Physiquement, Hisa n’est pas très impressionnante pour une ancienne gagnante … Mesurant dans les 1 m 65, elle parait douce et gentille au premier abord, presque fragile. Ses yeux sont d’un noir profond, ses cheveux sont souvent détachés et cascadent sur ses épaules ; elle sait émouvoir son public avec un charmant sourire et un petit air angélique. La demoiselle est une fabuleuse actrice, un peu manipulatrice, elle paraît éblouissante à chacune de ses entrées, toujours souriante et aimable … Seul son entourage proche sait réellement qu’elle joue un rôle en permanence, loin des caméras, elle semble fatiguée. Cela fait plusieurs années qu’elle a perdu sa joie de vivre qui était pourtant l’élément principal de son caractère autrefois, lorsqu’elle n’avait pas à revivre chaque année ces stupides jeux. Toutefois, elle se donne au mieux pour aider ses tributs, les dépressions n’étant pas rares chez elle, s’attachant facilement à ces jeunes filles et garçons envoyé à la mort pour le bon plaisir du Capitole pour qui elle n’a aucun respect. Tous les mentors, ou presque, se réfugient dans quelque chose pour oublier, certains dans l’alcool, d’autres dans la drogue, d’autres encore dans une forme d’art. Elle, avait une passion pour la musique et une ouïe incroyablement développée, ce qui lui avait d’ailleurs valut sa victoire. En dehors des jeux, Hisadora est une violoniste hors-pair et trouve dans la musique un certain réconfort, jouant facilement avec les sons et les rythmes.

District 8

Au milieu d’une nuit d’hiver, la femme d’un ouvrier donna le jour à une petite fille. A peine arrivée dans ce monde que la demoiselle avait tout d’une future gagnante, tuant sa mère ce soir-là avant même d’avoir eu un prénom. On la baptisa comme la courageuse femme qui avait sacrifiée sa vie pour la sienne. Hisadora. Toutefois, devant l’inconscience, si ce n’est l’innocence de la gamine, tous lui pardonnèrent son meurtre … Son enfance fut heureuse, passant la plupart de ses journées seule ou avec son grand frère chéri, plus âgé qu’elle de huit ans. Hisa était aimée de son père et de son frère mais n’avait pas vraiment d’amis. On la croyait folle, ou un peu autiste, pour dire vrai. Elle subissait sans cesse les moqueries de ses camarades de classe, sans que cela soit réellement méchant.

Pourquoi ? Parce qu’elle était incapable de se concentrer plus de quelques secondes sur la même chose, toujours très distraite par le moindre son, trouvant un moyen de faire de la musique rien qu’en entendant un stylo claquer régulièrement au fond de la classe. Il y avait quelque chose qu’elle adorait faire, lorsqu’elle avait du temps libre. Elle s’asseyait dans un coin de l’usine où travaillait son père et écoutait les machines travailler en rythme, s’imaginant une véritable symphonie. Mais un jour, le concert céda la place à une alarme effrayante, Alexander, son grand frère, la prit dans ses bras et l’entraina en dehors de l’usine.

Tout le district était en mouvement, comme si l’on avait donné un coup de pied dans une fourmilière. Alexander la couvrit d’une couverture volée dans l’usine et marchait rapidement vers les sous-bois quand la première explosion se fit entendre. Hisa, apeurée, essaya de jeter un coup d’œil par-dessus l’épaule de son ainé mais celui-ci lui prit le menton avec douceur pour qu’elle le regarde.

-Ecoute-moi, chaton. Je veux que tu me regardes. Tout le temps, tout le temps, tout le temps. Même si tu entends des cris, même si tu as très peur.

La fillette obéit. Elle avait huit ans, et ne comprenait rien à cette rébellion ratée… Tout ce qu’elle savait c’était que son frère était là, avec elle, et que son père ne reviendrait jamais. Puis vint les Hunger Games. Son frère y échappa, ce qui rendit Hisadora on ne peut plus heureuse, terrifiée a l’idée de perdre la seule personne qu’elle aimait. Mais arrivée à ses treize ans, son nom s’éleva sur la place principale du district huit. On la poussa vers l’estrade, les cris déchirants de son frère manquèrent de la faire rebrousser chemin, tremblante, retenant ses larmes de son mieux. Alex fut assommé avant d’avoir pu se glisser jusqu’à elle. Tant mieux, elle n’aurait jamais quitté ses bras sinon. Les adieux furent insupportables … Elle n’avait aucune chance de sortir vivante de l’arène. La jeune fille promit toutefois à son frère d’essayer, de ne jamais baisser les bras.

Le capitole & l’arène

Pour avoir déjà vu des « Hunger Games » à la télé, elle savait ce qu’elle devrait commencer par faire en arrivant dans l’arène. Se cacher et trouver de l’eau. La semaine qui s’écoula entre son départ du Huit et son arrivée dans l’arène lui parut passer à toute vitesse. Le garçon qui l’accompagnait vers la mort était vraiment très gentil avec elle … Il s’appelait Salim, avait dix-sept ans et était un ami de son frère. Puis vint le jour critique. Elle ne prit réellement conscience de sa peur que lorsque son styliste la poussa gentiment dans le tube qui devait la mener dans l’arène. La clarté du paysage l’éblouie un moment et elle dû cligner des yeux pour se repérer. La corne d’abondance était magnifique aux yeux d’Hisa …

Ils se trouvaient au milieu d’une gigantesque carrière abandonnée. Contrairement aux autres années, l’arène semblait étroite. À un 300 mètres à peine derrière eux, les parois de la carrière, creusées dans la pierre au fil des années, devant eux, juste derrière la corne, une soi-disant forêt bien qu’un observateur attentif pouvait facilement voir les montagnes infranchissables qui transformaient la forêt en piège stupide, acculant les tributs au fond de l’arène. Son premier réflexe fut pourtant de courir pour se mettre à l’abris sous les arbres, comme lors de la révolte mais le carnage qui se déroulait à la corne d’abondance l’effraya. Elle rebroussa chemin et attrapa un sac-à-dos qui trainait par terre puis se réfugia dans la carrière. Elle se crut prise au piège mais remarqua de nombreuses cavités dans la pierre. Elle grimpa et écouta longuement les bruits qui se trouvaient dans chaque grotte. Elle évita ainsi pas mal de mauvaises rencontres et trouva même de l’eau. Elle survécu quelques jours sans problèmes autres que la faim et le froid par moment mais elle savait qu’elle ne pouvait se cacher indéfiniment. La forêt, comme elle l’avait devinée, était invivable.

Tous les survivants avaient donc trouvés refuge dans la carrière. Les districts les plus riches, les mieux nourries et donc les plus forts, avaient fait une alliance, prenant un plaisir certain à cette chasse à l’homme. Ils avaient installés leur camp à la vue de tous, entassant toutes leurs provisions sous les yeux des autres tributs, faibles et affamés, tuant tous ceux qui avaient le malheur de se montrer. Un soir d’orage, Hisa regarda le tonnerre faire trembler les pierres à ses pieds et une idée lui vint. Dans le sac, elle avait trouvé un paquet de petits explosifs de fête mais n’y avait pas prêté attention, ils n’étaient pas conçus pour être utilisés comme arme et ne causeraient aucune blessures graves. La petite déchira un bout de tissu et vida toute la poudre des petits tubes dans l’étoffe, s’affairant de son mieux pour son projet, avec une lueur d’espoir … La nuit venue, elle alluma sa bombe improvisée dans la grotte et couru autant qu’elle put en se bouchant les oreilles. La chaleur dégagée n’aurait pas été mortelle, son bricolage n’aurait tué personne sans doute mais le bruit fut incroyablement puissant. Il déclencha un éboulement qui parut duré des heures a la jeune fille apeurée…

Lorsque tout fut calme de nouveau, trois coups de canons résonnèrent dans le ciel et des hurlements de rage et de douleur s’approchaient dangereusement de sa cachette. En comptant bien, ils n’étaient plus que 5 encore en vie. Deux adolescents apparurent dans l’entrée de la caverne, ensanglantés et en colère. Ils avaient des armes, et s’avançait sur elle, décidée à lui faire payer ce petit coup de génie. Puis Salim arriva à son tour et tua froidement un des garçons à coups de sabre mais reçu une dague dans la cuisse puis acheva l’autre, déjà amoché par la chute de pierres. Hisadora fut heureuse un instant, le district 8 allait avoir un gagnant, Salim allait pouvoir revoir sa famille …

Le sang de ce dernier éclaboussa la frimousse de la demoiselle alors que le tribut du Deux venait de l’égorgé par derrière. La suite parut si floue à la fillette que si elle n’avait pas vu et revu ces images, elle aurait douté que c’était ça. Le garçon du Deux voulut se jeter sur elle mais trébucha sur le corps de Salim … Sa tête heurta une pierre et le sonna un instant, Hisa, devant se spectacle se souvenait de son frère, dans les sous-bois après leur escapade qui nettoyait leurs vêtements en les frappant entre deux pierres … Les doigts de la gamine se refermèrent sur un bout de roche et presque machinalement, elle l’écrasa de toutes ses forces sur le crâne de son ennemi. Même après le coup de canon final, elle continua de frapper frénétiquement, dégoulinante de sang chaud et de morceaux de cervelle.

La vie continue

Hisadora a grandi. Adieu, l’innocence de la fillette un peu dérangée. Elle devint mentor, essuya pas mal de crises d’angoisses et de dépressions violentes … Pour les caméras, elle fut un petit rayon de soleil, toujours souriante, plutôt mignonne, un peu blagueuse mais jamais elle ne se remit complètement de son voyage dans l’arène. Seul son frère pouvait la rendre un peu heureuse, mais la mort de tous ces jeunes protégés lui donnait des cauchemars toute l’année. A chaque moisson, elle reprend son masque et offre une petite moue charmante à Panem puis cette phrase, toujours la même.

Puisse le sort vous être favorable.