Ma véritable histoire a commencé il y a tout juste un an. C'était un matin de plein hiver, les nuages recouvraient peu à peu le soleil venant de se lever. Le district se vidait peu à peu, comme chaque jour, les hommes devant partir à la mine. Avant de m'y rendre moi aussi, je devais aller au marché. Je ne sais même plus ce que j'était parti acheter. La suite m'a beaucoup plus marqué que ça. Voyant l'heure tourner plus rapidement que je ne l'aurais cru, je pressais le pas pour rentrer le plus rapidement chez moi, le temps de déposer ce que je m'étais acheté. Effectivement, il ne fallait mieux pas arriver en retard au travail, si je ne voulais pas avoir d'ennuis. Arrivé devant chez moi, je retrouve la porte d'entrée grande ouverte. Ce n'était pas du genre de papa de laisser ouvert la maison, de peur que quelqu'un vienne nous la vider. Même si, à vrai dire, il n'y avait pas grand chose à vider. Mais tout est bon à prendre dans ce district. J'entrai dans la maison et je vis immédiatement que quelque chose s'est passé ici. La chaise près de la table était renversée sur le sol, des débris d'assiettes s'y trouvaient également. Je me souviens avoir crié "Papa !" et de m'être précipité vers l'extérieur. Je regardais à gauche, puis à droite. Je le vis, lui, accompagné de deux Pacificateurs, chacun tenant l'un de ses bras. Il saignait du visage et je compris qu'ils lui avaient fait du mal. Je me mis à courir à toute allure pour le retrouver, pour les empêcher de l'embarquer. La haine prit le contrôle sur moi et je ne pus me retenir de frapper l'un de ces Pacificateurs. Une seconde... Il fallut une seconde pour qu'un troisième Pacificateur fasse son apparition derrière moi, et m'abatte au sol. Assommé, il n'eut pas de mal à m'emmener avec lui. J'eus quand même la capacité de voir mon père s'éloigner peu à peu, le sang dégoulinant sur son visage, et me regardant d'un air désolé. Le Pacificateur m'emmena dans une petite maisonnée ne se trouvant qu'à quelques minutes du district, et dont je n'avais même pas connaissance. Deux autres de ces types se trouvaient déjà ici. Ils m'attachèrent sur un siège et s'éclipsèrent quelques temps. Ils revinrent, tout un attirail sur eux. C'est là qu'ils me coupèrent la langue. J'étais bel et bien vivant et je ressentis une douleur atroce, et des litres de sang s'échappaient de ma bouche. J'aurais bien craché ce sang sur la tête du Pacificateur se trouvant juste devant moi, mais je ne voulais pas m'attirer plus de problèmes que ce que j'étais en train de vivre. Je me sentais presque mourir, quand je sentis une longue aiguille me rentrer dans le bras. On était en train de m'endormir dans un coma artificiel. Ces foutus gens ne voulaient pas me voir mourir ! Oh non ! Ils ont besoin de moi pour servir le Capitole, pour céder à la moindre de leurs envies ! Ils souhaitaient seulement me voir souffrir, et c'était réussi...
Je me réveillai, je ne sais combien de temps après. Je ne sens plus de sang dans ma bouche. Et je ne sens plus ma langue non plus. Ils me l'avaient coupé.
Depuis ce jour, je suis résigné à servir les habitants du Capitole. Je ne peux même plus parler. Depuis ce jour, je me demande où est mon père, s'il l'ont tué - ce qui m'est fort probable -, je me demande ce qu'il a fait pour être emmené. Et depuis ce jour, je me jure que je le retrouverai, mort ou vif. Je me promet de tout faire pour savoir la raison qui a poussé les Pacificateurs à l'emmener. Et je le découvrirai un jour !