The Hunger Games RPG
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Zalina ♥They lived happily ever after♥

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Errol F. E. F-Wicklow
Errol F. E. F-Wicklow
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MessageSujet: Zalina ♥They lived happily ever after♥ Zalina ♥They lived happily ever after♥ I_icon_minitimeDim 5 Jan - 19:28


Solitude. ♥️ Zalina.
'They lived happily ever after.'

Après avoir fini mon ascension de la paroi, je descends avec prudence et je me dis que je n'ai pas vraiment bien choisi mon moment pour aller chercher de la neige. Les rayons de la Lune sont loin d'offrir une luminosité suffisante pour que je puisse être pleinement à mon aise. Heureusement, j'y vois cependant assez pour évoluer de façon fluide et ne pas craindre de dégringoler tout d'un coup et de finir plusieurs mètres plus bas, dans la neige ou peut-être même sur un rocher.

Oswin dormait encore quand j'avais pris la décision de partir, j'avais préféré réveiller Trishteh car je sais que jamais Oswin ne m'aurait laissée partir seule. J'espère revenir avant qu'elle n'ouvre les yeux. Je ne veux pas l'inquiéter. Je n'aime pas trop non plus l'idée d'être loin d'elle mais j'avoue que cette petite sortie dans le froid, l'idée d'être dans la neige, ça me détend. Et puis, il y a trop de tension là-haut et je sens plus que mauvais. De plus, j'avais été en proie à d'étranges rêveries éveillée. J'avais bien besoin de me rafraîchir les idées.

Je me sens bien dès l'instant où je sens mon pied gauche s'enfoncer dans la neige. Le froid ne me percute pas tout de suite, je suis encore bien enveloppée de la chaleur du trou que je viens de quitter afin d'étancher la soif de mon amie et de notre alliée. Néanmoins, après quelques minutes, cela me prend de plein fouet et je me mets à regretter de ne pas avoir pris ne serait-ce qu'une petite couverture. Enfin, idéalement, je ne vais pas rester ici bien longtemps, remplir un sac de neige ne demande pas énormément de temps.

En m'agenouillant dans la neige, je me rends compte que c'est la première fois que je suis vraiment seule et posée depuis un bon bout de temps. Oswin et moi avions été ensemble dès le premier jour dans l'arène et lorsque j'avais dû sortir du trou, mon esprit était bien trop embrumé pour que je pense à quoi que ce soit. Dans le tube, pendant les soixante secondes, j'étais encore submergée par la gentillesse et le talent de Viny. Et depuis la Moisson, Keegan avait toujours été à mes côtés pour me rassurer jusqu'à ce que je m'endorme. C'est grâce à lui que j'avais pu dormir la veille de rentrer dans l'arène. Je crois que la dernière fois que je me suis retrouvée seule c'était au Dix, il y a deux mois.  Allongée dans l'herbe d'un pré, l'herbier de maman dans les mains, j'avais étudié ses recherches et toutes les informations que mes ancêtres avaient recueillies des années durant. En effet, ma mère ne l'avait que continué tout comme sa mère l'avait fait avant elle. Bientôt, ce serait à moi de le faire. Je suis assez fière qu'on ait quelque chose d'aussi précieux et de traditionnel dans notre famille. Je me demande si je serais digne de le remplir.

En ouvrant le sac, je touche la paire de chaussures armes et je me dis que ce n'est pas dans cette obscurité semi totale que je trouverai un mulot. Par contre, même si je doute d'être attaquée par le loup ou un félin, si un des ours revient, j'aurais de quoi me défendre. Je ne suis pas vraiment ravie à l'idée de blesser un animal mais Oswin a encore besoin de moi et j'ai tout de même envie de vivre. Depuis que les portraits des deux loups du Deux a illuminé le ciel après l'hymne et le sceau du Capitole, je sais que les désormais cinq autres survivants meurent d'envie de retourner chez eux et que. Nonobstant les trois dangers, le loup, les félins avides de vivre ; nous avons aussi une chance, peut-être infime, que l'une de nous trois s'en sortent. Ne serait-ce pas formidable, incroyable, qu'une tribut venant d'un District dit misérable ait la couronne sur sa tête ? Ce n'est pas arrivé depuis longtemps pour le Dix et, si je gagne, je pense que je trouverais enfin ma place là-bas. Je me sentirais utile. Cependant, quel serait le prix à payer pour cette liberté ? Ce serait une liberté avec des chaines, ce serait comme vivre en cage toute ma vie. Je ne me pardonnerais jamais si je devais être responsable de la mort de mon amie. C'est pour ça que je veux qu'elle gagne. Ce sera sûrement plus facile pour elle de surmonter mon absence. Elle ne tient pas du tout à moi, je ne suis qu'une inconnue qui est avec elle depuis quelques jours.

Je pose la paire chaussure arme à côté de moi ainsi que ma gourde dans laquelle il reste un peu de tisane et me mets à rassembler de la neige et la déposer dans le sac. Il fait bien assez froid qu'elle ne fonde pas mais, une fois de retour dans le trou, j'aurais très peu de temps pour transformer ceci en eau : je ne peux donc pas vraiment en ramener beaucoup. Il nous faudra donc économiser au maximum l'or bleu jusqu'à ce qu'on finisse par lever le camp à nouveau.

Ce n'est que quand je referme le sac que je sens une présence. J'agrippe la chaussure par réflexe et regarde de tous les côtés. Mes yeux s'étant habitués à la nuit étoilée, je vois un peu plus clair que plus tôt. Mon regard finit par se poser sur une silhouette à peine éclairée. Grande taille et sûrement un homme. En me concentrant un peu, je distingue le chiffre Un.


©️ fiche créée par ell



Mon petit mari:
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F. Zadig Nichoelson
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MessageSujet: Re: Zalina ♥They lived happily ever after♥ Zalina ♥They lived happily ever after♥ I_icon_minitimeSam 11 Jan - 20:17


   
   Zalina ♥️

   Get inside the fire with her


L’éternité est longue. Beaucoup trop. Et nous somme trop peu nombreux à nous promener dans l’arène. Ce qui réduit mes chances de croiser un Tribut dans les environs. Ils font peut-être tous comme moi. Peut-être sont-ils en train d’attendre bêtement, trop prudents pour s’autoriser à dépenser les quelques forces qu’il leur reste. Malgré tout, je refuse de bouger. Mes jambes ne me portent plus. Mes bras, fatigués de fournir autant d’efforts pour me permettre d’avancer, sont encore endoloris. Et quand bien même je serais capable de trouver une nouvelle cachette, quelle direction prendrais-je ? Aucun endroit ne me paraît sûr. Je ne suis en sécurité nulle part. Ici, je suis exposé à tous les dangers, en particulier à l’éruption imminente du volcan sur lequel je me repose. Mais je suis assez près du sol enneigé pour prendre la fuite en cas d’agitation. Quant aux Tributs, s’ils peuvent me voir, je suis certain d’avoir une longueur d’avance sur eux. D’ici, je peux les voir arriver de loin. Espérer les prendre par surprise. Car, en toute logique, je devrais les voir arriver bien avant qu’eux ne remarquent ma présence. Fort de cette conviction, je reste immobile, barricadé dans une épaisse forteresse de patience. Cependant, rester tranquille ne m’occupe pas assez l’esprit pour éviter de songer à la faim qui me tenaille. Mon ventre est vide et creux. Il ne gargouille plus depuis un long moment, mais je sens mes boyaux se tordre dans tous les sens, avides du moindre apport énergétique. Les petits pains et le café d’hier me semblent bien loin. Je doute même qu’ils aient jamais existé. Ai-je réellement dévoré du pain goulûment, alors que mon estomac me semble aussi consistant qu’un morceau de néant ? Ai-je vraiment pu introduire du café dans mon gosier, ce breuvage si chaud, si doux ? C’est comme s’il n’existait plus rien d’autre que la neige. Elle est par terre, elle est partout. La chaleur est une sensation que je ne connais plus. Je ne me souviens plus du bien-être qu’elle apporte. Mes maigres souvenirs sont trop lointains. Trop étouffés sous la poudreuse omniprésente. Cela fait maintenant quatre jours que seul de l’air froid, glacé, me broie la gorge, traverse ma trachée, s’empare de mes poumons. J’aimerais respirer autre chose. Les vapeurs odorantes du gobelet de café me semblent illusoires. Je m’en souviens à peine. J’ai beau fermer les yeux, inspirer longuement pour retrouver ces arômes amers et exotiques, je ne trouve que de l’air vide et froid. Ne pas bouger ne facilite pas les choses. D’autant que le soleil entame sa course vers l’horizon, laissant le champ libre aux ténèbres de la nuit. L’astre céleste disparaît, et avec lui, les degrés chutent librement. L’air fraîchit de minute en minute, d’heure en heure. Je reste longtemps assis, posant régulièrement quelques poignées de flocons sur mes bandages ensanglantés, sans esquisser d’autre mouvement. N’y tenant plus, je finis par capituler, et m’emmitoufle dans ma nouvelle couverture. Je soupire de bonheur en retrouvant un semblant de bien-être. Le tissu auto-chauffant me protègera durant les quelques heures de la nuit. Sa douceur me réconforte un peu. Abaissant quelque peu ma garde, je laisse mes pensées dériver comme bon leur semble.

Je me surprends à songer à mes proches. Cet enfer de glace n’a même pas dévoré une semaine de ma vie, mais les habitants du Un me manquent un peu plus chaque seconde. Je devrais lutter pour repousser ces images lointaines, qui paraissent provenir d’une vie antérieure. Qui sont sans doute un vestige de la vie. Qui me poursuivent jusque dans la mort. Je revois sans cesse les visages des êtres qui me sont chers. Et je désespère d’avoir de leurs nouvelles. Quelle ironie ! C’est moi qui suis coincé dans l’arène, et pourtant c’est moi qui m’inquiète pour ceux que j’ai laissés derrière moi. Je sais que mon départ a pu en faire souffrir plus d’un, malgré tout le bonheur que j’ai ressenti à l’annonce de mon nom lors de la Moisson. Je pourrais me reprocher d’avoir été trop optimiste à l’idée d’être envoyé à l’abattoir. Jamais je n’aurais cru à une arène recouverte de neige froide, à laquelle je suis trop peu habitué pour me sentir dans mon élément. La nature artificielle de cette année soumet mon corps endolori à de trop nombreuses épreuves, sans relâche. Je pensais que gagner serait plus facile. Que trois jours après le début de l’épreuve, je serais déjà rentré chez moi. Que je n’aurais fait qu’une bouchée des autres concurrents, trop faibles pour me résister. Que mon tableau de chasse compterait la moitié des têtes blondes de l’arène. Mais il n’en est rien. Les Jeux, ce sont beaucoup de rêves irréalisables, et encore plus de désillusions. Et malgré tout, on avance, on se bat jusqu’à la dernière seconde. Parce qu’il y a cet espoir. Cet espoir fou qui fait encore tenir sept adversaires face à moi. Ce même idéal que nous caressons tous. Mais qui n’en épargnera qu’un. Il faut que je sois ce miraculé. La gloire en elle-même m’intéresse peu. Ces Jeux sont l’ultime épreuve de la vie. Pour voir si nous la méritons. Et j’estime être digne de rester en vie. Je nourris un mépris absolu envers celle qui m’a donné naissance, mais j’ai su donner un sens au cadeau qu’elle m’a fait. Grâce aux Carrières, au centre d’entraînement, à Avalon, à Berry, à Devon. Puis grâce à ces Jeux, qui ont bien voulu de moi. Au Capitole et ses habitants excentriques mais bien plus sensibles qu’ils ne veulent l’admettre. A mes sponsors, autant de petites lueurs au cœur de l’obscurité de la mort, de promesses de retour à une vie normale. Aux mauviettes qui espèrent encore s’en tirer, qui me poussent bien malgré eux à me surpasser chaque seconde depuis mon arrivée dans le cratère. A tous ceux qui sont morts, me portant un peu plus près de la victoire. A tous ceux qui mourront, et dont le sacrifice me permettra de me rapprocher de mon but ultime. A tous ceux que je tuerai, qui feront de moi un héros sanguinaire. A la dernière tête qui tombera, me proclamant vainqueur de cette seizième édition.

Mais je rêvasse trop. Chose qui ne m’arrivait que rarement avant la Moisson. Aujourd’hui, bien que soutenu par une bonne partie de Panem, je suis seul. Seul et livré au silence pesant qui tombe en même temps que la nuit. Pas le moindre bout de chair fraîche ne se présente à moi pour me divertir. Alors je tue le temps comme je peux. Et lorsque je m’en rends enfin compte, je me sens coupable. Les Jeux, ce n’est pas rester là, assis et solitaire, à attendre dans l’ombre qu’un survivant vienne chercher la mort. J’aimerais bouger, aller de l’avant. Mais pour aller où ? Avec quelle énergie ? Plus le temps passe, et plus je me sens impuissant. Les Hunger Games m’échappent. Je ne suis pas le maître absolu du jeu. Je ne peux tout contrôler. Une sensation qui m’est étrangère. Et désagréable. Plongé dans l’incertitude, je ne peux compter que sur moi-même pour m’en sortir. Pas sur une docile marionnette qui m’aurait servie d’alliée. Ce temps-là est révolu. J’ai moi-même mis fin à l’alliance des Carrières, aussi solide qu’un fil de soie. J’ai redistribué les cartes. Et depuis, je n’ai eu de cesse d’attendre qu’on me fasse payer ma solitude volontaire.

Une nouvelle fois, l’hymne du pays m’arrache brusquement à ma rêverie. Le sceau du Capitole apparaît soudainement dans le ciel, illuminant l’étendue blanche qui s’étale sous mes yeux aveuglés. Alors que les notes de l’hymne national résonnent dans la nuit calme, je me demande qui est tombé aujourd’hui. J’espère qu’il s’agit des Tributs du Six. Au moins la fille. S’il reste des Tributs intelligents, ils auront préféré s’en prendre à elle. Si douce, si dangereuse, tellement fausse. Trop adorée des spectateurs, je suis certain qu’elle a raflé des tas de cadeaux offerts par de généreux sponsors. Sous prétexte qu’elle est enceinte. C’est sans doute pour cette seule raison qu’elle a tenu bon jusqu’ici. Pour ça, et parce qu’Emrys, sa brute de garde du corps, l’accompagne où qu’elle aille. J’espère que lui aussi a fini par rendre l’âme, après avoir longuement souffert. Je ne supporte pas son air supérieur de m’as-tu-vu. Si personne ne s’est occupé de son cas désespéré, je promets de m’en charger dès demain. Il n’a que trop longtemps vécu. Nul doute que l’ex-alliée de la rouquine du Huit s’est fait tuer également. Seule et faible, elle n’a pas pu survivre plus d’une journée. Si je ne me trompe pas, elle fait partie des Tributs des Districts périphériques. Les plus faibles, les moins crédibles. Leur participation annuelle n’est qu’une blague. Ce ne sont que des pions destinés à mourir, pour satisfaire le Capitole. Rien de plus. Ashe et Alex l’ont probablement retrouvée. Avec un peu de chance, l’un d’entre eux aura même tué l’autre. Ils semblaient proches, mais j’ose espérer que mon départ a semé le trouble au sein de leur couple solide. Aussi, je m’autorise un sourire satisfait lorsque le visage d’Ashe s’inscrit dans le ciel. Son visage déterminé ne représentera plus la moindre menace. Une candidate sérieuse en moins. Mais je tombe des nues lorsqu’Alex lui succède. Le District Deux vient de perdre ses deux représentants. En une seule journée. Bordel de merde. Qu’est-ce qui a eu leur peau ? Aucun des Tributs encore en lice ne me paraît être assez fort et expérimenté pour se débarrasser des deux à la fois. Un piège, peut-être ? Une meute d’écureuils affamés, comme ceux que l’on m’a envoyés ? Des bêtes féroces, des insectes mangeurs d’homme ? Les Juges peuvent se montrer très inventifs lorsqu’il s’agit de tuer des enfants. En tout cas, sur ce coup-là, ils ne se sont pas loupés. Deux Carrières sont morts. Je suis le tout dernier. Je crains soudainement pour ma vie. Bien plus que je n’ai l’ai fait jusqu’alors. Je suis désormais l’unique ennemi public. Seul au milieu des derniers pouilleux. Qui se révèlent plus tenaces que la vermine. Car l’hymne de Panem s’achève sur le regard dur, incisif, du Carrière du Deux. Seulement deux morts en une journée. Et il fallait que ce soit les Carrières. Leur mort ne me touche pas réellement, en soi. Je ne connaissais pas Ashe, et c’était une menace. Tout autant qu’Alex, son compagnon trop proche que j’ai adoré manipuler jusqu’au tout dernier moment. Le réel problème, c’est ce doute qui s’insinue sournoisement en moi. Ce doute quat à la façon dont ils sont morts. C’est peut-être une blague sadique des juges. Mais c’est peut-être une prouesse due à des Tributs lambda, dont j’ai ignoré la force physique et mentale jusqu’à aujourd’hui. Il existe encore des tueurs capables d’abattre un Carrière. Deux, même. Et c’est une hypothèse qui me donne la nausée. Je cherche à la refouler, à l’enfouir au plus profondément de moi, à ignorer les conséquences désastreuses qu’elle impliquerait. Je baisse la tête en direction de mes genoux une fois que le ciel se fait de nouveau noir. Je passe une main impuissante sur mon visage fatigué. Ce n’est pas fini. Tout n’est pas encore joué. Je sais que je vaux bien mieux qu’Alex et Ashe réunis. Tout peut encore basculer. Mais mes chances sont sérieusement entamées.

J’ai soudain l’impression d’avoir pris vingt ans d’un coup. Je me sens las et épuisé. Je perds soudain goût à l’aventure, à la vie. Je veux simplement rentrer chez moi, sans que quiconque tente de m’en empêcher. Je veux tout arrêter. Arrêter avant de mourir. Avant qu’il ne soit trop tard.

Cherchant à me changer les idées, je m’empare de mon sac de bonbons et en fourre un dans ma bouche. J’espère que le parfum suave et sucré de la cerise saura chasser l’amertume de la bile qui remonte dans ma gorge. Mais rien n’y fait. A peine ai-je avalé ma sucrerie que je suis saisi d’un puissant haut-le-cœur.  Je me penche rapidement vers la gauche, et vomis le peu que j’ai à rendre. Je sors surtout de la bile amère, puisque mon estomac est resté vide toute la journée. Je chasse de mon esprit les images de nourriture qui s’imposent à moi, et me contente de cracher mon dégoût, mon impatience, ma peur. Une fois que tout est sorti, je me redresse, haletant, en nage. J’attends quelques secondes, me laissant le temps de chasser les étoiles qui dansent devant mes yeux. Une fois que mes vertiges s’apaisent, je me rince la bouche avec une gorgée de lait, que je recrache aussitôt. J’en bois quelques-unes par la suite, comptant sur les propriétés nourrissantes du breuvage pour ne pas m’évanouir bêtement. Je ne me risque cependant pas à avaler un nouveau bonbon. J’aimerais me remplir le ventre davantage. Mais à trop me forcer, je risquerais d’en épuiser les dernières réserves. Je préfère me redresser et aller me dénicher un nouvel endroit tranquille, à l’abri des effluves de vomi. Je fais quelques pas, remonte un peu le long des flancs du volcan, et trouve un gros caillou contre lequel me caler. Je me pelotonne dans ma couverture et me roule en boule au pied du rocher. Sans me défaire de mes biens, j’essaye de trouver le sommeil. Ce n’est pas chose facile. Dès que mes paupières se closent, des visions d’horreur me prennent d’assaut. J’ai l’impression de revenir au premier jour, où j’étais un Tribut fraîchement débarqué, meurtri par ses atrocités commises. Mais je suis plus seul, plus faible aussi. Plus proche de la victoire. J’essaye tant bien que mal de garder espoir. De me forcer à dormir pour repartir du bon pied demain matin. Il me faut lutter longtemps contre mes propres démons, mais je finis par m’abandonner au sommeil.

Mon repos n’est que de courte durée cependant. Je ne dors que d’un sommeil léger. Aussi, je suis pratiquement déjà réveillé lorsque j’entends des graviers dégringoler autour de moi. Affolé, je me redresse brusquement, croyant tout d’abord à l’éveil du monstre volcanique. Mais quelques secondes me suffisent à prendre conscience de mon erreur. Le cratère reste impassible. C’est une silhouette sombre, qui se découpe à peine sur le ciel noir, qui descend la pente à toute allure. Je la suis des yeux. La petite forme ne ralentit pas l’allure. A quelques mètres de moi, elle ne remarque même pas mon existence. Elle trace tout droit, jusqu’au pied de la montagne. La silhouette esquisse quelques pas légers dans la neige, puis s’immobilise. Comme elle ne bouge plus, je la perds des yeux. Je jette un coup d’œil en direction du sommet. Personne n’a suivi le sillage de la frêle silhouette. Le silence reprend ses droits. Une minute s’écoule. Puis deux. Toujours rien. Je me tourne de nouveau en direction de la poudreuse. Même si je ne parviens pas à la distinguer proprement, je sais que l’ombre est toujours là, quelque part, non loin de moi. Je ne l’ai pas entendue faire demi-tour. Et elle ne tardera pas à rebrousser chemin. Si je veux la prendre par surprise, je dois bouger. Maintenant.

Je me défais de ma couverture et la range dans mon sac. Je coince ma sarbacane chargée quelque part dedans. Impossible de le refermer complètement, car l’arme en dépasse. Mais à cette distance, dans une telle  pénombre, impossible d’espérer atteindre quoi que ce soit avec une munition. Je préfère garder mon sabre en main, mon bâton de bois dans l’autre. Mon couteau reste à portée de main. J’enroule ma corde autour de ma taille, au cas où je lui trouverais une utilité. Une fois paré pour le combat, je descends la montagne à mon tour. Je prends garde à ne faire aucun bruit. L’exercice est compliqué. Je dois coordonner mes mouvements, mes pensées, le moindre de mes gestes. Sur un terrain rocheux et sinueux, impossible de rester silencieux. Pourtant, pas une ombre ne se redresse au milieu de la nuit. Je n’éveille aucun soupçon. L’inconnu serait-il parti ? J’essaye de deviner qui m’attend en bas. Certainement pas Emrys. Il ne serait pas seul. Il ne s’agit donc pas non plus de sa compagne. Tant pis, l’occasion se présentera plus tard. La petite brune des champs ? L’une de ses deux compatriotes ? Impossible de savoir. En tout cas, il s’agit de quelqu’un de sacrément stupide. S’aventurer seul, de nuit, alors que les meurtriers rôdent et sont partout ? Peut-être un Tribut qui en a assez et qui a décidé de se suicider. Ou de se laisser assassiner. Peu importe. Je vais lui apprendre à ne plus commettre de telles erreurs. Plus jamais.

Mes pieds foulent la neige. Je suis arrivé en bas. L’ombre ne doit plus se trouver qu’à quelques mètres. Je m’arrête un instant, tends l’oreille. J’entends clairement quelqu’un fouiller le sol. Discret comme une ombre boiteuse, j’avance en direction de cette source sonore. A ma grande surprise, bien que ce ne soit pas pour me déplaire, la silhouette ne remarque pas ma présence. Une fois que je suis assez près, je la repère enfin. Les étoiles me fournissent la luminosité nécessaire pour la distinguer parmi les ténèbres. Sa chevelure d’un blond presque blanc capte la lumières des petites boules de feu, situées loin au-dessus de nous. Le bruit caractéristique d’une fermeture éclair déchire le silence nocturne. L’ombre marque une pause, agrippe une forme à ses côtés et promène son regard autour d’elle. Elle me dévoile enfin son visage lorsqu’elle pose les yeux sur moi. Elle a la peau aussi claire que sa chevelure de paille, et ses grands yeux me dévorent avec peur et incertitude. J’esquisse un mesquin sourire tandis qu'elle se redresse en un sursaut. Une proie idéale. Perdue, isolée, innocente. Une tête facile à abattre. Parfait. J’ignore moi-même quel sort je lui réserve. J’aimerais en finir vite. Et pourtant, je me surprends à engager la conversation avec cette parfaite inconnue qui rêve sans doute de me faire la peau.

- Tu es seule ?

Ma voix n’est qu’un murmure qui s’élève avec peine dans le silence poisseux de la neige. Mais les yeux de la blondinette s’agrandissent davantage. Elle a compris. Mais reste silencieuse. Je n’attends pas réellement de réponse de sa part. Je sais qu’elle n’est qu’une brebis égarée. Personne ne viendra la chercher. Elle le sait pertinemment. Ça se lit dans son regard affolé. Je la domine de toute ma hauteur, sabre à la main. Elle va mourir. De ma main. Je joue avec le pommeau de ma lame, cherchant à la déstabiliser davantage. Je veux me nourrir de sa peur, comme je l’ai fait avec les autres. Je veux jouer avec les nerfs de cette petite chose inoffensive. Déverser sur elle ma rage et ma frustration. Mutiler son corps comme j’aurais dû le faire avec les Tributs restant. La faire souffrir au nom de tous ceux qui sont encore en vie, encore trop nombreux.

- Ça ira vite si tu te tiens tranquille, je souffle, incapable de dire tant de mensonges à voix haute.

Je ne crains rien. Elle n'est armée que d'une chaussure. J’empoigne fermement mon sabre, et fonds sur la gamine.


   

   



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MessageSujet: Re: Zalina ♥They lived happily ever after♥ Zalina ♥They lived happily ever after♥ I_icon_minitimeDim 12 Jan - 23:44


La peur ♥ Zalina
'They lived happily ever after.'


On peut à peine le distinguer parmi les rayons de Lune mais il se détache parfaitement du manteau de neige. Je crois me rappeler vaguement de son visage, de son sourire presque insolent lors des entraînements. Par contre, son nom, comme les autres, ne me revient pas en mémoire. De toute façon, à quoi cela me servirait-il de savoir comment se prénomme un grand méchant loup ?

« Tu es seule ? »

Ce grognement n'avait été qu'un léger murmure mais le silence de plomb de l'arène l'avait porté jusqu'à moi. Pendant les quatre jour j'avais redouté de rencontrer la menace, de devoir faire face au loup. Et le voilà. De plus, il ne s'agit pas de l'un des amoureux du Deux (je les appelle comme ça parce que la fille collait toujours le garçon), non. C'est le garçon du Un. Dans mes souvenirs, il est plutôt beau, ce qui ne fait le rendre plus menaçant. Lors des entrainements, il m'avait semblé être le plus impressionnant. Le loup du Deux était une brute, la louve du Deux était frêle mais entièrement dédiée à son compagnon. Le loup du Un avait cette aura plus calme, cette brutalité renfermée en lui qui le rendait plus sadique que ses compagnons de meute.

« Non, ma maman n'est pas très loin de toi en ce moment même. »

Voilà un essai timide pour le distraire. Ma voix se veut d'un calme impassible, petite voix que son ouïe animale doit percevoir distinctement, je l'imagine. Et c'est vrai que ma mère est là. Juste derrière lui, regardant la scène avec horreur et tristesse, ne bougeant pas d'un centimètre néanmoins. Malgré ma peur évidente, je tente d'agir normalement. Et puis je dois avouer que ce loup m'en rappelle un autre, un que j'ai apprivoisé il y a longtemps.

Je devais avoir sept ans, pas plus lorsque je l'ai rencontré. Lui, couvert de sang, était sur un bovidé éventré. Et moi je m'étais retrouvée là pour pleurer. Ce jour-là, j'avais énormément pleuré et j'avais bien senti l'agacement dans sa voix après sa tentative de m'ignorer et de juste faire ce qu'il avait à faire. Pourtant, il était venu près de moi. Il ne m'avait pas demandé pourquoi je pleurais. Quand j'y repense maintenant, il a juste essayé de me changer les idées ce jour-là, non ? Quoiqu'il en soit, il n'est pas tout de suite devenu mon ami. En plus, il était un peu le genre de mauvais garçon que ma mère ne voulait pas que je fréquente. J'ai pourtant bravé les interdits et j'ai fini par apprivoiser ce garçon bougon et solitaire. Et il est devenu mon meilleur ami (enfin je le considère ainsi) malgré les deux années séparant nos dates de naissance. Au Dix, nous étions un peu les deux amis atypiques. Il était fort et insolent et je n'étais qu'une petite fille qui quittait rarement ses côtés si ce n'est que par peur de l'agacer. Agressif envers beaucoup, envers moi il est beaucoup plus tendre et protecteur. La dernière fois que je l'ai vu, avant de prendre le train, il avait l'air si bouleversé, si prêt à pleurer. Je n'oublierai jamais ce visage. Je ne l'avais jamais vu ainsi. Ai-je compté pour lui ? Suis-je important à ses yeux ? J'aimerais l'être car j'ai vu en lui ce que beaucoup ne voient pas à cause de sa carapace. Ce n'est qu'un loup en mal d'amour, il ne ferait pas vraiment mal à quiconque au Dix. Enfin, sauf aux vaches bien sûr. Sinon, il m'aurait fait mal ce jour-là.

Là, maintenant, je suis aussi fragile que le jour où j'ai rencontré Androu à l'exception que je doute que ce loup-ci m'épargne comme celui qui est devenu mon ami l'a fait. Car celui-ci est mauvais. Je le sens. Je ne suis qu'un pauvre faon perdu dans l'ombre de son regard.

« Ça ira vite si tu te tiens tranquille. »

Ces mots déclenchent une sorte d'adrénaline en moi que je n'ai ressenti que dans le cratère le premier jour. Oubliant le sac rempli de neige et le cœur battant si fort que j'ai l'impression qu'il va sortir de sa cage thoracique, je tente de fuir. Je cours aussi vite que mes capacités me le permettent. Je ne suis pas sûre de mes chances de m'en tirer, je prie pour que l'obscurité m'offre mon salut. Pour que la personne aux initiales « N.S », mon Dieu dans cet enfer m'aide. Pourtant, malgré mes prières, le loup rattrape le faon fugitif.

La force avec laquelle il bondit sur moi me fait tomber dans la neige. Il est sur moi. Je distingue mieux son visage à présent même si ses yeux restent un mystère. Son haleine est fétide et des odeurs de vomis viennent me titiller les narines me donnant la nausée. Parmi ces parfums s'ajoute un autre auquel j'ai été ô combien habituée ces derniers jours. Surtout lorsque j'ai aidé Oswin a tué le garçon du Cinq. Je commence d'ailleurs à comprendre ce qu'il a pu ressentir. Parce que je suis moi-même devenue une proie. Je n'ai pas vraiment d'espoir de m'en sortir. Que puis-je bien faire face à un garçon plus âgé, bien plus fort, n'ayant jamais connu la véritable famine et très bien entraîné ? Je ne suis qu'une petite fille de quatorze ans. Aux yeux du monde, je ne suis devenue une femme il y a quelques mois seulement. Je demeure cependant une enfant. Lui est presque adulte et avide de la victoire, de sortir vivant ; il serait prêt à n'importe quoi. Même si je m'étais fait une raison en sachant pertinemment que mes chances de m'en sortir étaient minces, quelque part en moi s'était nichée l'espoir, une sorte de fantasme. Grâce à Oswin et avec ce que j'ai pu accomplir grâce à elle. Même si j'aimais Oswin et que je refusais de la voir mourir, j'avoue avoir eu un rêve lorsque que j'ai vu les visages des loups du Deux éclairer le ciel aujourd'hui. Huit c'est déjà peu mais six … Bien sûr ce n'avait été que fugace mais j'y avais pensé. Et je sais à quel point c'est égoïste.

Les larmes commençant à couler le long de mes joues, je tente, d'un geste désespéré de blesser le loup en visant son visage avec lame de la chaussure que je tiens toujours fermement dans ma main. Parce que je m'y attache de toutes mes forces, il s'agit de mon seul espoir face aux desseins du loup.


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Jonathan Templebar
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MessageSujet: Re: Zalina ♥They lived happily ever after♥ Zalina ♥They lived happily ever after♥ I_icon_minitimeMar 14 Jan - 19:29

Encore un cadeau. Encore un parachute. Encore un peu de travail pour les organisateurs. Encore un peu de favoritisme de la part d’un capitolien. Encore un peu d’espoir et de soulagement pour le tribut auquel il est destiné. Encore un peu plus d’absurde dans ce monde. Encore un peu de toile. Encore un peu d’argent envolé dans les poches de l’état. Encore un peu de temps de calvaire gagné. Ce ne sont pourtant qu’un petit pain et une lotion cicatrisante destinés au tribut du Un ! Juste ça, rien de bien merveilleux en soi, et deux messages aussi courts que des télégrammes : « Courage, je crois en toi. W.A.M » et « Hé Zad, me dis pas que c'est un écureuil qui va t'arrêter ? Tu vas aller me tuer les tributs restant et revenir ici, et fissa ! ~ Camille »


Désolée de vous couper en plein combat ><' Techniquement, le parachute arrive après l'issue, mais je préfère poster déjà pour ne pas oublier ^^
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MessageSujet: Re: Zalina ♥They lived happily ever after♥ Zalina ♥They lived happily ever after♥ I_icon_minitimeSam 18 Jan - 22:52


   
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Malgré mes recommandations, le petit être n’entend pas se laisser faire sans réagir. Alors que je m’apprête à la déchiqueter à l’aide de ma lame, elle prend soudain la fuite. Le jeune lapin détale dans la neige, abandonnant ses affaires au milieu de la poudreuse. Quand ce petit corps monté sur ressorts ne sera plus qu’un cadavre boursouflé, je verrai ce que je pourrai faire de ces objets délaissés. Mais ce n’est pas ma priorité pour le moment. Je m’élance à mon tour, avec la très ferme intention de ne pas laisser ce bout de viande s’échapper.

Animée de la volonté de vivre, la silhouette noire prend de l’avance. La terreur lui donne des ailes. Elle n’a sans doute jamais couru aussi vite. Aussi, la rattraper se révèle être un exercice plus difficile que prévu. Je me retrouve rapidement entravé par ma blessure au genou. J’abandonne ma canne de fortune pour donner le meilleur de ma vitesse. Un pas, deux pas. Chaque fois que mon pied gauche heurte le sol couvert de neige, une onde de douleur parcourt la jambe qui lui est rattachée. Tous les efforts que j’ai déployés jusqu’à présent pour guérir la plaie béante volent en éclats. Un troisième pas, et je sens très nettement du sang chaud couler le long de ma chair nue. Je prends sur moi et tente de faire abstraction de la douleur qui se réveille. C’est un inconfort que je suis prêt à endurer, du moment que je parviens à mettre la main sur la gamine, toujours quelque part devant moi. Je serre les dents, oublie à quel point je suis mutilé, et poursuis ma course effrénée dans la nuit. L’issue de cette courte poursuite dans la neige était toute écrite. Mon corps de Carrière est plus fort, plus endurant. En quelques enjambées, je rejoins la fuyarde. La peur n’est pas un moteur assez puissant. Elle ne représente rien face aux années d’entraînements qui ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Comment peut-on réellement espérer pouvoir s’en sortir grâce à un coup de chance, quand l’adversaire en a bavé pendant des années pour devenir plus fort ? J’ai passé toute mon adolescence à repousser mes limites, dans le seul but de gagner les Jeux. Et cette blondinette, en provenance directe d’un District trop faible pour se permettre de profiter de ses propres ressources de nourriture, voudrait compter sur le hasard pour me mettre des bâtons dans les roues ? Quelle pitié. On ne doit pas compter sur la chance. On doit la provoquer. C’est ce qui fait toute la différence entre les Carrières et le reste de Panem. Les forts se donnent les moyens d’avoir toutes les cartes en main. Les faibles se contentent d’assister au spectacle.

Lorsque la jeune fille n’est plus qu’à quelques mètres, je prends mon élan et me jette sur elle. Ma carrure d’homme surentraîné ne fait qu’une bouchée de son corps tout frêle. On s’écrase tous deux par terre. Elle le nez dans la neige. Moi sur son dos. La gamine se débat, et parvient à changer de position. Désormais dos à la neige, elle m’offre son corps décharné, son visage bleui, son regard épouvanté. J’appuie fermement mon genou droit au niveau de sa cage thoracique. Je la sens se soulever avec une rapidité encore jamais égalée, presque inhumaine. Ses poumons, parfaitement conscients qu’ils n’en ont plus pour très longtemps, cherchent avidement autant d’air qu’ils peuvent en trouver. Je me penche sur elle, assez près pour sentir son souffle saccadé sur mon visage. Le spectacle, bien que délectable, ne m’arrache aucun sourire. Je continue de fixer la petite fille intensément, comme si mes yeux pouvaient la dévorer. En réalité, je laisse sa peur m’envahir, me nourrir. Ce sentiment de supériorité, d’avoir le contrôle sur tout, sur tout le monde, est une sensation dont je ne me lasserai jamais. J’ai l’impression d’être tout-puissant. Rien ne pourrait m’arrêter. Je sais que ce n’est qu’illusoire. Que des tas de Tributs se sont fait massacrer parce qu’ils se croyaient trop forts. L’ivresse du pouvoir absolu nous fait baisser notre garde, nous rend faible. Au fond de moi, une petite voix me crie de passer à l’action. D’arrêter de jouer avec les nerfs de cette petite proie, bien que ce soit la seule satisfaction que je trouve à tuer des êtres humains. Je suis prêt à me saisir de mon sabre et à commencer la sale besogne, mais les larmes de cristal de la petite blonde suspendent mon geste. De minces filets salés s’échappent de ses yeux agrandis de terreur. Je sens sa poitrine s’agiter de sanglots. Enfin, le sentiment de terreur atteint son paroxysme. Ses yeux embués de larmes expriment toute son angoisse, sa peur. Sa certitude de voir sa courte vie s’achever ce soir. C’est terminé. Elle l’a compris. Il ne me reste plus qu’à lui donner raison.

Alors que je resserre mon étreinte autour de mon sabre, la gamine me prend de vitesse. Je n’ai pas le temps de réagir. Elle se tenait trop tranquille pour que je me doute de quoi que ce soit. J’ai à peine le temps d’entrevoir une forme sombre que celle-ci s’abat sur moi. Le choc me fait vaciller vers l’arrière. Je relâche la pression sur la poitrine de la dégénérée. Je porte une main à l’endroit où l’objet m’a percuté. Une large coupure entaille ma joue. La blessure n’est pas profonde, mais offerte à la morsure du gel de la nuit. Je pousse un rugissement bestial et plaque solidement la garce au sol. Mon bras gauche s’écrase en travers de son cou et l’étrangle à moitié. Je me sens soudain empli d’une fureur insoupçonnée. Envers cette petite chose insignifiante qui pense être en droit de se battre pour vivre, bien sûr. Mais surtout contre moi-même. Pour avoir été trop bête, trop sourd aux appels de mon instinct de tueur. Pour avoir pris mon temps alors qu’il m’est compté. Une seule seconde peut faire la différence. Je prends mon temps pour me jouer de mes victimes, parce que ça rend la tâche moins pénible à accomplir. Tuer n’a en soi rien de bien excitant. On le fait parce que c’est une étape nécessaire à la survie. Ceux qui refusent de se prêter au jeu finissent par mourir. Alors il faut bien se plier aux règles. Mais l’arène est trop pleine d’épreuves et de désillusions pour qu’on puisse se permettre de refuser les plus petits plaisirs qui veulent bien s’offrir à nous. Aussi, je m’en veux d’avoir été si sensible, si humain. Je ne recommencerai plus. Cette petite crevure va comprendre qu’on ne se frotte pas à moi impunément.

- Sale petite ordure !

Un hurlement vibrant de rage déchire la nuit. Je sais que je commence à perdre mes moyens. Si le but de cette sale petite furie est de me pousser aux limites de la folie, soit. Elle souffrira en conséquence. Je prends place sur elle, à califourchon. Je coince fermement ses jambes minces à l’aide de ma jambe droite. La gauche reste tendue, un peu en retrait. Inutile d’aggraver mon cas. J’appuie de toutes mes forces sur sa gorge, pour lui donner la sensation de suffoquer. Ses petits poumons inspirent férocement l’air qui leur parvient encore. Mais cette fois-ci, pas question de m’extasier sur ces détails. Je lève mon poing armé et l’abats sur la joue pâle de la jeune fille. La petite pousse un cri de douleur. Tu parles. Cette gifle n’aurait pas fait de mal à une mouche. Aveuglé par l’envie de lui faire mal, je me débarrasse de mon gant trop épais d’un coup de dents, découvrant mon ceste. Je prends mon élan, vise la joue, et lui assène un nouveau coup. Cette fois, je peux presque sentir l’onde de choc se répercuter dans les os. Sans lui laisser le loisir de hurler sa souffrance, j’abats une troisième fois mon poing sur sa pommette. Les os me cèdent enfin. Je les sens, je les entends craquer en un sinistre concert. Je me redresse et masse ma main, libérant la gorge de la petite blonde. Je reste insensible à ses cris aigus. Les démonstrations de souffrance ne m’intéressent guère chez les futurs cadavres. Si j’aime assister à la naissance de leurs doutes, je me fiche bien des limites que tolèrent leurs corps. Je ne ressens pas leur faiblesse. Je reste imperméable à leur douleur. Ce n’est pas la mienne et je n’ai aucune envie de la partager.

Je reprends ma place initiale sur le corps de la petite. Je resserre mon emprise sur elle, car elle commence à avoir la bougeotte et tente de se défaire de moi. Je me penche juste au-dessus d’elle, à quelques centimètres seulement de son visage, et lui souffle :

- Ferme ta gueule et reste tranquille. C’est trop te demander, bordel ?

Mes réserves de patience s’épuisent à vue d’œil. Je suis déchiré entre l’envie de jouer et celle d’en finir au plus vite. D’autant plus qu’avec le boucan que nous faisons, j’ai bien peur qu’un intrus finisse par retrouver notre trace. Un Tribut allié à la blonde, par exemple. J’ai du mal à imaginer cette frêle petite chose arriver à ce stade du jeu par elle-même. On l’a forcément aidée. Et, contrairement à ce qu’elle semble croire, ce n’est pas sa mère qui l’a poussée à survivre. Cette pauvre folle est victime d’hallucinations. Il est vraiment temps pour elle de mourir. Je vais lui rendre un sacré service en la supprimant de la surface du globe.

En lorgnant du côté de son blouson, je repère le blason de son District. Le Dix. On ne peut pas dire que cette fille ait été gâtée par la nature. Passer sa vie à courir après des vaches trop téméraires sans rien pouvoir se mettre sous la dent, ça n’a rien d’enviable. Peut-être que, finalement, les Jeux seront pour elle la plus belle des délivrances. La mort lui évitera au moins de devoir souffrir toute sa vie. De mener une existence terne et fade, sans joie, sans espoir. Autrefois anonyme, tout Panem sait désormais qui elle est. Pauvre petite habitante du Dix, elle a été conviée au Capitole, où elle a été nourrie à sa faim, hébergée et chouchoutée. Et la voilà désormais lâchée dans l’arène qui sera son tombeau. Avant de mourir, elle aura vécu. Survécu. Elle se sera battue. Elle aura trouvé une raison de se battre. Alors j’ignore encore pourquoi le Capitole est si mal vu dans les Districts pauvres. Pourquoi leurs habitants appréhendent à ce point la Moisson annuelle. N’est-ce pas une opportunité extraordinaire qu’on leur offre ? N’est-ce pas là l’occasion pour eux d’exister, de devenir quelqu’un ? De vivre, de mourir de la plus belle façon qui soit ? Même cette petite garce ne semble pas avoir conscience de la chance qu’elle a. Elle s’agite, se tortille dans tous les sens, espérant pouvoir se dérober à mon corps souverain. Elle ne pense pas à se battre. Elle veut seulement fuir. Retarder l’échéance. Demander à la Mort de lui accorder un délai supplémentaire. Mais rien d’autre que des gémissements ne sort de sa bouche. Elle ne me supplie pas encore de l’épargner. C’est que je me suis montré trop clément avec elle. Je peux m’accorder un petit plaisir. Après tout, une fois que le canon aura tonné sa mort, nous ne serons plus que cinq. Ça mérite bien de prolonger le suspens, non ? Je n’imagine que trop bien les Capitolins vissés devant leurs écrans, en dépit de l’heure tardive. Jouer avec le petit corps décharné, c’est aussi jouer avec les nerfs de nos chers téléspectateurs, jongler avec leurs émotions. Prisonnier de l’arène, je peux exister au-dehors. Plus qu’une image animée sur un écran géant, je suis un Tribut à part entière, désireux de satisfaire son public et ses propres vices.

Je fourre mon sabre entre la toile de mon sac et ma planche de bois. Pour le moment, je préfère utiliser mon couteau. Plus petit, plus facile à manier. Quelque part, ça le rend un peu plus intimidant. Je promène la lame affutée le long du visage de la blonde décharnée. Je commence par le front, suis le contour de ses yeux grands ouverts, longe la courbe de son nez fin, fais danser la lame sur ses lèvres gercées, descends jusqu’à son cou offert.

- Alors ? Quelle partie de ce beau visage serais-tu prête à sacrifier pour Maman ? je murmure d'une voix tranquille, sur le ton de la conversation. Les oreilles, pour ne plus l’écouter ? La langue, pour ne plus l’embêter ? Les lèvres, pour ne plus l’embrasser ?

Je me redresse brusquement, mon couteau fermement en main. Je fixe longuement la gamine. Je crois qu’elle a compris en même temps que moi.

- Les yeux. Pour ne plus la voir.

Comme pour me faciliter la tâche, ses globes oculaires s’ouvrent plus grand encore, emplis d’une terreur animale, primitive. Ma lame scintille brièvement à la lumière de la lune, et se plante dans l’œil gauche de la fille du Dix. Un cri suraigu déchire la nuit alors que je récupère mon couteau. Le petit corps se cambre avec une telle force que m’accrocher ne servirait à rien. Je perds l’équilibre, et préfère m’asseoir dans la neige, en attendant que la tempête se calme un peu. Je me remets debout cependant, trop craintif à l’idée que l’autre puisse se venger. Je coince de nouveau mon couteau dans la toile de mon manteau, et saisis mon sabre, prêt à riposter. A en finir.


   

   



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MessageSujet: Re: Zalina ♥They lived happily ever after♥ Zalina ♥They lived happily ever after♥ I_icon_minitimeLun 20 Jan - 0:05


La peur ♥ Zalina
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Je sens des gouttes tomber sur mon visage. Après qu'une est tombée dans me bouche, je devine qu'il s'agit de sang. Je l'ai touché. Un court instant, la pression se relâche mais je n'ai plus le courage, plus la force de tenter de fuir alors je ne bouge pas. Le loup hurle et j'imagine que je n'ai fait qu'empirer sa rage. Puis, d'un seul coup, il revient à la charge. Le souffle m'est coupé sur le coup et la pression exercée par son bras contre ma gorge m'empêche d'avoir une respiration normale. Mon cœur n'en est que plus fou.

« Sale petite ordure »

Le peu d'humanité qui avait autrefois résidé en ce garçon avait disparu en un clin d'oeil. Il a revêtu son costume de grand méchant loup pour de bon. Je le sens me bloquer contre le sol neigeux de toutes ses forces et la pression contre ma gorge se veut plus violente. Je parviens à peine à respirer et la tête commence à me tourner. Puis, la main du jeune homme s'abat sur ma joue. Je crie et me met à pleurer de plus bel. Il recommence une deuxième fois et ça fait plus mal. Je n'ai néanmoins pas le temps de ressentir pleinement la douleur puisque son poing revient dans mon visage une troisième fois encore plus fort. Cette fois je sens quelque chose se briser et je pousse un cri perçant. Que lui ai-je fait pour mériter ça ? N'aurait-il pas simplement pu plonger en moi un objet tranchant ? Pourquoi me torturer ? Après le troisième coup, je sens l'air entrer d'une façon à peu près normale dans mes poumons et suis un peu soulagée même si respirer fait horriblement mal à cause de la blessure au niveau de ma pommette. Je tente de tout contenir, je ne peux cependant retenir ni larmes, ni cris, ni gémissements. Pourvu que Oswin ne m'entende pas. Je ne veux pas la mettre en danger. Elle ne doit pas rencontrer le loup, elle doit gagner. Je l'ai décidé. Mon instant de répit s'achève soudain et le monstre me murmure :

« Ferme ta gueule et reste tranquille. C'est trop te demander, bordel ? »

En vérité, je comprends à peine ce qu'il me dit à cause de son accent et de mes oreilles à moitié bouchées. Je ne lui réponds pas car je me sens incapable de prononcer le moindre mot. J'aimerais le supplier d'en finir pour que j'ai enfin ma liberté mais je ne peux pas. Alors j'attends sagement la mort. Je me demande si Androu, ma famille sont en train de regarder la scène. Ils la verront demain j'imagine. Tout le District Dix verra ça. En quelque sorte, ça me motive à mourir de façon digne, de ne pas être lâche, de laisser le loup jouer avec sa proie jusqu'à ce qu'il me dévore.

Terrorisée, envahie par la douleur, je m'autorise à partir un moment. Je repense à ce jour où Androu m'a forcée à apprendre à comment me servir d'un couteau. Il avait justifié cela en disant que ça me serait forcément utile un jour et pas que pour découper la viande. Il ne serait malheureusement pas toujours là pour me protéger. Il fallait que je sache me servir d'une arme. Alors, pour lui faire plaisir, j'avais écouté ses leçons. Il s'était avéré que je maniais très bien ce genre d'armes. Androu avait même été fier de me l'enseigner. Il m'avait souvent dit que j'étais aussi bonne que lui l'était. Les seuls morceaux de viande que j'ai mangés dans ma vie m'ont presque tous été donnés par Androu. Et j'avoue m'être à peine servi d'un couteau, trop heureuse d'avoir quelque chose comme ça à me mettre sous la dent. Par contre, cela m'avait été assez utile contre le tribut du Cinq. Certes, je ne suis pas fière de ce que j'ai fait et je m'en veux d'avoir obéi à cet instinct animal quelque part en moi. D'un autre côté, je me dis que cela fait une chance de plus pour que Oswin soit couronnée vainqueur, que c'est pour ça que nous ne sommes plus que six.

Je remarque que, de fatigue, je me suis arrêtée de pleurer. Je dois avoir épuisé mon stock de larmes. En même temps, ces derniers jours, j'en avais beaucoup versé. De plus, je suis prête à jurer que cela fait plus d'une heure que j'ai rencontré le loup et que les larmes parcourent mes joues. Il est donc normal que je n'en sois plus capable. La douleur, elle, est toujours là. Je ne sais pas si c'est la peur, l'adrénaline, le fait que je souffre ou les trois à la fois qui me fait croire que je peux toujours lui échapper.  Je suis consciente que je m'agite, tente de me dérober à son étreinte. Bien évidemment rien y fait.

Je sens quelque chose de froid et de pointu parcourir mon visage et mon cou. Un couteau. Bien que les larmes ne puissent plus rouler, je gémis de plus bel et je ne maîtrise même plus mon propre corps qui se met à trembler d'une façon assez étrange. Je ne devine que trop que l'animal s'est lancé dans une danse solitaire. La voix du loup s'est pourtant calmée et il prononce d'une manière neutre à faire froid dans le dos :

« Alors ? Quelle partie de ce beau visage serais-tu prête à sacrifier pour Maman ? Les oreilles, pour ne plus l'écouter ? La langue, pour ne plus l'embêter ? Les lèvres, pour ne plus l'embrasser ? »

Tout. Je pourrais tout sacrifier pour Maman. Enfin peut-être pas les oreilles. J'ai besoin de l'entendre encore et encore, l'écouter chanter est tellement merveilleux. Cependant, la brute semble avoir tout autre réponse à apporter à ses questions auxquelles je n'avais pu répondre car la pression exercée sur ma gorge me permet déjà à peine de respirer.

« Les yeux. Pour ne plus la voir. »

Mes yeux s'écarquillent. Un hurlement strident semblant résonner en écho dans toute l'arène sort du petit espace entre mes lèvres lorsque la lame se loge dans mon œil gauche. Le côté gauche devient noir, complètement noir. De ce côté, je n'aperçois plus la neige et le ciel étoilé. Je ne vois désormais plus que d'un côté. Quand le loup récupère son arme, telle Excalibur, je crie à nouveau à plein poumons. Loin d'aider, cela ne fait qu'empirer mon cas. Je parviens à peine à reprendre une bouffée d'air. Jamais je n'ai vécu tel supplice. Ma main se referme machinalement fermement sur la chaussure arme, je m'y accroche encore de toutes mes forces. Néanmoins, je n'ai plus la force de la brandir. J'ai bien trop mal. Toujours dans l'incapacité de parler , j'attends que le monstre finisse par décider de m'achever. Toutefois, je veux mourir la tête haute, faire honneur au Dix. Je me dois d'endurer la douleur et de mourir la tête haute. Je veux que Androu, Maman, Papa, tout le monde soit fier de moi. Ainsi, je refuse de lui faire, je le sais, le plaisir de prononcer quelconque supplication. Je mourrai quand il l'aura décidé, peu importe si mon agonie est intense. Mon corps est à la merci du monstre. Car oui, je le sais très bien, je n'ai plus d'espoir de m'en sortir. Plus le moindre.  


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MessageSujet: Re: Zalina ♥They lived happily ever after♥ Zalina ♥They lived happily ever after♥ I_icon_minitimeSam 25 Jan - 14:17


   
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La petite forme souffreteuse se roule par terre, incapable de trouver une position confortable. Paralysée par une douleur qu’elle n’avait encore jamais ressentie, elle ne peut faire guère mieux que ramper dans la neige, espérant sans doute refouler la douleur en restant en mouvement. Le petit corps se tord dans tous les sens, creusant de profonds sillons dans la neige. Les flocons supportant le poids de sa tête se teintent de rouge. Malgré l’obscurité quasi-totale, je peux deviner que les larmes de sang souillent l’eau blanche qui promet d’être notre tombeau. La neige noircit à leur contact. La lune m’offre assez de lumière pour que je puisse me délecter du spectacle. Etrangement, je n’en profite pas. Cette fille qui cherche une ultime porte de sortie, qui se tortille dans la poudreuse comme un ver nu, qui hurle sa douleur en espérant que les étoiles entendent sa plainte, c’est pourtant mon œuvre. C’est moi qui ai mutilé son corps de cette façon, la forçant à puiser dans ses toutes dernières réserves pour garder la tête haute. Peut-être devrais-je rire face à une telle démonstration de souffrance. Au moins sourire à  la vue de ce corps rampant. Eprouver une certaine satisfaction à garder les yeux rivés sur ce petit être dont les illusions se brisent les unes après les autres. Pourtant, je ne suis qu’une coquille vide. Pas une once de fierté ne vient habiter le néant qui se creuse en moi. Je me contente de rester debout, à regarder la jeune fille se tordre de douleur sans vraiment la voir. Elle m’est tellement inférieure qu’elle n’existe déjà plus. Le fossé qui nous sépare se fait de plus en plus vaste. Et dans quelques minutes, je le forcerai à s’agrandir davantage. Nous serons irrémédiablement séparés par la barrière de la vie. Elle ne va pas tarder à passer de l’autre côté.

Comme si elle devinait les sombres pensées qui agitent mon esprit, le petit corps finit par interrompre ses vains efforts. La silhouette noire s’immobilise dans la nuit, retrouvant son calme. Je perçois son souffle rauque et fatigué au travers du silence qui plombe mes oreilles. Elle lutte pour garder un semblant de dignité, mais ses gémissements la trahissent. Recroquevillée sur elle-même, la silhouette s’agrippe à un objet, le serrant fort contre sa poitrine. Je suppose qu’il s’agit de sa chaussure aiguisée. C’est la seule chose dont elle ait pu se servir contre moi. C’est donc la seule chose qu’elle ait emmenée avec elle. Si elle a réussi à m’arracher quelques gouttes de sang, elle n’est pas prête de recommencer. La jeune Tribut est à bout de forces. Le maigre fil qui la raccroche encore à la vie est sur le point de céder. La poupée de chiffon semble l’avoir accepté. Je lui écrase les doigts pour lui faire lâcher prise. Elle ne m’oppose aucune résistance. Elle gémit à peine sous la pression. Elle est déjà un peu ailleurs. Elle perd pied. A tous les coups, elle confond rêves et réalité. Pathétique. Cette vision de mon adversaire me donne la nausée. Ne pourrait-elle pas se battre ? Ne pourrait-elle pas se montrer digne de mourir de ma main ? Ne pourrait-elle pas faire un effort pour satisfaire son public ? A croire qu’elle s’est retrouvée là par hasard. Qu’elle a rejoint les derniers survivants par chance uniquement. De tels Tributs ne méritent pas une place qu’ils ont usurpée. Ce sont les premières têtes à abattre. Puisque la sienne reste solidement fixée sur ses épaules, il va me falloir la frapper ailleurs. Son visage est suffisamment endommagé comme ça. M’acharner dessus n’apporterait rien, si ce n’est un dégoût pur et simple pour mon travail. Si je veux jouer la carte du Carrière sadique, il va falloir élargir mon champ d’action.

Je décide que la pause a assez duré. Hors de question de la laisser reprendre des forces. J’ai d’autres Tributs à tuer. Je m’arrache à ma torpeur, et empoigne fermement la gamine par les cheveux. Longs, fins et blonds. Une chevelure de poupée. De poupée cassée, démembrée, inutile. Un jouet dont on ne veut plus se servir. Tout juste bon pour la poubelle. La gamine se redresse, suivant le mouvement. Son œil mutilé me fixe, avide de capturer une dernière fois les traits de son assassin. La situation serait risible si je n’avais pas d’immondes projets en tête. Sans me défaire de mon visage fermé, impassible, je lève mon sabre et coupe la longue chevelure de la petite, parée de reflets d’argent à la lumière de la lune. Ses mèches éparses tourbillonnent lentement avant de toucher terre.

- Il est temps de grandir un peu, je souffle, peu soucieux de savoir si ma voix porte jusqu’à elle.

Je pourrais arrêter là. L’égorger d’un geste net et précis, sans demander mon reste. Elle rendrait l’âme sans broncher. Son corps s’affaisserait pour toujours dans une neige qui lui paraîtrait accueillante. Le canon marquerait son dernier soupir. Après avoir repris mes esprits, je m’en irais trouver une nouvelle planque où reprendre quelques forces avant de repartir à la chasse. Mais quelque chose de trop sombre me pousse à agir autrement. Ce n’est pas ma lame qui fond en direction de la gorge offerte de la fille du Dix. C’est mon corps tout entier. Sans m’opposer la moindre résistance, la docile poupée se retrouve de nouveau le dos dans la neige, écrasée sous mon poids. Je m’assieds en travers de sa cage thoracique. Je sens sa poitrine se soulever timidement. Elle cherche l’air avec difficulté, incertaine d’en trouver. Trop affaiblie pour songer à se débattre, elle se laisse faire. Elle ignore à quelle sauce je vais la manger. Mais elle semble s’être résolue à quitter la surface de ce monde. A quitter cette sordide arène qui aura eu raison d’elle. Trop éprouvée par ces derniers jours, elle comprend enfin que la mort lui sera préférable. Moins douloureuse. Elle ignore à quel point elle se trompe.

Lentement, avec des gestes doux, presque caressants, je m’occupe d’ôter un à un les vêtements de ma petite proie. Je commence avec son chaud blouson, dont je fais glisser la fermeture Eclair sans bruit. Je peux lire l’effroi dans son œil valide à mesure qu’elle ressent la morsure du froid. Croyait-elle en avoir terminé ? La nuit ne fait que commencer. D’un rapide coup de sabre, j’ouvre le pull fin de la jeune fille en deux, et découvre son ventre. Car c’est bien la partie de son corps qui attire mes convoitises. Je joue distraitement avec ma lame, les yeux rivés sur cette peau nue et frissonnante qui s’offre à moi. La peau se tend et le ventre vide se creuse, en écho à la respiration saccadée de la fille du Dix. Elle qui se voyait déjà épargnée, la voilà en proie à une nouvelle crise d’angoisse. Elle m’offre son corps mais ignore ce que je vais en faire. C’est bien la partie la plus intéressante de la séance. Torturer un être humain psychologiquement, j’adore ça. Or, dans l’arène, ça va malheureusement de pair avec la torture physique. Je n’ai pas le temps de prendre mon temps. De rôder, d’attirer une proie dans mes filets à force de patience et de séduction comme j’en ai l’habitude. Il faut aller vite, et griller les étapes les plus gratifiantes. Je fais avec ce que j’ai. Les êtres humains sont terrifiés à l’idée de ce qui pourrait se produire si on touchait à leur corps. Si on tirait les ficelles de leurs propres enveloppes corporelles. Passer à l’acte n’est même pas une obligation. Leur faire miroiter des horreurs suffit amplement. Je m’en contenterais volontiers, mais ma vie est en jeu. Je ne peux vivre si d’autres survivent. Alors je consens à ce sacrifice.

Le temps d’un instant, le visage de Berry s’impose à mon esprit. Berry, son sourire, ses larmes, ses accès de voix, ses caresses. Le bonheur qu’elle m’apporte. Berry, mon amour qui attend mon retour. Et qui va voir son fiancé assis sur une autre fille, en train de la déshabiller. Je panique un quart de seconde. Non pas à l’idée que ma copine puisse mal interpréter mes gestes. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Je suis là pour tuer. Mais le fait que de telles pensées puissent me traverser l’esprit en un moment pareil me perturbe au plus haut point. Je prends deux secondes pour me calmer, vider mon esprit et reporter mon attention sur le petit corps en-dessous. Quand je suis sûr de ne plus me dérober, je commence à découper la jeune fille. Lentement, doucement. Avec d’infinies précautions. Je ne regarde pas la blessure s’élargir. Je sens tout juste le sang me réchauffer les doigts. Je garde les yeux rivés sur le visage contusionné de la petite Tribut. Pour vérifier qu’elle ne tourne pas de l’œil. Je veux m’assurer qu’elle reste éveillée, qu’elle comprend ce qui lui arrive et que l’horreur la percute de plein fouet. Hors de question que je la laisse se défiler.

La première incision est délicate. Presque autant qu’une caresse. La gamine frissonne, tétanisée. La plaie est un gouffre s’ouvrant peu à peu sur des litres de sang chaud. La balafre rouge s’étale sur toute la hauteur du ventre, le séparant en deux. Deuxième voyage de la lame. Elle s’enfonce plus profondément dans la chair, la pénètre avec facilité. La viande n’oppose aucune résistance. Le petit corps tressaille, sensible à la douleur. Troisième passage. Je vais chercher plus profondément, sans pour autant toucher aux organes digestifs. La petite est toujours alerte, et me regarde jouer de son œil unique. Je garde un visage de marbre, soucieux de ne laisser filtrer aucune émotion. Je ne veux pas lui donner la moindre indication sur ce qui va s’ensuivre. Un sourire traître, et elle pourrait l’interpréter comme une invitation au sommeil éternel. Or, elle doit rester consciente. Je dois la maintenir éveillée. Je sais à quel point il serait facile de se laisser basculer dans les ténèbres plutôt que d’affronter une torture bien réelle. Le corps humain choisit souvent cette option lorsqu’elle s’avère être la toute dernière porte de sortie. Le défi consiste à garder sa proie éveillée. Tout le mal qu’on pourrait lui faire serait inutile si elle refusait de ressentir quoi que ce soit. Je m’applique donc à n’esquisser aucun geste brusque, à adopter des gestes minutieux et appliqués dignes d’un chirurgien. Je maîtrise le tremblement de mes mains à grand-peine. Je place mon sabre à l’extrémité inférieure de la balafre sanguinolente, et entreprends de l’élargir sur la gauche. Je réitère l’opération en partant de l’extrémité supérieure. Puis je vais chercher la chair cachée sous la peau rouge et humide, et la sectionne dans le sens de la hauteur, en suivant toujours la même direction. Les muscles de la jeune fille se contractent, libérant un peu plus de fluide vital à chaque mouvement. Le travail est long et fastidieux. Mes yeux jonglent sans cesse entre la chair en lambeaux et le visage meurtri de souffrance de la petite poupée. Ma patience finit par payer. L’âme de la fille du Dix ne parvient pas à s’échapper. Mais elle a cessé de crier. Elle gémit de temps à autres. Rien de plus. Ses cordes vocales se sont épuisées. Elle ne trouve plus la force de me faire part de sa douleur. C’est qu’elle va bientôt quitter la scène de crime. Au bord du gouffre, elle n’en a plus pour très longtemps. Son cerveau va lâcher prise. Si je n’en finis pas maintenant, elle va trouver une échappatoire.

Je saisis le pan béant de chair arrachée à pleine main, et tire dessus d’un coup sec. La poupée cassée se cambre brusquement, et retrouve sa position d’origine, haletante. J’ai face à moi un cratère déversant joyeusement des vagues de sang frais. Impossible d’y déceler quoi que ce soit dans la nuit noire, dont les couleurs se confondent avec les flots noirâtres qui perlent le long de l’abdomen blanc. Cependant, je devine que les organes ne sont pas loin. A peine protégés par les flots de sang qui s’échappent à vue d’œil.

Je me redresse, reprenant un peu de hauteur. Je pourrais l’achever, ici et maintenant. Je pourrais massacrer le contenu de son corps à l’aveuglette, découpant les intestins à tout hasard. Ficher ma lame dans sa gorge, et attendre qu’elle s’étouffe tranquillement. Lui briser le crâne simplement pour faire démonstration de ma force. Autant d’efforts que je n’ai pas envie de fournir. Je préfère largement laisser le petit corps agoniser dans la poudreuse, avec le silence pour seule compagnie. Le baby-sitting, c’est fini. Je vais juste m’assurer que la gamine ne puisse plus jamais se remettre d’aplomb. Je fouille dans mon sac, et en ressors le petit sachet de sel dont j’ai hérité le premier jour. Le bain de sang semble s’être déroulé il y a une éternité. J’avais oublié jusqu’à l’existence de ce condiment dans mon paquetage. Mais il s’avère parfait pour les projets que j’ai. Je l’ouvre avec les dents, et en déverse le contenu dans le corps déchiré de la gamine, une fois que le flot de sang s’est un peu tari. La douleur la subjugue de nouveau, s’empare de tout son être, la noie. Et je sais que mon travail s’arrête là. J’abandonne simplement le dix de carreau sur le corps secoué de tremblements. La carte à jouer s’imbibe rapidement de sang. On ne la reconnaîtra plus dans quelques heures. Qu’à cela ne tienne. Je préfère éloigner ce mauvais présage de moi. C’est elle qui va mourir. C’est son doux visage qui illuminera le ciel.

Je regroupe mes affaires, sans me séparer de mes armes. Et j’abandonne le jouet cassé dans la neige, sans plus lui adresser le moindre regard. Je reviens sur mes pas, en direction de l’endroit où je l’ai surprise, agenouillée dans la poudreuse. Je me souviens qu’elle y a laissé un objet. Peut-être quelque chose d’utile. Mais il s’avère que non. Tout ce que je trouve, c’est une casserole emplie de flocons. Frustré de devoir rester sur ma faim, je donne un coup de pied rageur dans le récipient. Je fais volte-face et vais me venger sur le corps agonisant. Je lui ouvre la bouche avec force, et y fourre une poignée de neige froide. Je fais claquer sa mâchoire et la maintiens fermée, le temps que le gel attaque ses fragiles gencives. Puis je m’éloigne. Je file droit dans l’obscurité, à la recherche d’un coin tranquille pour me reposer. Pour redescendre sur terre. Je trouve mon bonheur quelques kilomètres plus loin, au pied de la montagne cracheuse de magma. J’enroule ma couverture chauffante autour de mon corps tremblant et transi de froid. Je mets un moment à retrouver un rythme cardiaque normal. Quand je parviens enfin à retrouver mon sang-froid, le canon tonne. La fille du Dix a rendu son dernier soupir. Je coince ma tête entre mes genoux, et ferme les yeux. Je revis notre combat avec une netteté monstrueuse. Aucun détail ne m’est épargné. Pour la première fois, j’entrevois l’horreur des actes que j’ai commis. Cette pauvre gosse ne représentait aucune menace. Elle ne méritait pas de connaître les limites de son corps trop frêle. Elle ne méritait pas de mourir dans de telles souffrances. J’aurais dû la tuer rapidement, sans tenter de faire durer le plaisir. Quel plaisir ? Je n’en ai pris aucun. Plus je me demande ce qui m’a poussé à commettre de telles atrocités, moins j’y vois clair. J’ai dû sombrer dans la folie. Et je voudrais y sombrer de nouveau, pour éviter cette vague de remords et de mal-être qui déferle sur moi. Mes boyaux se tordent dans tous les sens, mon foie a décidé de produire de la bile en quantité industrielle. Je pince les lèvres pour ne rien rendre, conscient de pâlir de minute en minute. Je suis en nage, et ne parviens pas à me débarrasser de ce sentiment nauséeux. Un petit bip sonore me donne l’occasion de me changer les idées. Il annonce l’arrivée imminente d’un parachute. Et qui dit parachute, dit surtout cadeau. La petite boîte se pose à mes pieds sans tarder, et je l’ouvre avec une violence forcée. A l’intérieur, j’y trouve un petit pain, ainsi qu’un flacon rempli d’un liquide transparent, aux bienfaits décrits sur l’étiquette. La lumière de la lune m’aide à déchiffrer le plus important. J’ouvre de grands yeux surpris. Complètement déboussolé, je ne pensais plus à la blessure qui me lacère le genou. J’ai même oublié ma canne non loin du champ de bataille. Hors de question d’y retourner. L’hovercraft a sans doute récupéré le corps brisé, mais n’a certainement pas nettoyé les flocons couverts de sang noir. Et puis, cette lotion cicatrisante, c’est exactement ce dont j’avais besoin. Je jette un œil aux petits papiers livrés avec le tout, pour connaître l’identité de mon généreux bienfaiteur. Ils sont deux. Camille, fidèle au poste, s’est démenée pour trouver de quoi me soigner. Et elle s’est trouvé un allié de taille en la personne de W.A.M. Un illustre inconnu dont le message me réchauffe un peu le cœur. Un nouveau sponsor, c’est un admirateur qui me fait assez confiance pour dépenser son argent. J’espère que je n’ai écœuré aucun des deux cette nuit. J’ai quand même du mal à comprendre ce qui les motive à me soutenir. Comment peut-on encore désirer me voir sortir de là ? Je me répugne moi-même.

A l’aide de mon couteau, je découpe la partie inférieure droite de mon pantalon. Je défais mes pansements au niveau du genou. La toile du pantalon a été collée par le sang, mais je ne rencontre aucune difficulté à l’enlever. Les choses se gâtent pour ce qui est de la gaze. Elle a bien morflé. Couverte de sang, collée aux plaies, elle se mêle par endroits à la chair. Je grimace, mais estime que j’ai perdu assez de temps comme ça. Je ne suis pas une fillette. J’arrache le tout sans prendre de gants, tressaillant lorsque les bandages tiraillent ma peau fragilisée. Sans tarder, j’imbibe mes nouveaux pansements de lotion magique, et les noue autour de mon genou. Je me précipite ensuite sur le petit pain, et le dévore en quelques bouchées. Une erreur grossière que j’aurais pu m’épargner en réfléchissant un peu. Mais le mal est fait. J’engloutis également de longues gorgées de lait, espérant que mes remords suivront le même chemin que le liquide frais. Je range mes affaires, me blottit sur le sol, soigneusement enroulé dans ma couverture, mon sac tout contre moi. J’ignore si je vais réussir à dormir après une nuit si agitée, mais je peux toujours essayer. Mon corps tout entier crie au supplice. J’ai besoin de repos.



   

   



Spoiler:
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Errol F. E. F-Wicklow
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Zalina ♥They lived happily ever after♥ Empty
MessageSujet: Re: Zalina ♥They lived happily ever after♥ Zalina ♥They lived happily ever after♥ I_icon_minitimeDim 26 Jan - 3:29


‘‘♥ Zalina & Oswina.’’
« Dans le monde de mes rêves. »



Pourquoi avais-je quitté le trou si tard chercher de la neige déjà ? Car il faisait chaud dans le trou. Nous allions manquer d'eau pendant la nuit. La gourde de Oswin devait être remplie. Il ne fallait pas qu'elle meurt de soif. Tant pis pour l'heure, il avait fallu braver le danger pour éviter de mourir de soif. En partant, je savais ce que je risquais mais je devais le faire. Pour Oswin. J'avais eu le malheur de me jeter dans la gueule du loup.  Je n'avais pas eu de chance. Nous n'étions plus que six pour une grande arène, j'avais pensé mes espoirs grands de ne pas le rencontrer en allant chercher de la neige afin d'étancher nos soifs. J'avais eu tort. J'aurais dû m'en douter. Plus que six tributs, il est temps de les réunir pour qu'ils s'entretuent. C'est comme ça que cela se passe normalement, pas vrai ? Je souffre. Beaucoup. Je suis néanmoins soulagée quelque part et d'un autre côté, je suis heureuse d'avoir laissé Oswin dormir. J'espère qu'elle pardonnera à Trishteh de ne pas m'avoir retenue.

À force de me tordre dans tous les sens, je me suis enfoncée dans la poudreuse. J'ai l'impression d'être dans une sorte de lit. La douleur ne fait que s'intensifier avec le froid mordant qui sévit dans ce maudit désert de neige qui est pourtant si beau. Je la sens au niveau de l'œil que le Loup m'a volé et parcourir toute mon échine. Ce ne sont plus les larmes qui roulent sur mes joues roses mais du sang. Je n'en finis plus de saigner. Il tâche le manteau blanc immaculé, passant à travers ma chevelure blonde. Ma respiration se faisant de plus en plus saccadée, je me mets à tousser légèrement et à cracher du sang sur mon agresseur. Depuis que ce dernier est au dessus de moi, je ne l'ai pas quitté des yeux. Il semble si majestueux. Du moins, de mon point de vue. Toutefois, c'est étrange. Il ne paraît pas se délecter du spectacle dont il est acteur et metteur-en-scène. Il garde cette expression neutre, impassible, son visage est dénué de toute émotion. Je ne sais pas trop quoi en penser. Peut-être est-il bien plus qu'un Loup aux désirs carnassiers. Oui, sûrement. Je l'ai bien dit, durant l'interview, il ne peut pas être entièrement mauvais ; il doit y avoir du bon en lui. J'y crois très sincèrement.

Mon regard ne s'est toujours pas détourné du Loup dont les cheveux clairs se distinguent nettement au clair de lune. Pourtant, il me semble qu'il n'est plus vraiment là, qu'il change d'apparence. Il prend peu à peu les traits de Androu. Et je me demande si je délire ou si c'est simplement les Juges qui ont décidé de donner l'apparence de mon meilleur ami au Loup. Ils ont dû l'interviewer il y a quelques jours, ce ne serait pas étonnant. Horrifiée par les yeux, je ferme les yeux, me mord la lèvre à cause du supplice que cela représente, compte jusqu'à trois et les rouvre. Androu a disparu. C'est toujours le Loup du Un qui est là. Sa main écrasent la mienne et il m'arrache ma chaussure arme, mon ours en peluche, mon doudou dans cet instant présent. Je me sens perdue sans cette chose dans les mains. Même si je ne pouvais plus m'en servir, ça avait quelque chose de rassurant de l'avoir près de moi. Cela m'aidait à supporter le mal qui m'embrasse depuis un bon moment désormais. Sans cet objet, je suis complètement sous l'emprise du Loup.

Le Loup semble perdu dans ses pensées et m'offre un bref instant de répit. Mes cheveux sont ensuite tirés violemment, ma tête se lève un peu mais je ne contrôle pas ce mouvement ; c'est lui qui me soulève. Et puis il les coupe d'un seul coup de ce que je vois être une sorte d'épée. Ce qu'il reste retombe à mes côtés et un peu sur moi aussi. Au revoir cheveux longs. Jamais ils n'ont été aussi courts. Le Loup semble vouloir s'amuser, faire de moi une sorte de poupée, me façonnant à son goût. Et je ne peux rien faire contre ça. Je ne suis pas assez forte et je doute l'avoir jamais été. Fille martyre, simple poupée d'un de ces enfants riches du District Un. C'est ce que je suis devenue à l'instant où il m'a sauté dessus.

« Il est temps de grandir un peu. »

Sa voix n'est plus qu'un léger murmure. Je ne sais pas s'il a prononcé ça fort mais je l'ai à peine perçu. Mes tympans sont devenus fous, aveuglés par la peur. Mon ouïe n'est plus vraiment optimale. D'un coup, le corps de mon meurtrier se colle à nouveau sur moi, s'arrachant à mon regard de petite fille. Puis, il s'assoit sur moi, l'air soucieux de peser de tout son poids. Je sens mon corps s'enfoncer un peu plus dans la neige et celle-ci se durcit un peu sous mon dos. Ma respiration se coupe brièvement le temps que je trouve le moyen de faire entrer un peu d'oxygène en moi. Cependant, l'air devient difficile à attraper et je désespère de le trouver. Que veut-il faire de moi à présent, le Loup ? Ne peut-il pas tout simplement pas me dévorer toute crue désormais ? Les carnivores aiment-ils tant que ça torturer leurs proies ? Je me surprends à être impatiente de trouver le salut, d'être enfin soulagée de ce supplice.

Le Loup, bien que pesant toujours sur mon corps fragile de porcelaine, se fait soudain doux. Ou plutôt doucereux. Ses griffes témoignent une certaine tendresse alors qu'elles descendent la fermeture de mon blouson tâchés de sang. Je ne comprends pas tout de suite ce qu'il est en train de faire. Et puis je sens le froid me glacer le corps. Je ne sais plus alors ce qui fait le plus mal : le froid ou mon visage détruit ? Mon pull me quitte alors à son tour. Le froid me mord alors le corps qui tremble de tout son être. Je mets un peu de temps à me rendre compte de la vue que j'offre actuellement au jeune homme. Mon ventre nu, ma poitrine recouverte d'une sorte de brassière. Et je me sens soudain extrêmement gênée. Comme le premier jour au Capitole où je m'étais retrouvée entièrement nue sur une table, des dizaines de doigts parcourant activement mon anatomie. À quel point cela avait été embarrassant. Une bouffée de chaleur, un frisson de honte me traverse. Même s'il est bien plus fort, même s'il a l'air plus âgé que moi ; au fond il n'est pas bien plus vieux que moi. Je me sens m'empourprer. J'ai l'impression qu'il en voit trop de moi et je demande un instant s'il va me violer, s'il va oublier les caméras et être un réel monstre.

Je suis tirée de ma torpeur par une lame parcourant gentiment mon ventre et s'arrête au niveau de mes seins. Le liquide me paraît brûlant alors qu'il sort  lentement de la plaie dessinée par les pattes du Loup. Je suis aussitôt paralysée, je ne bouge plus d'un poil, c'est à peine si on distingue ma respiration. Mon calvaire n'est pas terminé. Il n'en a pas fini avec moi et il me donne raison en faisant revenir son arme à la charge, tentant cette fois de la faire entrer en moi. Je sens que tout cède sur son passage. Après tout, je ne suis pas vraiment musclée et mal nourrie et je sais très bien à quel point une lame peut être efficace. Je ne suis pas plus qu'un morceau de viande. Mes hurlements sont réprimés, étouffés : je n'ai plus la force de pousser un cri perçant, ce ne sont plus que des gémissements.  Je frissonne de plus en plus car le froid est bien trop glacial pour que l'horreur me réchauffe suffisamment. Je sursaute à chaque mouvement de l'arme blanche. Je suis même prise de vertiges tant la souffrance est intense. Le Loup s'acharne cependant à me garder à ses côtés.

Mes yeux retrouvent celui du Loup qui demeure flegmatique. Il est concentré sur ce qu'il fait, très adextre, ses gestes sont méthodiques comme s'il ce qu'il est en train de faire a pour but d'apaiser mon mal. Toujours pas d'enflure du cœur visible ni quelconque alacrité. La lame pénètre une troisième fois, encore plus loin en moi. Comme mon œil il y a peu, mon ventre devient fourreau. Les mouvements se veulent précis et pourtant ils tremblent. Le Loup est concentré sur ma minutie et a l'air comme préoccupés de se tromper dans ceux-ci. Il n'en a toujours pas fini avec moi, il veut que je reste avec lui, il n'en a pas fini. Je ne comprends pas ce qu'il cherche. Sûrement à allumer son visage, il a besoin de trouver la satisfaction. Enfin c'est ce qu'il me semble. Pour lui, je ne souffre pas encore assez. Cela doit être ça. Je me demande pourquoi il choisit de jouer comme ça avec moi qui ne suit rien de plus qu'un faon égaré. Je devrais être le genre de tribut qu'il assassine d'un coup et pourtant il s'acharne sur moi. Est-il devenu fou ? Je ne vois pas d'autre explication. Ou alors, si, il s'ennuie, il a besoin d'un déduit et j'ai eu le malheur de me trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Folie ou simple ennui. Je ne saurais probablement jamais.

Je pousse un petit cri timide, le seul que mes poumons me permettent encore d'avoir alors que quelque chose se détache de l'intérieur de mon corps. Je n'ai aucune idée de ce qu'il coupe ainsi mais, en plus d'être douloureux, c'est assez bizarre de sentir une partie de soi vous quitter telle une pièce de puzzle. Ses prunelles croisent de temps en temps les miennes, revenant parfois sur le travail qui lui demande tant d'application. Mes maux ne font qu'empirer à cause de la température ambiante. Néanmoins, le dernier cri m'a épuisée. Je me suis presque transformée en vraie poupée de porcelaine. Tout ce qu'il me reste de vivant c'est mon cœur qui bat et ma respiration saccadée. J'aimerais tellement pouvoir m'échapper, rejoindre un endroit où il fait bon de vivre, où je pourrais être heureuse, où je n'aurais plus mal, où il ne ferait pas si froid ; ce que j'aimerais pouvoir lui quémander de me laisser partir ... Pourtant, des fils invisibles me retiennent encore ici, me forcent à rester martyre, proie du Loup.

Il y a un trou béant à la place de mon nombril. Le Loup agrippe un des bords du trou et, avec fougue, tire d'un coup sec. Je ne contrôle plus mon corps mais je le sens retomber lourdement dans le manteau blanc. Je suffoque. Respirer devient difficile et douloureux. Les fils sont toujours noués. Le sang coule à flots comme si je n'étais qu'une fontaine. Un peu comme celle qui trône juste devant la mairie au Dix. Le liquide sort de moi comme l'eau jaillit d'une fontaine et il se répand tout autour de moi. Je baigne dans mon propre sang. Au moment où je crois qu'il va sectionner les fils qui me retiennent comme il s'est relevé, celui verse quelque chose dans le trou qu'il a formé lui-même. La scène avait quelque chose de pathétique car, à chaque fois que je pensais être au paroxysme de la souffrance, que je ne pourrais pas avoir plus mal ; le Loup a toujours un stratagème pour l'augmenter. J'en viens à me demander s'il y a une limite à la douleur. L'acmé, cela existe ou pas ? Après ça, le Loup s'éloigne, m'abandonne sans prendre la peine de m'achever. Je suis alors animée par le désespoir. Combien de temps vais-je devoir encore attendre ? Est-il cruel au point de ne pas vouloir se lécher les babines en restant, en me regardant mourir ? Je l'entends s'éloigner de moi. Mon regard est fixé sur le ciel étoilé. L'arène est si calme. Il revient rapidement vers moi, l'air furieux. Il me fourre de la neige dans la bouche et m'empêche de recracher. Mes gencives se glacent mais ce n'est pas aussi insupportable que le reste. C'est un peu comme si je n'étais habituée à l'affliction. Je me souviens alors que la poudreuse n'est pas comestible. Toutefois, vu l'état dans lequel je suis, la décadence qui m'anime, je doute que les effets aient le temps de se faire ressentir. Le Loup s'éloigne une nouvelle fois pour ne plus jamais revenir cette fois, laissant la scène macabre derrière lui.

Je ne sais pas combien de temps s'écoule pour que mes tympans se calment et que je l'entende, ses appels se détachant clairement du calme de l'arène. Elle ne tarde pas à être à mes côtés et apparaître dans mon champs de vision. Son visage partagé entre horreur et tristesse.

« Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ? Qui t'a fait ça ? C'est trop tard … »

Elle laisse un moment de pause entre ses phrases et peine à maitriser sa panique et son chagrin, je le sais parce que nous avons passé suffisamment d'heures ensemble pour que je la connaisse un peu. Et puis, ses yeux sont embués de larmes. Je m'en veux de lui infliger ça. Je suis dans un si piteux état qu'il est évident que je ne vais pas rester encore bien longtemps dans l'arène. Elle ne mérite pas que je lui impose cela. Je rassemble mes forces pour réussir à prononcer des mots, de manière saccadée et balbutie d'une voix très rauque  :

« Oswin … je suis … désolée … Il y … avait … le … garçon … du … Un … et … »

Je ne réussis pas à finir ma phrase mais je sais qu'elle a compris.  Ma vue est floue et peu optimale mais je crois bien qu'elle pleure quand elle dit :

« Je suis désolée. J'ai raté encore une fois. Je n'ai pas réussi ... »

Je sais parfaitement de quoi elle parle. Elle me l'avait raconté dans la grotte. Comment elle avait perdu sa meilleure amie dans l'arène car elle n'avait pas eu la force se porter volontaire à sa place. Je m'en veux tellement de lui infliger ça. Elle qui a tant pris soin de moi ces derniers jours. Une nouvelle amie qui s'était avérée précieuse. Celle pour qui j'ai blessé le tribut masculin du Cinq, celle pour qui j'avais angoissée lorsqu'elle était retournée dans la grotte lors de l'attaque des ours celle pour qui je suis sortie du cratère pour aller chercher de la neige afin d'avoir de l'eau. Mais ce n'était pas de sa faute si j'étais dans un tel état. C'est moi qui étais partie à l'aventure. Je ne lui avais même pas demandé son avis. Elle n'avait rien à se reprocher. Je ne veux pas qu'elle s'en veuille.

« Non … tu … n'y es … pour rien. »

Peut-être que ces mots ne serviront à rien. J'ai juste besoin qu'elle sache que j'étais la seule responsable.  Il ne faut pas que ça la ronge. Elle a déjà bien assez souffert comme ça. Elle saisit mes mains avant de dire :

« Je vais rester avec toi. Et … je te promets de m'assurer que tu sois auprès de lui, d'elle … peu importe où ils sont, je veillerai sur ceux qui ont pris soin de toi. Dors, ne meurs pas, pense à la paix je te tiens.
- Oswin … il faut que … tu gagnes. Pour moi. Et … merci. »

Un sourire s'esquisse sur mon visage dévasté et couvert de sang dégoulinant encore. Oui Oswin, je veux que tu gagnes. Il le faut. Tu peux le faire. C'est désormais mon rêve. Dans mon monde, les petits chats, les gentils lapins aux mines inquiètes eussent eu comme nous de claires maisonnettes. Dans le monde de mes rêves, les jolies fleurs, parsemant les champs aux belles saisons, m'eussent dit d'aimables chansons pour moi seule. Dans le monde de mes rêves, il y eût eu des insectes d'or et des oiseaux bleus descendus pour moi de l'azur des cieux. Dans l'univers de mes rêves, il eût eu des ruisseaux très purs qui m'eussent dit bonjour en un murmure. Et j'aurais aimé être capable de connaître tel monde. Cependant, désormais, mon seul et unique rêve c'était de voir la couronne du vainqueur posée sur la tête de Oswin. Je crois en elle.

Oswin serre mes mains très fort entre les siennes. Je suis vraiment contente qu'elle soit là. Tellement heureuse que je ne me demande pas où peut bien être Trishteh, notre alliée. Tout ce qui m'importe, c'est qu'elle soit là, auprès de moi. Je ne changerai pas de monde seule. La présence de la tribut féminine du Neuf est là pour apaiser mon agonie, la rendre, d'une certaine façon, plus agréable. J'avoue que j'aimerais tellement pouvoir pleurer mais je suis bien trop secouée pour y parvenir et j'ai déjà bien trop pleuré.

Je me sens divaguer. Je repense au moment où j'ai rencontré Oswin, en sortant du cratère. Je l'avais aperçue, au loin, et l'avais poursuivie parce qu'elle ressemblait tant à Maman. Comment oublier la façon dont elle m'a prise dans ses bras quand je l'ai suppliée de ne pas me tuer ? Et puis nous étions devenues alliées. Nous avions traversé une vaste étendue de poudreuse avant de nous mettre à l'abri dans une forêt. Mon sac ne contenait pas d'eau alors j'avais mangé la neige mais celle-ci était empoisonnée. Puis, un parachute nous avait apporté notre salut. Malgré le fait que je puais, nous nous étions blotties toutes les deux dans la couverture chauffante auprès du feu et avions passé une bonne nuit. Le lendemain, nous avions dû quitter les lieux à cause de souris mutantes. C'est ensuite que nous avions vu le tribut du Cinq et que Oswin avait décidé de l'attaquer. Nous l'avions achevé sans aucun mal. Et puis, Trishteh s'était jointe à nous. Nous nous étions réfugiées dans la grotte. J'avais eu du mal à accepter la présence de la tribut du Onze. Je ne pouvais pas lui faire confiance et je la voyais comme une intruse. Je l'avais pourtant tolérée. Comment détester quelqu'un d'aussi triste de toute manière ? Et il y avait eu les ours, chapitre le plus effrayant de notre aventure dans l'arène jusqu'ici. Nous nous en étions sorties indemnes néanmoins. Trishteh avait juste une méchante blessure sur l'épaule. Nous avions choisi le cratère pour refuge. Il n'y avait plus grand chose à la Corne d'Abondance et je m'étais très vite aperçue du manque d'eau. Alors, j'étais partie, en pleine nuit.

Comme si cela ne suffisait plus que je commence à être ailleurs, le visage de Oswin se mêle à celui de ma mère et j'entends une mélodie :

« Dans cet univers gigantesque, gigantesque, sur cette Terre toute ronde, un peu, un peu de considération devient grand, grand amour. Ce sont des sentiments honnêtes alors je veux que tu les aies. Même si ceout de suite, tu les auras tôt ou tard. »

Je ne sais pas si c'est Oswin, Maman ou moi qui murmure ses paroles mais c'est bon d'entendre cette chanson. J'adorais la chanter ou la fredonner au Dix. Et la dernière fois que je l'ai entendue c'est la veille d'entrer dans l'arène. Je ne parvenais pas à m'endormir. Keegan, l'hôte du  Dix, était entré dans ma chambre, s'était assit près de moi, sur mon lit. Il voulait juste me dire au revoir. Il avait déposé un baiser sur mon front. Mais je l'avais retenu. Il avait alors caressé ma joue et s'était mis plus à l'aise. Je lui avais parlé un peu de moi et j'avais entonné le premier couplet. À ma grande surprise, il la connaissait et je l'avais donc laissé chanter. Keegan avait tant fait pour moi. Il m'avait appris maintien et comment marcher avec ces chaussures bizarres que j'étais obligée de porter. Il avait été bien plus présent que Maya, que je m'étais certes arrangée de ne jamais croiser, ne l'avait elle-même été en tant que mentor. J'avais pu me confier à lui. Craintes, secrets, ma vie. Je ne connaissais personne de plus avenant que lui.  Les conseils, la présence de Keegan m'avaient été vraiment précieux. Puis, bien sûr, il y avait Viny. Styliste talentueux et plutôt agréable comme personne. J'avais vraiment apprécié ses œuvres. La tenue qu'il m'avait confectionnée pour le défilé avait été grandiose. Je me souviens avoir dit à l'interview qu'un de mes rêves serait que son travail soit reconnu. Et j'avais été sincère. Ses créations méritaient d'être populaires et connues. On m'avait dit que, si je gagnais, il serait reconnu et valorisé. Cependant, il est évident que je vais pas gagner. Je suis assez triste. Cela veut-il dire que la talentueux, le charmant Viny qui avait été là pour moi jusqu'à ce que je sois dans l'arène ne connaître pas de réelle popularité ? Peut-être que pour la dix-septième édition, il fera les vêtements de quelqu'un qui gagnera. Je le souhaite de tout cœur.

« Et si tu ne peux l'exprimer avec des mots, et si nous sommes séparés, j'essaierai de croire que la télépathie existe. Au lieu de blâmer les autres, au lieu de fondre en larmes, aimons ce que nous sommes. Dans cet univers gigantesque, gigantesque, sur cette Terre toute ronde, un peu, un peu de considération devient grand, grand amour. »

Je me demande si un cercueil m'attend déjà à la maison, comment on va me rendre belle pour me rendre dans un état correct. Si ma famille est devant la télévision, si Androu a tout vu. Androu. Je le revois encore debout sur cette vache ensanglantée. Le jour où nous nous sommes rencontrés et sommes paradoxalement devenue amis. Je n'étais qu'une enfant encore et lui travaillait déjà. Et moi je pleurais à chaudes larmes, à n'en plus pouvoir. Je ne me souviens même plus pourquoi. J'ai bien cru qu'il allait me tuer ce jour-là. Mes sanglots l'agaçaient. Et pourtant. Depuis lors, nous avions pris l'habitude manger tous les midis, d'être ensemble à toutes les pauses à l'école. En dehors de l'école, nous nous voyions peu à cause de son travail. Toutefois, cela arrivait. Et pendant ces moments passés ensemble, soit il m'apprenait à manier des armes blanches soit je lui apprenais la botanique. Nous passions beaucoup de temps ensemble. Certaines mauvaises langues pensaient que nous formions un couple. Il arrivait qu'on nous demande de nous embrasser ou encore si nous avions déjà couché ensemble. Déjà je ne comprenais pas le terme mais en plus je n'avais jamais compris pourquoi une fille ne pouvait être amie avec un garçon. Mais nonobstant toutes ces attaques, notre amitié n'avait jamais été endommagée et rien ne nous avait empêché de rester tous les deux. Même mes crises. Il était mon seul ami et j'étais ravie de l'avoir auprès de moi. Nous avions traversé tant de choses ensemble. Et je ne peux m'empêcher de me demande à quel point je vais lui manquer. Je suis triste à l'idée de ne plus jamais revoir son petit sourire en coin, à l'idée de ne plus connaître ce que ça fait quand il me prend dans ses bras ; du moins je ne saurais plus tout ça avant longtemps. J'espère. Est-ce qu'il va pleurer quand je vais enfin revenir au Dix ?

« S'il n'y a aucun moyen de nous voir, on y peut rien mais je chérirai la réalité de notre rencontre inopinée. La solitude est-elle triste même pour le plus fort des garçons ? Est-ce qu'il s'amuse en riant ? Dans cet univers gigantesque, gigantesque, sur cette Terre toute ronde, un peu, un peu de considération devient grand, grand amour. »

Comment ma famille va réagir ? À qui vais-je réellement manquer ? Ai-je fait suffisamment honneur au District Dix ? En tout cas, je pense avoir à ma décharge le fait d'avoir tenu bien plus longtemps que les tributs de l'année dernière. Est-ce égoïste de penser comme ça ? Je ne sais pas. Je ne peux juste pas m'en empêcher. J'aurais aimé revenir, offrir un nouveau mentor même si je n'y avais jamais cru. Je n'aurais même jamais pensé parvenir dans les six derniers. J'aurais aimé vivre un peu plus longtemps, aider Oswin à se débarrasser d'autres tributs même si cela m'aurait anéantie. J'aurais été prête à n'importe quoi pour lui faire plaisir. J'aurais aimé ne pas être tirée au sort à la Moisson pour pouvoir rester aux côtés d'Androu, continuer à le faire sourire. J'aurais aimé continuer à m'occuper de mon père, de tenir compagnie à la mamie qui habite à côté de chez nous. J'aurais aimé ne jamais quitter le Dix pour pouvoir rester dans les champs auprès de animaux. J'aurais aimé pouvoir continuer ma vie sans avoir à connaître tout ça. Mais le destin en avait décidé autrement et il est important de toujours faire face au destin. Ce dernier est facétieux et parfois cruel ; il offre néanmoins parfois de belles choses. Ma rencontre avec Oswin, mon amitié avec Androu. La vie est bien délicieuse et hors de prix. Mais on ne se rend compte de ce genre de choses qu'une fois qu'on les a perdues. J'espère qu'ils pourront être heureux. Androu, Aïlys, le peu de famille que j'ai, Keegan, Viny et bien sûr Oswin. Parce que oui, Oswin ne laissera pas sa vie ici. Elle va quitter ce désert de neige, elle va gagner, elle va continue de vivre et surtout faire comme elle l'entend. Elle fera une merveilleuse mentor, je le sais. Je crois en elle. Je croirai toujours en elle.

« Dans cet univers gigantesque, gigantesque, sur cette Terre toute ronde, un peu, un peu de considération devient grand, grand amour. Dans cet univers gigantesque, gigantesque, sur cette Terre toute ronde, un peu, un peu de considération devient grand, grand amour. »

Quand je sors de mes longues pensées, Oswin est toujours auprès de moi. Auprès d'elle se tient une forme fantomatique qui lui ressemble assez. Je souris. La douleur commence à m'étourdir, en fait je ne la ressens même plus. C'est comme si elle s'était évaporée. Je ne ressens même plus le froid me dévorer. Ma respiration s'est apaisée bien qu'elle devienne plus faible, je parviens même à dire distinctement :

« Oswin, gagne, fais-le pour moi, promis ?
- Oui, promis. »

Et c'est à cet instant que je ferme les yeux et que la vie me quitte, que je rejoins le fantôme de ma mère. Le coup de canon retentit. J'abandonne dans la neige mon corps à moitié nue et une Oswin en larmes, ravagée par la tristesse. Je suis chagrinée à l'idée de savoir que je ne serais jamais capable de lui rendre tout ce qu'elle a fait pour moi, jamais capable de la remercier suffisamment. Cependant, alors que je me dirige vers une lumière éclatante, j'avoue ne m'être jamais sentie aussi bien. Ou que j'aille, il n'y a sûrement pas de meilleur endroit où aller. Je pourrais enfin être à nouveau aux côtés de Maman, pour l'éternité. La vie me manquera. Androu me manquera. Oswin me manquera. Papa me manquera. Le District Dix aussi. Mais je les attendrai. Un jour, ils me rejoindront. Et nous vivrons heureux pour toujours.  

Shtoum (c)


Dernière édition par Alina F. Levens le Dim 26 Jan - 14:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Zalina ♥They lived happily ever after♥ Zalina ♥They lived happily ever after♥ I_icon_minitimeDim 26 Jan - 14:06

Lien du RP précédent.





















 ❝ Oswina ❞
~Sleep, honey, sleep. I'm staying with you forever.~




Trishteh et moi marchions sans vraiment savoir où aller. Le froid était réapparu maintenant que nous avions quitté les murailles du volcan pour marcher dans la neige glacée. Je m'étais revêtu de ce que le dernier parachute m'avait apporté. Des gants chauds, deux paires de chaussettes et un cache-oreilles. J'avoue que cela protège mieux du froid. En revanche, je ne sais pas qui a bien pu m'envoyer ça. « Le district 9 veut un nouveau vainqueur. Et n'abandonne pas Alina en route. E. » Encore « E. ». Cela fait le deuxième parachute que je reçois de cette personne et je ne sais même pas qui c'est. Quelqu'un du Capitole voudrait me voir gagner ? Ou est-ce quelqu'un de mon District qui ne supporterait pas de me voir mourir ? Franchement, je pense plutôt qu'il s'agit de quelqu'un du Capitole, je ne vois pas qui dépenserait un sou pour moi au District. Même pas mes parents et mon frère. Déjà que sans moi ils vont gagner moins d'argent, ce n'est pas le moment pour un extra. Je continue de marcher silencieusement dans la neige, en me posant encore et encore les mêmes questions. Sur « E », sur Alina. Où est-elle bon sang ?! Elle devrait déjà être rentrée ! Il fait clair maintenant, je ne crains qu'il ne lui soit arrivé quelque chose. L'obscurité de la nuit aurait peut-être pu la protéger, mais le clair du jour la laisse visible aux yeux des autres tributs. Et nous ne sommes plus que six, à ce stade du jeu chacun espère rentrer chez soi. Depuis hier, j'ai beaucoup dormi, j'ai bien mangé, tout ce que je ressens en ce moment c'est de la rage et de la détermination à la retrouver. En vie. Trishteh me suit, elle est à mes côtés pour la retrouver. Je sais qu'elle ne me tuera pas tout de suite, nous sommes alliées pour l'instant, mais je ressens un drôle de sentiment à son égard. C'est complètement différent qu'avec Alina. Tandis qu'avec mon alliée du Dix je me sentais protégée par ma détermination à la protéger elle, avec Trishteh, je ne ressens que de la peur. C'est étrange, de se sentir ainsi alors qu'elle n'a montré aucun signe d'hostilité depuis notre rencontre hier. Mais c'est ainsi. Il y a peu de personnes avec qui je me sens réellement en sécurité. Dans l'arène, il n'y aurait eu qu'Alina. Je sais que si je suis encore en vie c'est grâce à elle. Ce n'est pas moi qui la protégeait. C'est elle qui me protégeait moi. Elle gardait mon esprit sauf, je ne sais pas ce que je serais devenue si elle n'avait pas été à mes côtés après avoir tué Mikhael. Je devenais folle, ça c'est sûr. Et je crois que je vais le devenir si je ne la retrouve pas.

Je marche, traîne les pieds dans la neige épaisse de la poudreuse. Mon cœur palpite à un rythme de suspense. Où es-tu Alina ? Où es-tu ? C'est au même moment que j'aperçois une masse sombre dans la neige, à quelques centaines de mètres. Je ne vois pas de forme, juste quelque chose de sombre. Je me tourne vers Trishteh et lui fait un signe vers la masse. Puis je me mets à avancer plus vite. Cela pourrait être elle, ou non, mais je dois quand même vérifier pour être sûre. Je mets un quart d'heure, ou une demi-heure, je n'en sais rien le temps est abstrait ici, à arriver à une dizaine de mètres de cette masse. Plus j'avance, plus l'effroi me gagne. Le sombre se transforme en couleurs précises. Le noir majoritaire était en fait une teinte obscure de rouge. Nous savons tous ce que le rouge représente ici. Une forme humaine se dessine dans cette masse. Pendant un instant je veux me retourner et fuir, me dire que ce n'est pas elle mais je ne vois pas qui cela pourrait être d'autre. La forme se précise, c'est une fille. La tribut du Six ? Elle n'aurait jamais laisser son équipier. Il ne reste qu'Alina, la tribut du Dix qui était partie seule. Mon cœur bat de plus en plus vite, il s'arrête net quand la confirmation me vient. Je tombe au chevet de cette fille. Elle est tâchée de sang, son visage est mutilé, un de ses yeux est crevé et une masse blanche et rouge en dégouline figée comme la glace. Je ne sais pas depuis combien de temps elle est ainsi. Le haut de son corps est dévêtu, il n'y a plus de peau lisse sur son ventre mais un trou rougeâtre avec du pus qui pullule en son sein.

« - Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ? Qui t'a fait ça ? C'est trop tard... »


Mes phrases se détachent tant l'horreur est présente. Même ses cheveux blonds n'ont pas été épargnés. C'est horrible, vraiment horrible, je n'y crois pas, qui a pu faire ça ? Pas un survivant en tout cas, un maître du jeu, quelqu'un qui joue pour s'amuser et non pour survivre. Un monstre.

« - Oswin... je suis... désolée... Il y... avait... le... garçon... du... Un... et... »


Cela ne m'étonne pas, il n'y avait qu'un carrière pour faire ça. La rage monte en moi, je veux le retrouver, le trucider, lui faire pire que ce qu'il a osé lui faire. Soudain celle-ci redescend et la tristesse m'envahit. Non... pas encore.

« - Je suis désolée... j'ai raté encore une fois. Je n'ai pas réussi... »


Je n'avais déjà pas réussi à la sauver, maintenant vient le tour d'Alina de mourir. Pourquoi les personnes qui comptent le plus à mes yeux finissent par disparaître ? Cette tribut, je savais que la mort viendrait nous séparer mais jamais je n'aurais pensé que ce serait elle. Dès le début de l'aventure, je me disais que je pourrais l'aider à gagner, la faire rentrer chez elle. En souvenir du pacte que je n'ai pas honoré... j'aurais pu la sauver.

« - Non... tu... n'y es... pour rien... »


Si, j'y suis pour tout. C'est là le problème, on ne laisse pas quelqu'un à qui on tient partir tout seul en plein nuit. Même si on ne se connaît que depuis cinq jours je lui ai fait confiance dès le début, dès le moment où je l'ai pris dans mes bras. Elle me la rappelle tellement... c'est comme si je la perdais à nouveau. A une exception prêt. Alina est unique, elle n'est pas «elle ». Les moments que j'ai passé avec Alina ont été différents, malheureusement courts... on a jamais assez de temps pour prendre soin de quelqu'un. Une onde de tristesse envahit mon visage et mes larmes coulent sur mon amie du Dix comme pour nettoyer le sang. Je prends ses mains et dis sincèrement :

« - Je vais rester avec toi. Et... je te promets de m'assurer que tu sois auprès de lui, d'elle... peu importe où ils sont, je veillerai sur ceux qui ont pris soin de toi. Dors, ne meurs pas, pense à la paix, je te tiens. »

Ses dernières paroles étaient là. Je le sentais, elle utilisait ses dernières forces pour me parler et tout ce que je voulais était qu'elle la ferme. Malheureusement elle souffrait trop et partir était le seul moyen de la sauver vraiment. Partir, ou devrais-je dire mourir, car son état est trop grave et qu'une lotion cicatrisante ne suffirait pas. Elle souffre trop, voilà tout, pourtant dans sa dernière réplique elle arrive tout de même à esquisser un sourire.

« - Oswin... il faut que... tu gagnes. Pour moi. Et... merci. »

Puis reprenant quelques secondes ensuite : « - Oswin, gagne, fais-le pour moi, promis ? »

La terre tourne autour de moi. NON. ELLE NE PEUT PAS PARTIR. NON. Mes mains serre les siennes plus fort encore. C'est hors de question. Je la sens divaguer, elle quitte peu à peu ce monde. Je la serre fort, puis elle chantonne. Une mélodie douce. Elle a l'air bien, dans ses derniers instants. Peut-être cela est-ce le plus important après tout. Alors, je me concentre sur la musique que ses lèvres fredonnent et me mets à chantonner avec elle. Je suis ses mots, ne connaissant pas les paroles. Quelques secondes passent, je la serre toujours aussi fort, puis d'un seul coup, la lueur de vie dans son dernier œil fonctionnel disparaît. La mélodie s'arrête, laissant place à mes pleurs. Je la prends dans mes bras. Pose un baiser sur son front au moment où le canon retentit. Je repose le corps. Hurle. Aussi fort que je le peux. J'espère intérieurement que son assassin entendra ce cri déchirant. Qu'il revienne ici dans l'espoir de faire de nouvelles victimes. Alors, je le tuerai, le ferai souffrir plus encore. Lui arracherait tout ce en quoi il tient. Son égoïsme le perdra. Je vais le retrouver pour elle. Je vais tuer, arracher, déchiqueter, crever, tous les uns après les autres et honorer ma promesse. « Oui. » avais-je simplement répondu à sa dernière requête. C'est tout ce que je pouvais faire avant qu'elle parte, lui rendre une dernière requête. Le monde est si injuste ! Pourquoi elle, bordel ?! Elle méritait de vivre !! Dans ce monde d'horreur, c'était la seule lumière qu'il restait... et elle est morte. Je m'en fou maintenant, s'il faut que je devienne mauvaise, devrais-je ouvrir la boucherie ? Alina ne voudrait pas que je devienne une meurtrière. Pourtant nous avions déjà tuer. Deux contre un, c'était injuste aussi. Je suis déjà une meurtrière. Une fille qui se bat pour sa survie. Mais jamais je ne me suis permis de torturer quelqu'un ainsi. Le carrière du Un aime torturer, aime faire mal, il serait temps de lui rendre la pareille. Je gémis, je pleurs, je suis effondrée parce que maintenant je n'ai plus rien dans cette arène qui vaille le coup de se battre. Pourtant je l'ai promis, à deux reprises à présent. A deux âmes en peine que j'ai entrevue avant qu'elles ne disparaissent. On veut que je gagne. Je ne sais pas si j'en suis capable. Je suis juste dégoûtée. Dégoûtée de tout ce que les Jeux de la Faim m'ont pris depuis ma première moisson. J'en ai ras le bol de voir les gens mourir. Maintenant je dois tuer ou mourir moi-même. J'en ai ras le bol de tout ça. Vraiment. Je dois pourtant continuer parce que c'est comme ça et que je l'ai promis. Et que j'en ai marre de ne pas tenir mes promesses. Mais Alina, franchement... quel bande de connards ! Je m'allonge à ses côtés, le visage plein de larmes. L'observe pendant quelques instants. Son visage, même saccagé, reste magnifique. D'une main je lui ferme la paupière rescapée.

« - Dors, Alina, je suis là. Dors, ne t'en fais pas. Tu n'auras plus mal à présent. »


Je lui murmure. Je n'ose pas imaginer ce qu'elle a vécu. C'est dingue comme une personne peut compter autant à vos yeux et comme les regrets peuvent refaire surface d'un coup. Je me relève, essuie les larmes coulant sur mon visage d'une main. Je me tourne vers Trishteh, l'air déterminée.

« - On a des gens à massacrer. »


Dis-je d'un ton dure. Je ne suis pas sûre du sentiment qui me submerge le plus en ce moment. La colère ? La tristesse ? L'amertume ? Tous sont bien présents en tout cas. Ce que je pensais être les Hunger Games n'est plus rien à présent. La mort d'Alina m'aura au moins montrer une chose : le jeu n'est jamais fini. Il y a toujours plus de règles et de malus. Si on ne peut pas échapper au jeu, alors autant jouer.



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MessageSujet: Re: Zalina ♥They lived happily ever after♥ Zalina ♥They lived happily ever after♥ I_icon_minitimeDim 26 Jan - 19:40

[J'envoie les cadeaux, j'avais fait tout un texte mais y a eu un bug et tout s'est effacé. Je vais donc faire court. De toute façon, vous connaissez toute la chanson à ce stade je pense^^ ]

Pour Oswin :

- Eau 33cl
- paquet de mouchoirs
- Petits pains ( X2 )
- corde d’escalade 12m

Petit mot : "Ma mère serait fière de toi. Je sais que tu peux gagner. Personne n'a autant la hargne que toi. Reviens vite. J'ai très envie de te rencontrer. E."


Pour Zadig :

- Bocal de piment
- Pince à écharde
- cuillère
- tampon

Petit mot : "Brûle toi avec ces piments et étouffe toi avec le tampon, monstre. E."

Pour Trishteh :

~Deux petits pains
~Un set de couteau

Petit mot : "Combien de temps dure l'éternité ? Parfois une seule seconde. Alors, survis. A. Del Nero"

[Bon j'aurai peut-être du envoyer ça dans le topic d'Oswin et Trish mais je pars du principe qu'elles sont ici étant donné les posts. Contactez moi si problème. ]


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MessageSujet: Re: Zalina ♥They lived happily ever after♥ Zalina ♥They lived happily ever after♥ I_icon_minitimeJeu 30 Jan - 17:50




Keep your chin up, someday, there will be happiness again.

Trishin
 
« An intense cold swept over them all. Harry felt his own breath catch in his chest. The cold went deeper than his skin. It was inside his chest, it was inside his very heart...
Harry's eyes rolled up into his head. He couldn't see. He was drowning in cold. There was a rushing in his ears as though of water. He was being dragged downwards, the roaring growing louder... »


Nous voilà de retour dans le froid. Je me suis emmitouflée dans mes couches, profitant et abusant de la chaleur des quelques pierres que j'avais récupéré plus tôt. Elles sont entre mon manteau et mon pull mais sous l'épaisseur de ce dernier, je sens leur chaleur tout contre ma peau. A chaque respiration, l'air est si pur et froid qu'il me glace la gorge puis les poumons. La température pique les yeux, et tous les morceaux de peau non protégés. On a l'impression de congeler sur place, que jamais plus on aura chaud.
Le silence est lui aussi froid, glacé. Il s'est réinstallé depuis qu'on s'est remises à marcher : Oswin doit être plongée dans ses propres pensées, je le suis dans les miennes. Enfin, pas exactement. Après avoir passé temps d temps que ça dans la chaleur, se retrouver dans les températures négatives est horrible et moi, je suis concentrée là-dessus. La glace entre mes poumons, dans ma peau, dans mes veines, dans mon sang. Cette difficulté à respirer. L'impression de ne plus avoir de doigts. Le choc dans mes orteils à chaque fois que je bute contre une pierre. La torpeur qui me prend, m'attrape, ne me lâche plus, me renferme dans ses bras.

Je soupire douloureusement une nouvelle fois, observe l'énorme nuage blanc qui se forme devant moi.
Un cri me réveille. Perçant, jeune. Alina.
Je croise le regard d'Oswin. On commence à courir, droit devant nous.
J'évite au mieux les cailloux, et leur choc douloureux contre mes orteils.

La course me fait haleter et ma respiration se fait sifflante. Ma gorge est en train de se transformer en glace !
Alina est plus bas, en danger. Je cours, je cours, distançant Oswin. Peu à peu, la glace dans mes poumons se transforme en feu. Des flammes me lèchent la cage thoracique. Je fais encore quelques pas, mais je n’ai plus l’impression de descendre en pente douce. Et que je ne bute contre plus rien. Je baisse le regard et remarque qu’en fait, je ne marche plus… sur le sol. Je vole à une dizaine de mètres de là où est Oswin. Je crie, trébuche et tombe. Mais la chute n’est pas aussi longue que je l’aurais pensé. Je réatterri sur le même genoux que tout à l’heure, et réouvre les yeux.


Je me suis endormie en marchant. Oui c’est juste ça. Je me relève et reprend ma marche rapidement. Le froid est de nouveau là, rien de plus. Je souris, tristement, de ma connerie. Cette arène me tape sur le cerveau. Je deviens frappée sans mauvais jeu de mot, et ça n’a rien à voir avec le fait que je congèle sur place.
Un bip me réveille à nouveau. Deux pour être précise. Soit quelqu’un se cache dans le coin, soit il y a un paquet pour Oswin et moi. J’attends qu’ils se posent sur le sol pour aller les chercher : il y en a bien un pour moi et un pour Oswin. J’ouvre le mien d’une main maintenant experte. Il contient un set de couteaux et deux petits pains. Je fourre le tout dans mon sac, glissant deux lames dans ma ceinture. Puis je cherche le petit mot qui pour le moment accompagnait toujours un paquet.
Je tombe vite dessus. « Combien de temps dure l'éternité ? Parfois une seule seconde. Alors, survis. A. Del Nero ». Si ce « A » comparait l’arène à une éternité puis à une seule seconde, il ou elle se fourrait le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate. L’arène c’est bien pire que ça. C’est comme si on nous vidait les et entrailles, qu’on les foutait toutes dans un mixer et puis qu’on reconstruisait les vingt-quatre corps avec des bouts d’un peu tout et qu’ensuite on nous demandait d’aller les chercher. Si on n’a pas tout récupéré à la fin, jamais plus on ne sera entiers.
Qui qu’il était, il n’avait rien compris, mais pour son cadeau hors de prix, je lui adresse une prière silencieuse.

On arrive « enfin » à la poudreuse. Les pieds s’enfoncent dans la neige, encore plus de froid. Je referme à nouveau les bras autour de moi quand je me rends compte qu’Oswin a nettement accéléré. Je lève les yeux de mes pieds et aperçois la même forme noire qu’elle a dû voir.
Un cadavre. Est-ce que j’ai manqué le coup de canon ? J’accélère aux côtés de mon allié, aussi bien pour rester à sa hauteur que pour essayer tant bien que mal de me réchauffer.

C’est dur d’avancer dans la neige. En quatre jours, mes chaussures se sont un peu faites, mais ce n’est pas encore ça. C’est dur de lever les pieds assez haut pour faire un pas. C’est toujours aussi dur de respirer. C’est dur t’entendre le cri de mon « rêve » devenir de plus en plus fort façon bouilloire qui siffle.

On arrive. Je jette un coup d’œil : cheveux blonds tachés de sang, une orbite vide cachée par une mare de sang qui dégouline le long de la joue, de l’eau dans la bouche, le ventre ouvert de haut en bas, la jeune fille pâle et à moitié déshabillée.
Prise d’un haut-le-coeur je détourne le regard et tourne le dos. J’essaye de rattraper mon souffle qui s’en est allé en mode gazelle. Et mon rythme cardiaque l’a suivi.

À côté de moi, j’entends murmurer quelque chose. Je ne prête pas attention à ce qui est dit. C’est privé. Elles se font leurs adieux. Je n’ai pas à rentrer dans cette histoire. Leur histoire. Je suis bien assez arrivée en mettant un pied dans la soupe.
Les minutes s’égrènent, lentement. J’attends patiemment mon tour, profitant du temps qui m’est donné pour regarder autour de moi. Des trous dans la neige bordés d’une tache de sang accrochent mon regard. Le contraste entre le blanc et le rouge me rappelle la mort de Llevana. Hypnotisée, je reste un moment à observer la chose et les  deux couleurs.
Derrière moi une chanson pleine de larmes est fredonnée. C’est trop bas pour que j’en capte les paroles et de toute façon je suis trop occupée à regarder fixement la tache de sang. Peut-être que j’espère qu’elle fonde ? Pour le moment ça n’a pas l’air de marcher.

C’est Oswin qui me sort de ma méditation : «  On a des gens à massacrer. ». Sa voix dure me surprends jusqu’à me faire sursauter. Je jette un regard au-dessus de mon épaule, vois la seule paupière normale refermée, puis me souviens du coup de canon. Quelques secondes plus tôt, je ne l’ai pas entendu, comme quand on est trop habitué à entendre un bruit puis qu’au final on ne s’en rends même plus compte qu’on l’a entendu. Je ferme les yeux, adresse une prière silencieuse à Alina.
Quand je les rouvre, je croise ceux de la dernière colombe. Ils sont durs, au diapason de son ton.
Je me secoue un peu, lui montre ma découverte et lui dit qu’on devrait peut-être aller voir par là. Elle acquiesce, et c’est reparti pour une marche dans le froid ! Ô joie.

J’ai. Froid.
C’est. Loin.
Je me serre un peu plus sur moi-même, scelle les mâchoires et avance. Avec un peu de chance, il ou elle ou ils n’a/n’ont pas tant d’avance que ça.

© Belzébuth


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Zalina ♥They lived happily ever after♥

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