Depuis des jours, je passe pratiquement toutes mes nuits dans le train, si je n’y passe pas mes journées. Etant désormais le nouveau mentor du District 8, je vais donc devoir m’habituer à ce moyen de transport. Je vais d’ailleurs devoir conseiller et aider deux tributs pour l’édition prochaine, ce qui est loin de m’enchanter, Alea sera peut-être avec moi mais étant donné sa jeunesse, sa candidature sera peut-être relevée. Je n’ai nullement envie de devoir supporter des tributs pour les voir ensuite mourir comme des bêtes que l’on envoie à l’abattoir. Car oui c’est ça l’arène, nous sommes du vulgaire bétail. Comme d’habitude, l’équipe accompagnatrice de mon séjour me prévient de tout mon horaire et se montre excessivement pointilleuse, comme d’habitude, je me montre froid et désagréable avec eux, après tout, ils viennent du capitole, pourquoi leur devrais-je du respect alors qu’ils ont regardé 23 d’entre nous crever comme des bêtes pendant 5 jours ? Depuis ma victoire, j’ai la réputation d’un insensible, ce qui est plutôt ironique venant de capitoliens. On dit aussi que je suis désagréable, parasite et impoli avec les employés. Dans le fond, ils n’ont pas tout à fait tort mais je m’en moque.
Un employé m’annonce que nous arriverons dans 5 minutes. Je pousse un soupir. Je ne voulais absolument pas faire cette tournée des vainqueurs, l’exposition au public m’exaspère et l’hypocrisie encore plus. Lors de mon interview, il y avait au moins un véritable intérêt à me mettre en valeur et une petite excitation mais la qu’ai-je à en gagner ? Rien. J’ai voulu refuser mais on m’a clairement fait comprendre que ne pas la faire ne serait pas dans mon intérêt, des menaces que j’ai prises au sérieux. Je sais de quoi le gouvernement de notre belle nation est capable. Je vais donc devoir jouer les hypocrites, saluer la foule mais surtout regarder les visages meurtris des parents dont j’ai tué les enfants. En réalité, les Hunger Games ne nous quittent jamais car on tout est mis en place pour rappeler aux gagnants qu’ils restent sous l’emprise du capitole et qu’ils n’ont pas tous les droits. Depuis toujours, la tournée du vainqueur est une tradition,le victorieux sortant des Hunger Games se doit de saluer les districts et de réaliser un hommage aux tributs morts. Je pense me contenter de faire simplement ce que l’on me demande de faire, pas de longs discours larmoyants ou patriotique. Je saluerai la foule poliment et c’est tout.
Je suis maintenant dans le District 9, le district de céréales et des aliments. Le district de Billie Goldsnow, la grande favorite des jeux qui a fait preuve d’un incroyable sadisme et d’une cruauté sans borne à l’égard de ses victimes et qui a finit par tomber dans la démence en se suicidant puis en brûlant ses affaires, juste au moment ou j’allais l’attaquer. Mais ce district, c’est aussi celui de son partenaire, Dean Samuel Fuller, celui-ci que j’ai cruellement traqué sans pitié jusqu’à sa mise à mort. Autant dire qu’ils ne doivent pas énormément m’aimer… je ne compte pas de discours, ce serait de la pure hypocrisie et je préfère ne pas subir les regards venimeux de la population. Deux tributs complètement opposés qui ont tenus dans les 6 derniers avant de mourir l’un à la suite de l’autre, en partie à cause de moi, comment puis-je faire un discours alors que j’ai voulu la mort de ce dernier district unis ?
Après tout les préparatifs nécessaires, je dois me placer sur une grande estrade située au cœur du district, dans la Grand-Place. J’ai une vision d’ensemble sur la foule, je peux voir leur regard perçant, la plupart semblent me regarder avec un air de reproche. Comme chaque année, les districts sont aigris, sauf celui du gagnant. Cette année encore, leurs deux tributs sont morts. L’immense foule applaudit puis le maire prononce le même discours rébarbatif et ennuyeux puis c’est à mon tour, je suis censé adresser des signes de main et sourire bêtement, soit. Je fais mon boulot et c’est tout. Les applaudissements retentissent mais ils sont pour la plupart, froid et sans vie. Comme leurs tributs. J’adresse un dernier remerciement à la foule puis je peux enfin m’en aller, ce n’est pas trop tôt, pour un autre district et une autre tournée tout aussi épuisante.