J'étais toute excitée à l'idée de sortir un peu dans les rues du Capitole cet après-midi. J'étais de bonne humeur, je me sentais bien. J'ai passé une bonne journée on va dire. Simplement, il y a tout qui retombe. J'irais pas jusqu'à dire que je suis complètement déprimée, que j'ai envie de pleurer ou je ne sais quoi du genre. Je suis juste plus … Sérieuse. Mes pensées pour mes tributs m'ont rattrapée et elles je ne sont pas toute rose. Je sais bien que l'un d'eux va mourir, je veux pas, mais je pourrais rien n'y faire. Je sais même pas dans quel état on va me retrouver après ça. Je ne les connais pas certes, mais je me sens responsable d'eux et donc responsable de leur future mort, j'y peux rien. Et puis … Ce n'est que ma deuxième année en tant que mentor, j'ignore comment je vais faire pour m'en sortir avec ces deux là. J'ai aucune expérience comme mentor. Je sais même pas comment me conduire face à eux. Et puis j'ai aucun conseil en tête, c'est à peine si je sais comment je me suis sortie de cette arène.

Je rentre enfin dans l'appartement réservé au district 4, après une journée plus ou moins mouvementée. Sans attendre je me dirige vers la cuisine. J'ai encore un peu de mal avec toutes ces technologie, mais j'arrive à me débrouillée. Je me prépare donc difficilement un thé vert. Enfin le point positif avec tout ça, c'est que je n'ai pas à attendre longtemps que l'eau se mette à bouillir. Je trempe le sachet de thé dans l'eau bouillante et pars m'installer dans le canapé du salon mis à notre disposition. Les genoux plié devant moi, la tasse dans une main, je réfléchis. A quoi ? A ce que je pourrais bien dire à mes tributs en partie. De ma main libre je joue avec le sachet de thé je le sors de l'eau et comme hypnotisée je le regarde tourné, je regarde les petite goûts à peine colorées s'écraser contre la surface plate et calme de l'eau. Faut aussi avouer que ma rencontre avec Milo n'a pas arrangée les choses. Je veux dire, bien sûr c'était court et aucun lien n'a eu le temps de se créer, mais … Connaître ses crainte comme ça. Je l'imaginais vraiment comme un enfant qui ne risquait pas de finir ses jours un poignard dans le cœur, dans une stupide arène. C'est pourtant ce qui risque d'arriver. Un soupire m'échappe. Non, je vais faire ce que je peux pour qu'ils s'en sortent, du moins l'un d'entre eux.

Un bruit de pas se fait entendre, au sons je devine la façon de marcher. Inutile de tourner la tête pour savoir à qui j'ai affaire. Léa. J'attends simplement qu'elle commence sa série de questions, priant pour que les réponses me viennent instinctivement, pour que je puisse l'aider surtout. Elle s'assoie près de moi. Je tourne enfin la tête pour lui faire face. Mon regard se pose sur la jeune fille, admirant les traits de son visage, puis son corps avec une certaine panique que je tente de dissimuler du mieux que je peux. Elle est à peine plus jeune que moi. Il se pourrait même qu'elle soit mentalement plus mature. Elle a seize ans et je n'en ai que dix-huit, deux ans de différence c'est rien ça. Mon cœur se serre. J'avais moi-même son âge lors des jeux. Si je m'en suis sortie elle le peut aussi.

« Des conseils ? » Ouais, cette question que je redoute tant. Comment puis-je lui dire que non ? Impossible. Je marque une pause, un silence pendant lequel je cherche mes mots, je cherche une réponse. Intérieurement la panique m'envahit, mais mes talents de comédienne sauve le coup. Je lui adresse un sourire qui se veut rassurant avant de prendre une grande inspiration, puis de lui répondre enfin.

« Oui, bien sûr je suis là pour ça. Tu as des questions précises peut-être ? » Je n'ai aucune idée de ce que je raconte, mais je tente de ne pas l'effrayer d'avantage avec ma peur enfantine. «Tu veux commencer par quoi ? Je t'écoutes »

A vrai dire c'est à elle de m'écouter, mais je n'arrive pas à me rentrer ça dans le crâne.

La boule au ventre, le regard plongé dans le sien, j'attends que Léa prenne la parole, qu'elle poses ses questions sans réponses. Je pose mes lèvre sur le rebord arrondi de ma tasse avant de prendre une gorgée de thé. Le liquide me brûle les lèvres avant de se glisser dans ma gorge. C'est chaud, trop chaud et pourtant ça me soulage, j'ai l'impression d'avoir la gorge moins serrée, l'impression que cette boule qui s'y loge se dissipe peu à peu. Bien sûr elle va revenir, très vite, trop vite, mais sur le moment ça fait bien et je me sens capable de parler. Cependant je ne dis rien, je vois Léa ouvrir la bouche comme pour parler, je reste simplement attentif à ce que est sur le point de me dire. «  Euh... Comment tu t'y est pris pour t'en sortir, pour revenir vivante dans notre district? Je veux dire, pour ne pas mourir de faim, d'une infection ou de froid? » Comment ? J'ai été une bonne comédienne, une bonne tricheuse et surtout une bonne voleuse. J'ai toujours été douée à cache-cache et puis une bonne dose de chance s'est ajoutée au cocktail j'imagine. Mais comment dire ça à quelqu'un qui s’apprête à affronter la mort ? Non, vraiment, je ne peux pas lui dire ça. J'entre ouvre la bouche pour prendre la parole, mais la referme aussitôt, coupée dans mon élan par une autre question.

«  Puis je voulais savoir, pour les interviews, comment on va s'y prendre? » Pour ça je pourrais l'aider. Tout ce que veux le capitole c'est une expression déterminée digne d'une carrière, avec une histoire bien émouvante en fond. Un bon jeux, une bonne tenue et c'est dans la poche. Encore une fois tout ceci est un discoure bien trop simpliste, mais pour le moment je n'ai rien d'autre à dire. Et puis de toute façons je préfères attendre, elle semble si bien lancée dans son questionnaire. Pourquoi irais-je la couper ? J'aurais sans doutes plus à dire si je fais une réponse globale, passant pour une gamine et surtout une mentor incapable. Même si je l'avoue, je suis une gamine et ayant l'âge d'être moi-même une tribut je ne vois pas comment je peux être capable de les aider. M'enfin je vais faire de mon mieux, je leur doit bien ça. «   Parce que... Je ne suis pas du tout à l'aise en public.... » Voilà qui complique tout. Je n'ai jamais eu de problème moi de ce côté là, j'ai toujours été à l'aise devant les gens, le devant de la scène c'était un peu mon élément. Alors comment lui donner des conseils, j'ignore ce que c'est moi de ne pas être à l'aise.

Elle enchaîne aussitôt sur une nouvelle question . Questions sur questions sans s’arrêter. Dans ma tête je prends note des sujets à abordé, cherchant mes mots pour ce moment tant redouté où je devrais la conseiller. «   Et pour les entraînements... » Elle marque une pause. Cherche t-elle simplement ses mots ou bien se décide t-elle enfin à prendre sa respiration. Je reste la regarder, me demandant si elle n'a pas fini de poser des questions. Cependant, elle reprend la parole. «   Comment tu as fais pour t'attirer les sponsors? » Cette dernière question est une très vonne questions. J'espère pouvoir y répondre sans trop m'embrouiller.

Elle semble se taire enfin. Je la regarde cherchant un signe quelconque qui annoncerait une reprise de parole, mais il semble ne pas y en avoir. Je prends une longue inspiration et tente de la régler correctement pour ne pas céder à la panique. Je prend une autre gorgé de ce liquide brûlant entre mes mains et me décide enfin à parler.

«Hé ben … T'en as des questions.  » Je lui adresse un sourire amicale. C'est normal qu'elle pose toutes ces questions, simplement ça m'angoisse. «Alors par où commencer … Comment j'ai gagné ? Je ne suis pas sure que ça t'aide pour les jeux. Tu sais … La comédie, la stratégie, la ruse … C'est certaines choses utilisées par certains tribut tels que moi, mais malheureusement, ou heureusement à toi de voir, ce n'est pas universel. Pour ce qui est du froid, des infections … J'imagine que j'ai eu de la chance et pour la nourriture … Je me suis battue.»

Tu parles d'une réponse. Elle va aller loin avec ça c'est sûr ! Je sens cette boule grandir peu à peu dans mon ventre. Allez Baya, réveil toi, calmes toi, réveilles cette garce qui est en toi et utilise ton côté sadique pour lui donner une stratégie valable pour les jeux. Creuses toi la tête merde !

«Pour les entraînement je ne peux te donner qu'un conseil : Utilise judicieusement les ateliers, passes ton temps dans ce qui te serrons le plus utiles à la survis, ceux qui t'apprendront vraiment quelque chose, ne perds pas ton temps avec des disciplines que tu maîtrise déjà dans le but de montrer tes talents. » Je marque une pause. Ma voix est clair, mon ton est sérieux, et a panique ne se fait pas entendre. Je m'étonne moi-même. «Bien sûr ne te laisse pas passer pour une proie facile, montre leur suffisamment pour qu'ils te laisse tranquille, mais garde tes cartes les plus fortes pour l'arène. L'effet de surprise te donneras toujours une longueur d'avance. Et dans l'arène ce n'est pas négligeable.»

J'ai passé l'interview exprès … Je ne voulais pas m'embrouiller, c'est un sujet qui demande plus de temps, réflexions et surtout de discutions. Il me faut un vrai dialogue pour y répondre. Il faut que j'en sache plus sur elle. Et si elle ne veut pas me parler, il va falloir trouver une bonne histoire, intéressante, originale et assez impressionnante pour attirer les sponsors.

«Les interview … Tu dis ne pas être à l'aise devant la foule, je ne veux pas te paniquer, mais c'est là que tu attireras tous les sponsors... Si tu n'est pas à l'aise il va falloir utiliser ton mal être pour qu'il joue en ta faveur. Pour ça tu peux jouer la jeune fille vulnérable, triste, émue, bref tu as quand même le choix. Après si tu as une histoire émouvante à leur raconter essaye de faire passer ça pour le résultat de l'émotion ... » je baisse les yeux avant de reprendre. «A propos … As-tu une histoire personnelle à leur raconter ? Une motivation pour rentrer au district ? »