Physique - Caractère

Jeyne a toujours été une belle enfant. Elle a été une adorable fillette, et sera sans doute une jolie jeune fille. Cependant, malgré ses quinze ans, elle ressemble toujours à une gamine. Quasiment aucune forme avantageuse, une taille plus que modeste, et des traits enfantins.Tout d'une gamine, sauf le sourire. En effet, la petite Jeyne semble avoir oublié comment contracter les muscles de son visage pour obtenir un sourire. Elle a en permanence un air grave et froid qui sied davantage à un adulte qu'à une adolescente au visage d'enfant, aussi marquée par la vie soit-elle. Elle a malgré tout un beau visage. De forme ronde, aux joues rosées, qu'on qualifierait de poupin. Elle est très pâle de peau, ce qui créer un contraste assez affirmé avec ses épais cheveux bruns foncés, presque noirs à la racine, et châtain plus clair aux pointes. Elle les coupe souvent cours, ne supportant pas qu'ils descendent beaucoup plus bas que ses épaules, et les ondulations qu'ils forment lui donnent une magnifique coiffure selon certains. Tout ce qu'elle fait, c'est les laisser en bataille sur ses épaules pourtant. Elle a également des yeux gris-vert, très communs dans le district, même si elle persiste à penser qu'il s'agit sans doute de la plus jolie partie de son anatomie. En un certain sens, ils renforcent cette impression de froideur, sans doute cette couleur métalique qu'ils arborent. Cela fait qu'elle a une présence plutôt importante, malgré son corps qui est tout sauf cela. Elle ne mesure pas beaucoup plus d'une mètre et demi, a la poitrine quasiment plate, ne possède aucun muscle sayant, tout au plus des rondeurs d'enfant. Sa voix fluette n'arrange pas beaucoup les choses, mais malgré tout, elle se fait toujours remarqué par ce comportement tellement différent de celui que laisse supposer son physique. Malgré sa sobriété de caractère, elle aime se parer de couleurs vives, des tenues qu'elle peut largement se payer grâce à ses gains de mentor et ancienne gagnante.

Car sobre de caractère, elle l'est, même beaucoup. Calme d'apparence. Autrefois, c'était bel et bien une petite fille comme les autres. Mais les Hunger Games sont passés par là et sa façon d'être en à fait les frais. Elle ne parle presque plus, sauf si elle sait exactement ce qu'elle doit dire. Elle ne l'ouvre jamais pour penser à voix haute, à pure perte, elle est économe de ses mots. Elle ne sourit plus, cela a déjà été dit, et le seul type d'humour qu'elle prise encore est une ironie amère, ainsi qu'un humour noir très subtil, qu'elle utilise pour manifester son mécontentement ou se moquer, toujours de façon très sombre. Elle n'est du coup pas vraiment ce qu'on appelle une fille sociable. Elle ne prise pas particulièrement la bonne compagnie et n'aime pas discuter mais elle apprécie de sentir une présence silencieuse près d'elle, elle n'aime carrément pas être seule on pourrait même dire, car la solitude lui pèse. Un sacré paradoxe en somme ! C'est très simple, "soit là mais tais toi, je n'ai rien à te dire". Jeyne est une adepte des amitiés silencieuses, du même genre qu'elle entretient avec son frère Jacen. Ils se parlent sans se parler et entretiennent des relations très fusionelles. Du fait de ses tendances amicales étranges, elle prise des activités silencieuses et méprise tout ce qui fait du bruit. Elle lit énormément et écrit encore plus. Elle couche sur le papier toutes sortes d'histoires qu'elle se plait à inventer, ou alors le fruit de ses réflexions personnelles, nombreuses et chaotiques, qui l'aident à aller de l'avant. Elle griffone aussi parfois sur des feuilles de papiers. Voilà pour les activités d'intérieur. La jeune mentor aime aussi les balade, en bonne compagnie, dans les zones un peu délaissées et silencieuses de son district, dans la nature si possible. Le naturel l'apaise autant que son frère ou ses lignes.
Car si c'est le silence autour d'elle, son esprit ressemble à une véritable tempête. Les souvenirs, les colères, les espoirs. De par son jeune âge, elle peine à maîtriser tout ce qu'a déclenché l'enfer des jeux dans sa tête. Car, au delà de la lecture et des balades, son occupation première et de ruminer et de ressasser. Elle ne contrôle absolument rien, si ce n'est cette capacité à n'en rien laisser paraitre et de sembler froide et innaccessible, c'est pour cela qu'on la surnomme Alea Stoneheart. Elle entre parfois dans des phases de crises, comme des crises de conscience, qui peuvent durer plusieurs jours des fois. Cela se manifeste par des souvenirs sanglants de la mort rencontrée face à face, dans l'arène. Ces jours là, elle ne supporte pas d'ôter la vie, ne serait-ce qu'à un moucheron et sursaute dès qu'on la touche, voir parfois à des mouvements de défense très violents, car elle se sent toujours agressées. La nuit, elle fait des cauchemars. A l'instar des loup-garous des légendes, sa conscience est comme une malédiction, et elle sait que voir ses tributs se faire hacher menus n'arrange pas franchement les choses. C'est d'ailleurs pour cela, peut-être par pûr égoïsme, qu'elle se démène toujours pour avantager ses tributs. En cela, on peut dire qu'elle ne manque pas de détermination, usant de tout ce qui est en son pouvoir pour trouver des sponsors. Si il le fallait, elle pourrait recourir à la tricherie, à la manipulation. Tout cela pour calmer ses angoisses. Mais ne vous imaginez pas qu'elle a vraiment un coeur de pierre, non. Elle ressent beaucoup d'empathie pour les tributs qu'elle conseille, et qui ont toujours été plus âgés qu'elle, car elle se voit en eux, et espère les voir revenir. Espoir vain, car il y a toujours des adversaires redoutables, tels que les carrières à affronter. Elle force toujours la cohésion entre ses deux tributs, avancant comme argument que c'est cela qui l'a fait plus jeune vainqueur des Jeux, même si on ne l'écoute pas toujours. Elle comprend. Comment être crédible quand on donne des conseils pour rester en vie, et qu'on semble avoir tout au plus treize petites années ?

Histoire

Jeyne, ou plutôt Alea comme elle préfère se faire appeler, est née il y a de cela quinze ans dans le district huit. Elle n'est pas arrivée seule puisque quelques minutes après elle, naquit son frère jumeau, Jacen. Les deux enfants sont issus d'une famille assez aisée, leur père possédant une exploitation de coton et leur mère étant institutrice à l'école du district. Il avaient en outre une famille nombreuse, puisque se cotoyaient dans la maison familiale deux oncles et leur progéniture, sans compter les grands parents, ce qui donne au bas mot une dizaine de personne sous le même toit. L'aîné de ce clan de cousins, nommé Luke, se prenait pour le chef de tous ses cadets, et prit tout naturellement sous son aile les jumeaux Jeyne et Jacen, plus jeunes arrivées. Il était d'un naturel joueur, bagarreur, mais aussi protecteur. En effet, si un de ses cousins se faisait embêter par un autre enfant, l'opportun ne tardait souvent pas à tâter du poing de Luke. Autant dire qu'il fut un modèle pour Jeyne, qui voyait en lui le reflet de ce qu'elle voulait devenir un jour. Elle développa également un lien très puissant avec son frère jumeau, car bien qu'elle idolatra Luke, elle lui préférait la compagnie de Jacen, plus timide et réservé que son exubérant cousin, qui ne la lâchait pas d'une semelle. Ils se comprenaient comme si ils avaient possédaient chacun la moitié de l'âme de l'autre, et leur moyen de communication premier, fort étrange, était le dialogue muet, dans lequel tout était dit sans qu'un seul mot ne soit prononcé.

La petite famille vivait dans une sorte de bulle idyllique. Et bien que l'ombre des Hunger Games pesait sur toutes les familles, ils vivaient dans la naïve impression que ne pas avoir besoin de tesserae suffisait à les préserver. Jeyne et Jacen étaient nés en même temps que les Jeux, ils avaient l'impression que cela constituait une sorte de talisman qui les protégeait d'un sort défavorable. Seulement voilà, le charme se brisa lors de la treizième édition des Hunger Games. Les éditions précédentes avaient vu mourir la totalité des tributs du district huit, soit vingt-quatre jeunes gens, les murmures sur le sort des nouveaux tributs allaient bon train et se teintaient de crainte et de frissons. A cette époque, Jeyne et Jacen venaient de fêter leur douxième anniversaire et devenaient alors éligibles. Leur cousin Luke quand à lui, allait sur ses dix-sept ans, et était devenu un jeune homme robuste et séduisant. Cela faisait cinq ans qu'il assistait à la moisson en tant que tribut potentiel. Tous se rendirent à la moisson sans grande inquiétude. Seulement, ils étaient loin de songer à ce qui allait se produire. On commença par les filles. Bien que les chances furent quasi-innexistantes, on tira le nom de Jeyne, qui n'eut pas d'autres choix que de monter sur l'estrade dans un silence de plomb. Cependant, le tirage au sort masculin arracha un mouvement de stupéfaction à la foule rassemblée du district huit. On tira le nom de Luke. Tout le monde savait que les deux nouveaux tributs étaient cousins, et très proches de surcroit. Les adieux, c'est à peine si Jeyne s'en souvient, tant elle ressembla à un automate. Luke était brave, il garda la tête haute à ses côtés jusque dans les train qui les conduisait au Capitole. Durant le trajet, la petite fille pleura toutes les larmes de son corps sur l'épaule de son cousin qui la rassurait du mieux qu'il pouvait.

La suite ressembla à un mauvais cauchemar. La parade se déroula sans heurt, et si Luke brilla par sa force et son endurance aux entrainements, Jeyne n'en garda que le souvenir des regards des carrières et un petite cinq aux évaluations. Son cousin la poussa à être un peu plus locace pour les interviews et tous deux insistèrent sur le lien qui les unissait. Ils n'eurent pas besoin de mentir, mais cela leur rapporta sans aucun doute la sympathie des sponsors. Le dûr retour à la réalité furent les soixante secondes avant le coup d'envoi des jeux, où elle découvrait l'arène. Quand le départ fut lancé, elle était complètement désorienté. Luke l'attrappa par la main et fonça vers les sacs les plus proches pour vite détaler. Une fois cela fait, le duo se retrouva avec des adversaires à affronter pour pouvoir fuir. Armé d'une machette, Luke se fraya un passage de force, trainant Jeyne derrière lui, tuant deux tributs dès le départ. Une fois loin, il dévoila son plan à sa cousine : la faire gagner par tous les moyens possibles, même si il devait se tuer lui même. Bien entendu elle protesta. Mais il était plus fort que lui, elle n'avait pas le choix. Les jours suivants, Jeyne se rengallardis un peu, tâchant d'oublier les desseins de Luke. Ils se déplaçaient ensemble, évitant le groupe des carrières et tuant tous les autres adversaires qui se présentaient. Ils se débrouillaient bien, d'autant plus que leur histoire faisait des émus chez les spectateurs, ils reçurent de ce fait un nombre acceptable de cadeaux. Alors qu'il attaquaient deux autres tributs, le jeune homme fut blessé à la cheville et ce fut à Jeyne de le défendre contre un garçon de son âge qu'elle finit par tuer. Son premier mort. Elle détesta cela. Heureusement, ce coup d'éclat lui valut de quoi soigner Luke. Elle dû encore tuer, et encore, elle n'aimait pas cela pour autant. Il ne resta bien vite plus qu'eux et un seul carrière, qui jusque là leur partageait les victimes. Quand les Juges les rassemblèrent, il était évident que l'autre n'avait pas la moindre chance. Néanmoins, c'était sans compter Luke. Il s'arrangea pour laisser assez de vie à son adversaire pour que celui-ci ait le temps de le poignarder à mort. Il ne voulait pas se suicider, et encore moins obliger Jeyne à lui régler son compte. Involontairement, Jeyne donna aux treizièmes Hunger Games un final tragique puisque les dernières images diffusées furent celles où elle pleurait à chaudes larmes sur le corps ensanglanté de son cousin.

Lors de l'interview puis du couronnement, elle se forgea un masque d'impassibilité et de froideur. D'aucun assurèrent alors que son nom de famille était la base idéale pour créer un nouveau surnom : Stoneheart. Elle se mura dès lors dans le silence, n'acceptant toujours pas le sacrifice qu'avait fait Luke pour la faire gagner. Le silence tomba sur la maison familiale. Car le soulagement de la savoir vivante était entâché par le deuil du fils aîné. Le seul avec lequel Jeyne parvenait à communiquer était Jacen, son jumeau adoré, qui restait parfois des heures assis, la tête de sa soeur sur les genoux, dans un dialogue dont ils avaient le secret. Cette victoire ne calma pas ses angoisses. Car si elle avait gagné, Jacen pouvait toujours être tiré au sort comme tribut. L'année suivante, alors qu'elle fêtait ses treize ans, elle devint mentor de deux tributs plus âgés qu'elle qui moururent sous ses conseils. L'année suivante, elle caressa l'espoir d'un finaliste, encore une fois plus âgé qu'elle. Elle trouvait cela dérangeant qu'elle soit si jeune et déjà une survivante, comme si elle avait vécu plusieurs vies avant celle là. Le souvenir de la façon qu'avait Luke de prononcer son prénom, Jeyne, la dégoutait, si bien qu'elle décida de se faire désigner par son second prénom, Alea, comme pour couper avec ce passé qu'elle n'acceptait toujours pas.