Navrée pour les fautes du premier paragraphe. Elles sont volontaires. A 7 ans, Shado n'écrit pas très bien. Sachez que mes yeux saignent.

PAGE 1 - 7 ANS.

Hier, c'été mon aniversaire, et gran mère m'a offer ce journal, pour que j'écrive se qui se passe dan ma vie. Tou tou tou. Elle m'a dit que comme sa, si je le per, celui qui le retrouvera poura lire mes histoires et les partagé à ses amis. Et un jour peut être, cette persone le perdra aussi, et de persone en persone, mon journal ferez le tour entié de Panem ! Sa serait pas mal. Sa remplacera jamai un vré voyage, mais sa serez un bon début. Et puis quand je mourez, je laiguer... lègrai... donerai à ce qui auron lu et mon journal des petites partie de moi.
Alors, par ou je comence ? Par mon prénom ? Oui, sa peu être un bon débu.
Je m'apelle Shado.

PAGE 2 - 13 ans.

Je viens de redécouvrir ce journal. Après l'anniversaire de mes sept ans, je ne l'ai plus jamais touché. Je l'avais caché entre mon matelas et mon sommier pour ne pas qu'on le trouve. Résultat : moi même je ne l'ai pas retrouvé.
Je suis très douée, je sais.
Je viens de relire mes premiers mots. Je faisais pitié. Et j'écrivais comme un pied. Encore plus que maintenant, je veux dire. J'ai dû me retenir de ne pas tout corriger. Ça aurait fait trop de ratures et j'aurais fini par arracher la page. La patience ne fait pas partie de mes qualités. Par contre, j'ai dit un truc qui n'était pas si bête. Que si jamais je devais mourir -où plutôt quand je mourrais, parce que dans ce monde, il y a environ quatre-vingt-dix-neuf pour cent de chances que je meure avant mes dix-huit ans- il resterait un peu de moi dans ceux qui auront lu mon journal. Il faudrait pour ça que quelqu'un s'intéresse au journal intime d'une gamine, bien sûr, mais... Si jamais il y en a, je ne mourrais pas totalement. C'est cette pensée qui m'a fait garder ce journal, au lieu de le jeter dans la cheminée. Du coup, et même si ma vie est plutôt inintéressante, j'écrirais à peu près tout ce qui me passe par la tête.
Ça risque de donner quelque chose de flippant.
Tu en penses quoi, journal ? Ah mais non, tu n'es qu'un journal, tu ne penses pas. T'es vraiment idiot. Je te plains. Je peux écrire n'importe quoi sur tes pages, tu n'auras pas ton mot à dire et tu te soumettras. Faible.
Ahem.

Donc je m'appelle toujours Shado (eh oui, mon prénom n'a pas changé en six ans). Depuis mes huit ans environ, ma mère m'autorise à l'aider à l'écurie. Elle a le droit de faire ça puisque c'est elle qui en est la directrice, la plus haute responsable -la classe, je sais-. Cet endroit est génial. Il y a des chevaux partout, et depuis deux ans maintenant, je suis autorisée à les panser et à les monter, pour leur faire faire un peu d'exercice. Grisant.
Je crois que mon père est un peu jaloux du temps que je passe avec ma mère, puisqu'il m'a proposé de venir l'aider à la boucherie qu'il tient, une boucherie paumée du district. J'y suis déjà allée plusieurs fois, et heureusement que j'ai l'estomac bien accroché, parce que comme son nom l'indique, c'est une vraie boucherie ! Du sang, de la viande crue, des tripes et des entrailles et, pis encore, dans l'arrière boutique, des têtes d'animaux morts et parfois même leur corps tout entier ! Grâce à mon père, je sais maintenant je ne crains pas la vue du sang. En fait, je trouve même l'agencement d'un corps fichtrement intéressant. Je ne suis pas une psychopathe pour autant, je n'irais pas tuer des chien dans la rue pour observer leurs entrailles. Quoique...
Non j'déconne. Pour être honnête, même si je supporte, ça me dégoûte profondément. Rien que d'y penser, j'ai des nausées. Beurk, beurk et re-beurk. Par contre, grâce à lui, je sais également où se situent les points faibles des bestiaux. Si un jour je me retrouve à la rue et que je dois égorger un chien pour me nourrir, je saurais comment faire. Youpi.

Je pense que j'y retournerais dans quelques jours, histoire de faire plaisir à papa. Puis je retournerais à mes deux activités favorites : m'occuper des chevaux de maman et m'entraîner. A l'escalade. Je dois avouer que je me débrouille plutôt bien. Les murs d'escalade ne sont même plus un défi pour moi, alors quand j'ai le temps, je me faufile hors du district et m'enfonce dans la forêt qui l'entoure, vers une grande falaise naturelle que j'escalade. A ce jour, je n'ai pas réussi à grimper ses soixante-dix mètres, mais j'y parviendrais bientôt. J'espère. Parfois, je m'entraîne également au lancer de couteaux, au centre d'entraînement. Je suis l'une des seules, pour ne pas dire la seule, à utiliser ledit centre. J'en suis heureuse : pas de crétins pour m'empêcher de me concentrer.

PAGE 3 - 14 ans.

Ils ont foutu le feu à la maison.

Je ne sais pas qui exactement, je n'y ai pas réfléchi sur le moment. Peut-être des gamins des faubourgs les plus pauvres envieux, peut-être même était-ce un accident... Je n'en ai aucune idée. Mes parents et moi, on a réussi à s'en sortir indemne. Je ne sais même pas comment ce journal s'est retrouvé dans la poche intérieure de ma veste, toujours est-il qu'il y était et que c'est l'une des rares choses qu'il nous reste. Mais nous sommes toujours vivants tous les trois, c'est tout ce qui compte. Cela va sûrement être un peu compliqué pour nous pendant les jours à venir, mais je ne me fais pas trop de souci. On est ensemble. On n'est pas ruinés. On s'en sortira.

PAGE 4 - 16 ans.

Deux ans que je n'ai pas touché à ce journal... Il faut dire que j'ai été assez occupée. Après l'incendie, mes parents ont dû redoubler d'efforts pour conserver leur travail tout en bâtissant une nouvelle maison sur les cendres de l'ancienne. Et moi, je les ai aidé du mieux que j'ai pu. J'alternais entre le travail de ma mère, pendant que celle-ci s'occupait de la maison, celui de mon père, quand c'était son tour d'aller à la maison et que son second ne pouvait pas venir ou allait l'aider, et la maison. J'en ai pris l'habitude. Maintenant, dès que je ne suis pas à l'école, je file aider ma mère ou mon père. Et quand c'est terminé, je reprends mes bonnes vieilles habitudes et retourne au cente. Cette vie me convient bien. Je n'oublie pas la menace de la Moisson qui plane sur moi, mais j'essaye de ne pas trop m'en inquiéter et de profiter un maximum de ma jeunesse.
Seigneur, on dirait une vieille qui parle.