Rp précédent ♥Marcher, encore, et toujours, la main crispée sur ma hache. Le soleil se lève peu à peu, et l’air ambiant est encore très frais, mais pourtant, je la sens, sur ma peau, dans ma tête, partout. La souffrance.
Marcher, encore, et toujours, le poing serré à s’en faire péter les doigts, pour ne pas se faire agresser, pour pouvoir survivre. Marcher en regardant les dernières étoiles da la nuit s’évaporer, en regardant les lueurs rosées apparaitre peu à peu.
Marcher, parce que l’on sait que notre vie en dépend, parce que l’on sait que, si on s’arrête, c’est tout notre avenir qui est mis en péril. Marcher, parce que c’est ce que l’on a décidé. Marcher, parce que l’on a un but. Un but inutile, certes, mais un but, tout de même.
*Une demi heure plus tôt*« Il faut faire quelque chose June. Il faut partir. »Le voix de Yeni me tire de ma torpeur. Il faut partir. Il faut bouger. Il ne faut pas rester ici, même si on y est bien. Mieux on est, plus on est en danger. Les nombreuses fois où j’ai oublié l’Arène se sont révélées très dangereuses.
Alors, j’hoche la tête.
*Retour au présent*Marcher. J’ai l’impression que cela fait des heures que j’avance, et, pourtant, je peut dire grâce au soleil que ça fait à peine plus d’une demi heure. Le ciel est encore bleu foncé, et je dirais qu’il doit être dans les six heures du matin. Environ. Un nouveau jour s’est levé sur l’Arène. Et nous en faisons partie. Toutes les deux. Toutes les quatre, peut-être.
Je ne dois pas penser à elles. Elles peuvent mourir, ça ne me concerne pas. Je ne dois pas me sentir concernée par leur destin. Je m’en moque. Peu m’importe.
Et, pourtant, je foule le même sol qu’elle, il n’y a même pas vingt quatre heures. Lorsque Yeni m’a demandé si bouger me semblait une bonne idée je n’ai pu qu’acquiescer. Mais savoir où aller était autre chose. Alors, j’ai proposé de retourner au seul endroit que l’on connait. Nous avons perdu l’avantage de la carte, en perdant nos alliées. Alors, pour ne pas être perdue, nous sommes retournées vers le côté Western de cette Arène si atypique. Nous avons retrouvé notre terre battue, notre rareté en eau, et le vent qui souffle. L’endroit où tout a commencé.
Cette fois encore, nous nous sommes tenues loin de la corne. Loin des Carrières. Nous avons compté sur la nuit pour nous dissimuler, avons été plus que prudentes. Maintenant, advienne que pourra.
En passant près du ranch, un vent de nostalgie souffle dans ma tête, mais je ne m’y arrête pas. Le reste des carcasses des poules, que j’ai brulées juste avant de recevoir mon sponsor, sont encore là, et aucun signe qu’un autre tribut ne s’est aventuré ici n’est présent. Tout est comme on l’a laissé.
Mais on ne s’arrête pas là. On continue d’avancer, encore un peu, un tout petit peu. Cinq minutes, maximum. Puis, on arrive sur un plateau, où le vent souffle encore plus fort, soulevant un sable terreux et sec, qui jonche le sol. Là, des tipis. Et des ombres inquiétantes. Mais ça ne m’arrête pas.
Je m’effondre devant une de ces imposantes tentes, et m’efforce, avec Yeni, d’en défaire les attaches qui tiennent la peau de bête morte. Mon couteau et ma hache ne sont pas de trop pour défaire ces liens, que j’atteint avec l’aide de mon alliée, ou grâce à une branche trouvée à terre sur laquelle je grimpe.
Puis, je m’effondre, pour une demi heure, cependant que mon « amie » prend le premier tour de garde, durant lequel elle ramasse ce qu’elle pense nécessaire, ou qu’elle vaque à ses occupations.
Lorsque l’on échange les rôles, pour une seconde demi heure, je ne fais rien de particulier. Je ne somnole pas, j’attend tout simplement. Rafistole un peu mes pansements avec la toile que j'ai prise tout à l'heure. Patiente. Soudain, une grande tête, et un corps gracieux, mais imposant se profile. J’aurais bondis au plafond s’il y en avait eu un, mais je me contente de reculer sur les fesses, précipitamment.
Je n’ai jamais vu de cheval, en vrai. Juste à la télé. La robe soyeuse et les crins virevoltants, le regard malicieux et la grâce d’un animal si imposant me fascine. J’hésite à réveiller Yeni, mais quelque chose me dit qu’elle n’apprécierait pas. Alors je laisse l’animal s’en aller au petit galop, avec des yeux ébahis.
Puis, je réveille mon alliée, au bout de sa demi heure.
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