie de mon physique avantageux pour arriver à mes fins. Dans l’arène, ce fut un excellent atout pour tromper les autres tributs. Ils ont cru être face à une jeune fille douce et fragile, alors que sommeillait en moi un monstre sanguinaire, cruel et malsain, capable du pire. Et le pire, j’ai su le montrer durant mes jeux. J’ai assuré en offrant un spectacle des plus macabres au Capitole. J’ai pris un énorme plaisir à leur glacer le sang, à leur montrer de quoi j’étais capable. J’étais dans mon élément.

Mais revenons à mon physique. J’ai une silhouette très fine, un corps mince et svelte, avec de belles formes généreuses là où il faut. Moyennement grande, je fais environ 1m70, je possède de longues et belles jambes fines. Malgré mon aspect plutôt frêle, j’ai de la force, ainsi qu’une très grande souplesse et agilité, dû à des années d’entrainement acharnées que m’ont imposées mes parents adoptifs. Mon visage est doux, aux traits fins et harmonieux. Il est encadré par une longue et épaisse chevelure brune, avec quelques reflets roux lorsque les rayons du soleil l’inonde entièrement. Tantôt lisse, tantôt légèrement ondulée selon le temps, elle contraste avec mon teint très pâle, pour ne pas dire blafard. Mes yeux, espiègles et toujours pétillants de malice, sont grands, en amandes, aux iris ambrés, voir parfois dorés au soleil, et ornés de longs cils noirs. Mes sourcils, quant à eux, sont fins et bien dessinés, légèrement arqués. Pour finir, j’ai de belles lèvres sensuelles, pleines et pulpeuses, irrésistibles aux yeux de la plupart de mes clients au Capitole.
Petite particularité, une longue cicatrice traverse mon dos, partant de mes omoplates jusqu’au creux de mes reins. Un sinistre souvenir de l’arène…

Comme je l’ai déjà signalé, mon caractère est tout le contraire de mon physique. Si je suis très belle à l’extérieur, il en est autre chose à l’intérieur. Mon âme a toujours été sombre et noire, depuis ma plus tendre enfance. La vie ne m’a jamais fait de cadeaux. Et ce n’est pas plus mal. Cela m’a permis de m’endurcir, de me forger une carapace contre le monde extérieur, d’être plus forte. Et par voie de conséquence, c’est une des raisons qui m’ont permises de gagner les Jeux. Ces Jeux qui m’ont finalement souillée et détruite, qui m’ont rendue encore plus perverse et malsaine que je ne l’étais déjà, qui ont définitivement altéré mon âme. Sans parler du sort que m’a réservé le Capitole à la sortie de l’arène, et qui n’a rien arrangé. Au départ je voyais le Capitole comme un immense bienfaiteur pour les districts. Celui qui veillait à notre sécurité, qui nous aimait et protégeait, malgré la forte oppression qu’il exerce sur nous. Et je pensais que gagner les Jeux me permettrait justement d’obtenir un peu plus de liberté, d’être moins sous son emprise. J’étais décidément bien trop naïve. Gagner les Hunger Games signifie devenir le jouet du Capitole. À partir du moment où l’on sort victorieux de l’arène, notre vie entière lui appartient. Avec le recul, je me dis que j’aurai finalement préféré mourir dans ces Jeux. Il est préférable d’être mort, que d’avoir une vie d’esclave. Et ça je l’ai malheureusement compris trop tard…

Mais bref, étant élevée pour tuer, mon goût pour le sang s’est accentué au fil des années. Les gens vous diront que je suis sadique, cruelle, sanguinaire, malsaine, sans pitié… et bien ils ont parfaitement raison. J’aime faire souffrir mes victimes, les dominer complètement, jouer avec, comme un chat jouant avec une sourie, avant de les tuer et de voir enfin la lumière s’éteindre dans leurs yeux. Vous pensez sans doute que je suis folle, une véritable psychopathe… Mais ce n’est pas de ma faute. J’ai été élevée pour ça. Dressée même ! J’ai été dressée pour tuer et on m’a appris à aimer ça, à aimer le sang. Ce n’est pas moi qui suis cinglée, c’est le monde dans lequel je vis qui l’est. C’est le Capitole, ainsi que mon père adoptif, qui ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui… une machine à tuer assoiffée de sang.
Voyez, je ne suis pas aussi pure et innocente que mon apparence laisse à présager…  

À côté de ça, je suis extrêmement charmeuse et enjôleuse. J’ai un charme naturel, provocant. Lorsque je vais à la capitale, je me dois de porter régulièrement des tenues courtes, provocantes. Mes clients au Capitole me disent sexy et délicieusement belle. Venant d’eux ça me dégoûte. Leurs regards insistants sur moi, leurs sourires carnassiers, me donnent envie de vomir. Ils me rappellent la situation dans laquelle je suis, le rôle que je suis forcée de jouer, la place que je suis obligée d’occuper. Celle de courtisane du Capitole.
Malgré tout je suis une fille courageuse, voir téméraire. Egalement arrogante et sûre de moi. Je veille à cacher mes sentiments aux yeux des autres, à ne pas laisser paraître mes émotions, comme la peur. Car dans ce monde difficile, si vous montrez le moindre signe de faiblesse, vous vous ferez bouffer par les autres. J’ai donc appris à toujours afficher une expression neutre, froide, voir indifférente sur mon visage. Seulement mon côté espiègle et malicieux n’échappe à personne. Il se déchiffre souvent dans mon regard pétillant, où brille une éternelle lueur de malice et d’intelligence. Ou encore dans mon sourire en coin, seule partie chez moi qui prouve que je reste encore une enfant, à qui on a dérobé la vie et la liberté beaucoup trop tôt, beaucoup trop vite…

Histoire

Vous voulez que je vous raconte mon histoire ? Je vous mets en garde, elle est tout sauf joyeuse !

Pour commencer, je suis née au district Deux, de parents inconnus, puis recueillie par le chef des Pacificateurs du district et sa femme. Ces derniers m’ont élevée à la dure, sans aucune once d’amour. Mon père adoptif avait pour objectif de faire de moi une future Pacificatrice. Et c’est ainsi que dès l’âge de sept ans, j’ai commencé à apprendre le maniement des armes et le combat au corps à corps.
Je me souviendrai toujours de la première fois où mon « père » m’a mis une dague argentée et mortellement aiguisée dans les mains…




« Il est temps que tu apprennes comment infliger la souffrance et la mort. Tu vas enfin pouvoir servir à quelque chose. »

Je lève les yeux vers lui. Son regard et dur, méprisant. Je suis terrifiée. Je ne veux faire du mal à personne. Je refuse de devenir comme cet homme, de faire partie de ces Pacificateurs, tant craints et haïs par la population des districts. J’ai déjà vu ce dont ils sont capables. Du haut de mes huit ans, je sais déjà ce qu’ils sont… C’est donc avec audace, que je secoue la tête, refusant de lui obéir. Son visage s’empourpre, ses yeux me fusillent, ses sourcils se froncent. Je déglutis avec difficulté, car je sais parfaitement ce qu’il va me faire. Il lève la main et m’assène une violente gifle, qui me projette littéralement contre le mur. Par la suite, il m’inflige 15 coups de fouet, pour avoir osé lui tenir tête.

Ce jour là, il avait bien failli me tuer. Je n’avais pas le choix. J’ai accepté de subir un entrainement intensif, qui m’a peu à peu transformée et fait de moi une gamine sombre, froide et malsaine.


Un an plus tard, une petite sœur est née. Immédiatement, lorsque j’ai posé mon regard sur elle et que j’ai vu ses immenses yeux m’observer avec tendresse et le sourire qu’elle m’adressait, je suis tombée sous le charme. Je lui ai fait la promesse que je serai toujours là pour elle. C’était la première fois que quelqu’un me souriait comme ça. Je l’ai aimé dès cet instant, jurant de la protéger et de tout faire pour préserver cette innocence, cette pureté qui émanait d’elle. Tout ce que moi j’avais perdu à cause de son géniteur. « Il ne la changera pas, il ne fera jamais d’elle un monstre sanguinaire ! » Voilà ce que je mettais promis.

Puis les Jours Sombres sont arrivés. La guerre entre les districts et le Capitole a éclaté. Ce dernier nous a vaincus et pour nous punir de ce soulèvement, a détruit le district Treize, déclencheur de cette rébellion, puis nous a imposé les Hunger Games. C’est là que mon destin a changé. Mon père a eu d’autres projets pour moi. Il a continué à m’entraîner illégalement, mais cette fois-ci dans l’unique but de m’envoyer dans ces Jeux de la faim. Il ne voulait dorénavant plus qu’une seule chose : Une vainqueur dans sa famille.
Mes entrainements sont devenus de plus en plus violents, ses méthodes de plus en plus cruelles. Par exemple, une fois tous les trois mois, il me réveillait en plein milieu de la nuit, me traînait dans une trappe qu’il avait confectionnée à quelques mètres de notre maison, et m’y embarrait pour deux ou trois jours. Pour m’apprendre à vaincre mes peurs et à toujours économiser mon énergie, disait-il. Pour ne pas craindre la faim, la soif, ni l’obscurité. Pour être invincible.

« Je fais ça pour ton bien, Shade, me murmurait-il toujours en enclenchant le cadenas sur la porte de la trappe. Tout ça c’est pour ton bien. »  

Je frissonnais à l’idée que ma sœur se retrouve emprisonnée dans la trappe ainsi, des jours durant, grelottant de froid, criant à l’aide, suppliant de la laisser sortir.
J’ai donc accepté tout ça. J’ai accepté l’idée de devenir un jour une tribut. Pour la protéger. Elle est tout pour moi. Mon petit soleil, la seule qui me fait réellement sourire. La seule qui était encore innocente. Et qui pouvait le rester, grâce à moi. Elle devait le rester. Et pour elle, j’étais prête à rentrer dans l’arène et à tout faire pour revenir vivante. Et puis mon père m’avait déjà préparée à tout faire. J’étais déjà capable de tuer de sang froid. J’avais peur de ce que ces Jeux pourraient faire faire de moi, de ce que j’allais devenir, qui j’allais devenir, mais cela ne m’arrêtait pas. Tout ce qui comptait, c’était que ma sœur soit sauve. Et je savais qu’une fois les Jeux gagnés, mon salaud de père adoptif n’aurait plus aucun contrôle sur moi.

Très vite, d’autres familles ont suivis l’exemple de mon père, en entraînant leurs enfants en cachette. Certaines par crainte de voir leurs enfants partir pour ces Jeux sans être entraînés, d’autres par pure ambition. Celles-là, comme ma famille, souhaitent voir leur progéniture se porter volontaire et rêvent de les voir revenir en vainqueurs. Pour eux, l’honneur de la famille et la gloire sont des choses plus importantes que la propre vie de leurs enfants. Ils nous ont même donnés un nom : Les carrières. Rappel aux carrières de pierre de notre district. De futurs sacrifiés, transformés par leur famille en machines à tuer, assoiffés de sang.
Pendant cinq ans ainsi, je me suis entrainée, apprenant à tuer de toutes sortes de façons, devenant une jeune fille froide, déterminée et cruelle. La mignonne et innocente petite fille avait disparu bien vite. Trop vite.


J’avais l’objectif de me porter volontaire pour mes 18 ans, mais le sort en a décidé autrement. C’est l’année de mes 14 ans, que mon nom a été tiré lors de la moisson, me faisant entrer dans la cinquième édition des Hunger Games. J’étais alors devenue tribut, aux côtés de l’un de mes plus proches amis. Un garçon pour qui j’avais un faible et réciproquement.

Au Capitole, j’ai rapidement fait sensation. Plus jeune tribut, déterminée, malicieuse, soif de sang, physique avantageux… Je suis devenue la favorite du public.

L’arène, cette année là, était une immense forêt, où chaque point d’eau (lac, étang, rivière) était empoisonné. Pour boire, il fallait aller se servir à la corne d’abondance, ou bien recevoir une bouteille d’eau fraîche par un sponsor. Beaucoup de tributs sont morts empoisonnés, ou de déshydratation par manque de sponsor.
Je m’étais alliée avec mon partenaire, ainsi que les tributs du Un et du Quatre, comme cela devenait la coutume depuis trois ans. Nous avions pris possession de la corne d’abondance, attaquant tout les tributs assoiffés qui tentaient désespérément de choper une bouteille d’eau sous notre nez, et traquant la nuit les autres. J’ai pu appliquer tout ce que j’avais appris toutes ces années. Je me suis révélée être une tribut particulièrement sanguinaire aux yeux de tout Panem. Je tuais, je torturais. Et le pire c’est que j’aimais ça. J’aimais entendre les cris, les gémissements, les supplications de mes victimes, voir leur sang s’écouler des blessures que je leur infligeais. Cela réveillait en moi un sentiment euphorisant de puissance. Ils étaient à moi, c’étaient mes jouets.
Ce n’était plus moi. À 14 ans, j’étais devenue une meurtrière, à cause de mon père, de ces Jeux, à cause de ce putain de Président Stark !

Alors que l’heure de la finale approchait, il ne restait dans l’arène que mon partenaire de district et moi, ainsi que les deux garçons du Sept et du Quatre. Le Sept avait eu cette année un très bon participant, une véritable armoire à glace, qui avait massacré la moitié de mon alliance à coup de hache. Mes deux alliés restants et moi-même avions décidés de nous séparer. Deux était parti de son côté, nous laissant seuls tout les deux…




Il me regarde, un tendre sourire sur les lèvres. L’enfer des Jeux n’a rien changé, son attirance pour moi est toujours présente. Du moins, ça en a l’air. Seulement, nous sommes dans les Hunger Games, il n’y a pas de place pour les sentiments, hormis la haine. Le reste, c’est pour les faibles.

« Nous ne sommes plus que quatre. Il faut qu’on se sépare ! »

Il secoue la tête. Je soupire.

« Non, je veux rester avec toi jusqu’au bout. Toute seule, tu ne feras jamais le poids contre eux. Et surtout pas face au type du Sept. »

Je grimace. Pour qui se prend-t-il ? Je peux facilement les massacrer si je veux ! Et puis après ? Il désire que ça se termine entre lui et moi ? Il n’y a aucune issue. Je sais que quoiqu’il arrive, on sera forcés de s’entretuer… Peu importe les sentiments que nous avons l’un pour l’autre.
Il se rapproche de moi. Au même instant, le coup de canon retenti, me faisant sursauter. Plus que deux…

Nous avions finalement retrouvé le tribut du Sept dans une clairière, non loin de la corne d’abondance, sa hache ensanglantée dans la main. Le combat a été violent. L’herbe de la clairière était devenue rouge sang. J’ai reçu un coup de hache dans le dos et je serai morte si mon partenaire n’avait pas été là. Il m’a sauvée en enfonçant la lame de son épée dans la gorge du tribut jusqu’à la garde. Coup de canon. Au sol, baignant dans mon propre sang, je regardais fixement mon ami, le suppliant de m’achever. La douleur était atroce. Je ne souhaitais plus qu’une seule chose, qu’on y mette fin. Je réalisais soudain que j’avais échoué. Mon vœu de remporter les Jeux pour ma sœur était révolu. J’allais mourir… Puis tout est devenu flou. Cette douleur insupportable me donnait la nausée. Je sombrais peu à peu dans les ténèbres. Je crois me souvenir avoir entendu mon partenaire m’appeler, ainsi qu’une douce pression sur mes lèvres, avant de finalement perdre connaissance.  

Lorsque je me suis réveillée, j’étais au Capitole, dans une salle blanche, attachée à un lit. Perdue et complètement affolée, je me suis mise à hurler. C’est là qu’un médecin est arrivé, m’annonçant que j’étais la grande gagnante des 5° Hunger Games. J’ai appris ensuite que mon ami s’était donné la mort par amour pour moi. Il m’avait sauvée et fait de moi la première Vainqueur du district Deux. Aujourd’hui encore je me dis que ça aurait dû être lui, le gagnant de ces Jeux. Et d’ailleurs, j’aurai préféré que ce soit lui…


J’ai pu rentrer chez moi, dans le Deux, couverte de gloire et de richesse. Je me suis installée avec ma sœur dans ma nouvelle maison au Village des Vainqueurs. Mon père adoptif a voulu s’y opposer, mais mon nouveau statut de mentor m’a permis d’obtenir sa garde.
J’étais maintenant heureuse avec elle, je pensais que ma vie allait enfin l’être. Mais cela n’a pas duré…
Je savais que j’avais fait fureur auprès de la gente masculine durant mes Jeux, et certains désiraient maintenant me rencontrer, profiter de ma compagnie. Etant trop jeune, le Capitole m’a laissée tranquille pendant deux ans. Mais à 16 ans, j’ai été obligée d’accepter leurs demandes. J’ai refusé au départ, mais le Président Stark a menacé la vie de ma petite sœur si je ne lui obéissais pas. J’ai donc accepté, malgré moi, de me vendre à tous ces pourris du Capitole.
Depuis je suis forcée de souvent retourner là-bas. Parfois c’est juste pour tenir compagnie à certaines personnes, qui me présentent comme un trophée. C’est comme pendant les Jeux, certains sont les favoris. En me présentant au bras des plus cotés, ces derniers montrent leur supériorité. Mais d’autres veulent plus qu’une simple compagnie en public.
C’est comme ça. En devenant Vainqueur, je ne suis pas libre pour autant, je suis devenue la propriété de Stark et il peut me distribuer comme une vulgaire friandise à qui en met le prix.
Seulement, je ne compte pas me laisser faire plus longtemps. Cela a déjà trop duré. Je ne serai pas leur esclave toute ma vie !