Physique - Caractère

Interview donnée sur la chaîne officielle du Capitole

Que je vous parle de moi ? En premier lieu, je voulais vous dire que c'est un honneur d'être interrogée par vous, je suis vraiment extrêmement honorée, vraiment ! Je ne pensais pas que je pouvais intéresser une chaîne de télévision autrement que par ma grande beauté et ma diction impeccable ! C'est incroyable, vraiment merci. Alors, que voulez-vous savoir ?

Ce que je pense de mon physique ? Et bien je suis superbe déjà, c'est l'essentiel de ce qu'il y a à dire ! Je suis plutôt petite c'est vrai, mais cela donne un côté un peu enfantin que les spectateurs adorent. En revanche, je peux vous assurer que mon visage n'a pas été refait par une quelconque chirurgie esthétique, tout est cent pour cent naturel, demandez à mon médecin ! Et à ceux qui critiquent mon nez un peu fort, je répondrai qu'il fait partie de mon héritage, que des quantité de femmes l'ont porté avant moi et que je dois être fière de ce que l'on m'a léguée. Autrement, oui je suis une brune naturelle. Je sais que c'est une couleur tendance en ce moment, j'ai de la chance, et jamais je ne me ferrait teindre les cheveux. Ils sont superbes, naturellement ondulés en cascade jusqu'à mes épaules. Les hommes disent aussi que j'ai des yeux noirs qui donnent envie de se perdre dedans, sans doute le plus beau compliment qu'on m'ait jamais fait, j'étais tellement contente. Cela a même été relayé dans la presse, vous vous rendez compte ? Je vais maintenant aborder ce qui vous intéresse le plus, vous les hommes : mes formes. Je n'en ait pas honte, et d'ailleurs, pourquoi le devrais-je ? Je suis mince, j'ai une belle poitrine, et des fesses rebondies qui font qu'on aime autant me voir de face que de dos, c'est parfait non ? Si, je suis un sex symbol ? Mais vous croyez parler à qui au juste ? Bien sûr, on ne peut pas être aussi parfait que moi sans en être un. J'inspire des quantité de filles ! Elles veulent toutes me ressembler, si ce n'est pas une consécration, qu'est ce que c'est au juste ? *rires*

Pardon ? Mon caractère ? Et bien je suis une battante, une gagnante. Je suis prête à tout pour réaliser mon destin de star. Je ne supporte aucune défaite ni humiliation, et ceux qui s'y risquent le regrettent amèrement, car je n'ai aucune gêne à affirmer que je suis affreusement rancunière. Faites moi la moindre crasse et je vous le ferai payer jusqu'à la fin de votre vie je vous le jure ! Quel genre vous dites ? Demandez donc à ma dernière maquilleuse, qui a osée rater mon trait de fard quelques minutes avant mon entrée sur le plateau. Le moindre retard aurait pu détruire ma carrière. Oui bien sûr que je l'ai renvoyée ! J'ai même fais en sorte qu'elle ne tienne plus jamais un crayon à fard de sa vie celle là ! Plus personne n'osera la prendre à son service. Comment elle s'appelait ? Maggie quelque chose. Stone ! C'est ça oui ! Comment, elle est morte ? Suicidée ! Ah, bref, revenons à des choses plus importante, en l’occurrence moi ! Je suis une diva de la scène, je sais toujours exactement ce que les gens veulent entendre durant les défilés de mode. Je sais flatter les gens et leur obtenir ce qu'ils désirent, ce qui est bénéfique comme eux comme pour moi. Le secret de mon succès ? Et bien, le talent inné, l'argent et les relations. Oui, même ce type de relations, c'est même essentiel, inutile de se voiler la face. On ne peut pas réussir sans en passer par là, surtout dans le domaine de la télévision. Vous voulez savoir si les gens m'aiment ? Vous écoutez ce que je vous raconte, les spectateurs m'adorent ! Ah, niveau vie privée ? Avec qui je sors en ce moment ? Pour le moment c'est encore secret mais sachez que j'ai quitté ce crétin de Nick. Pourquoi ? Il m'a demandé de choisir entre lui et sa carrière, je n'ai même pas eu à réfléchir. J'ai des amies bien sûr, également. Je leur fait confiance, elles me font confiance, je leur suis loyale, elles me sont loyales. Je crois que c'est tout ce qu'il y a à dire ? A propos de mes relations avec ma mère, figurez vous qu'elle a essayé de me remplacer lors de ma dernière émission ! Non, nos relations ne sont en rien au beau fixe. Un autre sujet ? Mais parfait, c'est vous le maître de l'interview mon cher je vous suis. Mon sentiment sur les Hunger Games ? Ah, la partie la plus intéressante de cette interview ! Et bien, j'adore cela, un peu d'action dans notre vie ! J'adore pouvoir accompagner les carrières avant leur entrée dans l'arène, les autres candidats sont d'un fade et à pleurer quand on voit leur visage dépité le jour de la Moisson. Ils participent à la gloire de Panem, mais ils doivent être débiles pour ne pas s'en rendre compte ! Bref, c'est un honneur, sans compter que c'est forcément mieux d'être l'hôte des vainqueurs probables *rires*. Et puis j'aime vivre dans le district un, ce n'est pas si désagréable que cela en a l'air vous savez. Vous voudriez en savoir plus sur mes rêves n'est-ce pas ? Je veux être une icône, une véritable star, pas ce genre de femme qu'on oublie après leurs premières opérations, je veux être une légende de la télévision, je pense que vous comprenez ce que je veux dire... Merci de m'avoir reçue, c'était un plaisir Monsieur, oui, à lundi pour le prochain reportage, ce sera un plaisir comme toujours, Au revoir !

Histoire

Quand on nait fille de star, nos parents exercent sur nous, au delà d'un modèle, une pression constante. Ils ont envie de nous voir réussir, mais sont-ils prêts à s'effacer pour laisser de l'espace à leur engeance ? La plupart le font, en général, car leur temps est révolu, ce n'est pas le cas des étoiles qui s'évertuent à scintiller encore. Ma mère est de ces derniers. Pas facile, quand on est encore jeune et belle, de voir sa fille menacer son piédestal, surtout si elle est plus belle et plus douée qu'elle, que c'est une copie, mais en mieux d'elle même. Ma vie ressemble à cela, à ma mère qui me dit : "Elève toi ma chérie, mais pas trop, ne fais pas d'ombre à maman !". Mais que fait-on quand on en assez de rester dans l'ombre de sa mère. On la détrône, c'est très simple.

A seize ans, maman était un des mannequin les plus prisés du Capitole, elle défilait pour les plus grands, malgré son jeune âge, et menaçait toutes ses concurrentes, pourtant plus âgées. C'était une star, mais comme la plupart des stars, il y a le revers de la médaille. Pour une vie de paillette, elle troquait la nuit une véritable vie de dépravation, même si cela est resté longtemps secret. La drogue, le jeu, le sexe. Maman n'a jamais vu le visage de tous ses partenaires, mais quand on paie pour vendre des charmes comme les siens, on ne pose pas de questions. Le jour, c'était une jeune fille modèle et incroyablement talentueuse, mais le soir c'était une prostituée de luxe qui se droguait pour mieux planer. Avec ça, pas étonnant qu'elle n'ait jamais su le nom de mon père, qui ne vaut d'ailleurs pas mieux qu'elle. A seize ans à peine, elle était enceinte. Mais avec la volonté qu'était la sienne à nier l'évidence, elle ne l'a pas su avant le septième mois. Impossible ? Non, c'était juste ce que les médecin appelle un déni de grossesse. Mince et agile comme une liane deux mois avant ma naissance, quand son médecin lui a annoncé la nouvelle, elle est devenue une véritable pasturiente, avec un ventre comme un ballon. Je crois qu'elle me détestait déjà. Je n'était pas encore née que je lui pourrissais déjà la vie. Avec son ventre énorme, pas question pour ce grand couturier d'en faire son égérie, plus maintenant. Seulement, maman est douée avec les médias. Elle a retourné la situation à son avantage en inventant l'histoire de l'amant secret et son désir d'enfant précoce. On la filmait et on la prenait en photo en train de se pâmer en caressant tendrement son ventre. Et ça a marché ! Mieux, elle a fait de moi une célébrité avant ma naissance.

Ma naissance fut d'ailleurs très médiatisée, de même que ma petite enfance. Devant les caméras, elle m'embrassait, me cajolait, me gâtais. J'étais une petite fille heureuse dans ses moments là. Dès que les équipes de télévision remballaient leur matériel, elle me laissait à mes nourrices pour vivre sa vie, sans moi. J'ai grandit comme ça, en étant heureuse uniquement sous le feu des projecteurs. C'est dûr pour une petite fille. J'avais l'affection de mes nourrices, mais pas de ma mère, et c'était celle là que je voulais. Je me suis dit alors qu'elle n'avait pas le temps, mais qu'elle m'aimait quand même, que c'était pour mon bien qu'elle travaillait aussi dûr. Ce beau rêve a duré jusqu'au début de mon adolescence.

Maman avait tout de même gardé une vie sentimentale très mouvementée, enchaînant aventure sur aventure et se plaisant à faire tourner tout ce beau monde en bourrique. J'avais alors quinze ans et j'étais une gentille fille servile attendant la prochaine séance photo pour pouvoir câliner sa mère. Elle avait alors prit pour amant un journaliste, du genre très rancunier, pour son grand malheur. Elle eut la mauvaise idée de la larguer, et celui-ci concocta une vengeance plutôt originale et particulièrement méchante. Il s'entretint longtemps avec moi, me révélant le véritable visage de ma mère, une femme autrefois complètement dépravée, qui ne m'aimait pas, qui m'utilisait pour sa propre gloire comme un gage de bonne fois. Dévastée, je lui ait raconté la vie que je menais, où j'attendais sans cesse une nouvelle manifestation en publique pour être avec elle, et que je ne vivais que pour ça. Il me laissa en pleurs, un étrange sourire au lèvres. Le lendemain, à la une des journaux people : "Le véritable visage de Teegan Prado : les confessions de sa fille Iset". Cela détruisit l'image de ma mère, me propulsant sur les devants de la scène. On m'interviewait, on me prenait en photo en train de chouiner. La parfaite image de la jeune fille martyrisée. Je n'éprouvais aucun remord, et au bout d'un moment mes larmes devinrent des larmes de crocodile. Des chaînes de télévision me voulaient pour travailler avec elles, j'étais la nouvelle Iset Prado, rescusitée des cendres du malheur tel un phœnix.

Bien sûr, c'était une déclaration de guerre à ma mère. Mais j'avais à mes côtés ce journaliste, avec lequel j'avais passé un pacte pour détruire la vie de ma mère, tous deux mués par la vengeance. J'étais la nouvelle étoile montante, lui était mon attaché de presse. Je grimpais très vite les échelons de la télévision. A dix-huit ans, j'étais présentatrice de la météo du matin. Un an plus tard, je présentait la météo du soir, aux heures de grande audiences. Ma mère tentait tant bien que mal de remonter de la crevasse dans laquelle je l'avais plongée, essayant de me court-circuiter par la même occasion. Mais le temps de Teegan Prado était révolu. A vingt ans, je devins présentatrice d'une émission d'informations, et ce fut la consécration. J'y restai quatre ans, quatre ans sous la lumière du succès. La chaîne officielle me fit alors une proposition originale. La chaîne diffusait les Hunger Games, et me voulait pour être hôte du district un. Jusqu’à présent, les Hunger Games m'avaient très peu intéressés, mais représenter le district un, celui des bijoux, de l'or, des pierreries, cela pouvait booster ma carrière à un point inimaginable. Leur dernier hôte les avait lâchés en pleine édition, et les deux tributs du un étant morts, cela n'avait plus vraiment d'importance jusqu'à la prochaine moisson. J'ai dit oui, et de toute façon, si cela ne me plait pas, je peux toujours démissionner... Non ?