Sian est une petite princesse. Etant la dernière née d'une famille nombreuse, elle est considérée par ses parents et ses aînés comme le bébé, la petite poupée de la famille. Et c'est sans la moindre conscience qu'elle en use et abuse à volonté. Les épreuves de la vie lui ont forgé un sacré caractère, et du haut de ses dix ans, la jolie Sian sait ce qu'elle veut, mais surtout ce qu'elle ne veut pas. Dès lors qu'elle a une idée en tête, bien fou serait celui qui tenterait de la faire changer d'avis. Elle est prête à tout pour obtenir ce qu'elle veut, quitte à user de ses talents d'actrice pour manipuler les gens. Et que ce soit par les caprices ou la ruse, elle n'aura de cesse de s'évertuer à parvenir à ses fins, jusqu'à ce que celles ci voient le jour. Sian est également une véritable petite garce. Elle n'hésite pas à prendre les gens de haut, quel que soit leur âge. Ayant une excellente allocution pour une si jeune demoiselle, elle décontenance souvent les personnes plus âgées qu'elle par sa pertinence et la confiance qu'elle a en elle même. Il faut dire qu'il y a de quoi. Depuis son plus jeune âge, l'enfant qu'elle est fait montre d'une extrême curiosité envers tout ce qui l'entoure, et sa capacité à mémoriser très rapidement les informations et à les restituer telles quelles ont toujours impressionné la totalité de sa famille. On la considère extrêmement intelligente, et particulièrement maligne et perspicace. Toujours est-il que quoi qu'elle entreprenne, la tentative se solde inéluctablement par un succès. Ce qui n'aide pas à développer sa modestie.

De plus, avec les années, Sian passe du statut de beau bébé, à celui de magnifique petite fille. Ayant hérité de la beauté atypique des Goldsnow, elle a les longs cheveux à la blondeur si claire caractéristique de sa lignée, et un visage porcelain, qu'elle aura probablement la chance de garder toute sa vie. Ses yeux sont d'un vert émeraude la plupart du temps, bien qu'ils puissent tirer en fonction du temps sur le gris ou le bleu. Son petit nez en trompette est parfaitement proportionné à son visage rond, et se niche entre deux petites pommettes roses et saillantes qui font craquer tout le monde. Prenez garde à vous si elle vous sourit, vous ne serez plus en mesure de lui refuser quoi que ce soit, et elle le sait! Sian est déjà plutôt grande pour son âge, et a le corps fin et parfaitement ciselé. Les formes commencent, très doucement, à apparaître sur son corps enfantin, ce qui n'est pas pour lui déplaire.

L'histoire commence au Capitole.
Pandora Goldsnow est une jeune styliste en vogue, réputée et recherchée par les plus grands noms de la télévision. Née dans le district 1, sa famille est fortunée, et connue pour les fêtes grandioses qu'elle organise. Composée principalement de femmes, possédant toutes les mêmes caractérisitques : une peau livide, et cette longue chevelure aux reflets couleur soleil. Leur grâce est devenue légendaire dans leur district, mais ces femmes se revendiquent fortes, et n'ont pas besoin d'hommes dans leurs vies. Si ce n'est pour assurer leur descendance. Après quoi ils disparaissent, et plus jamais on ne les revoit.
Hills Weelstep, quand à lui, se destine à une carrière prometteuse dans la politique. Originaire du Capitole, il est le plus grand coureur de jupons que l'histoire ait jamais vu. Les femmes qui se succèdent dans son appartement luxueux sont toutes plus belles les unes que les autres, et toutes sont motivées non seulement par la charme du jeune homme, mais également par sa condition, et sa renommée grandissante. On l'envisage même président, un jour peut être. Sa fougue caractéristique et ses mondanités ne laissent personne indifférent quoi qu'il en soit.

Comme vous pouvez aisément vous en douter, Hills est un homme de goût. Et derrière chaque homme de goût, se cache une femme, qui discrètement souffle le chemin à suivre. Lorsqu'il eut vent de la dite Pandora, Hills ressentit le besoin de s'acheter ses services. Il réclama donc sa venue au Capitole. Ambitieuse, et curieuse de voir du pays, la jeune Goldsnow accepta, malgré des réticences marquées envers cet homme, qui représentait aux yeux de sa famille l'archétype de la pourriture humaine. Quelle importance, si c'était par là qu'il fallait en passer pour faire connaitre son talent, Pandora s'y plierait, quoi qu'il lui en coûte.
Dès son arrivée, Hills n'eut d'yeux que pour cette sublime créature, qui lui semblait sortie d'un des contes que lui racontait la nourrice qui l'avait élevé. Pandora, quand à elle, ne daigna même pas accorder un regard, aussi court soit il, autre que professionnel à cet homme. Hills essaya tout, absolument tout ce qui lui passa par la tête pour séduire la demoiselle. Les plus belles pierres, les plus somptueux apparats, les plantes les plus exotiques lui furent envoyées. Il la fit placer dans une suite superbe, livrer des mets délicats tous les jours, mais rien n'y faisait. Pire, au plus Hills tentait de courtiser la jeune femme, au plus elle semblait imperméable à ces vaines tentatives de séduction. Le politicien en devenir sombrait doucement vers les portes de la folie: mais qu'avait donc de si spécial cette femme pour qu'elle lui fasse à ce point tourner la tête? Outre son incroyable beauté si atypique, son éloquence non négligeable et sa personnalité flamboyante, elle lui résistait. Elle lui résistait, quand toutes les autres du Capitole se bousculaient à son palier dans l'espoir d'une nuit à ses côtés.

Un après midi, alors que Pandora se pressait dans les couloirs de l'hôtel dans lequel elle devait rejoindre Hills, elle trouva ce dernier, assis à même le sol, la tête entre les mains. Ce qui était bien loin de l'image que se devait de donner un homme important, même dans l'intimité d'une chambre d'hôtel. Décontenancée par la vision de cet homme si triste, elle resta quelques secondes immobiles, à dévisager l'homme, avant de s'asseoir à sa droite. Il lui fallut quelques secondes supplémentaires avant de se décider à poser ses doigts fins sur le bras de Hills. Grandir aux côtés de femmes exclusivement avait toujours pousser Pandora à croire ce qu'on lui en avait raconter. Que les porteurs du chromosome Y étaient des rustres sans coeur, sans éducation, et que se supporter uniquement entre femmes rendait plus fortes. Et là, dans cet endroit somptueux, cet homme, qui avait si bien collé aux stéréotypes qu'on lui avait inculqué depuis l'enfance, se mettait à nu. Montrait des sentiments, des émotions. Pandora aurait pu jurer apercevoir une larme glisser le long de la joue de Hills. Il n'eut pas besoin de parler, elle n'eut pas besoin de demander. Ils se quittèrent une heure plus tard ce jour là, sans qu'un seul mot ait été échangé. Mais tout changea à partir de ce moment là.

Leurs rencontres suivantes se déroulèrent beaucoup plus naturellement. Hills laissa tomber ses attitudes hautaines pour se montrer sous son vrai jour, et Pandora cessa d'être aussi glaciale et accepta les avances de son client. Les jours, les semaines, les mois passèrent. Ils tombèrent amoureux. La nouvelle fut mal acceptée par sa famille, mais suivie avec émoi par le Capitole, qui se prit de passion pour ce couple atypique. On annonça leur mariage sept mois plus tard. Il fut célébré en grande pompe, accueillant plus de 800 invités triés sur le volet, tous les photographes du Capitole, et de nombreux journalistes venus relater l'évènement. Pandora tomba très vite enceinte de son premier enfant. Puis du deuxième. Et en 2325, vint la naissance de ses deux adorables petites jumelles. Trois ans plus tard naquit Junie, puis vint Tizian l'année suivante. Et enfin la petite Sian, la dernière de la famille, qui vit le jour en 2331.

Tout Panem fut bouleversé par les évènements, et être politicien à cette époque n'était pas nécessairement le choix de métier le plus judicieux à faire. Fort heureusement, la popularité de Hills, de son épouse et de ses enfants auprès des grandes autorités leur permis de quitter le Capitole en gardant un certain statut. Il resta donc un homme de pouvoir, envoyé par le Capitole autour des différentes districts pour gérer la situation, empêcher les mouvements de révolte, et faire passer aux maires de chaque district les informations nécessaires. Quand à sa mère, elle garda un certain statut au Capitole, ce qui la conduit régulièrement à faire les allers retours, emmenant parfois un ou deux de ses enfants avec elle. Sian a donc eu une enfance mouvementée, rarement au même endroit plus d'un ou deux ans d'affilé.

On ne peut cependant pas dire que son enfance ait été malheureuse. N'ayant jamais manqué de rien, ses frères et soeurs et Sian elle même n'eurent jamais la nécessité de prendre des Tesserae pour survivre, et les maisons qu'elle a habité étaient toujours de 10 à 15 fois plus grande que les maisons des personnes les plus riches des districts en question. De nombreuses rencontres marquèrent ses allers et venues au travers de Panem, un évènement en particulier troubla son existence à tout jamais.

En ce temps là, la petite famille, qui pour éviter d'être trop facilement repérable et prise pour cible, portait le nom de leur mère, et pas celui de leur père, vivait des jours paisibles et heureux dans le district 5. A l'époque âgée de 4 ans, c'était comme toutes les filles de la petite tribu Goldsnow une enfant docile, calme et obéissante. Aimée de toutes les familles, et du voisinage, et connue pour sa douceur et son amabilité, Sian était également une petite fille incroyablement vive et très curieuse. La moisson n'avait jamais été un jour inquiétant pour cette petite famille aux moyens élevés. Les enfants n'avaient jamais eu à prendre de Tesserae, mais comme tous les autres enfants des districts où ils se trouvaient, leurs noms étaient déposés au moins une fois dans l'urne si redoutée. Mais après tout, qu'elles étaient les chances pour que le leur soit tiré? 7 enfants Goldsnow, des centaines et des centaines d'enfants âgés entre 12 et 18 ans. Infimes. Ridicule même. L'aîné de la famille, âgé de 15 ans, participait à sa troisième moisson. Le second des garçons avait fêté 3 jours avant la Moisson ses 12 ans, ce qui le rendait donc également éligible aux Hunger Games. Pour tous les autres enfants, ils étaient assurés de ne pas périr dans ces jeux dangereux. Comme à leur habitude, toute la famille se prépara. On revêtit aux petits garçons leurs plus belles pièces, et Pandora leur coiffa les cheveux, tandis que les petites filles enfilaient de jolies robes à dentelle nacrée, et nattaient leurs cheveux pour les rendre plus présentable. On tira en premier le nom de la fille. Une petite rouquine de 17 ans, à l'allure juvénile et au regard apeuré, comparable à celui d'un lapin que la lumière serait venue frapper sans crier gare. Mais quand le nom de Daël Goldsnow fut prononcé par l'animatrice, Sian n'était pas en âge de réaliser ce qu'il se passait autour d'elle. Elle n'était pas certaine de comprendre l'expression sur les visages des membres de sa famille. Mais son instinct d'enfant lui disait que cela ne présageait rien de bon. Comment était-ce possible? Le petit garçon de 12 ans à peine, se tourna vers sa mère, les yeux pleins de larmes. Il avait envie de courir se lover dans la chaleur des bras de sa génitrice, et de s'y terrer jusqu'à ce qu'on l'oublie. Malgré le peu de temps qu'il avait passé sur cette terre, il était cependant conscient que c'était impossible. Alors que Pandora, pétrifiée d'horreur et ne sachant que faire, était sur le point de lui faire signe d'avancer, la carrure imposante de Meldrick s'imposa devant celle encore frêle de son petit frère.

"JE ME PORTE VOLONTAIRE. JE ME PORTE VOLONTAIRE."

Il l'avait dit deux fois. D'un ton ferme, et définitif. Sans la moindre peur dans la voix. Comme pour prouver qu'il était prêt à se sacrifier plutôt deux fois qu'une pour son cadet. Il avait porté un rapide baiser sur le front de Meldrick, puis poussé fermement pour qu'il court rejoindre sa famille. Le moment des derniers adieux fut déchirant. Meldrick n'eut pas le temps de faire de longs adieux aux plus petits. Il se contenta de serrer Junie, Sian et Tizian, en leur faisant promettre d'être gentils avec les parents, et de bien écouter ce qu'on leur disait de faire. Sian sentait bien que quelque chose n'allait pas, pourquoi lui demandait-il quelque chose de tel? Il s'en alla dans ce train qui le menait vers le Capitole, et Junie n'eut jamais plus l'occasion de serrer son frère dans ses bras. Il s'est pourtant battu, avec toute la force et l'amour possible. Il fut vaillant et courageux. Fabriqua des armes de ses propres mains, et déjoua tous les pièges du Capitole et des autres tributs. Il parvint à survivre parmi les trois derniers, en n'ayant tué involontairement qu'une seule personne. Une fillette de 14 ans, tapie dans les buissons, qui tomba dans l'un de ses pièges, en tentant d'échapper à une créature créée de toutes pièces par le Capitole. Le tout sous les yeux de Meldrick, qui regarda, impuissant, ce monstre sanguinaire arracher des lambeaux du corps de la gamine. Et alors que la famille commençait à croire au possible retour de ce fils prodigue, l'un des tributs restant, pris d'un accès de folie après avoir senti de trop près le parfum de quelque plante vénéneuse, déboula en furie dans le dos du jeune Goldsnow qui s'abreuvait rapidement au point d'eau le plus proche. Comme si recevoir un coup de hache dans le dos n'aurait pas suffit, le tribut dégénéré tapa, tapa et tapa encore sur le corps inanimé de Meldrick qui gisait dans l'eau. Rapidement, la source prit la couleur du sang du jeune homme qui s'y diluait. Et ce moment là, jamais Sian ne pourra l'oublier. Sa mère étouffa un cri de douleur, et Sian se rappela simplement avoir agrippé de toutes ses forces la jambe de son père, pour y pleurer autant qu'elle le pouvait.

Depuis ce jour, depuis six ans maintenant, la petite fille est bien différente de l'enfant délicate qu'elle était avant. Au fil des ans, elle devient une petite peste. Et Sian en est fière. On lui a pris son grand frère qui n'avait rien demandé à personne, et en plus de ça, il faudrait qu'elle hoche docilement la tête et fasse tout ce qu'on lui demande? Surement pas. Bien qu'elle adore sa soeur Junie et qu'elle en soit particulièrement proche, les deux petites filles ont des caractères bien différents, et Sian le fait savoir à qui veut bien l'entendre. Tizian, le frère qui les sépare au niveau de l'âge, se trouve un peu entre les deux, mais ne peut donc jamais donner raison ni pleinement à l'une, ni pleinement à l'autre. Sian se sent plutôt proche de son grand frère Daël qu'elle adore, mais elle admire également Billie, qui a toujours un comportement très mature, mais qui est pourtant si rebelle à l'intérieur.