Physique - Caractère

Comment décrire Kaliste ? Elle a cet esprit déterminé qui lui vient de sa famille. Ce joli minois trompeur. Dans cet univers où elle se retrouvait un peu seule contre le monde, elle était sans pitié avec ses ennemis. Aucun remords, absolument aucun. La Capitole lui avait mis des armes et un entraînement entre les mains, et peut-être que maintenant ils s’en mordaient un peu les doigts. Elle ne fait pas que des conneries sinon ça ferait longtemps que ses supérieurs l’auraient exécuté. Elle est renfermée sur elle-même, une grenade prête à être déclenchée, une mine qui n’attend plus qu’on lui marche dessus. De plus, cette fille est une bombe de colère depuis qu’elle a lu ces foutues lettres. Presque élevée uniquement par des garçons, elle a un langage assez imagé dont elle use et abuse. C’est peut-être moche pour une fille, mais Kaliste n’en a pas le moins du monde quelque chose à… « foutre » comme elle dirait. La jeune fille nourrit une haine profonde envers le Capitole et ses douces tortures. Elle voudrait reprendre le combat de ses parents, mais n’a pas assez de cran pour le faire toute seule. Cette guerre est trop importante pour une seule personne. Et aussi parce que oui, elle reste un peu timide. On lui a appris la violence, et depuis c’est devenu son moyen d’expression. Très peu de personne connaissent le fond de ses pensées, et elle fait tout pour faire passer cette timidité en une carapace de dure à cuire.
Niveau physique, c’est simple. La gueule d’ange par excellence, un sourire charmeur qu’elle n’utilise que trop peu, un autre plus sadique qui ne lui va pas tant que ça. Des cheveux blonds qu’elle néglige légèrement de coiffer de temps en temps, qui lui chatouillent les épaules. Des grains de beauté à ne plus savoir qu’en faire. Kaliste reste d’une taille plutôt petite mais il ne faut pas s’y fier : elle a une détente incroyable et des muscles d’aciers même s’ils restent assez fins et souples. Elle ne quitte pas ses chaussures militaires et ses pulls difformes quand elle reste chez elle. Voilà, c’est tout ce que je peux dire pour le moment, sinon elle va me taper d’en avoir déjà trop dit sur sa personne.

Histoire

District 13.
Jours Sombres, en plein milieu des festivités.
Là-bas, tout le monde se soulève, du plus simple ouvrier au Maire lui-même en passant par sa femme, son fils, Cal. Et Elenei, sa première fille.
C'est marrant comme à cette époque-là tout se confondait. Il n'y avait que deux camps, il n'y a toujours eu que deux camps. D'un côté la puissance glaciale du Capitole, de l'autre la résistance des révoltés. Partout ils s'étaient rallié à une cause qu'ils savaient tous désespérée. Pourtant certains avaient un temps soi peut d'espoir. Parmi eux, le père de la petite bambine de 3 ans, bambine qui sera notre héroïne. Kaliste Shandris Ephedra. Fille du Maire du District 13. Mais avant d'être maire, c'était un homme avec des convictions fortes, un érudit qui savait ce qu'il faisait. Mais je ne vais pas vous faire l'offense de décrire plus ce qu'il s'est passé pendant les Jours Sombres, ce serait vous insulter. Gardez cependant en tête que même si le Capitole en est sorti gagnant incontestable, sa puissance détachée de tous sentiments avait été un peu altérée dans son honneur. Bien sûr, il avait vite repris la situation en main en mettant les Hunger Games en place. Maintenant, plus personne n'oserait se rebeller, ils contrôlaient la masse par la peur, la force, dont seuls pouvaient faire preuve. Le Capitole avait la force, et les armes. Les Districts, qu'avaient-ils ? C'étaient eux qui craignaient.

Mais qu'était-il arrivé de la famille Ephedra ? Maintenant, elle avait disparu. Nemo, Sheeba, Cal et surtout Elenei avaient disparus. Morts au combat. Ils avaient compris le sens de la vie, et s'étaient battus pour leurs idéaux, jusqu'au dernier moment. Mais les Pacificateurs, eux, n'avaient aucun respect pour les Hommes forts. Ils ne voyaient pas l'esprit génial, la flamme de vie qui animait tous les membres de cette famille. Ils voyaient juste des cibles au contraire plus importantes que les autres, car c'étaient eux qui dirigeaient la Grande Rébellion. Peut-être que ceux qui les ont abattus sans aucune compassion ont reçu une promotion, qui sait ? L'histoire de Kaliste ne le dit pas. La troisième année de sa vie fut uniquement peuplée par le grondement et les explosions des bombes. Il lui arrive encore d'entendre un obus siffler à ses oreilles, et dans ces moments-là, elle passe des heures renfermée dans une pièce, où elle va pleurer, pendant longtemps.

Mais vous allez me demander comment ça se fait qu'elle soit encore en vie ? C'est simple. Vous voyez, pendant cette année sombre, il était monnaie courante que les armées du Capitole viennent faire des razzias dans tous les districts. La plupart mourraient, mais certains restaient en vie, car ils étaient de la famille de personnes influentes, et que c'était mieux de les garder vivants. Notre petite Kaliste en faisait partie. Cependant, la petite était bien trop jeune pour qu'on connaisse sa vraie filiation. En effet, la famille, prévoyante, avait caché la petite vers la fin de la guerre chez un collègue maire, celui du District 9, sachant pertinemment qu'ils ne reverraient jamais la petite Shandris. Sa femme s'en était occupée comme si c'était sa propre fille et était même allée jusqu'à se faire passer pour sa mère quand les autorités étaient venus rafler ces jeunes. Ils ne savaient pas que le bébé qu'ils avaient entre les mains était celui des personnes les plus influentes de la Rébellion. Heureusement, car, à cette heure, vous ne serez pas là à lire son histoire vu qu'elle n'aurait pas pu être écrite. Ils l'ont prise pour la fille du Maire du District 11, et cela a suffit pour la mettre en sûreté. Ensuite, avec beaucoup d'autres enfants trop précieux pour être tués, elle a été placée dans un orphelinat. Le seul du Capitole, où étaient concentrés les gens des Districts. Heureusement, ils ne voulaient pas qu'ils se sent trop à l'aise, et ça ressemblait à une vraie prison. Rappelons que leurs parents avaient fait d'horribles choses envers la Surpuissance !

La petite a grandit là, en attendant qu'on vienne l'adopter, mais qui au Capitole voudrait des enfants de rebelles ? Personne. Ils le savaient tous. Aucun n'espéraient passer la porte au bras de nouveaux parents, affichant tous les trois un sourire jusqu'aux oreilles sous une belle musique pleine de joie et un ciel bleu avec un rayon de soleil qui éclairait la scène. Non, pour sortir de cet enfer, tous devaient attendre leur majorité. Ils s'étaient serré les coudes entre eux, partageant leurs souvenirs, leur force et leur espoir. Chacun avaient raconté ce qu'ils savaient, ce que leurs parents leur avaient dits. Le Capitole les avaient peu à peu oubliés au fur et à mesure que le temps passait et qu'on s'éloignait des Jours Sombres. Ils avaient tous entouré Kaliste, la plus jeune, avec le plus d'attention possible. C'était la cadette, elle était encore faible. En plus, c'était la seule fille, mais qu'importe. Bien sûr, elle ne savait pas qui elle était vraiment. Au fur et à mesure, l'orphelinat a fini par se vider car les garçons atteignaient leur 18 ans. Il finit par n'en rester que deux, notre petite et Shawn. Ils avaient longtemps erré dans le silence angoissant des couloirs sombres du bâtiment miteux. Shawn avait deux ans de plus qu'elle et ils étaient vite devenus très proches. En attendant, ils étudiaient tous, souvent grâce aux plus grands qui savaient déjà lire et écrire. Mais ce que Kaliste préférait par dessus tout, c'était dessiner. Longtemps elle s'était réfugiée dans son imagination, ses carnets et ses crayons. Elle avait un véritable don.

Puis Shawn eut 18 ans, et comme tous les autres, il est parti après un dernier câlin. Jusqu'à son seizième anniversaire, c'était toute seule qu'elle se perdait. Les gens ne savaient pas quoi faire d'elle, le Capitole ne voulait plus continuer à faire vivre l'internat pour une seule personne. Ils avaient finalement décidé de la « libéré » elle aussi. Elle eut le droit à une première et dernière visite. Et vous savez qui est venu ? Sa mère adoptive – même si elle ne se souvenait pas d'elle –, femme de l'ancien Maire du District 9. C'était devenu une femme au physique sec, les cheveux gris et rêches. Elle avait souffert durant la guerre, c'était sûr. Elle avait perdu son mari, ses convictions, et sa maison si douillette. On la prenait pour une folle idéaliste et exaltée. Mais par bonheur, son distrcit n'était pas trop loin du Capitole et elle avait pu se déplacer pour l'anniversaire de sa protégée, inventant une excuse qui avait été vite validée. Les pas de Kaliste résonnaient dans ce long corridor qui, même si elle ne le savait pas, la menait à la vérité. Ces longues années de questionnement quant à ses origines allaient maintenant s'arrêter. Elle ne le savait pas, et quand elle s'assit en face de la femme mince habillée d'un vieux tailleur gris un peu miteux qui serrait de ses bras maigres une sacoche en cuir craquelé. Elle n'avait pas l'air du tout son élément, mais quand Kaliste passa le seuil de la porte, son regard s'illumina d'un éclat qui donna tout de suite vie à son visage hagard. Les gardes les laissèrent seules et la femme sortit de son sac quelques feuilles de papiers. Des lettres de la famille de notre héroïne.

Elle les dévora plusieurs fois de suite, savourant chaque mot, chaque phrase, chaque écriture. Celle déliée mais un peu brouillonne de son père, la très ronde et très gracile de sa mère, la calligraphie totalement asymétrique de sa sœur et la dernière, de petites pattes de mouches rondelettes. Quelques souvenirs affluèrent, des fantômes de voix résonnèrent à ses oreilles. C'était il y a treize ans, mais ils étaient restés enfouis loin dans son esprit et étaient restés tapis dans l'ombre, attendant le bon moment pour ressurgirent. Ils en profitèrent. Alors quand les deux heures de visite autorisées furent écoulées, elle serra la femme frêle et lui murmura un remerciement à l'oreille. Des deux côtés de la cellule des visiteurs, la grille claqua. Alors la fille marcha silencieusement jusqu'au dortoir, les lettres toujours dans les mains, tremblantes. Elle boucla rapidement ses maigres bagages puis s'assit sur son lit, lu une dernière fois les quatre lettres et se jura d'être à la hauteur de son nom de famille.

Dans la même soirée, Kaliste quitta l'internat en toute légalité. Elle s'installa chez Shawn pendant quelques mois, afin de trouver un travail et une maison. Mais le Capitole gardait un œil sur ses prisonniers de guerre : il décidait du métier qu'allait accomplir chaque orphelin. Shawn par exemple avait été obligé de devenir Créateur, contre son gré. Le Capitole ne savait pas quoi faire d'elle donc quoi de mieux que de la faire torturer les autres pour la torturer elle-même ? Et c'est donc naturellement qu'il lui « proposa » le poste de Pacificatrice. Pour les districts pauvres, parce que bon, c'était quand même une fille de rebelles. Elle dut accepter, avec le logement de fonction. A grand regret, la jeune fille quitta son frère de cœur et s'installa, seule, dans le petit appartement. Trois ans plus tard Kaliste Shandris Ephedra est toujours là, enfermée dans son train train quotidien. A nous d'écrire la suite de son histoire pour l'en sortir.